On dit que la cortisone peut anesthésier un corps de toute émotion, de tout choc, il garde le corps dans une telle paralysie qu'on peut ressembler à une statue. L'adrénaline, au contraire, monte si vite à la tête et fonctionne sur une si longue durée que on peut se faire couper le corps en deux, on ne le sentirait pas et on continuerait de courir. Maintenant mélangeons ces 2 hormones et on obtient un état de panique si intense que l'humain atteint pourrait faire le tour du monde en une fraction de seconde.

Nala courra donc si vite qu'elle ne prit même pas notion du bruit que faisait les armes ennemis, elle n'avait qu'une idée en tête, échapper de ce maudit cauchemar. Elle en pouvait plus, elle avait tellement peur, elle voulait rentrer, elle voulait ne jamais avoir connu ce monde. Une rocket éclata pas très loin d'elle ce qui la fit écraser au sol avec l'onde de choc qui lui frappa dans la tête. Le sifflement dans ses oreilles lui vrilla tellement les tympans, que la seule chose qui la fit se relever, c'était un autre impact à quelques centaines de mètres de là. Nala se remit à courir encore plus vite pour rejoindre les siens, elle se moquait de sentir ses poumons en feu, elle se moquait des hurlements que poussaient ses genoux à bout de forces, à ce stade il n'y avait plus que la survie. Malheureusement, autant de négligence finit par lui faire défaut et elle buta contre un débris avant de s'étaler en long sur une grande plaque de métal. Elle resta ainsi bloquée, le pied sous la plaque et ne put absolument pas se dégager. La panique l'envahit à nouveau et en tentant de tirer sur sa jambe, elle se la coupa violement, elle hurla de toutes les capacités de ses poumons, le métal n'avait pas été tendre et elle pissait le sang. Une énième rocket allait pas tard à exploser près d'elle et probablement la tuer mais Shayne arriva, poussa la plaque, d'un coup de main, la prit dans ses bras et continua de courir. Pendant que la sergente s'accrocha à son cou, elle perdit connaissance, c'était probablement déjà trop à supporter pour elle.

Nala se réveilla par un sursaut de voiture sur une bute de sable. Sa jambe lui faisait vraiment mal, ses côtes étaient aussi bien enfoncés et elle sentait qu'elle avait quelques os pas à leur place. Le Texas avait déjà reculé sur 16km et rejoint l'Abandon, c'était une énorme perte, et ils avaient pas fini. Elle ouvrit les yeux et vit autour d'elle Shayne, Jay qui était près d'elle ainsi que Jamie et plusieurs autres qu'elle ne connaissait pas dans une jeep militaire sur la route unique liant Needle-Town, du moins ses débris, au Régiment de Halley.

- va vraiment falloir te tirer de beaucoup de situations comme ça ?

Gronda Shayne avec ce qui semblait être un sourire. Jay essuya la saleté du visage de Nala et la rassura

- on a réussi à arrêter l'hémorragie de ta jambe. Ça va aller.

- ça va aller ? On vient de se faire littéralement baiser et ça va aller ?

Gronda Jamie en indiquant les lignes ennemies qu'ils venaient de quitter.

- la ferme, Jamie, c'est vraiment pas le moment.

Gronda Shayne avec violence dans sa direction. Le Lieutenant d'infanterie était mal en point, il avait de nombreuses blessures faciales à cause des éclats de bombe et à en juger la façon dont il respirait, il devait avoir reçu un cou spécialement fort dans les dernières côtes, privant son diaphragme de bien se lever. Sa soigneuse coupe militaire paraissait tellement illogique à côté... C'était comme si on avait devant nos yeux le militaire d'une publicité de recrutement et l'image qu'un militaire a vraiment. Nala secoua doucement la tête et tenta de s'assoir normalement malgré la douleur.

- d'où sortent tout le financement pour ces armes ?

- peut être l'héroïne qu'ils trafiquent dans le moyen orient depuis 2 siècles ?

Ironisa Shayne. Jay posa violement son AR-15 contre le sol et fusilla son aîné du regard et finit par lui indiquer les lignes ennemies qui disparaissaient à vue d'œil.

- ce sont nos armes, ceux qu'ils ont volés de Port Harcourt. Bref, que tout le monde se la ferme maintenant, on arrive.

Et en effet, les bâtiments de l'Abandon se dessinaient parmi les faisceaux des jeeps.