Les gouttes tombaient à terre, l'une après l'autre, comme de la pluie. Le sang. Parce qu'il n'y a que ça, pas vrai ? Que le sang. Le sang, les bruits de bombes, les hurlements de l'ennemi... Et des vôtres. Il n'y a que ce chaos persistant sur le champ de bataille. On peut glorifier la guerre, la rendre incroyable et magnifique, après tout, le goût de la victoire est attirant, mais... Il n'y aura jamais que de la souffrance, de peu importe quel parti d'ailleurs. Mais cette guerre, c'était la dernière, celle qui annonçait un monde rempli de souffrances, un monde limité qui annonçait la fin de l'humanité.

Nala regardait ses mains dont tombait ce sang, ce maudit sang. Les gouttes se succédaient et venaient salir cette terre, cette terre déjà meurtrie qui n'était pas la leur. Autour d'elle, elle voyait ses amis et camarades d'armée hurler et tenter de se replier, l'un après l'autre, tandis que les bombes continuaient à chuter, par ci, par-là, comme la punition des Dieux. Parce qu'ils avaient choisi de défendre une cause dans laquelle ils croyaient, ils en étaient arrivés là, à se sacrifier pour elle. La cause... Nala trouvait ce mot ironique parce qu'elle ne voyait plus la cause sur ce champ de bataille, juste deux camps qui avaient choisi de faire le plus grand massacre de la décennie, tout ça pour quelques roches carbonisées... Est-ce que l'humain avait encore besoin d'une raison pour chercher un conflit, de toute façon ? Allaient ils un jour s'apercevoir de la souffrance qu'ils causaient à eux, les gens aux alentours et à la Terre ?

Nala laissa tomber le couteau qu'elle tenait dans la main et il atterrit dans la poussière, suivi de quelques gouttes de son sang. Elle avait envie de hurler, de douleur, de peine, de haine, mais rien ne sortit de sa gorge, absolument rien, elle n'avait plus la force pour faire quoi que ce soit. Alors la jeune femme se laissa tomber dans la poussière, à genoux, à bout de forces. Elle voulait mourir avec les siens, ne plus jamais à avoir faire face à cette atrocité, à toutes les erreurs qui les avaient tous menés ici. Elle pensait à ceux qu'elle avait perdu par la cause, et ceux qu'elle continuait de perdre, alors elle n'en avait plus rien à faire de sa vie. Elle ferma les yeux tandis que les bombes continuaient de tomber, de plus en plus proches d'elle. Elle ne voulait pas se réveiller le matin après avoir passée la nuit à se remémorer ce qui s'était passé aujourd'hui, elle ne voulait pas de ce sang inlavable sur les mains, ni des marques qu'elle allait devoir porter éternellement sur son visage et sur son corps. Elle rouvrit un instant ses yeux pour chercher le soleil, caché dans la fumée et elle finit par le trouver. L'astre qu'elle avait étudié et observé toute l'année, en toute saison... il était si magnifique...

Si magnifique.

Malheureusement le spectacle fut de courte durée, car quelqu'un se propulsait sur elle, la plaquant ainsi sur le sol. Sa tête claqua fort contre la terre et un noir absolu vint voiler ses yeux, la laissant ainsi dans le pénombre avec plus aucun souvenir.