chapitre 74 : pour le meilleur et pour le pire

- Nala, c'est vraiment pas le moment de me casser les c...

- je partirai pas, vous pouvez me dire ce que vous voulez mais je reste avec vous.

- pourquoi ?!

Pendant que les deux tireurs d'élite Texans se prenaient la tête pour l'affreuse faute professionnelle que Nala était en train de faire en désobéissant à un ordre direct de son supérieur, les missiles continuaient à fuser dans la ville, sans s'arrêter. Jay abaissa l'arme et fronça les sourcils, ce qui réouvrit sa blessure à l'arcade et une nouvelle coulée de sang vint s'égoutter sur sa joue dans sa barbe qui recommençait à pousser.

- y'a plus le temps, bordel barres toi tout de suite d'ici, tant que tu le peux encore !

- et vous laisser ici ? Tout seul ? Jamais.

Jay se mordit si violemment la lèvre de frustration que ses dents blanches se maqulèrent de pourpre et il la repoussa dans la poitrine.

- putain de merde mais juste obéit à une fois dans ta vie, juste obéit moi !

Sa voix était en train de se tordre de douleur dans sa gorge mais Nala tint bon alors elle revint sur ses pas et continua, les larmes au creux de ses yeux.

- non.

- juste donnes moi une seule bonne raison !

- parce que je n'abandonnerai plus personne derrière moi !

Une larme coula sur sa joue et Jay se détendit un peu, les yeux grands ouverts d'incompréhension, alors Nala continua.

- j'ai déjà abandonné Colt... Je ferai plus jamais la même chose.

Elle en sanglota légèrement et Jay se maudit avant de s'approcher doucement d'elle.

- hey, arrêtes ça, pas de larmes. T'as rien fait de mal et tu le sais. Regardes moi.

Il la força à le regarder en lui relevant son menton d'une main affectueuse et lui assura d'un pauvre sourire, le peu qu'il pouvait sortir de ses muscles raidis par la douleur.

- restes avec moi si tu y tiens tant, mais tu sais ce que ça veut dire.

Elle essuya sa larme unique et hocha la tête avant qu'il se décala sur le côté et qu'il lui indiqua la fenêtre brisé pour qu'elle puisse passer.

La vue était terrifiante. Tout le monde hurlait tandis que les flammes montaient au ciel nocturne, en larges colonnes fumantes. Ils étaient montés au quinzième étage où l'on pouvait voir leur troupes succomber aux coups ennemis. Nala regarda Jay poser la crosse du fusil de précision dans le creux de l'épaule et d'un œil perçant, ajusta la lunette à sa convenance pour viser ce maudit traceur de sons qui les empêchaient de répliquer comme il le fallait.

- on a perdu, pas vrai ?

Fit la jeune femme en s'asseyant loirdement contre le mur, les genoux ramenés à sa poitrine. Le silence de Jay à sa question voulut tout dire et elle se mordit la lèvre pour ne pas en pleurer. Elle se détestait tellement, de rester assise là, écoutant les échos de ses amis qui souffraient et hurlaient à la mort... Nala recula sa tête pour venir la frapper contre la paroi et Jay abaissa doucement le canon du fusil, il essuya le sang de son visage ce qui le fit encore plus s'étaler et vint s'asseoir à côté d'elle.

- ça servira à rien de te mentir.

Nala sentit le bras de l'officier pressé contre le sien et allongea sa tête sur son épaule, malgré une hésitation de sa part au début, Jay finit par l'imiter. Sur les reflets des murs dansaient les flammes et les ombres de la ville et ma jeune femme les observa tandis qu'elle sentit le doux rythme du cœur de Jay contre sa peau. C'était incroyable comment dans ce moment pourtant si critique, elle se sentait pourtant tellement en sécurité, elle en sourit même. Sa joue frottait les deux barres argentées de son capitanat et pourtant, elle s'en moquait, c'était plus important maintenant parce que tout semblait perdu.

- je suis désolé.

- pour quoi ?

- pour avoir été un connard depuis le début.

Nala fronça les sourcils d'incompréhension et elle secoua la tête.

- si vous ne l'aviez pas été, on serait déjà tous morts depuis longtemps.

- mais c'est le cas. Maxsim, Bashille, Colt...

Au nom de ses anciens compagnons d'unité, Nala sentit son cœur arrêter de pomper dans sa poitrine et elle dut prendre une grand inspiration pour pouvoir se débloquer.

- C'est pas votre faute. C'est la faute a ce putain de système qu'on tente désespérément de protéger alors qu'on sait tous très bien que rien ne changera jamais. Américain ou Texan... On est tous les mêmes cons qui portent juste des uniformes différents.

- ton père n'aurait pas aimé ce que tu dis

- mon père était un idéalogiste et ça lui a coûté la vie. Quand quelqu'un essaye de changer les choses pour le bien de sa patrie, soit il devient cinglé et tue un max de gens autour de soi, soit il meurt jeune. Peu importe quoi, il n'y a que la mort à la fin.

Jay passa un doigt sur le canon du fusil, orné de roses et d'épines et finit par approuver.

- c'est ça le problème avec le changement. Quelqu'un finit toujours par payer.

Malgré tout ses efforts, Nala sentit une petite larme couler sur sa joue ce qui essuya la crasse sur celle-ci et elle ferma un instant les yeux, juste pour essayer de ne pas penser à toutes les horreurs qui pouvaient se passer en ce moment en bas. Pendant même l'espace d'une minute, elle crut pouvoir discerner une petite plage tranquille dans le font de son esprit mais tout ça prit vite fin lorsque un étrange grésillement fit vibrer l'épaule de Jay.

- Ben alors p'tit frère ? T'as cru que tout était perdu ?

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