chapitre 5 : débris de verre

Nala hésita un instant avant de rentrer dans le bar, un bar crasseux où ne venaient que les militaires de passage à Dallas où qui faisaient partis de la Base, elle venait tout les soirs lorsqu'elle n'arrivait pas à dormir, pour s'aérer la tête et plonger ses problèmes dans l'alcool. Elle regarda autour d'elle et sourit légèrement quand elle posa ses yeux sur une certaine personne, complètement affalé sur le comptoir en titillant son verre de Jack Daniel's. Elle s'assit sur le tabouret à côté de lui et demanda un vodka au barman, ce qui fit relever la tête de Jay qui essuya d'un coup de manche sa barbe.

- Alcool de faibles.

- La vodka ? Vous êtes conscient que ce que vous dites n'a absolument aucun sens ?

Jay sourit et attrapa sa bouteille et se tourna vers la jeune femme

- Je vais te montrer ce que seuls les hommes, les vrais peuvent faire.

Il restait encore beaucoup d'alcool dans la bouteille à étiquette noire mais ce n'est pas ce qui l'empêcha de la vider sans même respirer. Lorsqu'il la finit, il la reposa sur le comptoir avec un petit coup et Nala plissa les yeux pour guetter un quelconque regret dans les yeux de son officier, mais il ne réagissait pas, c'était comme si il venait de boire de l'eau, ce qui était complètement insensé.

- Impressionnant ! évitez maintenant de vomir sur du feu, ça aurait l'effet d'une bombe atomique !

Nala donna un billet au barman après qu'il ai déposé devant elle son verre de vodka avec bien trop de glaçons qu'il n'y devrait et Jay demanda

- Qu'est-ce que tu fous ici ?

- J'étais dans le coin et je tenais à rendre visite à un alcoolique notoire, alors... me voilà.

Le capitaine eut un petit rire offusqué mais admit en se frottant les yeux du bout de son bras.

- Ouais, tu as raison... Je suis pas l'homme le plus sain du monde.

- Pitié, qui l'est dans cette ville ? Quand mon père revenait d'Afghanistan pour passer du temps avec nous, au milieu de toutes les révoltes, il nous emmenait toujours dans ce bar, j'ai pratiquement grandi à ce comptoir, d'ailleurs regardez la photo là-bas.

La jeune femme indiqua avec fierté un cadre accroché derrière le comptoir où figurait Pearson Quinn, habillé d'une chemise blanche tâché de bleu en signe de la couleur du drapeau Texan, debout sur une pile de drapeaux américains, devant le bar dans la cour où se garait maintenant les voitures. A ses côtés se trouvaient tous les rebelles qui l'acclamaient, visiblement tous d'accord avec ce qu'il pouvait bien hurler à ce moment-là, Nala regardait la photo avec fierté et se tourna à nouveau vers Jay

- Voilà ce que j'appelle être cinglé. Mais sa folie nous a tous libéré non ?

Le natif d'Amarillo hocha la tête et demanda à nouveau

- Non sérieusement, pourquoi tu es ici ?

La jeune femme haussa les épaules avec indifférence et lui annonça, en glissant son doigt sur les bordures de son verre de vodka.

- J'arrivais pas à dormir, alors j'ai voulu prendre un peu l'air.

- Prendre l'air ? Dans un bar ?

Nala plissa les yeux avec un fin sourire et admit en riant doucement.

- Ça sonne con, vous avez raison. Et vous ? Pourquoi vous êtes en train de vous apitoyer comme ça ?

Jay essaya de chercher la dernière goutte de whisky dans sa bouteille et annonça, la voix brisée par la frustration

- Je ne vais peut-être pas pouvoir rentrer à Halley...

- Quoi ?

Nala le regarda avec étonnement et il relava ses yeux verts emplis de peine et de rage vers elle

- Il se trouve que la Cour hésite à me donner l'autorisation de retourner au Nigéria, ils disent que je suis trop... Instable et que ce n'est pas une bonne chose ni pour les autres, ni pour moi, de retourner sur le terrain, surtout maintenant que... Que Nate est mort.

La jeune femme s'assit un peu plus profondément dans son siège et fronça les sourcils, un peu choqué par ces annonces

- Je... Je ne comprends pas.

- Moi non plus.

Jay serra dans sa main son verre et dit, la colère montait comme le mercure en présence de feu.

- J'ai tout donné pour le Régiment, et je veux continuer mais ils disent que moi... Que moi je ne suis pas capable de faire quoi que ce soit ! Qu'après la mort de presque tous mes hommes, je devrai songer à partir, que mes services ne sont plus utiles, comme s'ils me mettaient à dos tout ce qui s'est passé... C'est pour ça que je ne voulais pas rentrer au Texas, parce qu'à chaque fois que je reviens, ces maudits diplomates essayent de me mettre à dos toutes les fautes...

A ce moment, il sera fort le verre qu'il tenait dans ses mains qui se brisa avec un bruit sec, l'entaillant au passage.

- Putain !

Il lâcha les débris et tenta d'enlever ceux qui s'étaient coincés dans sa peau qui, déchirée, se mettait à saigner abondamment. Nala se releva donc de son tabouret et lui chuchota lorsqu'elle aperçut le regard agacé du barman

- Venez avec moi.

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