Chapitre 25 : Établir la confiance
Jessica
-------------------
Je regardais le paysage nocturne défilé devant mes yeux à travers la vitre du casque de moto. Il était tard et la température n'était pas optimale. C'était la première fois que je montais sur ce genre d'engin, et j'avais été effrayée au début, mais plus maintenant. Je tenais fermement Alec, ce geste m'avait intimidé dans un premier temps, mais il avait insisté pour que je le fasse, guidant mes bras autour de lui. Et au final, je me sentais plutôt à l'aise. Sa chaleur corporelle était agréable et son odeur musquée. Il se tournait de temps en temps pour vérifier mon état.
Cette situation était totalement insolite. Et on me traiterait sûrement de folle d'avoir accepté de le suivre sans broncher. Pourtant, je l'avais fait. J'étais monté rapidement à l'étage dans ce vacarme chercher quelques affaires. Il m'avait attendu au pas de la porte d'entrée, puis nous avions pris la route.
Tout était confus, mais j'ai décidé de prendre sur moi et d'attendre le moment où il pourrait enfin m'aider à tirer ça au clair. Comment étais-je passé d'une fille qui rentrait d'une escapade familiale pour me reposer l'esprit, à une fille qui rentre chez elle trouvant son logement sans dessus dessous, avec son ex et l'homme en prison avec qui elle parlait par correspondance quelques jours plus tôt? On aurait dit un putain de film. Penser à tout ça, additionné à mon manque de sommeil, me donnait mal à la tête.
Au bout d'un certain temps, nous sommes arrivés devant un immeuble. Le trajet s'était déroulé dans un silence, je suppose qu'Alec devait également avoir un tas de choses en tête. Nous sommes entrés dans un parking souterrain. Une fois garé, il s'est levé et a retiré son casque avant de me tendre la main pour m'aider à descendre. Ses yeux sombres se sont fixés aux miens lorsqu'il m'a aidé à retirer mon casque. Puis, d'un geste doux, il a replacé mes cheveux qui, je suppose, devaient être ébouriffés. J'ai souri timidement, espérant n'avoir pas l'air trop ridicule.
-"Suis-moi."
J'ai voulut hésiter avant de me rendre compte que si j'étais monté sur cette moto, c'est que j'avais déjà décidé de le suivre. Alors, sans dire un mot, je me suis exécutée. Nous nous sommes dirigés vers un ascenseur qu'il a activé à l'aide d'un code, puis il a répété l'opération une fois à l'intérieur, pour que l'on puisse accéder au dix-septième étage. Nous nous jetions des regards en attendant que le trajet se fasse. Quand les portes se sont ouvertes, nous sommes arrivé dans un espèce de hall d'entrée d'un blanc immaculé menant à une unique porte en bois. Il l'a ouverte à l'aide d'une serrure à code électrique, puis est entré avant de me faire un signe de la tête, m'indiquant de faire de même.
C'était un appartement plutôt luxueux, mais la décoration était sobre et minimaliste. On aurait dit que personne n'y vivait. Après tout, il devait être revenu ici qu'il n'y a peu de temps. L'entrée était ouverte et donnait directement sur les autres pièces à vivre.
Il a enlevé sa veste et l'a accroché dans une penderie dans l'entrée. Il était maintenant vêtu d'un t-shirt noir qui s'ajustait parfaitement à son corps, d'un jean assorti et de chaussures en cuir qu'il a également retiré. J'ai imité ses gestes, enlevant mon gilet et mes baskets. Il a prit mon sac de mes mains et est parti avec. Je suis resté plantée dans l'entrée, ne sachant pas quoi faire. Quelques secondes plus tard, il était de retour, m'observant.
-"Je sais que ça fait bizarre, mais mets toi à l'aise. Tu veux boire quelque chose ?"
-"Euh... Oui, je veux bien de l'eau. Merci."
J'ai avancé dans ce qui semblait être un salon spacieux, les lumières étaient douces et la température y était agréable. Je me suis assise sur un des canapé qui était positionné sur un tapis crème moelleux. Une grande télévision était fixée sur le mur. Il est revenu de la cuisine ouverte avec deux verres d'eau et m'en a passé un avant de se placer sur un fauteuil qui se trouvait en face de moi, de l'autre côté d'une table basse en verre.
-"Comment tu te sens ?"
J'ai été surprise par sa question, je ne m'attendais pas à ce que la conversation soit engagée ainsi. J'ai réfléchis quelques instants, tout en buvant une gorgé d'eau. Comment je me sentais ? Tout dans ma tête n'était qu'un brouhaha actuellement.
-"Je suppose que ça peut aller. Mais j'essaye toujours de comprendre ce qui se passe."
-"Je n'en doutes pas, et je suis prêt à répondre à tes questions."
J'ai hoché la tête, cela me rassurait.
-"Alors... Quand est-ce que tu es sorti ?"
-"J'ai été libéré hier."
-"Ce n'était pas censé se produire plus tard ?"
-"Si, mais... J'ai fait en sorte de pouvoir sortir plus tôt que prévu."
-"Comment ? Et pour quelle raison ?"
-"Mon père. C'est grâce à lui que ça a été possible, il a une certaine influence. Et si je suis sorti plus tôt, c'était pour vérifier que tu allais bien."
-"Que j'allais bien ? Est-ce que ça a un rapport avec le fait que je t'ai retrouvé chez moi et que tout a été saccagé ?"
-"Oui. Je suis arrivé devant chez toi, j'ai trouvé la porte grande ouverte sans aucune lumière allumée. Quand je suis parti vérifier, c'était vide et tout avait été retourné."
-"Et qu'est-ce que mon ex faisait là-bas ?"
J'ai pu voir sa mâchoire se contractée à sa mention.
-"Aucune idée. Il est entré alors que j'étais dans la maison. Il m'a dit qu'il était là pour te parler."
Quelques secondes sont passées avant que je n'engage de nouveau la parole.
-"Merci. De l'avoir fait partir."
-"Est-ce qu'il te veux du mal ?"
Je n'avais pas réfléchis à cette chose sous cet angle là.
-"Non... Je ne pense pas. Il ne veux juste pas lâcher l'affaire."
-"C'est bien ce que je pensais. Il m'a donné l'impression d'être un satané moustique."
Sa réflexion m'a fait échapper un petit rire, car cette description lui allait plutôt bien. Quand j'ai de nouveau regardé Alec, un faible sourire s'était installé sur son visage. J'ai senti le sang monté dans mes joues, me rendant compte que j'étais seule avec cette homme séduisant.
-"Jess, j'avais peur qu'il te soit arrivé quelque chose."
-"Et qu'est ce qui te faisais dire que quelque chose aurait pu m'arriver ?"
-"C'est une longue histoire. Mais j'ai su que quelqu'un complotait contre toi. Et Dieu merci, tu n'étais pas chez toi."
Un frisson a envahit mon corps. Qui me voudrait du mal ?
-"Mais... Je ne comprends pas. Qu'est-ce que j'ai pu faire pour être dans cette situation?"
-"Tu n'a rien fait de mal, Jessica. Sache que le responsable dans tout ça, c'est moi. C'est pour cette raison que je devais sortir rapidement. Je devais te protéger, parce que tu n'as pas à pâtir de choses qui ne te concernent pas."
-"Est-ce que tu vas m'expliquer comment je peux être au cœur de cette histoire si je n'ai rien fait ?"
-"La seule chose que tu aies faite, c'est rendre un homme plus heureux dans un environnement de brutes. Et quand on ne cède pas aux caprices des autres, les conséquences peuvent être terribles."
-"Donc tu es entrain de me dire que tout ce qui est en train de se passer est dû au fait que nous avions une correspondance lorsque tu étais incarcéré ?"
Il a hoché la tête sans osé affirmer à voix haute. Son regard était dur. J'ai pris le temps de digérer cette information avant de me rendre compte d'une chose.
-"Comment est-ce que tu as su où j'habitais ?"
-"Je t'ai dis que je travaillais dans l'informatique. Je suis parti chercher les informations dont j'avais besoin."
-"Tu les as eues illégalement ?"
-"Oui. Et c'est pour ce genre de choses que je suis tombé."
Il n'avait jamais voulut me dire quelle était la raison de son incarcération, et aujourd'hui, il me la disait de but en blanc. Malgré le fait que cette situation était complètement folle, cette confession me faisait pensé qu'il était une personne honnête.
-"Jessica, je vais être direct avec toi. Si je t'ai fais venir ici, c'est pour pouvoir garder un œil sur toi et pouvoir te protéger. Je ne supporterai pas le fait que quelqu'un pâtisse de mes actions. Alors pour le moment, tu vas devoir rester avec moi. Je ne veux pas t'imposer quoi que ce soit, mais c'est la meilleure chose à faire."
-"Est-ce que je ne pourrai pas simplement appeler la police ? Tu pourrais venir avec moi et leur expliquer ce que..."
-"Non, c'est impossible, et c'est même la pire idée qu'on puisse avoir. Non seulement, il se peut que la police soit impliquée, mais aussi, qu'est-ce que tu penses qu'ils diraient d'un mec qui vient tout juste de sortir du trou ?"
Je me suis tue. J'avais omis ce détail. C'est vrai que personne ne le prendrait au sérieux. Et s'il disait que la police elle-même pouvait être impliquée, alors la situation devait être grave. J'ai pris ma tête dans mes deux mains, essayant d'encaisser tout ce qui était en train de se passer. Moi, la fille sans histoires, était maintenant au centre de problèmes dont je n'aurai jamais pensé pouvoir faire parti auparavant. Ma petite vie basique devenait soudainement un bordel sans nom. Mes yeux devenaient humides rien qu'en pensant à la situation dans laquelle je me trouvais.
Une main est venue se poser sur mon poignet droit. Je n'avais pas réalisé qu'il s'était déplacé près de moi. Il était accroupi devant moi, et dessinait de petits cercles doux sur ma peau. Son doigt a essuyé la goutte qui menaçait de tomber de mon œil.
-"Je sais que ça fait beaucoup à encaisser. Sache que je ferai tout pour te sortir de cette situation."
Puis il m'a lentement attiré dans ses bras, me faisant une étreinte qui m'a permis d'évacuer un peu la pression qui s'accumulait en moi.
-"Je te fais confiance, alors."
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top