Suite au départ de Seth et Matt, Nala se dirigea vers le fond de la réserve où normalement devait se trouver ses armes à elle. Lorsqu'elle ouvrit la vitrine, la jeune femme aperçut les boîtiers vides de ses amis décédés, d'une main hésitante, elle prit celle de Bashille et le fixa avec un mélange de tristesse et de culpabilité en passant le bout de ses doigts dans les courbes des deux lettres des initiales du défunt. Une larme coula de l'un de ses yeux après qu'elle sentit son cœur se briser une énième fois dans sa poitrine.

- Hey.

Elle se retourna dans un sursaut et vit Jay dans l'embouchure de la porte de l'armurerie, le bout de ses cheveux mouillé de sueur et les mais profondément enfouis dans ses poches. Elle remit la boîte en place, essuya la larme de sa joue et toussota, légèrement gênée.

- J'étais juste en train de...

- Je sais ce que tu faisais.

La jeune femme plissa les yeux un instant, croyant qu'il l'insultait mais elle se rendit vite compte que le ton de l'officier était le plus doux du monde, rien à voir par rapport à celui de tout à l'heure. Il regarda un instant en arrière puis s'approcha doucement d'elle en enlevant les mains de ses poches.

- Je vais enlever ça pour que tu puisses m'écouter non pas comme ton officier supérieur mais comme quelqu'un qui puisse te donner un bon conseil.

Nala le regarda enlever ses galions de capitaine des épaulettes de sa chemise et les poser sur le rebord de la table centrale, suite à cela il continua.

- Ça va être terriblement dur de devoir recommencer une nouvelle aventure dans une nouvelle unité. Encore plus durs seront les moments où les nouveaux membres de l'unité vont te donner envie de les frapper parce qu'ils dorment dans les lits de tes amis ou utilisent leur places à vos côtés. J'en ai moi-même vu beaucoup... Partir et venir.

Elle put voir les yeux de Jay commencer à briller ce qui la surprit tellement qu'elle ouvrit la bouche pour dire quelque chose mais il continua avant qu'elle en ai eu le temps.

- Le truc c'est de concentrer toute la douleur que tu ressens dans ce que tu fais maintenant, peu importe à quel point ça peut être frustrant.

- Déléguer...

- Exactement. Déléguer. Ça va être terriblement compliqué mais, si jamais tu as besoin d'aide, je serai là pour t'aider. T'aider à déléguer, je veux dire.

Jay se gratta nerveusement sa joue barbue et tendit la main pour reprendre ses galions mais Nala l'arrêta en se mettant devant la table.

- Maintenant que vous n'avez plus ça... Je peux vous demander un truc ?

Le jeune Texan baissa le regard vers elle et après s'être mordu la lèvre de stress, il croisa les bras autour de son torse en l'incitant à continuer.

- Je t'écoutes.

- Vous pouvez me dire honnêtement... Ce qui s'est passé ? Au Texas ?

Jay inspira profondément et après avoir déglutit il lui assura, de la peine dans ses yeux.

- Parmi toutes les raisons que tu as du te faire tourner dans la tête... C'était laquelle qui revenait le plus souvent ?

- Que vous êtes un gros c...

- D'accord, la deuxième ?

Nala baissa la tête vers les deux barres argentées posées sur la table et les prit doucement dans la main. Elle n'aurait jamais cru pouvoir être blessé par la loi, elle qui la représentait d'habitude mais là voilà, devant la personne avec qui elle désirait le plus être dans le monde entier, se sentant coupable à chaque fraction de seconde qui passait. Jay essaya de lui reprendre ses galions des mains mais Nala esquiva la main qui les tenait avec un sourire qu'elle voulait léger, malgré ses efforts immenses pour cacher sa peine. Elle se leva à demi sur la pointe de ses pieds et colla un doux baiser sur ses lèvres et lorsqu'elle se remit à sa propre hauteur, elle lui remit ses galions dans la main alors qu'il la regardait avec un air bloqué.

- Vous vouliez quelque chose, Capitaine ?

Jay ne répondit pas, toujours aussi choqué et Nala quitta la bâtisse, sous la pluie. Mais elle ne pouvait s'empêcher de savoir que c'était tout ce qui allait se passer entre eux et les ailes qu'elle sentit pousser à l'instant où leur lèvres s'étaient rencontrées, s'embrasèrent dans une fraction de seconde.