chapitre 90 : un cœur rempli de douleur
SHAYNE
Shayne avait vraiment le cerveau en miettes, il était près de 14 heures et tout ce qu'il voyait c'était les lignes ennemies qui se rapprochaient d'eux comme une bande de fourmis qui essayaient de fuir les rayons du soleil ardent. Et puis cette odeur... Il ne dit cependant rien, la situation était bien trop désastreuse et il n'avait absolument aucun droit de se plaindre. Il s'occupait de suppléer Laïthan derrière la mitraillette, celui-ci était déjà grièvement blessé à cause de la bombe des Américains qui la lui avait spécialement dédicacé, du sang coagulé coulait de son front, il devait probablement voir à demi à cause des commotions que les éclats ont du provoquer. Shayne tira quelques coups avant de recevoir un appel sur sa radio de la part de Nikaïl, à l'aile ouest de la ville.
- Shayne, on est bientôt obligé de leur donner du territoire... On a plus de munitions !
Avant qu'il ai pu répondre, Laïthan prit sa radio à lui et ordonna à celui ci de garder courage pour quelques minutes encore, Shayne n'était pas sûr de cette décision, ces quelques minutes pourraient s'avérer fatales pour les hommes de Nikaïl.
- Colonel, vous êtes sur de ce que vous faîtes ? La situation est vraiment en train de nous échapper, l'ennemi arrête pas d'avancer...
- La situation est vraiment en train de nous échapper là ?! Sans déconner ?
Le jeune officier vit le Colonel se remettre à tirer en ignorant sa remarque et il lui fit admettre, à contre cœur.
- Il est peut être temps de se replier...
- Replier ? Encore ? Et jusqu'où ça, Shayne, Lagos ?
Shayne voulut changer la cartouche de mitraillette, mais quand il fourra sa main dans le sac de munitions, il ne sentit rien d'autre que du sable. Il ferma les yeux en maudissant le ciel de tout les noms et se vit rappeler à l'ordre par son supérieur.
- Alors, ça vient ?
- On a plus rien, Colonel...
- Comment ça, plus rien ?
- Je...
Avant qu'il ai pu lui expliquer, Laïthan lui arracha le sac des mains et après avoir vu qu'il était en effet bien vide, il lui hurla dessus.
- Carter, j'ai besoin de revoir ma fille, j'ai besoin de revoir ma femme, alors s'il faut que tu me chies des nouvelles munitions, alors fais-le, mais d'ici 5 minutes, non, 5 secondes, il faut que tu m'en trouves, maintenant !!
Shayne se leva en quatrième vitesse et courra dans la direction de l'aile est de l'Abandon, c'était encore le seul parti qui avait de quoi tirer. Il dut se baisser d'innombrables fois pour éviter les éclats de mortiers, il se prit même de grands coups dans le visage mais peu importait, il fallait qu'il continuait, il était l'un des rares à ne pas avoir de grandes blessures pour l'instant. Il aperçut Jay et Jordan au loin et courra dans leur direction avant de s'arrêter pour reprendre son souffle, les mains sur les genoux.
- On... On a besoin de munitions...
Jay s'approcha de lui et gronda avec fureur.
- Tu crois que nous, on en a pas besoin, peut-être ?
- Quoi, vous êtes à sec vous aussi ?
Jordan s'approcha à son tour et lui tendit une cartouche de mitraillette.
- Tenez, Lieutenant-Colonel, c'est l'une des dernières, après il faudra falloir leur donner du terrain.
- Jamais, accrochez-vous, tant que vous le pourrez !
Jay lui frappa dans l'épaule et prépara son fusil en lui indiquant le chemin du retour.
- Dit à Laïthan que si on se replie pas au moins jusqu'au QG d'ici dix minutes, on va tous y passer !
- Tu crois qu'il ne le sait pas, ça ?
Shayne le laissa sur ce et se remit à courir avec la cartouche entre les mains.
Il revint vers le Colonel Cole, totalement épuisé, même l'adrénaline ne suffisait plus à le maintenir éveillé sous l'effort, cela faisait à présent plus de 48 heures qu'il n'avait pas dormi, mangé ou allé aux toilettes et il était à bout de l'épuisement de ses réserves corporelles.
- Colonel, même l'aile est n'a presque plus rien en munitions !
Laïthan emboîta la cartouche dans son arme et ferma un œil afin de viser.
- Je crois savoir qui gère ce merdier et je l'ai en ligne de tir...
Sarah arriva d'un coup, couverte de sang de la tête aux pieds.
- Je n'ai plus rien pour les soins primaires et les blessés continuent de...
- La ferme ! juste...
La jeune femme se tut sous le choc de la commande de Laïthan qui continua de viser mais quand Shayne comprit que le sifflement qu'il entendait depuis près de deux minutes n'était pas normal, il était déjà trop tard. Un immense éclat de bombe vint les frapper de plein fouet, les faisant tous voler. Shayne atterrit sur le dos, anesthésiant ainsi ses poumons mais il ne chercha pas à respirer, il était trop occupé à essayer de crier de douleur. C'était comme si une lame brûlante venait de lui trancher l'œil droit et quand il ouvrit les yeux... Il n'y en avait qu'un qui voyait le ciel outrageusement ensoleillé. Il porta les mains à son visage et cria de nouveau lorsqu'il sentit ses doigts s'enfoncer dans trois tranches de plaies qui barraient son œil. Il avait l'impression de s'éteindre, de mourir à petit feu, de sentir la dernière flamme de sa vie s'estomper... Mais malgré la douleur, il essaya de se relever, il ne pensait qu'à une seule chose.
- Sarah !
Il l'entrevit se ruer sur lui, intacte aux éclats de la bombe, ses cheveux décolorés couverts de suie et le visage tordu de terreur.
- Shayne, est ce que tu m'entends ?
Le jeune officier dégagea la main de la docteur qui lui agita une lampe devant les yeux.
- Où est Laïthan ?
- Arrêtes de bouger, tu perds énormément de sang !
Elle essayait de rester calme mais même pour elle la situation la dépassait. Il se releva quand même et aperçut de son œil valide Laïthan qui était en train de se replier sur lui-même de douleur. Shayne se rua vers lui et le retourna sur le dos.
- Colonel, Colonel, vous êtes touché où ?!
Il lui essuya son uniforme et il aperçut tout son flanc gauche éraflé. Sarah l'écarta doucement et tata son corps en demandant.
- Colonel, est ce que vous pouvez m'indiquer où vous sentez quelque chose de pointu ?
Laïthan porta une main tremblante à ses côtes et Sarah y apporta de la lumière pour mieux voir.
- Oh merde...
- Quoi, quoi ?!
Sarah s'arrêta un instant pour s'essuyer le front et elle indiqua un immense fragment métallique coincé profondément dans sa chair.
- Si je le retire... Il saignera à mort, c'est coincé dans la veine cave...
Laïthan toussa des gros cailloux de sang sortaient de sa bouche. Shayne se mit à rire nerveusement et dit dans la direction de son officier supérieur.
- On va s'en sortir, vous en faites pas, pas vrai Sarah ?
Elle ne répondit et ne releva même pas la tête vers lui, se contentant de dégager la plaie pour mieux voir l'étendue des dégâts.
- Sarah ?
- Il... Il a besoin de chirurgie... Son ventre est dur, ce qui veut dire que le sang a envahi toute l'abdomen... Je... À moins que je ne l'amène pas tout de suite dans un bloc, il...
- je vais mourir.
Shayne et Sarah reportèrent leur attention sur Laïthan qui tenait son ventre avec une expression étrangement neutre, c'était comme si toute la douleur s'était enfui et il ne restait plus que la triste réalité des faits. Une minuscule larme coula de ses yeux et il continua.
- Shayne... Je veux que tu m'écoutes et que tu m'écoutes bien... Je vais mourir et bientôt alors je veux que tu fasses quelque chose pour moi. J'ai plus beaucoup de temps...
Le concerné sentit son cœur se briser en mille morceaux quand Laïthan fit un ultime geste de souffrance pour bouger le bras et d'une main tremblante, il attrapa ses grades de Colonel et les lui remit dans la main, le métal froid fut immédiatement réchauffé par le contact visqueux du sang.
- guide les, Shayne, les laisse pas mourir... Laisse pas ces connards prendre les mines, laisse personne prendre les mines. Même pas les gars au pays...
- je...
- j'ai pas terminé.
Shayne ravala un sanglot tandis que Sarah faisait tout ce qu'elle pouvait pour rendre sa situation plus agréable, en détachant sa veste militaire pour venir la caler sous sa tête.
- ma femme et ma fille... Je veux que tu leur expliques ce qui s'est passé, je veux que tu leur dises que je les aime et que je n'ai jamais voulu leur faire du mal en partant et... Je..
Laïthan toussa terriblement et à nouveau, du sang vint couler au coin de sa bouche avant qu'il continua, de plus en plus fragile.
- je veux que tu leur dise que je suis désolée, qu'elles ont le droit de me détester... Je veux que tu dises à ma fille que c'est ma faute qu'elle ne sait plus marcher... Que je m'en suis voulu toute ma vie depuis.
Il plissa les yeux et se mordit la lèvre d'une telle violence qu'il la coupa nette, alors Sarah lui chuchotta à voix basse.
- hey, Colonel, vous devriez épargner nos forces.
- non, non, hm. Shayne, t'es en charge maintenant... Les laisse surtout pas perdre courage. Les laisse... Pas... Perdre...
Soudain, les yeux du Colonel se voilèrent et il ne bougea plus. Shayne s'assit dans le sable, les grades de Colonel à la main et finalement, l'adrénaline arrêta de faire effet, son corps était officiellement en arrêt et ce qu'il ressentait n'était que la douleur, plus rien ne l'aidait à la supporter, un petit coup de vent lui aurait fait hurler à la mort, si seulement il y avait du vent dans cet enfer Africain... Son œil droit était en train de sécher avec cet enfer et il regarda Sarah fermer les yeux de Laïthan de l'autre. Des larmes coulaient sur les joues de la jeune femme et il lui fit.
- mon frère a tué notre père biologique... Mais ce fils de pute a réussi à tuer le seul gars qui nous a regardé avec fierté.
- tu vas faire quoi ?
Shayne regarda à nouveau les grades de Colonel de Laïthan et finit par fermer son poing jusqu'à ce que ses doigts en craquèrent sous l'effet.
- je vais les tuer tous un... Par... Un.
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