Jess

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-"Tiens ma chérie, je t'ai fais tes pancakes préférés !"

-"Merci tata."

Je souriais à ma tante Louisa, alors que nous étions tous assis à table dans le salon. Je regardais autours de moi, ma cousine, Alejandra, avait bien grandit. Elle devenait une belle jeune femme, brillante, qui plus est. Mon oncle, Pedro, se régalait tout en jetant un coup d'œil à la télévision.

Cette maison dans laquelle j'avais passé quasi toute mon enfance m'as tant manqué. Je savais que j'allais y revenir, mais je ne savais pas quand. 

Au final, je me suis décidée à faire une pause dans ma vie en posant quelques jours de congés. Et c'est arrivé ce fameux jour, où je l'ai revu, sur la plage. Jordan. Mon ex qui ne savait pas où ranger se queue quand j'étais absente. 

Cinq jours plus tôt

-"Salut, Jess."

-"Qu'est-ce que tu fais là ?!"

Je bouillonnais de voir son visage, là, devant moi. Je n'avais pas entendu parlé de lui depuis des lustres, et voilà qu'il sortait de nul part ! 

-"Je ... écoutes, je vais être clair avec toi, ce n'est pas un hasard, si je suis là."

-"Comment ça ? Qu'est-ce que tu veux dire ?"

J'ai commencé à avoir le cœur qui s'emballe. Puis tout a commencé à s'assembler dans ma tête. Cette sensation d'être observée, la rose sur mon paillasson. C'était lui.

-"Jess... Tu me..."

-"La ferme. Je ne veux rien entendre venant de toi."

Je me suis levée du sol sablonneux d'un bond et j'ai commencé à partir en furie.

-"Jessica, attends !"

Il m'a attrapé le bras pour me retourner de force vers lui.

-"Qu'est-ce que tu me veux, Jordan ?! Tu es un psychopathe, maintenant ? Me suivre ? Venir déposer une fleur sur le pas de ma maison ? Qu'est-ce que tu cherches putain ?!"

-"Je sais, Jess ! C'était maladroit de ma part, mais je ne savais pas comment m'y prendre ! Je t'ai croisé par hasard un jour dans le centre-ville. Alors je t'ai suivi et j'ai vu où tu habitais. J'ai essayé de repousser mes pensées, mais j'étais obsédé à l'idée de pouvoir te parler, j'ai besoin de te présenter mes excuses ! Je ne voulais pas passer pour un taré."

-"Des excuses ? Je n'ai pas besoin de tes excuses. Tu m'en as déjà faites, d'ailleurs. Mais j'en ai strictement rien à faire. Tu as fais ce que tu as décidé de faire, on ne peut pas revenir en arrière, c'est ainsi. Si ça peut te consoler, je ne ressens plus rien pour toi. Ni haine, ni rancœur. Alors, tu peux dormir tranquille."

-"Jess, je ne crois pas que tu comprennes ma démarche. Je suis désolé de ce qui s'est passé. Cette femme, c'était une erreur. J'avais la bonne personne près de moi, c'était toi. Mais j'ai été faible, et j'ai laissé les choses se faire alors que je n'aurai pas dû. Je sais que ça s'est passé il y a quelque temps déjà, mais sache que je ne t'ai jamais oublié."

-"Jordan, écoute moi bien s'il te plaît. Je n'ai plus de sentiments pour toi. C'est terminé depuis le jour où je t'ai vu avec cette femme. Quelque chose s'est brisé en moi à cet instant. Et je me suis entièrement détaché de toi. Depuis ce jour, plus aucun avenir n'a été envisageable entre nous. Alors pour la dernière fois, laisse-moi en paix, je t'en prie. Je ne veux plus rien de toi. J'accepte tes excuses, mais oublie moi, et faisons chacun nos vies."

Cette fois-ci, je suis partie pour de bon, revenant chez moi en continuant mon jogging. La dernière chose dont j'avais envie, c'est de le revoir lui. Et voilà qu'il sait où j'habite, en plus. J'espère juste qu'il ne va plus m'importuner. 

En rentrant, la première chose que j'ai faite a été de planifier mon départ pour le Michigan, afin de revoir ma famille et de respirer un peu suite à cet évènements. Je n'avais aucune envie de devoir lui refaire face si jamais il décidait d'être persistant. 

Retour dans le présent

Après le repas, je suis montée dans mon ancienne chambre, qui n'avait pas bougé d'un pouce. J'étais arrivé tard la veille, alors je n'avais fais que dîner rapidement et dormir, j'étais exténué de mon voyage. Revoir cet environnement familier me soulageait de tous ces maux. C'est comme si je retombais dans une insouciance dont je n'avais plus eu le droit depuis longtemps. Sur les murs roses poudrés se trouvaient des photos de famille. Des photos de mon adolescence, des photos avec mes amis, de ma remise de diplôme. Des photos de moi et... de mes parents. Ils me manquent. 

Le bruit d'une main qui toque sur la porte m'a sorti de mes pensées. Alejandra se tenait à la porte qui était entrouverte, attendant mon approbation pour entrer. Je lui ai fait un signe de tête pour l'inviter à me rejoindre. Elle est venue s'asseoir à côté de moi, sur mon lit, me prenant tendrement dans ses bras. 

-"Tu m'as manqué, Jess."

-"Tu m'as manqué aussi, ma belle."

-"Alors, quoi de neuf en Floride ? Tout se passe bien là-bas ?" 

Je n'avais pas envie de mettre une mauvaise ambiance en racontant mes péripéties, mais j'ai survolé certains sujets. J'ai parlé de Jordan, parlé du fait que j'avais "rencontré" quelqu'un, en omettant bien sûr le fait qu'il s'agissait d'un prisonnier. Nous avons parlé un bon moment ainsi, où elle me racontait également comment se passait ses études d'infirmière, me demandait des conseils, et me parlait du garçon qui lui faisait de l'œil. C'était plaisant de voir que ma cousine prenait de la maturité et que les discussions se faisaient plus fluides et variées.

Demain, j'aurai le temps de profiter un peu de la ville et de revoir certains amis qui sont encore dans le coin. Pour l'heure je me concentre sur ma famille et profite de les revoir avant qu'ils n'entament une nouvelle semaine de travail. Ce soir, j'emmènerai ma cousine dans ma pizzeria préférée du coin. 

C'était un bon repos mérité, et pour quelques instants, j'oubliais ce qu'était mon quotidien en Floride, mais je n'oubliais pas Alec. Lui, il était toujours dans mes pensées.