S.U.I.V.I.
- Bon, tu me veux quoi ? D'ailleurs, tu m'as suivit ?
Cette fois-ci, c'est lui qui sourit, mais pas d'un sourire quelconque, celui qui a quelque chose derrière la tête.
- Je t'ai vu dans le métro, volant le sac de cette pauvre jeune fille. J'ai hésité à te rattraper et le lui rendre, mais j'ai trouvé ça plus drôle de te surprendre dans une rue, seul.
Ok, c'est un psychopathe. Ma tête se pencha automatiquement sur le côté, une des mes caractéristiques quand je ne comprenais pas. Un peu comme les chiens quoi.
- Tu comptais me faire peur ? Demandai-je perplexe.
- On peut dire ça comme ça, mais apparemment ça ne fonctionne pas, dommage, lâcha-t-il dans un petit rire.
Il était enfantin, son rire, ce qui lui donnait une drôle d'allure. Il s'approcha une nouvelle fois, mais je ne reculai plus, le laissant faire. A quelques centimètres de mon corps, il me tendit sa main.
- Je m'appelle Sahel, mais ça tu dois le savoir, se présenta-t-il avec un clin d'œil.
Je devenais fou ou il voulait vraiment faire copain-copain avec son voleur ? Il est malade, cet asiatique. Il lui manquait une sacré case là. Je serrais mes trouvailles de mes mains, comme si j'avais peur qu'elles me soient retirer, voler. Le voleur volé, quelle honte si ça devait arriver.
- Qu'est-ce que tu me veux ? Je le questionnai, méfiant. Parce que je t'ai rendu ton ordi, et je ne t'ai rien volé de plus.
- Je veux juste savoir comment tu t'appelles, pour l'instant, me sourit-il.
Je fronçai les sourcils. Il ne voulait pas non plus que je lui offre mon adresse ? Histoire qu'il aille me dénoncer aux flics sans que je ne bronche.
- Écoutes, je ne sais pas quel genre de fou j'ai à faire, mais je dois rentrer chez moi, déposer tout ça et me reposer. J'aimerai d'autant plus qu'on ne se voit plus, c'est vachement glauque de parler à une personne qu'on a volé.
- Glauque ? Moi j'aurais plutôt opté pour étrange.
- Ta gueule, je suis même pas français de base, lâchai-je me retournant.
- Oh intéressant, tu es quoi alors ? Russe ?
- Irlandais, avouai-je sans vraiment en avoir conscience.
Je me traitai d'idiot en me rendant compte que je venais de lui offrir une information considérable sur moi. Je pressai donc le pas pour rentrer, même si j'allais faire un détour afin de m'assurer qu'il ne me suive pas.
- Tu as des papiers français ? Demanda-t-il en me suivant.
Merde. Question sensible. Je décidai de ne pas y répondre.
- Lâches moi ! Commençai-je à m'énerver.
- Oh, alors tu ne les as pas hein... Fit sa voix plus lointaine.
Cette dernière phrase me donna des frissons dans le dos. Je me stoppai. J'étais foutu. Je le connaissais depuis peu, et il arrivait déjà à taper là où ça faisait mal, je ne pouvais nier sa perspicacité. Quel sale mioche, voilà pourquoi j'ai toujours côtoyé des personnes plus vieilles que moi. Je me tournai lentement, comme si ralentir allait l'effacer de la planète terre. Malheureusement, il était toujours là, devant moi et les mains dans les poches.
- Deuxième fois, qu'est-ce que tu me veux le mioche ?
Ma voix n'était plus si sûre d'elle, non seulement il me menaçait implicitement, mais en plus, il avait de quoi me dénoncer très facilement. Il lui suffisait de me décrire, de leur donner mon ancienne adresse et hop, bye bye Ailsin.
- Je te l'ai dit, dit-il en s'approchant une énième fois.
Je me retenais de ne pas lui foutre une bonne raclée, ou de m'enfuir comme une fillette, au choix. Il tendit à nouveau sa main vers moi.
- Je m'appelle Sahel, et toi? Sourit-il de toutes ses dents.
R'ah, et pourquoi était-il si mignon d'ailleurs ? Re merde.
- Je... Aislin, répondis-je en saisissant sa poignet.
Mh, peau douce. Je secouai la tête, ce mec était probablement le diable incarné. Ok je m'emportais, mais c'était suspect, alors soit il était terriblement en manque d'affection, soit il était complètement fou. Il serra ses doigts autour des miens.
- J'aime beaucoup, c'est très joli.
De son autre main, il vint enlever ma casquette et eut une mine victorieuse. Mon ventre se contracta, je ne compris pas vraiment pourquoi, mais j'étais trop concentré à admirer son visage de près. D'habitude, je ne le voyais qu'en photo, alors autant en profiter ? Ses yeux m'impressionnèrent encore, la courbe était juste sublime. Pourtant, je n'avais jamais été attiré plus particulièrement par un asiatique, même par aucune nationalité d'ailleurs et les trois personnes avec qui j'avais couché m'avaient paru " potable ". Mais avec lui, je ne comprenais enfin le sens du mot plaire. Et puis, j'avais l'impression de lui plaire aussi, je me rappelais bien de son petit sourire en coin avant que je ne le vole, et maintenant qu'il souhaitait me parler, qu'il me dise que j'ai un joli prénom, est-ce qu'un mec disait à un autre qu'il a joli prénom, juste amicalement ? Je savais très bien que c'était parce que je l'intéressais plus au moins, Haël faisait ce genre de compliment quand il voulait serrer une nana. Il relâcha ma main.
- Je ne te demande pas ton nom de famille, sinon je vais paraître suspect, dit-il amusé.
- C'est pas comme si tu l'étais déjà, répondis-je sur la défense.
Il me sourit une dernière fois, avant de mettre ma casquette sur sa tête et de tourner les talons. Et après c'est moi le voleur ?
- Hey ma casquette ! M'insurgeai-je.
- A la prochaine, Aislin !
Puis il disparut au détour d'une rue. Je pus enfin rentrer chez moi, en me retournant tout les cinq secondes pour vérifier que personne ne me suive, les bras chargés. J'étais anormalement content, et les mecs avec qui je vivais l'on directement vu et m'ont charrié durant toute la soirée.
La semaine suivante, je faisais d'autre stations de métro, parfois seul, parfois accompagné d'Haël et je n'ai pas une seule fois croisé Sahel. Une autre semaine, mon ami avait décidé que c'était lui qui irait voler, et moi qui attendrait en haut de la bouche de métro pour faire tomber quiconque le poursuivrait.
Alors, comment vous expliquer mon immense envie de rire en voyant Haël ressortir avec une pochette d'ordi et pas loin derrière, un asiatique qui m'était familier ? Sur tout les passagers, il fallait que ce con vole Sahel. Pour lui sauver les fesses, je fis un croche-pieds au Japonais mais le rattrapa de justesse, je n'avais pas non plus envie qu'il se casse quelque chose en tombant. Il se raccrocha à mon bras et fit des gros yeux en me voyant, tandis que j'explosais de rire, au milieu de tout ses passants qui se précipitaient dans la station.
Il se releva très vite et me plaqua contre un des murs descendants des escaliers et plongea son regard noir dans le mien.
- C'est toi qui lui a dit de me voler ? Lança-t-il d'une voix sèche.
Mais je n'arrivai plus à arrêter de rire, c'était vraiment trop drôle. Haël qui vole celui qui a faillit tous nous dénoncer, j'aurais dû lui montrer une photo de l'asiat' pour le prévenir de ne jamais l'approcher.
Sahel pinça mon nez d'une main et de l'autre, il me la plaça sur la bouche et mon rire se stoppa immédiatement, je me débattis, manquant d'air et au bout de quelques secondes, il finit par me lâcher, je le repoussai franchement et repris ma respiration.
- T'es malade ! Criai-je, me souciant peu des gens autour de nous.
- Au moins tu as arrêté de rire. Maintenant réponds à ma question.
Je fis une moue contrite. Si ça avait été prémédité, je ne l'aurais pas rattrapé et me serait enfuit. Il était stupide.
- Comme si, je n'aurais pas explosé de rire sinon. T'es con.
Il soupira et me prit la main. Je beugai un instant avant qu'il ne me la tire et qu'on sorte du métro. Je fixai sans comprendre nos doigts enlacés.
- Où est-ce qu'on va ?
- Tu vas m'emmener voir ton pote, tu sais que sinon, je vous localiserai et vous serez dans la merde.
Outch, j'avais complètement oublié ce détail ! Je priais pour qu'il ne soit pas rentré. Je resserrai mes doigts autour des siens et tirais d'un coup dessus, l'obligeant à me suivre en courant. Il fallait le rattraper absolument. Sahel ne broncha pas et me suivit, comme il courrait aussi vite, cela me facilita la tâche. Je commençai à craindre, car plus on avançait, plus on se rapprochait de l'appartement et je n'avais pas envie d'y aller et de lui offrir notre adresse aussi facilement. La situation ne me faisait plus du tout rire et Haël aurait à faire à moi quand on se verra.
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