R.E.N.D.U.
" Espèce de petite ordure, mon pc est localisé, donc soit tu me le ramènes en parfait état, soit je t'envoie les flics. "
J'ai passé le reste de mon temps à jurer, sachant parfaitement que nous étions dans la merde la plus profonde qui puisse exister. Tous savons qu'en ces cas, on se devait de prévenir les autres car les menaces finissaient toujours par mener à la police. Mais aussi, et c'est ce qui me poussait à réfléchir comme cinq, celui qui se faisait prendre devait quitter le groupe, c'était la règle d'or ici et personne ne devait déroger à cette précieuse loi, moi compris. Je fis les cent pas dans ma chambre, quel con ! Pourquoi avais-je mis autant de temps à le réinitialiser déjà ? Pour des putains de photos et vidéos d'un mec que j'étais censé ne plus revoir de ma vie. A la place, non seulement j'allais le voir de nouveau, mais j'avais ramené des tonnes d'emmerdes en plus.
Devais-je prendre le risque de lui rendre et nous faire choper ? Ou alors prévenir le groupe et me retrouver seul, à la rue ?
Certes, j'avais des économies, mais rien pour louer un appartement, pas de travail, pas de papier, c'était comme si je n'existais pas. Ce qui était d'autant plus dangereux pour moi, était sans aucun doute le fait que je sois Irlandais, et que si je tombais entre les doigts des autorités, j'allais me faire jeter en Irlande, alors que j'y avais passé à peine quatre misérables années de ma vie, que je ne parlais que le français et il n'y avait personne que je connaissais là-bas pour m'aider.
Que faire ? Foutu asiatique !
Soudainement, une idée m'éclaira et je la trouvais très bonne. Cela me redonna de l'espoir, mais du boulot m'attendait. Je pus enfin m'endormir.
Le lendemain, je me réveillai au alentour de dix heures, moi et Haël n'étions pas de corvée étant donné que l'on faisait des roulements. J'étais soulagé de ne pas me rendre au métro, trop peur de tomber sur le japonais. En parlant de lui, je me dirigeai vers la chambre d'Haël, heureusement celui-ci était éveillé et regardait son téléphone. Je m'assis à ses côtés mais il n'y fit pas attention.
- Ha, j'ai besoin de toi.
Il décrocha enfin ses petits yeux endormis de l'écran et se tourna vers moi, faisant une moue interrogatrice.
- Hier, j'ai mit du temps à remettre le pc à zéro, et je suis tombé sur un petit malin qui a réussit à localiser son pc, résultat...
- Quoi? Il s'est qu'on est là ? S'écria Haël ahuri.
Je hochais la tête, prit en faute. Je voyais bien que dans son regard, il s'apprêtait à me faire ses adieux, mais je le stoppai dans ses pensées.
- Mais j'ai un moyen de m'en sortir. J'ai... Tout gardé ses fichiers sur une clé avant de le réinitialiser, donc je peux aller lui rendre intacte et lui dire que je lui donnerai la clé USB seulement s'il ne nous dénonce pas, et pendant ce court répit, je convaincrai les mecs de bouger, on pourrait aller se poser dans un appart' pas loin. Qu'est-ce que t'en dis ?
Il semblait réfléchir à mon plan un instant, puis poursuivit :
- Mais en quoi je vais t'aider ?
- Quand j'irai lui rendre son pc, je veux que tu me couvres. On ne sait jamais, il pourrait très bien péter les plombs et me sauter dessus. Et pour lui prouver que j'ai ses fichiers, je vais les copier sur mon téléphone histoire qu'il soit sûr que je les ai et qu'il pourra les récupérer.
- Mec, ton plan marche uniquement si le mec tient à ce qu'il y avait dans son pc, s'il s'en fout, on se fait tous niquer.
D'accord, je n'avais absolument pas pensé à cette option.
- Si tu as raison et qu'il me piège, alors je compte sur toi pour prévenir rapidement les mecs.
- T'es sérieux ? Tu serais prêt à aller en taule ? Qui plus est, en Irlande ? Mec réfléchis bien avant, tu peux toujours dire la vérité et partir, te refaire une vie ailleurs.
- J'ai pris ma décision, alors tu m'aides ou je dois me débrouiller seul ?
- Putain Aislin tu fais chier, tu m'en devras une bonne après ça.
Je souris et lui fis une légère accolade pour le remercier. Ok, maintenant, restait plus qu'à espérer que l'autre tenait à ses photos et vidéos.
Je repartis dans ma chambre et ouvris une nouvelle fois l'ordinateur portable, puis j'envoyai :
" Très bien. Aujourd'hui à 20h dans le métro, je serais assis sur le même banc que l'autre fois. Et un conseil, viens seul. "
A vingt heures comme prévu, j'étais dans la bouche de métro, attendant sur le banc avec la pochette sur les genoux. Une casquette bien enfoncée sur la tête, les mains moites de stress et mon ami pas loin, prêt à intervenir si besoin était. Il y avait seulement quelques personnes dû à l'heure tardive, mais toujours pas d'asiatique. J'avouai appréhender aussi de le revoir, ce type ne me laissait pas du tout indifférent, mais cela était inutile, car il ne pourra jamais y avoir quoique ce soit entre nous, et d'un côté, tant mieux.
Dix minutes plus tard, je sentis une main sur mon épaule. Je relevai la tête et vis l'asiatique, enfin, Sahel d'après son pseudo insta. Il s'assit sur la place à mes côtés, ce qui me surprit.
- T'as intérêt de rester ici, tu as vu comme moi mes capacités à te rattraper, donc n'essaie même pas de t'enfuir, s'exprima le japonais en récupérant son pc de mes genoux et en le posant sur les siens.
Je le regardai faire, hypnotisé par chacun de ses mouvements. Il avait de belles mains, avec de longs doigts fins et sans savoir la raison, j'en frémis. Il arborait encore aujourd'hui une chemise blanche et un bas de smoking noire. Il y avait également son éternel chignon. Je me risquai à admirer son visage à la peau laiteuse et parfaite, aucune imperfection ne venait entacher sa beauté et je trouvai ça fascinant. Puis ses yeux noirs de tournèrent vers moi et plongèrent dans les miens, je sus qu'il y avait prit connaissance de l'état de son pc avec ses sourcils froncés.
- Où sont tout mes fichiers?
J'avais oublié de parler ! Je sortis donc rapidement et maladroitement mon téléphone de ma poche, je tapai le code de verrouillage et lui montrai ses documents défiler.
- Tout est dans une clé USB, je te rendrai le tout seulement quand j'aurais changé d'appartement et que tu ne pourras plus me retrouver.
Ses yeux s'agrandirent sur le coup, puis un petit sourire en coin orna ses lèvres, comme la dernier fois que je l'avais vu. Et hop, encore cette sensation en moi. Je commençais à croire que c'était lui qui la provoquait. Il regarda au alentour, il rangea son pc dans sa pochette et la déposa à ses pieds, avant de se tourner vers moi, une main venant se poser sur ma cuisse.
- Qui te dit que j'ai envie de les récupérer ? Et qu'est-ce qu'il te fait croire que je vais accepter, alors que je n'ai qu'à te voler ton téléphone, comme tu l'as fait pour mon ordi ?
- Fais pas le con, j'ai des potes pas loin, je leur fais un signe et il rapplique, le menaçai-je.
A cette phrase, il se releva, porta la lanière à son épaule et fourra ses mains dans les poches de son pantalon.
- Bien. Je te laisse pas plus d'un mois pour te trouver un nouvel appart, au delà de cette date, j'appelle les flics et ils iront chercher la clé eux-mêmes.
Puis il partit sans autre forme de procès. Extrêmement soulagé, je soupirais longuement et sortis une cigarette de ma poche, Haël, qui s'était rapproché de moi, alluma la clope et j'aspirai une grosse bouffée, puis il me la vola pour la consommer lui aussi.
- Fumes pas, t'es trop jeune pour niquer ta santé comme ça, m'annonça Haël.
- Je vis pas Ha, je survis. Alors à quoi bon faire attention à moi ? Limite ça m'arrangerait que je crève d'une maladie.
Je sentis aussitôt une main plonger dans mes cheveux et tirer dessus, de quoi me faire couiner.
- Dis pas ça ducon, t'as que vingt piges donc la ferme, tu verras t'auras une meilleure vie après. Restes avec nous le temps de te faire de l'oseille, ensuite commences à travailler et prends toi un appartement.
Son petit discours me fit sourire.
- Je t'emmènerai avec moi si ce scénario se produit.
Il rit face à ma phrase et caressa mes cheveux tendrement. J'étais pour lui l'équivalent d'un petit frère.
Un mois et demi plus tard, et je ne savais comment j'avais réussit cet exploit, mais nous avions déménagé dans un autre quartier, qui était encore plus proche du métro, un des arguments qui m'avaient permit de les convaincre. Un parmi tant d'autres, et pas toujours honnête, je devais le reconnaître.
J'avais donc donné la clé USB à Sahel, l'asiat' et ne l'avait revu depuis ce jour. Avant de nous quitter, il m'avait balancé un " si je te revois, cette fois je ne te laisserai pas repartir ". Il m'arrivait cependant de regarder ses photos de temps à autre, quand je m'ennuyais à attendre une nouvelle proie et cela m'inquiétait légèrement, j'avais l'impression d'être un voyeur, un pervers, alors que je ne faisais que regarder, ni plus ni moins.
Nous étions vendredi, et ce jour de la semaine était particulièrement saturé de monde, les gens rentraient chez eux après une semaine éprouvante pour passer un week-end tranquille. Trop contents d'avoir terminé leur semaine, ils ne faisaient pas attention à leur affaire, ce qui nous permettait de voler plus et plus facilement.
Haël me suppliait d'arrêter, il était crevé et souhaitait dormir au plus vite, mais je voulais en faire une dernière avant de repartir. Des jours comme ça, on en comptait pas beaucoup alors autant en profiter.
Lorsque je réussis à le convaincre de rester encore quelques minutes, j'aperçus une adolescente, son sac à main de marque posé à ses pieds pendant qu'elle était en train de jouer avec son téléphone. Bonne proie, je m'avançai doucement vers elle, sans éveiller les soupçons. Elle se tourna vers moi et je lui souris, bête comme elle doit être, elle me le rendit et rougit, avant de reporter son attention sur son téléphone. Je m'approchai encore et à bonne distance, je m'élançai et chopai son sac sur le passage. Un cri se fit entendre avant qu'elle ne me court après, mais elle le faisait tellement mal que j'en riais et donnai même pas dix pourcent de mes capacités. Je finissais même les escaliers en marchant, mais au bout de ceux-ci, Haël ne s'y trouvait pas. Je levai les yeux au ciel, il avait dû très probablement partir avec une nana, qu'il plumera dès qu'elle s'endormira.
Je rentrai donc à l'appart' seul, empruntant des petites ruelles désertes nauséabondes et puant la pisse, mes trophées à la main ou fourrés dans le sac que je venais de dérober.
- C'est pas bien, ce que tu as fait.
Reconnaissant la voix qui m'interpellait, mon sang se glaça. Merde, merde, merde. Devrais-je m'enfuir ? Après tout, il avait bien dit que la prochaine fois que l'on se voyait, il ne me laisserait plus partir.
Je me retournais et comme je l'avais deviné, l'asiatique se trouvait devant moi, les bras croisés et le corps appuyé sur un mur. Toujours habillé des mêmes fringues, le même chignon, la même attitude nonchalante. Il fit quelques pas pour s'approcher, et j'en fis pour m'éloigner.
- Tu as peur ? Demanda-t-il.
- Pourquoi tu te sapes toujours de la même façon ? Ne pus-je m'empêcher de le questionner.
- C'est un uniforme, rit Sahel.
- Et pourquoi un chignon ? Poursuivis-je, curieux.
- Parce que c'est interdit les cheveux longs dans mon lycée, conclut-il.
On interdisait vraiment les cheveux longs dans son lycée ? D'ailleurs, je venais d'apprendre qu'il était au lycée. Étonnant, il faisait plus vieux.
J'avais envie de lui répondre que c'était vachement sexy, mais je n'en fis rien. Cela me paraissait étrange, moi qui ne désirais en temps normal personne.
- Et toi, pourquoi cette casquette qui cache ses yeux incroyablement bleus ?
Je souris en entendant sa question. Mais j'avoue qu'elle m'a mise mal à l'aise, à tel point que je n'arrivai plus à sortir un mot.
- Oh, le voleur serait-il un timide en réalité ? Lança-t-il taquin.
En revanche, cette phrase ne me plaisait absolument pas. Je fronçai les sourcils.
- Bon, tu me veux quoi ? D'ailleurs, tu m'as suivit ?
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top