chapitre 4 : une ombre s'impose
JAY
Jay soupira à son bureau avant de sursauter lorsque Shayne lui frappa les côtes avec un papier.
- Hey, tu dors ou quoi ?
- Non, je me fais juste chier.
Le capitaine se redressa sur sa chaise et regarda les portes s'ouvrir et se fermer aux passages de tout le monde. Ils paraissaient tous si occupés, c'était presque comme si Jay se sentait inutile ici. Il lui fallait absolument retourner sur le terrain, c'était peut être horrible mais c'était comme ça, chaque jour de pires nouvelles débarquaient de Halley, des hommes étaient en train de mourir là-bas, ils se faisaient envahir, il fallait qu'il y aille pour les soutenir. Jay venait de finir tout les dossiers en retard qu'il avait en 6 ans de temps, en à peine quelques semaines, c'était un record et ses supérieurs ne savaient plus quoi faire de lui alors il passait juste son temps à traîner dans ce terrible uniforme qui grattait. Shayne le fit sortir de son songe pour le prévenir que Chelsea débarquait, son chignon toujours aussi impeccable.
- Shayne, le colonel a demandé à te voir, tu veux bien t'y mettre ?
Le concerné fit un doigt d'honneur à la jeune femme avant de sortir de la pièce et de se diriger vers le couloir des bureaux d'officiers haut gradés. Jay rigola un instant et Chelsea vint s'asseoir sur le bout de son bureau, une main posé sur son ventre qui commençait à s'arrondir.
- Tu ne m'as jamais vraiment dit de qui étais le bébé...
Elle lui sourit avec malice et répondit, la tête haute.
- D'un architecte aux yeux bleus, c'est tout ce que je sais !
Jay ne comprit pas vraiment ce qu'elle essayait de dire puis elle lui précisa, amusée.
- C'est une grossesse in vitro, Jay, j'en avais marre d'attendre le bon, alors j'ai prit la décision d'avoir quand même un bébé.
- Toute seule ?
Elle haussa les épaules et regarda les militaires passer devant la porte ouverte.
- Vaut mieux être seule parfois.
Le natif d'Amarillo recula dans sa chaise pour pouvoir se lever et se mit dans l'embouchure de la porte, ennuyé.
- Quand est ce qu'ils se décider à nous renvoyer...
- C'est pas Shayne qui s'occupe de ça normalement ?
- Ils s'occupe des nouvelles recrues, mais c'est le comité de déploiement qui s'occupe des renvois.
Chelsea sauta du bureau et vint se mettre à côté de lui, d'une telle façon qu'il pouvait sentir son parfum floral voleter dans l'air comme un papillon.
- Puisqu'on parle de ça, je viens d'apprendre que tu peux être déployé, en effet, mais il n'y a rien qui dit que tu vas repartir de là d'où tu viens.
Jay plissa les yeux, incompris et tourna la tête vers sa camarade.
- Comment ça ?
- Ce sont les nouvelles règles, on a plus assez de ressources, ils veulent éviter d'envoyer les mêmes militaires à chaque fois, alors il n'y a plus d'unités fixes.
Le capitaine ne répondit pas et se contenta de la fixer, choqué. Comment ça ? Il allait être envoyé dans un autre pays africain ? Avec d'autres troupes ? Ce n'était pas possible... Chelsea soupira en posant une main sur son épaule et lui assura
- Il va peut-être falloir que tu te prépares pour de nouvelles régions, en plus maintenant que tu es revenu, après presque 6 ans de déploiement, ils vont vouloir en profiter.
- Ça veut dire que j'ai trainé dans le désert, vu mes hommes mourir, pour finalement pas pouvoir faire quoi que ce soit à propos de ça ?
- Bienvenue dans l'armée, Capitaine Carter.
La lieutenante lui sourit avec malice et sortit dans le couloir.
- Ne t'en fais pas, où que tu sois déployé, tu vas pouvoir éviter le côté diplomatique de ton métier.
Il la regarda partir et se griffa nerveusement la joue. Il fallait qu'il fasse quelque chose à propos de ça, il avait donné beaucoup trop pour le Régiment de Halley, ce n'était pas comme ça qu'il allait s'en aller. Il se leva donc et décida d'aller voir celui qui se chargeait de tout ça, le Colonel Gerard Sprouse.
Il attendit devant le bureau durant environ 2 heures, se rongeant les ongles d'un geste névrosé avant que le Colonel Sprouse sortit, claquant ses petites lunettes sur la porte.
- Capitaine, vous aviez rendez-vous ?
- Non, je voulais vous parler à propos de quelque chose, c'est plutôt urgent en fait.
- Vous êtes dans un bâtiment militaire, ici tout est urgent. Mais vous pouvez m'expliquer pendant que je vais boire un café.
Jay le suivit donc et enleva d'un coup de dent, ses manches qui lui irritaient les bras
- J'ai entendu que les renvois sont programmés...
- C'est exact, et vous voulez donc savoir si vous retournerez au Nigéria ?
- Pourquoi je ne pourrai pas retourner là-bas dans un premier temps ?
Le colonel tourna à droite et emprunta un large escalier en bois en demandant, légèrement surpris
- Vous tenez vraiment à retourner dans cet enfer ?
- Si j'y tiens ?
- J'ai lu votre dossier, comme j'ai dû lire à peu près celui de tout le monde, mais je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée de vous renvoyer là-bas, surtout que votre père a été retrouvé mort d'une balle dans la tête... Je pense même que ce n'est pas une bonne idée de vous envoyer où que ce soit !
Jay s'arrêta un bref instant, choqué par les propos de l'officier en charge mais le rattrapa bien assez vite, déterminé à défendre sa position.
- Comment ça ?
- 6 ans que vous aviez refusé de revenir chez vous, 6 ans que vous restez là-bas et cumulez toutes les responsabilités, ce n'est vraiment pas conseillé, vous savez...
- Si je vous assurais que tout va bien ?
- Capitaine, vous êtes loin de comprendre n'est-ce pas ? Vous vous entendez parler ? Vous avez passé 6 ans à vivre dans un pays plus que dangereux, au bord de l'explosion, vous perdez vos hommes comme des mouches, votre père que vous détestez meurt et maintenant vous me dites que vous allez bien ? J'espère pour vous que vous me mentez, sinon je vous flanque moi-même en psychiatrie !
Jay le regarda remettre ses lunettes quand ils s'approchèrent du comptoir de la cafétéria avec une pointe de panique qui commença à le frapper dans le cœur, il perdait le contrôle et il lui fallait absolument montrer qu'il n'était pas fou.
- Je veux venger mes hommes comme il le faut, je veux retourner là-bas pour faire une différence.
- 6 ans que j'entends ça, chaque année on vous envoie des lettres de rappel à rapatriement. Chaque année votre colonel me rapporte ce que vous faites de ces lettres ! j'étais prêt à venir moi-même pour vous tirer de là-bas ! vous devez comprendre à quel point ça peut être dangereux, vous méritez le calme, vous méritez une famille, construisez vous quelque chose dont vous serez fier !
Pendant que le colonel sirota sa nouvelle tasse de café brûlante, Jay tenta de trouver ses mots malgré la frustration, comment pouvait-il faire pour convaincre l'homme qui se chargeait des renvois, de le renvoyer à Halley ?
- Je vous assure, colonel, je ne sais juste pas comment l'expliquer mais vous devez me renvoyer à Halley !
- Pourquoi ?
- Parce que ma famille est là-bas, j'ai besoin d'eux et ils ont besoin de moi, vous pouvez le demander au Colonel Cole, il vous le dira !
- Capitaine, si j'ai des doutes de vous y renvoyer c'est justement parce que je lui ai parlé.
- Comment ça ?
- Ecoutez, j'y réfléchirai d'accord ? mais le Régiment de Halley a de nombreux tireurs d'élite à présent, ce n'est pas de vous qu'elle a le plus besoin, mais de l'infanterie, les pilotes... Il serait peut-être temps pour vous de vous retirer de la bataille. C'est mon avis après tout, c'est le conseil qui s'occupera de la décision finale ! Bien, si tu as encore d'autres questions... J'ai des dossiers à réviser.
Jay le regarda partir et écrasa sa tête contre le comptoir, empli de fatigue, il n'arrivait pas à croire qu'une bande d'officiers qui n'avaient jamais connu le terrain allaient décider si oui et non il continuerait à faire partie du Régiment de Halley. La mort de son père allait tout faire basculer, il savait que très bientôt ils allaient trouver le lien et il se trouverait sur des charbons ardents. Qu'avait-il fait ? Nate avait gagné en le poussant à le tuer, et même s'il était mort, il continuerait à détruire sa vie.
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