Chapitre 5 : L'échange mystérieux 2
Alev était tranquillement en train de dormir sur son lit.
Mais cependant, quelque chose clochait : Son réveil sonnait toujours vers ces heures-ci - voir bien avant -, mais là elle n'entendait rien. C'était le silence complet, comme si son alarme avait fait grève.
Peut-être hallucinait-elle juste, et qu'il était encore 4h du matin ? De toute façon elle s'en foutait un peu, tant qu'elle pouvait continuer à dormir tranquillement, mais lorsque dix minutes plus tard son réveil ne sonna toujours pas, Alev se dit qu'il devait réellement avoir un problème. Alors elle ouvrit les yeux, et lâcha un petit cri de surprise lorsqu'elle posa ses yeux sur le matelas. Le lit sur lequel elle se trouvait n'était pas le sien ! Son lit à elle était beaucoup plus grand, et en plus n'était pas à mémoire de forme !
— Merde, dans quoi je me suis fourrée encore, murmura-t-elle pour elle-même.
L'esprit encore embrumé, Alev sortit de la couette et se mit en position assise.
Soudain, c'est là qu'elle remarqua : Ses pieds étaient d'une couleur foncée, et en regardant plus bien, il n'y avait pas que ses pieds qui l'étaient !
Alev prit rapidement son bras et se le mordit fort pour s'empêcher de hurler. Chose étonnante, elle ne s'était pas mise à saigner, et juste une trace de morsure avait commencé à se dessiner sur sa peau.
Qu'est-ce qu'il se passait ? Sa peau était habituellement si fragile, et normalement elle se blessait pour moins que ça, mais là il n'y avait presque rien !
Commençant à paniquer, Alev se leva et si digiriea à grande vitesse vers le miroir qui se trouvait sur l'armoire à côté d'elle.
Ce que la jeune fille vit la surprit autant que lui donna la frousse. À travers le miroir, elle voyait le corps de Jemila !
— Putain de merde, souffla-t-elle.
D'ailleurs, en regardant mieux l'endroit dans lequel elle se trouvait, Alev comprit à présent où elle était. Un lit au milieu de la pièce, un bureau face à la fenêtre, une grande étagère à livre juste à côté, une gigantesque armoire avec deux miroirs, quelques posters par-ci par-là, des murs gris et mauves... Cette chambre suintait la simplicité et la coquetterie, et Alev la connaissait très bien puisque c'était la chambre de Jemila.
— Mais c'est quoi ce bordel ?!
Donc logiquement, vu qu'elle était dans le corps de son amie, la personne qui devait "posséder" son corps et qui devait être dans sa chambre à présent était Jemila ?
Putain...
Pendant qu'Alev se demandait encore comment elle avait pu en arriver là, la porte de la chambre s'ouvrit doucement.
— Jemila, tout va bien ? J'ai entendu du bruit, lui dit la mère de son amie en entrant dans la pièce.
— Oui mad... Heu, oui tout va bien maman...? répondit-elle, mais cependant le "maman" sonna comme une interrogation, parce qu'elle avait beaucoup hésité à prononcer ce mot.
La maman de Jemila fronça les sourcils, pas convaincue.
— Tu es sûre que tout va bien ?
— Oui, oui bien-sûr ! Pourquoi ça irait mal ?
Sa "mère" continua à la regarder avec ce petit air suspicieux dont Jemila avait hérité. D'habitude son amie n'était pas aussi vive le matin, et Alev le savait aussi bien que la mère de son acolyte. Elle était en train de faire des bourdes, et il fallait qu'elle soit un peu plus comme la vraie Jemila pour ne pas se faire démasquer.
— Bon... Dans ce cas, je retourne à la cuisine. Et toi dépêche toi, la maman d'Alev m'a dit que sa fille et le chauffeur seront là bientôt !
Alev hocha la tête. Cela faisait bizarre d'entendre parler de soi comme ça alors qu'on était juste devant.
La maman de Jemila finit par sortir, et aussitôt le jeune fille entendit son téléphone - enfin, le téléphone de Jemila - sonner sur la table de chevet.
Alev alla le prendre rapidement, tapa le mot de passe qu'elle connaissait par cœur et décrocha l'appel, qui était en provenance de son téléphone à elle soit dit en passant.
Cependant, un ange passa.
Alev savait très bien qui était au téléphone, elle pouvait le sentir à 100km, mais elle ne voulait pas prendre la parole parce qu'elle savait bien que si elles étaient dans cette situation c'était en très grande partie de sa faute.
Parce que oui, ces fameux colliers qu'elles avaient mises à cause d'elle n'en étaient sûrement pas pour rien.
— Alev ? Je crois que tu sais très bien pourquoi je t'appelle.
Oh oh, ça ne sentait pas bon du tout.
— Allô, Jemi ? Quoi, tu vas bien aussi ? Cool, je suis très contente de le savoir !
— Alev !
Alev se tut presque instantanément. Le ton de son amie était tout sauf amical...
— T'es consciente de la situation dans laquelle tu nous as mis ?! On a échangé de corps ! Nos putain de corps Alev !
Oui, Jemila pouvait aussi devenir très grossière aussi lorsqu'elle était énervée.
— Parle moins fort Jemi, quelqu'un pourrait t'entendre ! lui répondit Alev en chuchotant.
— Je m'en fous qu'on m'entende ou pas là, tu comprends ?! répliqua son amie, en baissant néanmoins d'un ton.
— Raagh, arrête de prendre ça aux extrêmes, c'est peut être une bonne chose en plus ! C'est pas toi qui disait vouloir échanger de vie juste pour quelques jours ? C'est la bonne occasion !
— Mais je ne le pensais pas vraiment ! En quoi ça pourrait être une bonne chose ?!
— Chuuuuut ! Bon écoute, on en reparlera au lycée. Pour le moment, fait juste en sorte de ne pas te faire cramer !
Alev raccrocha sans plus attendre. Mieux valait ne pas étendre la discussion avec une Jemila énervée.
Bon, maintenant il faut se préparer pour aller à l'école.
La jeune fille alla donc prendre deux trois habits et sortit de la chambre pour aller à la salle de bain.
Alev se lava en dix minutes chrono, et sortit de la salle de bain avec une serviette autour de la taille pour rentrer dans sa chambre. Elle alla ensuite se poster devant l'armoire, s'habilla avec les habits qu'elle avait choisie - un short et t-shirt rose simple -, et porta ses chaussures.
C'était... Bizarre de se changer avec le corps d'une autre personne.
Alev se regarda dans le miroir, et vit qu'il restait encore un problème : la touffe de cheveux qu'elle avait sur la tête, qui était réunie en un chignon complètement grotesque et désordonné, sûrement abîmé pendant la nuit.
Qu'est-ce qu'elle pouvait faire ? Elle ne pouvait décemment pas sortir comme ça !
Après quelques minutes de réflexion, Alev se rappela que Jemila lui avait dit un jour que quand elle avait la flemme de faire quelque chose avec ses cheveux, elle portait des perruques. Aussitôt, la jeune fille se dirigea vers un coffre que se trouvait sur juste en dessous du bureau et l'ouvrit.
Les voilà ! C'était bien la première fois qu'elle porterait une perruque. D'habitude elle n'en avait jamais eu besoin, et maintenant c'était bizarre d'en voir et d'en toucher autant d'un coup.
Alev prit une perruque qui avait un carré court comme coupe, ferma le coffre et la posa sur le bureau.
Maintenant, il fallait tresser ses cheveux pour pouvoir mettre la perruque, et heureusement tresser elle savait !
Elle aidait souvent Jemila pour ce genre de choses.
Le tressage fut plus difficile sur elle-même que quand elle le faisait sur Jemila, mais ce n'était pas si moche que ça non plus.
Alev reprit ensuite la perruque et la plaça du mieux qu'elle le put sur sa tête.
Par la suite, elle prit le sac à dos de Jemila, sortit de la chambre, et descendit les escaliers pour aller à la cuisine, dans laquelle la mère de son amie l'attendait sûrement.
— Oh, Jemila ! Tu as déjà fini ? D'habitude tu prends beaucoup plus de temps, lui dit la mère de son amie avec étonnement lorsqu'elle la vit entrer.
— Heu oui, mais je n'avais pas trop envie de traîner aujourd'hui, se justifia-t-elle.
— D'accord.
La maman de Jemila ne semblait pas vraiment convaincue, mais en plus de ça elle regardait ses habits bizarrement.
— Il y a un problème, maman ? lui demanda Alev.
— Rien, juste que tes habits sont assez... Courts. Enfin, plus que d'habitude je veux dire.
Merde, deuxième boulette.
De base, Alev s'habillait comme elle voulait tant que c'était dans la limite du respectable, et elle avait l'habitude de porter des vêtements assez courts, tandis que le truc de Jemila c'était plus les jeans simples avec des pulls ou des t-shirts manches longues...
Pas étonnant que la maman de son amie la suspectait.
— Ah, ça ? Eh bien c'est parce que la météo a dit qu'il ferait assez chaud aujourd'hui, donc je me suis préparée en conséquence, mentit-elle avec un faux sourire.
La maman de Jemila jeta un coup d'œil à la fenêtre derrière elle, et vit un léger vent souffler. Une journée assez chaude ? Quel beau mensonge.
— Je vois... Bref, comme t'es en avance, tu peux directement aller prendre ton petit déjeuner.
Alev regarda sur l'îlot de la cuisine, et vit qu'il n'y avait rien dessus. Habituellement, pendant les jours d'école, lorsqu'elle finissait de se laver la table était déjà toute dressée par sa mère et elle n'avait qu'à prendre place... Bref, elle alla se servir dans les placards qu'elle connaissait aussi presque par cœur vu toutes les fois où elle avait dormi ici, et se servit des céréales.
Alev prit tranquillement son petit déjeuner, et commença même une conversation avec la mère de son amie, lorsque soudain, elles entendirent un bruit de klaxon.
— Oh, je crois que ton amie est là Jemi, lui dit la mère de Jemila qui était en train de faire la vaisselle jusque là.
— Cool !
La jeune fille alla rapidement déposer son bol dans l'évier, et prit son téléphone qui était encore sur l'îlot de la cuisine pour quitter la pièce.
— Bye maman !
— Aurevoir ma chérie. Oh, et Jemila ?
— Oui...? lui demanda Alev en se retournant.
— Ta perruque est de travers.
Oops.
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