MATT

Matt entendit la panique monter dans les rues et aperçut plusieurs personnes essayer de courir vers leur domiciles. Même lui pouvait voir les lignes ennemies au-delà de la ville, essayer de briser les remparts à coup de rockets.

- Est-ce que tout va bien ?

Matt se retourna vers Sarah qui était monté au toit jusqu'à lui pour apporter une bouteille d'eau et il désigna le nord d'Abuja.

- Le front le plus important est là-bas, même si on est attaqué de partout... Donc, si moi, je vais bien ? J'en sais rien, je crois que je m'en fous.

Sarah hocha la tête et croisa les bras sur sa poitrine.

- Je comprends, c'est vrai que c'est une horrible situation... Si tu as encore besoin de quelque chose, t'as qu'à nous le dire.

Matt la regarda repartir et recolla son œil derrière la lunette de précision. Il essaya de l'ajuster au maximum pour regarder le plus loin possible et soudain il put voir plusieurs étincelles dans le ciel, devenant de plus en plus flamboyantes au fur et à mesure qu'elles retombèrent. Le jeune homme sentit son cœur se bloquer dans sa poitrine quand ces étincelles atteignirent les remparts dans d'ultimes fracas silencieux. Il frappa le sol du plat de sa main et s'essuya le visage d'exaspération de l'autre. Il ne pouvait pas arrêter de s'imaginer que sur ces remparts se trouvaient Seth et Jordan et que peut être le pire était arrivé... Il cessa un instant de se frotter les yeux et tout en se levant, il regarda dans la direction du coin de la ville, occupée par les hommes du Major Billy Hunt... Eux aussi étaient attaqués, tout le monde était attaqué... Même si la ville était départagée, il n'y avait aucun moyen pour eux de prendre le dessus, ils pouvaient tous rester bien sagement assis et attendre qu'ils crevaient tous de faim... L'ennemi avait le dessus malgré tout les armements que son pays pouvait cacher dans cette ville, que ce soit l'Arme Fatale ou encore la Nitroglycérine, rien ne pouvait les protéger d'une pluie de missiles ou encore d'avions de chasse qui leur tombaient sur la tête. Matt se rallongea sur le sol, à bout d'idées pour venir en aide à ses amis et se rappela soudainement de sa joie lorsqu'il avait reçu les papiers d'ordre de déploiement, comment il était heureux, lui, petit habitant de la ville d'Irving qui n'avait encore jamais eu l'expérience du combat, de partir pour une mission aussi périlleuse. Il s'était toujours imaginé arriver comme dans les films, le macho suprême, rempli de fierté, sous les ordres d'un supérieur ignoblement sadique qui n'hésitait pas à vous insulter de tous les noms et des demoiselles en détresse qui n'avaient de yeux que pour votre bravoure... Il a eu le supérieur ignoblement sadique mais quant au reste... Faire parti de l'armée ne s'était avéré pas tout à fait comme les films, en tout cas ce qui rendait ces films aussi intéressants c'est que pendant que ces militaires souffraient en Irak ou en Afghanistan, lui il était bien assis dans son canapé, protégé de tout projectile susceptible de lui ôter la vie. Le jeune militaire baissa le menton sur la crosse de son fusil de précision et se sentit bête, bête d'avoir cru que la puissance que lui fournissait l'état, le pouvoir et l'argent qui allait avec le nom e t le statut de son métier, l'ai rendu aveugle à ce que toutes ces conditions représentaient : avant tout la souffrance et la peur de devoir croire que le lendemain n'existerait peut être pas pour vous. Il se sentit bête de cette innocence, de cette naïveté qui l'avait guidé tout droit dans la gueule du loup.