Chapitre 12 : Bienvenus dans le monde de Thiercelieux !


Alev ouvrit lentement les yeux.

Où était-elle ? Elle avait l'impression d'être allongée sur une surface dure et rêche.

Elle se releva doucement, et vit qu'elle était sur une grande plaine verdoyante qui s'étendait à perte de vue.

Aussitôt, elle se mit à chercher Jemila des yeux et la vit, allongée comme elle auparavant, quelques mètres plus loin.

Le soulagement s'empara d'Alev, et c'est là qu'elle remarqua une chose : elle était toujours dans le corps de Jemila, et son amie qui dormait était toujours dans son corps.

Alev était toujours Jemila, et Jemila était toujours Alev.

Putain... (Italique)

Et puis d'ailleurs, où étaient-elles ? Où était passé l'école ? Pourquoi Alev avait l'impression qu'elles n'étaient plus en France ?

Les réflexions de la jeune fille furent coupées lorsqu'elle entendit son amie se réveiller plus loin. Directement elle accourut vers elle, et l'aida à se relever.

— Alev ? Où sommes-nous ? lui demanda Jemila, encore dans les vapes.

— Je ne sais pas Jemi... Je ne sais pas.

Dans quoi s'étaient-elles encore fourrées ?

Voyant que Jemila vacillait toujours, Alev l'aida à s'asseoir en s'adossant contre un rocher. Contrairement à Alev, Jemila s'était cognée fortement la tête quand elle s'était évanouie dans les toilettes.

— Ça va Jemila ? lui demanda Alev.

— Oui, j'ai juste la tête qui tourne un petit peu... On est mortes ?

— Non, enfin je ne sais pas, répondit Alev en baissant les yeux sur son corps, enfin, le corps de son amie dans lequel elle était toujours.

Effectivement, leurs vêtements avaient disparu, mais elles n'étaient pas nues pour autant. Elles portaient une sorte de robe blanche en soie qui était lisse, et qui semblait flotter sur leurs corps.

— Donc c'est à ça que ressemble le paradis ? continua Jemila.

— Jemi, tu délires. On est pas mortes, et je ne crois pas que le paradis se résume à un espace vert sans rien autour.

Le mal de tête de Jemila disparut petit a petit, et quelques minutes plus tard, elle put enfin se relever d'elle-même.

— Tu as raison. Et puis regarde, j'ai l'impression qu'il y a un chemin là-bas, dit-elle en pointant du doigt un petit sentier de terre devant elles.

— On y va ? lui demanda Alev.

— Au point où nous en sommes...

Jemila soupira.

Encore une fois, elle se retrouvait dans quelque chose qu'elle ne connaissait pas sans n'avoir rien demandé.

Pourquoi toujours elle ? Elle n'avait jamais été une mauvaise personne, elle avait toujours été gentille avec tout le monde, et elle n'avait jamais rien désiré d'autre que sa petite vie tranquille. Alors encore une fois, pourquoi elle ?

Les deux filles commencèrent donc à marcher vers l'inconnu, suivant le petit sentier devant elles.

Rapidement, après trente bonnes minutes de marche, Alev se fatigua.

Le chemin devenait petit à petit sinueux, avec des cailloux et un peu de boue ça et là. Le corps de Jemila ne supportait clairement pas ce genre de traversées, et la marche sur de longues distances ne faisait pas partie de ses compétences.

— J'en peux plus, souffla-t-elle en s'appuyant contre un arbre.

Sans surprise, de son côté Jemila n'était pas encore fatiguée. Il y avait encore beaucoup d'énergie à revendre dans le corps d'Alev.

— Fait un effort Alev, lui dit Jemila en levant les yeux au ciel.

Cette dernière s'énerva.

— Eh bien, si j'avais mon propre corps je ne serai pas encore essouflée. Alors ne joue pas à l'hautaine avec moi.

Alev savait que c'était la fatigue qui avait parlé à sa place, mais elle n'avait pas pu s'en empêcher.

— Mais tu t'entends parler ?! répliqua Jemila avec véhémence. Tout ça c'est à cause de toi et toi seule !

— Voilà ce que tu sais faire, rejeter la faute sur les autres ! Tu as aussi ta part de responsabilité, je te rappelle !

Jemila sentait que si ça continuait, elle allait exploser.

— Alev, arrête ce que tu es en train de commencer tout de suite parce que sinon ça va mal se finir.

Jemila avait tellement de choses à lui balancer à propos de cette histoire, que si Alev rajoutait ne serait-ce qu'un seul mot, elle serait littéralement prête à tout déballer.

— Je... Excuse-moi Jemila.

Alev avait compris qu'elle avait poussé le bouchon beaucoup trop loin. Et puis elle connaissait son corps, et même si ce n'était plus elle qui le possédait, elle savait que quand ses yeux bleus devenaient plus sombres et que des veines commençaient à apparaître sur son front c'était très mauvais signe.

Et puis Jemila avait raison, tout était de sa faute. C'était elle qui avait voulue aller chez la voyante, c'était elle qui avait forcée Jemila à mettre le collier, et c'était elle qui l'avait convaincue d'attendre quelques jours avant de trouver une "solution".

Tout était de sa faute.

— Je suis désolée Jemi, c'est juste que...

Alev ne termina pas sa phrase, car des larmes commencèrent à glisser lentement sur ses joues.

D'habitude elle n'aurait jamais pleuré dans ce genre de situations, parce qu'elle avait toujours été de ces personnes qui n'aimaient pas verser de larmes. Alev ne pleurait que très rarement, mais il fallait croire que le corps de Jemila était beaucoup plus sensible à ce genre de choses.

— Je suis désolée Jemi, tout est de ma faute, continua-t-elle en se laissant glisser contre l'arbre.

Jemila vint aussitôt s'asseoir à côté d'elle et la prit dans ses bras, faisant fi du fait que la boue allait sûrement tâcher leurs robes.

— Sèche tes larmes Alev, c'est du passé maintenant, la rassura-t-elle en essuyant elle-même les larmes du visage de son amie.

Alev se blottit contre elle comme une enfant, et laissa ses larmes rouler silencieusement sur ses joues.

Jemila la berça pendant quelques minutes, mais voyant le soleil commençant à perdre en intensité, elle dit :

— Alev, il va falloir continuer parce que le soleil commence à descendre. Bientôt ce sera le soir.

Son amie hocha la tête, et elles se relevèrent en même temps, reprenant leur chemin.

Les deux filles marchèrent encore deux bonnes heures, et entrèrent maintenant dans une forêt aux arbres gigantesques qui n'inspiraient pas vraiment confiance.

— Cette forêt est terrifiante, souffla Alev.

Et c'était le cas de le dire, d'autant plus que c'était à ce moment précis que le soleil s'était décidé à s'en aller complètement, les laissant dans une pénombre totale.

— Il ne manquait plus que ça, grogna Jemila. Alev, il va falloir s'arrêter ici pour aujourd'hui. On est dans le noir total et on a aucun moyen de s'éclairer.

Alev hocha la tête, bien que son amie ne put pas le voir.

— Donne moi ta main, reprit Jemila, je ne sais pas où tu es.

Les deux filles se prirent ainsi la main, et s'allongèrent côte à côte à même le sol. Heureusement, le parterre de la forêt était beaucoup moins dur que celui du sentier qu'elles avaient empruntées.

— Bonne nuit Jemi.

— Bonne nuit Alev.

C'est ainsi qu'elles s'endormirent.

Cependant, quelques heures plus tard, en plein milieu de la nuit un hurlement se fit entendre, ce qui réveilla automatiquement Alev.

Elle savait ce que c'était, et elle avait regardé trop de films pour pouvoir se tromper à cet instant précis.

Le hurlement qu'elle venait d'entendre, c'était celui d'un loup-garou.

— Jemila, Jemila réveille-toi ! dit-elle en secouant activement son amie.

— Quoi ? lui répondit-elle vaguement, n'ayant pas encore émergée.

— Jemila, lève toi, il faut partir tout de suite !

— Roh, laisse-moi dormir...

— Jemila, s'il te plaît, fais-moi confiance. On doit s'en aller maintenant !

Jemila se réveilla totalement cette fois-ci, écoutant son amie.

Les deux filles se relevèrent ensuite, et Alev se mit directement à courir, Jemila sur ses talons.

— Pourquoi on cours Alev !

— J'ai entendu des loups-garous ! lui répondit-elle, toujours au pas de course.

— Des loups-garous ? Mais c'est absurde !

— Fais-moi confiance Jemi !

Elles coururent pendant des heures, jusqu'à ce qu'elles furent trop essoufflées pour faire un pas de plus.

Alev s'écroula sur le sol, et Jemila ne tarda pas à la suivre. Les deux filles reprirent leurs souffles pendant une bonne dizaine de minutes.

Des loups-garous, franchement...

— Regarde Jemi ! dit Alev en levant les yeux.

Jemila leva les yeux, et vit qu'effectivement elles venaient de quitter la forêt. Maintenant, le soleil était de retour, et elles étaient sur une sorte de route.

— Pas de temps à perdre ! s'exclamèrent-elles en même temps.

Elles se levèrent donc et reprirent leur route, juste en marchant rapidement cette fois pour ne pas fatiguer rapidement.

Environ dix minutes plus tard, elles arrivèrent sur une place. Mais ce n'était pas une place comme les autres, celle-ci grouillait de monde !

— Les dernières sont arrivées ! s'exclama quelqu'un.

Alev et Jemila se regardèrent, perdues.

Les dernières ?

— Ce n'est pas trop tôt ! ajouta une personne.

Hein ?

— Quoi ? Où sommes-nous ? demanda Alev à on ne sait qui.

Pourquoi étaient-elles les dernières ? Et pourquoi y avait-il autant de monde ici ?

— Vous voulez savoir où vous êtes ? surgit fortement du ciel une voix inconnue en ricanant d'un rire sadique. Eh bien, vous êtes chez moi. Bienvenue dans le monde de Thiercelieux !

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