chapitre 40 : les murs de la vie
JAY
Jay se frotta les yeux après avoir repoussé son assiette, il ne pouvait juste pas avaler une bouchée de plus, sinon il allait exploser. Il vit Nala bailler et poser sa tête contre le rebord du canapé, elle aussi visiblement avait trop mangé.
- Y'avait des somnifères dans cette nourriture ? Parce que là je crois que je vais mourir...
Le jeune officier ne put s'empêcher de rire et lui indiqua un reste de steak pur bœuf qui était posé sur le plateau.
- Si tu veux, il en reste.
- Non ! non, ça va aller !
Jay ferma donc le plateau pour éviter d'attirer les mouches et alla éteindre la climatisation tellement que la nuit Nigériane se faisait ressentir.
- Demain, on va devoir se lever tôt pour continuer notre mission alors je propose qu'on se couche t...
Il se tourna vers Nala mais ça lui coupa ses propos, la sous officière s'était endormie, assise sur le sol et la tête posée sur le rebord du canapé.
- Tôt.
Jay soupira et s'avança vers elle, il s'agenouilla pour venir enrouler son bras autour de ses épaules et la souleva pour venir la porter doucement au lit où il la couvrit des couvertures en flanelle. Il s'attarda quelques instants pour lui essuyer les cheveux de son visage et alla s'enfermer dans la salle de bains pour se préparer à dormir aussi.
Il s'essuya le reste de son visage de la crème anti-cicatrices et peu à peu celles-ci revenaient comme des marques venues de l'enfer. Il s'arrêta pour les observer une à une, celles de son front, ses joues, sous ses yeux, son nez... Toutes les traces laissées par son père, par les terroristes, par les erreurs du passé... et pourtant il allait devoir porter ça jusqu'à la fin de sa vie. De nombreux docteurs lui avaient dit que la chirurgie d'aujourd'hui permettait d'effacer les marques même les plus grandes, mais il avait refusé, conscient que même si il effaçait les cicatrices physiques, celles de son cœur ne pouvaient pas l'être, alors autant les garder pour se souvenir de ses erreurs. Il soupira, épuisé de toutes les émotions du jour et enfila un sweat-shirt gris au-dessus de son t-shirt et retourna dans la chambre. Il s'arrêta un instant devant Nala qui dormait paisiblement et éteignit la lumière avant d'aller s'installer sur le canapé, il n'arrivait pas à croire qu'il se trouvait là, dans cette situation. Il croisa ses mains derrière sa tête et regarda les lumières de la ville illuminer un ciel sans étoiles, pollué des conneries des habitants de Lagos. Quelque chose tomba de la table et il sursauta sous l'effet de la surprise, c'était ses dogs tags qui avaient glissés du plan, alors il les ramassa et les regarda de plus près, chaque inscription, chaque courbe... Il les examina ainsi pendant quelques minutes avant de se rendre compte de ce qu'il faisait, avant de se rendre compte à quel point ces plaques en métal, et celles en argent qu'il portait sur l'épaule étaient normalement plus importantes pour lui et que pour ça, il était prêt à renoncer à tout ce qui faisait de lui un être humain, doux, tendre, l'habilité à ressentir de l'amour... Jay abaissa ses plaques d'identité sur son torse et soupira en se frottant les yeux encore plus fort, il ne savait pas s'il pouvait encore différencier sa personnalité à celle qu'il avait du construire pour survivre à sa vie. Son père, les familles d'accueil, ses études à West Point et les terroristes... Tout ça n'avait jamais été suffisant pour détruire ses murs.
Mais UNE femme, si.
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