chapitre 51 : relation longue distance

JORDAN

Jordan resta accroché sur la lettre comme une mouche sur du papier tue-insectes. Il était venu se réfugier dans leur tente, fermant soigneusement la porte derrière lui. Il était tellement sous le choc que instinctivement, il s'était assis sur l'ancien lit de son jumeau. Il n'avait pas exactement tout compris, surtout que Kaïa était peut être l'amour de sa vie mais elle avait une écriture assez... Unique. Mais l'idée principale, ça, il l'avait bien comprit et il avait besoin de trouver un téléphone, le plus rapidement possible. A ce moment précis, Parker entra et demanda en tentant d'essuyer de son t-shirt blanc une tâche d'huile qui promettait de bien rester présente pour quelques décennies.

- Bon sang de merde, j'ai...

- Hors de ma vue, ricain, j'ai un truc plus important à faire que de prêter attention à ta stupide tâche de mes deux !

Gronda Jordan en sortant en trombes de la tente, bousculant le natif de New York au passage.

- Merci, Jordan, toi aussi t'es un vrai pote !

Le jeune homme l'ignora et courra dans la direction de la tente d'officiers où il rentra sans même en demander l'autorisation. Shayne et Jay était debout devant une carte et le Lieutenant-Colonel se retourna vers lui, colérique.

- Sergent Baker ? Et j'insiste sur le... Sergent.

- J'ai besoin d'un téléphone, maintenant.

Jay se tourna à son tour vers lui, les bras croisés sur la poitrine et demanda.

- Wow, j'espère pour toi que tu dois appeler le président pour donner un tel ordre à tes supérieurs...

- Ma femme est enceinte.

Un silence de plomb s'installa et Jordan continua, au bord de la crise de nerfs.

- Il faut que je l'appelle, je ne sais même pas si un jour je vais la revoir, je vais probablement mourir dans ce trou à rats.

- Tu ne vas pas mourir, Baker, tiens.

Gronda Laïthan derrière lui en tendant d'une main un téléphone tout en gardant ses dossiers de l'autre et lui ordonna.

- Tu me l'apportes d'ici 30 minutes avant que les autres commencent à demander des appels personnels. C'est compris ?

- Compris, Colonel, merci.

- Tu perds du temps, file.

Jordan salua les autres officiers qui regardaient la scène avec interlocution et retourna à sa tente pour plus d'intimité.

Une fois arrivé, Parker était occupé à ranger ses pauvres affaires restantes et lui ordonna

- Sors d'ici, Haskins.

- Non mais c'est une blague ?

- Pas le moindre du monde.

Le jeune Américain soupira en levant ses bras en l'air et le laissa seul. Jordan s'assura qu'il soit bien parti et commença à taper le numéro sécurisé pour appeler Kaïa qui répondit au bout de quelques sonneries.

- Kaïa ?

- Jordan ? Comment est ce que tu peux m'appeler ?

Il s'assit sur son lit et se frotta le front d'un geste nerveux.

- Oublie ça, j'ai réussi à m'arranger, je viens de recevoir ta lettre...

Il y eut un petit moment de silence et elle lui fit, la fatigue se faisait résonner dans sa voix.

- Ça fait longtemps que je t'ai envoyé cette lettre, Jordan.

- Ça veut dire quoi ça ? Tu vas bien ?

- Oui je vais bien, c'est juste que... J'ai choisi de le garder.

Jordan se mordit l'un de ses doigt en serrant très fort les paupières entre elles en espérant que tout ça n'était qu'un horrible cauchemar mais malheureusement la voix de Kaïa le résonna à l'éveil.

- Tu m'entends ?

- Je suis désolé...

- Désolé ? pourquoi ? Tu aurais voulu que...

Il osa pas répondre, mais elle le comprit très bien, en tout cas c'est ce que disait sa voix bien froide.

- D'accord. Ne t'en fais pas pour ça. Tu connais tes dates de venue ?

- En fait j'ai une mauvaise nouvelle par rapport à ça... Je...

- Tu reviendras plus tard que prévu, c'est ça ?

- Je sais pas quand je reviendrai, en fait.

- Ça ne fait rien, tant que tu reviennes.

Ses mots lui auraient été précieux dans les moments de doute mais ils étaient vides de sens et d'émotions, pendant même un instant il crut qu'il n'y avait plus aucun amour dans sa voix, alors avec un terrible sentiment de culpabilité, il tenta de s'expliquer.

- Kaïa, j'aimerai vraiment être là avec toi, commencer ce chapitre de nos vies à tes côtés mais je ne peux pas partir d'ici comme ça, tout est si... Horrible ici. Si je pouvait choisir, si c'était mon choix, je traverserai l'océan qui nous sépare à la nage s'il le fallait mais ce n'est pas mon choix. Des gens meurent ici, pour une mauvaise cause et je ne peux pas juste les laisser, c'est mon travail.

- La cause... Tu crois que tu fais un discours pour les sudistes pendant la guerre de Sécession ou quoi ? écoute, Jordan, les gens ont toujours le choix, toi tu as fais le tiens il y a longtemps, et quand je t'ai connu tu m'as prévenu. Alors dis ce que tu as à dire.

- Tu veux que je te dise quoi ?

- J'en sais rien un « je te l'avais dit », c'est pas ça que tu veux me dire ?

- Non !

Jordan se gratta de nervosité son bras et manqua de peu de s'énerver mais tenta de rester aussi calme qu'il pouvait.

- Kaïa, je vais tout faire pour rentrer le plus tôt possible et prendre soin de toi et du bébé comme personne ne l'a fait avant moi, je te demande juste d'attendre. S'il te plaît, je dois faire ça.

- D'accord, d'accord, je peux pas faire autre chose qu'attendre de toute façon, je présume. Il faut que j'y aille, Louie doit m'emmener chez le docteur pour l'échographie de ta fille, au cas où tu aurais aimé savoir.

- Attends trop d'infos en même temps là... mon Dieu, une fille ? et deuxièmement, Louie ? C'est qui ça ?

- Notre voisin, Jordan, si tu étais plus à la maison, tu saurais qui c'est. Je te laisse... Réfléchir sur tout ça.

- D'accord, Je t'ai...

Mais elle avait déjà raccroché avant qu'il ai pu finir et il avait sérieusement envie de lancer le téléphone du Colonel sur le sol mais bien sur ce n'était pas envisageable. Il sortit alors à l'extérieur mais les gens étaient en panique et couraient partout, Parker passait devant lui et il le rattrapa par le col et demanda.

- Hey, qu'est ce qui se passe ici ?

- A ton avis, Texan ?

Grogna le jeune homme en remettant son t-shirt tâché correctement.

- J'en sais rien, c'est pour ça que je te le demande.

- Le colis va arriver ce soir, il faut préparer le reste du terrain pour accueillir tout le matériel. Tu nous aide ou pas ?

Jordan regarda un instant derrière lui, repensant encore à sa conversation avec sa femme mais finit par lui assurer en remettant son t-shirt dans son pantalon qui était l'un de ses jeans délavés avec lequel il était arrivé.

- Je te suis.

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