Chapitre 24 : Liberté et Retrouvailles
Alec
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J'ai pris une grande inspiration, comme si je n'avais pas eu le droit de respirer depuis des jours. Je devrai être heureux, mais c'était tout le contraire. Je n'aurai jamais pensé que les choses allaient prendre une telle tournure, et pourtant... Comme quoi tout peut nous tomber dessus d'un moment à l'autre.
J'étais là, assis auprès des miens, dans un siège moelleux, buvant un verre de Jack sous un air sonore festif. Tout le monde autour de moi riait et faisait la fête. Un buffet de traiteur copieux se dressait sur une grande table dans le salon.
J'étais libre, j'avais été extirpé de cet enfer avant l'heure.
Tout la procédure avait été faite en express. J'avais contacté mon paternel afin qu'il fasse jouer ses connaissances en ma faveur. Au bout de quelques jours, j'avais été relaxé par le juge pour "bonne conduite". Dès le début, j'aurai pu éviter cette incarcération ou du moins diminuer fortement ma peine. C'est ce que mes parents souhaitaient faire, surtout dans le but de préserver leur réputation et leur business.
J'ai tout fait pour qu'ils ne puissent pas utiliser cette carte. J'ai voulut subir ma peine et leur montrer que je n'étais plus ce gosse craintif qui avait besoin d'être protégé. J'étais un homme, qui voulait assumer les conséquences de ses actes. Ils ne l'ont pas très bien pris, mais n'ont pas eu le choix que d'accepter la situation.
Et ce qui est certain à l'heure actuelle, c'est que cette expérience m'a fait mûrir, je ne suis plus le même Alec. Ma vision de la vie a changé.
Je regardais l'heure sur ma montre en carbone, tandis qu'une main est venue saisir le cuir de ma veste sur mon épaule.
-"Je suis contente de te revoir, mon fils."
Ma mère se tenait debout avec une coupe de champagne à sa main, dans son ensemble chic de couturier. Ses yeux froids mais humides me montraient des émotions auxquelles je ne pensais pas pouvoir avoir accès. Moi qui me demandais quel serait l'accueil qu'on me ferait, j'étais plutôt surpris. Je ne voyais aucune animosité dans le comportement de ceux qui m'entouraient.
Mon père était même venu me chercher en personne, me donnant une bonne poignée de main ainsi qu'une brève accolade de retrouvailles. J'aurai pensé qu'il enverrait un chauffeur.
Cela faisait moins de vingt-quatre heures que j'étais sorti. Et pourtant, mon but n'était pas de resté là à profiter de cette fête. Si j'avais fait en sorte qu'on m'extirpe de cet endroit, c'était pour une raison bien précise. J'élaborais mon plan depuis l'appel que j'avais passé à mon père.
J'ai souri à ma mère en mettant ma main sur la sienne, tandis qu'elle lança un toast en levant le verre en cristal.
-"Merci de votre présence pour le retour d'Alec. À son retour !"
Les invités ont tous imité son geste, et s'en est suivi un "À son retour !" en cœur de leur part.
Il était presque vingt-deux heures lorsque j'ai regardé ma montre. Il fallait que je trouve un moyen de m'extirper afin de ne pas paraître suspect. J'ai donc été voir mes parents afin de leur dire que j'avais besoin de sommeil ce qu'ils ont compris. J'ai donc été raccompagné à mon domicile par mon père. Une fois qu'il a quitté mon appartement, j'en ai profité pour rallumer mon portable. Une trombe de messages et d'appels manqués sont arrivés. J'ai décidé de prendre une douche rapide et de m'habiller dans la foulée avant d'effectuer un geste qui m'a coûté cher dans le passé: allumer mon ordinateur.
Toucher cet outil a été tellement libérateur pour moi. Je me sentais de nouveau entièrement libre. C'est là où les choses sérieuses ont commencées.
Je regardais les lettres de Jessica posées sur mon bureau. Désolé ma belle, mais je vais devoir entré dans ton intimité pour ton bien.
J'ai hacké le système informatique de la prison afin d'avoir accès aux données personnelles concernant les correspondances entre les prisonniers et les personnes externes. Mon but était précis : recueillir les informations personnelles de Jessica afin de savoir où elle vit. Au bout d'une dizaine de minutes, j'ai pu obtenir ce que je recherchais, sans éveiller le moindre soupçon. J'ai ainsi découvert qu'elle habitait dans le quartier de Doral. C'est à une quarantaine de minutes de là où je suis, à Fort Lauderdale.
Puis, j'ai hésité, mais je n'ai pas pu m'empêcher de chercher des informations sur elle. J'ai vu des articles datant de plusieurs années concernant la mort de ses parents, les différents communiqués de ses diplômes, et ses réseaux sociaux et professionnels. J'ai cliqué sur un des liens, retenant mon souffle, car j'était sur le point de pouvoir enfin mettre un visage sur cette femme.
Cette ... magnifique femme.
Un sourire s'est dessiné malgré moi lorsque j'ai aperçu son visage pour la première fois. J'étais persuadé qu'elle était attirante, mais à présent j'en étais sûr. Elle a tout pour plaire.
Mais je ne pouvais pas me permettre de rêvasser plus longtemps, je devais agir rapidement.
Je me suis dirigé vers mon garage afin d'empoigner ma moto, une Yamaha R6 full black, direction le quartier de Doral. Je devais m'assurer de sa sécurité suite aux menaces de Gomez. J'espérais juste qu'il n'ait pas eu le temps d'agir. J'ai foncé à travers les différentes avenues et quartiers, ne respectant aucune limite de vitesse. Plus je me rapprochais, plus je sentais mon cœur battre à travers mon corps. Puis je suis arrivé.
Mon souffle s'est coupé lorsque j'ai vu la porte d'entrée ouverte et l'obscurité qui en provenait. Il était presque minuit et ça n'augurait rien de bon. Je me suis rapidement approché tout en observant les alentours afin de vérifier qu'il n'y avait pas de menace supplémentaire.
J'ai passé l'entrée doucement afin de faire le moins de bruit possible, tout était calme et le lieu semblait abandonné de toute présence humaine, du moins je l'espérais. J'ai allumé les lumières et j'ai constaté les dégâts : tout était sans dessus dessous dans la maison, les meubles avaient été retournés, les objets et cadres cassés. J'ai couru à l'étage pour m'assurer que Jessica aille bien, mais toute la maison était vide. Je me suis senti soulagé de ne pas avoir vu de traces d'elle, bien que je n'étais pas certain du fait qu'il ne lui soit rien arrivé.
J'ai décidé de me poser sur une chaise de la cuisine que j'ai ramassé sur le sol afin de réfléchir un instant. Il a donc mit ses menaces à exécution. Mais le point positif est qu'il n'y a pas de traces de luttes ou de sang. Ils ont juste tout retourné sur leur passage. Alors, c'est possible qu'ils n'aient pas trouvé Jessica. Et j'espère qu'ils ne l'ont pas enlevé, parce que si c'est le cas, son temps est compté et il va me falloir une autre stratégie.
Alors que j'était perdu dans mes réflexions, j'ai entendu du bruit dans l'entrée, je me suis levé en précipitation afin de voir qui était là. Je me suis placé à l'angle de la porte de la cuisine et j'ai aperçu un gars avec une capuche passé en marchant doucement.
Je l'ai alors attrapé par le col tout en le plaquant sur le mur voisin. Il s'est mit à crier de surprise.
-"C'est toi qu'il a envoyé ?!" Je lui ai hurlé dessus.
-"Qu'est-ce que tu racontes, mec ? T'es qui ?!!"
-"Tu te fous de moi, c'est ça ? Toi, t'es qui putain ?!"
-"Je m'appelles Jordan !"
-"Jordan ? L'ex de Jessica ?"
J'avais tout à coup envie de lui en foutre une. J'ai resserré mon emprise sur son sweet.
-"Oui ! Comment tu sais qui je suis bordel ?! T'es qui ?!"
-"T'as pas besoin de savoir qui je suis, qu'est-ce que tu fous ici ? Est-ce que t'as vu quelque chose de bizarre ?"
-"J'étais juste venu pour m'excuser, et quand je suis arrivé j'ai vu la porte entrouverte, alors je suis entré parce que j'ai trouvé ça bizarre ! Et là, je vois que tout est en bordel et qu'en plus il y a un type à l'intérieur !"
J'ai décidé de relâcher son col, ce pauvre type ne savait rien. Il me faisait plus de peine qu'autre chose.
-"Quand je suis arrivé, la porte était ouverte et tout était comme ça à l'intérieur. Il n'y avait personne. Pas même Jessica." lui ai-je dis.
Il s'est raclé la gorge.
-"Mais du coup, tu es qui ... pour Jess?"
-"Un ... ami."
La porte d'entrée a grincé, nous nous sommes tous les deux retournés vers la provenance du bruit quand des clés sont tombées sur le sol.
Jess était debout au pas de la porte, bouche bée, ne comprenant rien à ce qui se passait. Son ex, un inconnu, un bordel monstre dans sa maison, aucun mot ne sortait de sa bouche. J'ai décidé de faire le premier pas et de me diriger lentement vers elle.
-"Salut Jess."
Son regard semblait totalement perdu, et je la comprend. Un gars dont elle n'a aucune idée de qui il est, mais qui semble la connaître, c'est insensé.
-"Qu'est-ce que ..?"
Je la surplombais à présent, mon regard plongé dans le sien, et pleins d'émotions contradictoires me traversaient. Putain, qu'elle est belle.
-"C'est moi, Jess. C'est Alec."
Ses yeux se sont agrandis et son regard, plein de confusion, a tout de même fini par s'adoucir. On ne se connaissait peut-être pas physiquement à cet instant, mais on connaissait pas mal de choses l'un sur l'autre. Ces lettres, ce sont elles qui faisaient qu'aujourd'hui, nos présences ne nous semblaient pas étrangères l'une pour l'autre.
Alors que nos regards étaient perdus l'un dans l'autre depuis quelques secondes, un raclement de gorge s'est fait entendre derrière. Son putain d'ex était toujours là. Pour quelle raison, d'ailleurs ?
-"Jess, tu veux que j'appelle la police ?"
-"Jordan, qu'est-ce que tu fais là ?"
-"Je voulais te parler et quand je suis arrivé, j'ai vu la porte ouverte et ce gars était là. Tout ici était déjà en bordel."
-"Ok... Jordan, pour commencer, je n'ai pas besoin que tu appelles la police, mais par contre j'ai besoin que tu partes. Je vais gérer les choses seule. Et comme je t'avais déjà expliqué la dernière fois, je n'ai plus besoin d'entendre quoi que ce soit de ta part."
-"Mais Jess..."
J'ai commencé à bouillonner alors qu'il voulait forcer la conversation avec elle. Elle n'en avait clairement pas envie.
-"Elle t'as demandé de partir, mec."
Je me suis décalé sur le côté afin de laisser le passage libre pour que cet insecte se barre. Il nous a regardé l'un après l'autre plusieurs fois, comme s'il attendait que Jessica change d'avis. Puis il a fini par déclaré forfait et est parti, fermant la porte derrière lui, nous laissant seuls. Je me suis immédiatement senti soulagé et en même temps stressé d'être en sa compagnie en face à face. Elle s'est approché de moi doucement, triturant nerveusement ses doigts tout en me regardant. Elle a prit une grande inspiration quand elle s'est arrêtée à un mètre de moi.
-"Ok... Maintenant, est-ce que tu peux m'expliquer tout ça, Alec ?"
-"Oui, je vais pouvoir tout t'expliquer. Mais il va falloir que tu fasses une chose."
-"Laquelle ..?"
-"Que tu me fasses confiance, Jess. Prends des affaires et suis moi."
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