* Chapitre 18 *

̶  Tom ? Tom ! Réveille-toi, bon sang !

Une voix lointaine l'appelait par son prénom. Qui était-ce ? Pourquoi l'appelait-elle ? Et... Où était-il ? Ses souvenirs étaient complètement troubles et ses sens à la ramasse. Il était si fatigué... Il n'avait pas la force de lutter. L'inconscience le rattrapait de ses longs bras brumeux et le tirait de nouveau dans les ténèbres. Il allait repartir, il le sentait.

Une immense claque s'abattit sur son visage.

̶- Debout !

Les yeux de Tom s'ouvrirent en grand : maintenant, il était bel bien réveillé. Mais il n'était pas chez lui. Il se trouvait dans une pièce sombre dont il ne pouvait pas deviner les dimensions, couché à même le sol dans son gilet à capuche noire. Le visage d'une jeune fille à l'air furieux était penché sur lui, à demi éclairé par une lumière bleue dont la source échappait à son champ de vision.

̶  Enfin ! s'exclama la fille. Ça fait vingt minutes que j'essaie de te réveiller ! T'as le sommeil sacrément lourd, dis moi !

Tom la dévisagea. Il connaissait cette voix... Un flot de souvenirs envahit soudain la cervelle fatiguée du jeune homme. Il se redressa brusquement, manquant assommer Keyros au passage.

̶  On est vivant...? s'étonna-t-il.

̶  Oui. Par contre, je ne suis pas sûre que ça dure très longtemps...

Tom observa le reste de la pièce. Elle n'était pas très grande, vide, insalubre, éclairée d'un simple écran de télé accroché au mur. Il affichait un fond entièrement bleu, un peu comme s'il était en train de bugger.

̶  Et... On est où ?

̶  Je n'en ai pas la moindre idée, avoua Keyros. Je ne pourrais même pas te dire combien de temps on a dormi...

̶  Des sédatifs... réfléchit Tom à voix haute. Attends... Merde ! On nous a planté une seringue pour nous droguer ?!

̶  Non, le corrigea-t-elle. Pas des seringues. C'était trop rapide. Je pencherait plutôt pour des fléchettes anesthésiantes particulièrement efficaces.

̶  ...hein ?

̶  Tu vois ce que les soigneurs de zoo utilisent pour endormir les animaux ? Les espèces de fusils qui lancent des fléchettes ? C'est ça.

̶  Oh... Et ça dure combien de temps ce machin ?

̶  Je te dirais bien une heure pour un animal, mais je pense qu'on a dormi beaucoup plus longtemps que ça : vu que l'effet a été instantané, je n'ose même pas imaginer la dose qu'on s'est prise. On a probablement frôlé l'overdose, si tu veux mon avis... Et on a trouvé le secret du MJ. Tu m'étonnes qu'il ait réussi à agir aussi vite et sans jamais laisser de trace...

Un frisson parcourut le dos de Tom. Merde. Ils s'étaient fait prendre par le MJ. Keyros avait raison : ils ne survivraient pas longtemps. Quoique, s'ils étaient vivants...il y avait peut-être une chance pour eux de fuir ! Enfin, s'il parvenaient à trouver le moyen de s'échapper... Il n'y avait qu'une seule porte dans cette pièce et Tom n'avait pas vraiment espoir qu'elle soit ouverte.

̶  Et la porte ? fit-il remarquer à la jeune fille.

̶  Verrouillée. Il n'y a même pas de trou de serrure.

L'écran de télé clignota. Une espèce de boite de dialogue apparut, semblable à celui du MJ sur le site du jeu : c'était un assez bon indice pour savoir qui allait leur parler.

̶  Bonjour, mes deux petits tourtereaux ! s'exclama le Meneur dans un premier message. Vous avez bien dormi, j'espère ?

̶  Bordel... grommela Keyros. Qu'est-ce que je donnerais pas pour tuer ce type...

̶  Roh... Keyros ! J'ai épargné votre vie, ne soyez pas si grossière !

Les deux jeunes gens s'entre regardèrent. Le MJ pouvait donc les entendre... Probablement que cette pièce était aménagée d'outils de surveillance divers. Ce lieu n'était peut-être pas aussi abandonné qu'il en avait l'air...

̶  Pourquoi ? l'interrogea Tom. Pourquoi nous avoir enlevé ?

̶  Parce que vous avez triché !

̶  Vous auriez du nous tuer. Pourquoi nous avoir gardé en vie ?

Il y eut un flottement dans la conversation. Soit le MJ écrivait un long message, soit il prenait plaisir à imaginer les deux adolescents attendre sa réponse avec angoisse.

̶  Vous êtes deux joueurs exceptionnels, répondit finalement le Meneur. Même dans la tricherie, je dois avouer que vous m'avez ébloui. Vous êtes intelligents et déterminés. Je ne pouvais décemment pas me permettre de vous tuer ! Je me serais bien ennuyé sans vous... Et puis, je me sens généreux aujourd'hui. J'accepte de vous donner une deuxième chance de survivre. Impressionnez-moi.

La porte fit un bruit étrange et s'entrouvrit sur une autre pièce entièrement sombre. Tom et Keyros se concertèrent du regard. Ils n'avaient pas le choix. Ils allaient devoir continuer à jouer.

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