chapitre 79 : "the green light" - Gatsby

Le soir même, Nala et Seth marchèrent côte à côte sur la route barrée par les carcasses d'anciens véhicules de guerre lorsqu'un rayon rouge resplendissant illuminait la vallée. Elle effaçait toute la destruction qu'avait laissé le mélange du réchauffement climatique et la guerre, s'en était presque... magnifique. Nala s'arrêta un instant pour observer le spectacle laissant passer devant elle Jay qui donnait des ordres à Parker pour sécuriser le périmètre. Seth s'arrêta à ses côtés pour regarder le spectacle avec elle et demanda avec un léger soupir.

- Tu te poses aussi cette fameuse question ?

- Laquelle ?

- Qu'est-ce qu'on a fait ?

Nala sourit drastiquement et glissa une main dans le gilet par balle pour bien pouvoir respirer sous le poids de son équipement.

- Je crois que j'ai jamais autant aimé mon travail. J'ai littéralement envie de mourir quand je sais que je suis l'une des personnes qui a contribué à cette horreur, au moins je sais que je vais mourir demain, ou après-demain.

- toi aussi tu sens qu'il n'y a plus d'espoir ?

Nala jeta un regard furtif à son ami dont la plaie à l'œil était entouré de bleus et il comprit son silence, après tout c'est ce que pensait tout le monde, ils ne voulaient juste pas le montrer. Le jeune homme eut un petit rire offusqué mais indiqua les nuages noirs qui commençaient à noyer les traces rouges du coucher de soleil.

- Demain, ils attaqueront, c'est sûr. Regarde, il va même pleuvoir... Depuis quand est ce qu'il pleut en été au Nigéria ?

Nala dut admettre que ces nuages n'allaient annoncer absolument rien de bon, alors elle soupira pour apaiser cette immense pression qui lui bloquait la poitrine.

- On va se noyer dans les tranchées avec cette pluie...

- Tu aimerais... Non je suis sûre qu'on va mourir en dernier, en voyant tous nos frères et sœurs tomber d'abord. Ça, ce sera pour tout le mal qu'on ait pu faire.

L'originaire de San Antonio regarda l'immense boule de gaz descendre pour une dernière fois et elle jura apercevoir le ciel s'incliner face à ce spectacle, comme si on rendait un dernier hommage, comme si c'était la dernière fois qu'ils allaient voir l'astre, le fameux rayon vert.

- Comment ça se fait que le soleil voit chaque jour ce qui se passe sur terre et pourtant chaque jour se baisse et se relève...

Seth enfila le cordon de son fusil d'assaut autour de ses épaules et répondit avec fatigue

- Le soleil en a rien à foutre de nos petits problèmes existentiels, il fait son boulot, un point c'est tout.

Il avait plus que raison. Ce qui se passait maintenant sur Terre, depuis le début de l'humanité, peu importe à quel point les choses ont changés, rien n'avait d'importance dans l'infini spatial. À ce moment précis, Jay s'approcha d'eux et tout en bâillant une énième fois, ordonna à Seth.

- Le périmètre est sécurisé, Seth, va réunir les autres.

Seth s'inclina avec exagération et partit en direction du véhicule où Parker se tenait avec son fusil de précision sur l'épaule pour couvrir son unité. Nala le regarda s'en aller et se tourna vers Jay qui tenta désespérément d'enlever le scratch qui le serrait trop au niveau de la taille.

- On a intérêt à avoir une chance incroyable demain... Vous avez une idée de ce qui va se passer ?

- Je pense que même si on essaye de s'imaginer, ça va être compliqué de s'en remettre.

La jeune femme observa l'uniforme militaire du capitaine avec peine, sale et déchiré sur les côtés... Ses blessures au visage s'étaient peut être fermés, mais son arcade était toujours aussi bleu, tout comme les hématomes violacées sur le coin de ses yeux et sa mâchoire, il y avait même encore ce petit cercle rouge autour de son iris vert. Il avait l'air épuisé mais pourtant il était encore bien déterminé à ce qui allait se passer. Elle regarda ses amis se préparer à partir et Jay enleva son casque pour mieux regarder combien de balles lui restaient dans son réservoir.

- Vous avez des regrets ?

Il ne releva même pas la tête à sa question, il se contenta juste de sourire avec sarcasme.

- Tu veux dire quoi par-là ? En général ou juste pour maintenant ?

- Avec tout ce qui s'est passé, depuis le début de votre arrivée au Nigeria, si vous pouviez changer quelque chose dans ces six années passés ici, ce serait quoi ?

- Ah...

Son sourire se fit plus doux et il remboita la cartouche de son fusil à sa place avec un grand coup.

- Pas vraiment, je pense qu'on a fait tout ce qu'on pouvait dans la mesure de la justice, on a apporté notre aide aux gens tout en les laissant faire ce qu'ils pouvaient pour reconstruire leur cultures, ça n'a pas franchement marché à cause du terrorisme, on a essayé de construire des écoles ou des orphelinats qui ont été détruits aussi... On a essayé de respecter au maximum leur forêts, leur territoires ancestraux... On continue de le faire d'ailleurs, on va littéralement se tuer pour garder le secret de ces foutus mines ! le seul regret que j'ai c'est le fait de s'être autant fatigué pour le même résultat final.

Nala comprenait ce que son officier venait de dire. Jay avait passé les six années du Régiment à passer en revue la moindre possibilité de reconstruction et s'apprêtait à venir détruire cet héritage. Elle hocha la tête et finit par répondre à son sourire

- Je pense qu'on peut tous se dire à quel point on a merdé au final. On sait pas pourquoi mais juste pour en arriver à là, ça suffit.

- Exactement.

Ils eurent un petit rire nerveux et un vent commença à se lever, balayant le sable à côté d'eux comme si ce n'était rien. Elle remarqua à quel point ils se tenaient proches l'un de l'autre, son bras frôlait même le sien et malgré le chaos autour d'elle, elle ressentait toujours ce même sentiment de sécurité. Il baissa le regard vers elle et lui dit avec tendresse.

- et puis merde, je m'en fous.

Il l'embrassa avec une telle douceur que Nala sentit des fourmillements remonter toute sa peau. Après une très courte hésitation, elle lui rendit son baiser, envahie par des émotions diverses. Elle s'était pourtant voué à avoir le coeur briser, de ne plus espérer quoi que ce soit de ce côté là. Plus d'un an s'est écoulé depuis leur première rencontre et de nombreuses choses se sont passés depuis, mais en ce moment de bonheur, rien ne pouvait la faire redescendre, même pas l'idée que le lendemain ils allaient probablement tous mourir, ni que ce soit interdit par les lois conventionnelles de l'armée. Elle se rapprocha donc un peu plus de lui et il posa ses mains sur sa taille tandis qu'elle enroula ses bras autour de son cou. Une goutte de pluie tomba d'abord, accompagnée très vite d'une autre, puis de ses camarades, le ciel était désormais envahie de noirceur et une horrible odeur de Napalm fut apportée par le vent depuis Abuja...

La fin se rapprochait.

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