Chapitre 26 : Discussions tardives
Alec
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Je me sentais être la pire pourriture au monde. J'ai embarqué Jess dans mes histoires malgré moi. Elle ne mérite pas ça, elle ne mérite pas d'être associée à ce genre de choses. Tout ça parce que ce foutu Gomez n'en fait qu'à sa tête. Comment est-ce qu'il peut oser s'en prendre à des innocents ? En même temps, je pense que je devais pas en attendre moins de sa part.
Je regardais cette femme pure et il me semblait être la noirceur incarnée à ses côtés.
-"Est-ce que tu as faim ?"
Je me levais de mon étreinte à contrecœur. Ce geste intime, je ressentais le besoin de le faire, et pourtant rien ne m'y autorisait. Mais elle l'avait accepté.
-"Je n'ai pas mangé depuis midi. J'avais prévu de manger en rentrant, mais..."
-"Je m'en occupe. Il y a des choses que tu n'aimes pas ?"
Elle a secouée la tête, en me disant qu'elle n'était pas difficile. Je suis parti dans la cuisine voir ce qui se trouvait dans les placards. Et à ce que je vois, ma mère m'a fait ramener le nécessaire avant mon retour. Alors je me suis lancé dans un repas rapide et simple : des pâtes à la bolognaise.
-"Tu as besoin d'aide ?"
-"Non, mais tu peux me tenir compagnie."
Elle a sourit et s'est installée sur une chaise haute près de l'îlot central. En un quart d'heure le repas était prêt. Nous nous sommes assis à la table du salon afin de manger.
-"C'est vraiment... excellent. Où est-ce que tu as appris à cuisiner ?"
-"Quand j'étais jeune, mes parents travaillaient beaucoup. Leur situation n'a pas toujours été celle qu'ils ont aujourd'hui, et ça n'a pas toujours été facile. Alors, parfois, on devait se débrouiller, mon frère et moi. J'ai appris sur le tas, et avec les années je me suis perfectionné."
-"Tu as un frère ?"
L'évocation de mon frère me laissait un goût amère. J'avais encore des choses à régler avec lui, mais ce n'était pas la priorité. Pour le moment, je devais me concentré sur Jessica.
-"Oui, mais on n'est plus en très bons termes."
-"Oh. Désolée."
-"Pas de problème. C'est la vie. Et toi, alors ?"
-"Non, je suis fille unique. Mais je considère que ma cousine remplis un peu ce rôle. J'ai grandit une bonne partie de ma vie avec elle."
Il est vrai qu'elle a perdue ses parents jeunes, j'ai pu voir ce détail lorsque je faisais des recherches sur elle. Mais je ne l'a pousserait pas à m'en parler. Alors, j'ai simplement hoché la tête et nous avons fini de manger en silence.
-"Alec, est-ce que c'est possible que je prenne une douche, s'il-te-plaît ?"
-"Oui, viens je vais te montrer la salle de bain et te donner de quoi te sécher."
Nous avons traversé l'appartement et je lui ait fait signe de rentrer dans la pièce. Puis je lui ai tendu une serviette avant de la laisser seule.
Je me suis rendue dans ma chambre, à quelques pas de là, dans le but de faire quelques recherches sur mon ordinateur. Au bout d'une vingtaine de minutes, le silence s'est brisé lorsque j'ai entendu la voix de Jess sur le pas de ma porte.
-"Excuse-moi, mais... Je me suis rendue compte que je n'ai pas pris de quoi dormir. Est-ce que tu peux me prêter quelque chose ?"
Elle était là, à moitié cachée derrière le mur, la serviette enroulée autour de son corps et ses longs cheveux humides lâchés. Il va me falloir toute la détermination du monde pour ne pas bloquer sur ce que je voyais. Je me suis levé sans un mot afin d'accéder au dressing qui se trouvait dans une pièce isolée au fond de ma chambre. J'en suis ressorti avec un short et un t-shirt en coton que je lui ai donné. Elle est partie quelques minutes et s'est de nouveau présentée. Elle était mignonne dans mes habits. Ils étaient un peu grands pour elle, mais les élastiques du short permettaient qu'il tienne en place.
-"Je vais te montrer où dormir."
Je suis sorti et elle m'a suivie à quelques mètres de là, où se tenait la chambre d'amis. Elle était simple et confortable.
-"Voilà, c'est ici. Si tu as besoin de quelque chose, n'hésite pas. Et fais comme chez toi."
-"Ok merci... Bonne nuit, Alec."
-"Bonne nuit... Jess."
J'ai refermé la porte en sortant. Il était trois heures du matin, mais je n'avais pas sommeil. Je suis donc de nouveau parti sur mon ordinateur. Au bout d'une heure, et après une bonne douche, je me suis glissé dans mon lit, attendant que morphée veuille bien venir me chercher. Les minutes semblaient longues, et mon sommeil ne semblait pas vouloir venir. C'était la première fois que je dormais dans un vrai lit depuis plus de deux ans. On dirait bien que mon corps semble s'être habitué aux matelas miteux, après tout.
J'observais le plafond éclairé des faibles lumières qui provenaient de dehors. J'ai tellement été habitué à dormir sans rideaux que je n'avais même pas pensé à fermer les stores. Mais ça m'allait. Je pensais à Jessica, et j'espérais qu'elle allait pouvoir passer une bonne nuit, malgré le fait qu'elle soit chez un inconnu. Et malgré cette situation merdique. Il y a encore quelques temps, je pensais ne jamais la rencontrer et voilà qu'à présent, elle se trouvait à quelques pas de moi. J'aurai très bien pu n'en avoir rien à foutre et ne pas cherché à m'occuper de ce qu'il pouvait bien lui arriver, mais c'était impossible pour moi. Elle m'a été d'un grand soutient lorsque j'étais encore là-bas, et surtout, je ne pouvais pas avoir ce malheur sur ma conscience. Plus maintenant.
Des coups timides ont retentis sur la porte de ma chambre. Je pensais que j'avais halluciné avec la fatigue, mais je les aient de nouveau entendu. J'ai allumé la lampe de chevet puis je me suis levé, uniquement vêtu d'un pantalon. J'ai alors ouvert la porte et Jessica se tenait debout, un poing levé en direction de la porte, l'autre main sur sa bouche, comme si elle était embarrassée.
-"Alec, je ne veux pas t'embêter en te demandant ça, mais... est-ce que je peux dormir avec toi ?"
-"Euh... Oui, viens, entre."
J'étais surpris de sa demande, mais j'imagine qu'elle n'arrivait pas à dormir non plus. Je me suis installé du côté gauche du lit. Elle se tenait devant le lit, puis j'ai dégagé la couverture pour l'inviter à s'y installer. Elle s'est installée face à moi, se couvrant. Je me suis rendu compte que je l'embarrassais peut-être en étant torse nu.
-"Tu veux peut-être que j'aille mettre un haut ?"
-"Non, non ! Ne t'en fais pas, ça ne me dérange pas. C'est chez toi, après tout."
Nous nous sommes regardés quelques instants, sans qu'aucun mot ne brise le silence de la pièce.
-"Je n'arrivais pas à dormir. J'espère que je ne t'ai pas réveillé ?"
-"Non. Je n'y arrivais pas non plus. Tu sais, c'est ma première nuit dehors depuis longtemps. Alors, je suppose que ça me joue des tours aussi."
-"C'était comment, là-bas ?"
-"Pas terrible, comme je te le disais. C'est beaucoup plus confortable ici. Et pourtant, je galère à m'endormir. C'est drôle non ?"
-"Je suis contente pour toi. Tu es enfin sorti de tout ça."
-"Oui. Et je suis content que tu puisses être là pour cette occasion, même si les conditions sont pas idéales. Tu m'en parlais dans tes lettres, tu me faisais tenir. Alors, merci."
Son regard s'est appuyé dans le miens, et elle s'est approché de moi. Elle est venue se blottir contre moi, alors j'ai refermé mon bras autour d'elle, comme pour l'accueillir et la protéger. Sa chaleur corporelle m'apportait une vague de réconfort, et son odeur douce m'apaisait. Cette proximité entre nous semblait naturelle.
-"Tu sais, tu m'as beaucoup aidé toi aussi. Sur plusieurs aspects. Et tout à l'heure, quand je te disais que j'ai vécu une grande partie de ma vie avec ma cousine. C'est parce que... J'ai perdu mes parents dans un accident de voiture, lorsque j'étais petite. Alors, ma tante et mon oncle m'ont recueillis. Et grâce à eux, j'ai pu avoir une vie normale dans le Michigan."
J'ai resserré mon emprise sur elle. Je savais que ce souvenir pouvait être douloureux pour elle. Et elle a tout de même décidé de me le partager. Je n'ai pu avoir qu'une réponse sourde, qui a été de lui donner un baiser sur le front.
-"Au faite, Jess. Tu ne m'as pas dis la raison pour laquelle tu es venue vivre en Floride?"
-"Ah, hum. C'était pour suivre Jordan, mon ex. Il avait eu une promotion ici, alors je l'ai accompagné."
-"Je devrai le remercier, j'ai pu te rencontrer grâce à lui, au final."
Elle a gloussé au creux de mes bras.
-"Oui, un mal pour un bien."
Ou peut-être pas.
Et ce sont sur ces mots que je me suis endormi.
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