Participation concours d'écriture

Marie était allée chercher un couteau dans la cuisine, mais ce n'était pas pour couper la bûche...

Elle avait besoin d'une lame bien aiguisée, et relativement longue. La jeune femme se visualisait très bien lequel elle comptait prendre en arrivant dans la pièce où les odeurs de tous les plats qui avaient été préparés durant la journée se mélangeaient. Il se trouvait dans l'un des tiroirs juste à côté du four, le premier depuis le haut.

La cuisine ne paraissait pas être en accord avec le reste de la maison : construite en 1554, elle avait subit l'évolution des technologies culinaires, optant pour une cuisinière toujours plus évoluée avec les générations de proprios qui s'enchaînaient. Il subsistait pourtant un four à bois, devant lequel un cavalier king-charles profitait sûrement de la chaleur, dans le salon près d'un magnifique sapin décorés de bougies par les petits enfants de Marie.

Les quatre enfants, âgés de 4 à 17 ans, étaient venus au début du mois de décembre pour décorer l'annuel sapin qui allait passer un long mois dans la pièce surchauffée par les utilisations du four et qui perdrait la plupart de ses épines dans les poils du chien noir et sur le papier journal dont on avait tapissé le sol avant sa venue.

Marie, pour en revenir à cette bonne femme, quittait doucement la soixantaine sans le laisser paraître : son doux visage prenait certes des rides et du duvet blanc, témoignage inévitable des années derrière elle, mais il n'avait en rien perdu sa couleur rosée qui faisait tout son charme, et son regard bleu avait peut être perdu de son éclat mais il était resté tout aussi gai et sincère que dans son plus bel âge. Et son corps, autrefois gracieux et à la chair ferme, avait pris quelques rondeurs et ses gestes se faisaient plus lourds. Mais tous ces petits changements lui donnaient le charme des mémés encore autonomes et djeun's que l'on rencontre aux fêtes de village et dans les lotos de la région les samedis matins.

Son époux, et toute la famille jusqu'à ses quatre petits enfants, attendaient dans la salle à manger, d'où parvenaient des rires et des bribes de discussions. Il était de ses hommes dont le temps avait pris si vite la jeunesse qu'il ne paraissait pas plus âgés d'une décennie à l'autre, les cheveux grisonnants et doux comme des plumes, et le visage creusé de rides qui lui donnaient des airs de vieux chêne. C'était la plus vieille branche de cette famille. Et celle qui produisait le plus de fruits.

Et c'est avec cette idée que Marie ouvrait le tiroir dans la cuisine, juste à côté du four, le premier depuis le haut. Il était bien là, brillant d'une lueur mauvaise sous la lumière jaune de la hotte de cuisine. Un effrayant bruit métallique résonna quand elle en prit le manche et le sortit de sa place.

Ses hauts talons beige, assortis à sa coquette robe à fleur, claquèrent sur le carrelage en retournant dans la salle à manger où toute la famille l'attendait, elle et la bûche qu'elle tenait entre ses mains qui se couvraient de lentigo avec l'âge.

Son grand sourire trahissait son impatience, comme celui de ses petits enfants à l'attente des cadeaux.

« Bon allez, vous avez assez attendu : vous pouvez ouvrir vos cadeaux » concéda Marie après les avoir fait attendre bien deux heures.

Dès leur arrivée, les enfants avaient réclamé les paquets qui se trouvaient sous le sapin, alors quand ils entendirent le feu vert pour en déchirer le papier coloré, ils se précipitèrent dans le salon. On ne devait pas le leur répéter deux fois.

Bien, ils étaient éloignés à présent, bien que le salon n'était que la pièce d'à côté.

De son côté, la grand-mère aussi commençait à perdre patience.

« Allez voir les p'tits, cette année je suis certaine que les cadeaux vont leur plaire. »

Sur ces mots, les adultes qui étaient restés autours de la table se levèrent, certains avec leur verre de rouge à la main, et s'en allèrent vers les enfants qui criaient déjà de joie. De sa démarche enjouée, le couteau posé à plat près de son cœur, Marie s'approcha de son époux. Sans plus attendre, cédant ainsi à l'impatience qui grandissait en elle depuis que tous étaient arrivés, la lame bien aiguisée et relativement longue fut ce pourquoi elle était faite : découper. Et le sang gicla comme lorsqu'on allume à peine un arroseur automatique sur la nappe blanche. Nappe qu'elle baladerait bientôt avec le vieux dans la salle de bain, la changeant discrètement.

« Le grand-père ? Il est allé se coucher, il était fatigué. »

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