Les autres garçons apprennent la nouvelle de Harry sans sourciller, sachant que cette nouvelle arrive par téléphone tard dans la nuit lorsque Louis percute que s'ils ne le disent pas, Zayn viendra demain matin. Ils l'appellent en premier, et Harry peut presque entendre les clignements d'yeux de surprise à travers le téléphone.

"T'es sûr que t'es un alpha ?" Demande-t-il bêtement.

"Bah je me suis déjà lié à lui genre six fois, donc... Sept même," corrige-t-il lorsque Louis lui marmonne le chiffre à l'oreille.

"D'accord. Eh bien dans ce cas, félicitations mec. T'es sûr que tu t'occupes bien de Louis ? Si t'as besoin de quoique ce soit tu sais que tu peux m'appeler, ok ?"

"Dieu merci," dit Liam en les taquinant, assez fort pour qu'ils puissent l'entendre. "Je veux me marier avec Zayn à un moment donné et j'avais pas envie d'organiser notre mariage autour des chaleurs de ce petit con."

"Mais je serai quand même votre témoin donc tu ferais mieux de le faire autour de moi," crie Louis, et Harry raccroche en rigolant avant de rouler sur Louis pour un huitième round avant qu'ils ne commencent la troisième guerre mondiale.

Ça leur prend presque six mois pour dire qu'ils sont prêts à s'accoupler, ce qui est d'ailleurs presque entièrement la décision de Harry. Il a ce besoin ridicule de se prouver des choses à lui-même, de montrer à tout le monde que même s'il est un tout jeune alpha ça ne veut pas dire qu'il n'est pas capable de subvenir à chaque besoin de Louis.

C'est ce qu'il fait. Ce n'est pas seulement les besoins sexuels, bien qu'il ait passé chacune de ses chaleurs sans encombres et sans complaintes, et il a survécu à ses propres ruts en faisant toujours attention à ce que Louis aille bien. C'est la façon dont Harry le surveille, prend soin de lui, et le supporte quand il agit comme le plus gros des connards. C'est la façon dont il a repoussé un autre alpha contre la vitrine d'un magasin quand il s'était approché de Louis, puis avait ensuite embrassé tout le visage de l'oméga et s'était excusé comme le vrai cupcake qu'il est.

C'est aussi leur quotidien, comment Harry s'étonne de faire sourire Louis. Il aime surtout économiser de son salaire à la boulangerie pour emmener Louis dans des beaux restaurants comme celui-ci, où ils peuvent commander des amuse-bouches et du vin. Mais ils sautent l'étape du vin ce soir; ils se sont mis d'accord sur le fait que c'est une occasion spéciale et qu'ils veulent tous les deux être sobres.

Ce soir était la nuit où ils allaient s'accoupler.

"On devrait sûrement oublier le dessert, aussi," dit Louis comme si de rien n'était.

"Est-ce que mon copain dit non aux sucreries ?" Le taquine Harry. "C'est la fin du monde ? Un rêve ?"

Louis s'avance avec les yeux qui scintillent tellement que c'est difficile de croire qu'il est sobre. "J'ai envie de garder de la place. Je pensais te sucer pour fêter ça ce soir, et c'est beaucoup à avaler."

Harry demande immédiatement l'addition.

Comme d'habitude, ça leur prend quinze secondes entre le temps qu'ils ouvrent la porte de l'appartement et le moment qu'ils sont l'un sur l'autre, mais cette fois est différente. Cette fois ils sont nerveux, hésitant comme si ça ne faisait pas deux ans depuis qu'ils avaient eux le courage de commencer à découvrir le corps de l'autre. Mais ce n'est pas les gestes qui les rend nerveux, ils le savent tous les deux. C'est la promesse que les choses vont être différentes après ce soir qui fait trembler leurs mains.

"Tu veux que je te fasse l'amour avant ?" Demande doucement Harry, très hésitant. "Je pourrais te mordre pendant ? Ou- enfin je sais pas vraiment comment ça marche mais..."

Louis secoue la tête. "Je suis quasi déjà prêt à être ton partenaire."

"Juste quasi ? Si t'es pas sûr on peut attendre," dit Harry, puis éclate de rire en voyant l'exaspération soudaine sur le visage de Louis. "Je rigole, je rigole, me fais pas de mal," glousse-t-il avant d'avaler sa salive lorsque la gravité du moment reprend place. "Ok. On va le faire maintenant alors. Euh, assis-toi sur le canapé. Non, sur mes cuisses."

Il s'assoit sur le canapé, son dos appuyé contre un des rebords, et attend que Louis s'installe sur ses cuisses de façon à ce que ses deux jambes soient du même côté et afin que sa main la plus proche de Harry puisse jouer avec ses boucles. Ils s'assoient souvent comme ça, Louis trop fier pour admettre qu'il veut avoir des câlins et Harry trop occupé à prétendre vouloir regarder la télé et non Louis. Mais cette fois-ci ils se regardent ouvertement, la nervosité s'échappant d'eux à travers des petits rires, ils ont l'impression d'être de nouveau des enfants.

Harry résiste une minute avant de s'avancer pour embrasser Louis, langoureusement et tendrement à la fois. "Je t'aime plus que tout au mode," chuchote-t-il sérieusement, "et je voudrais passer le reste de ma vie avec personne d'autre." Il a une main dans le dos de Louis et l'autre sur son genou, le tenant proche de lui.

"Je t'aime plus, et depuis plus longtemps," murmure Louis, ses mains attachées aux boucles et au t-shirt de Harry.

"C'est pas une compétition, Lou," sourit-il.

"Je sais. Je dis juste que si c'en était une, je gagnerais."

Harry remonte sa main jusqu'à son cou et bouge sa tête pour avoir de la place, reposant ensuite sa bouche contre la gorge de Louis pour y déposer un baiser. "T'es ridicule," chuchote-t-il. "Je suis tellement heureux que tu sois à moi."

Et après ça il ouvre la bouche et mord le creux de son cou. Il peut sentir Louis retenir sa respiration, sentir la peau se fissurer légèrement sous ses dents, et il y a un courant électrique qui parcourt sa colonne vertébrale jusqu'à son cerveau. Louis doit le sentir aussi, car il écrase la tête de Harry avec ses deux mains contre lui et chuchote d'une façon à peine audible, "t'es à moi, t'es à moi, t'es à moi."

"Je pensais que Zayn a dit qu'on était censés avoir l'impression d'un tremblement de terre," dit Louis a bout de souffle lorsque Harry s'est reculé. "Ça montre qu'il sait vraiment rien."

"Ouais, enfin, on est quasi déjà partenaires," dit Harry avec un sourire. "La terre va pas trembler à cette révélation."

Louis soupire de soulagement. "Et maintenant on est partenaires, vraiment. Enfin. Je pensais que t'allais d'abord me demander en mariage ou un truc du genre."

"On a pas besoin de papiers," répond Harry. "Je suis déjà à toi. Et j'ai déjà tout ce que je veux."

Peut-être que c'est trop niais pour Louis, car il prétend ne pas l'avoir entendu. "Donc maintenant que t'es mon alpha, je me demandais..."

"Hmm ?"

"Qu'est-ce que tu penses d'une fellation ?"