Chapitre 1: Bienvenue à la maison

Alec

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-"Debout Wesker!"

Je me réveil en sursaut, avec un joli bruit de matraque sur les barreaux. Putain, un jour, je jure que je vais me le faire, cet enfoiré de gardien. Ils se font un malin plaisir à nous réveiller comme ça, alors qu'il y a un réveil collectif ici. Un putain de réveil! Et ils viennent nous les briser, tout ça pour nous faire chier!

Je me redresse sur mon lit. Enfin... Si on peut appeler ça un lit. Un espèce de morceau de matelas plutôt. On voit qu'il y a du monde qui est passé par là, quand on le regarde. Il est tout mou, tout affaissé. Je crois que j'ai jamais autant mal dormi de ma vie que dans ce trou à rat. Heureusement que j'ai une cellule individuelle. Déjà que l'hygiène de la pièce est à la limite du déplorable, si j'avais dû supporter quelqu'un d'autre, je suis pas sûr que le courant serait passer.

J'ai à peine le temps de pisser et de me brosser les dents que les portes des cellules s'ouvrent. C'est l'heure du petit déjeuner. J'aurai voulu dire le moment préféré de ma journée, mais avec la merde qu'ils nous servent, c'est impossible. Après, qu'on se pose pas la question de pourquoi les détenus ressortent de prison maigre comme des clous. La seule échappatoire à ça, c'est de s'acheter sa propre bouffe dans la boutique qu'il y a ici. Et si vous avez déjà fait face à une arnaque dans la vie de tous les jours, sachez que vous devriez être heureux de ne pas avoir à goûter à celle-ci. Pour un pauvre paquet de nouilles chinoises, il faut travailler deux jours au sein de la prison, et encore, seul les détenus qui ont la chance d'avoir un boulot attribué peuvent gagner leur pain.

Vous vous demandez sûrement comment j'ai atterri ici? Par pitié, foutez-moi la paix avec ça. Je veux pas en entendre parler, rien que le fait d'y penser, ça me fou encore en rogne. Bien que je connaisse seulement les dessus de l'histoire, je sais pas encore ce qui se trame en dessous. Mais je compte bien m'en occuper personnellement une fois que je serai sorti d'ici.

Je me dirige vers le réfectoire pour essayer d'avaler quelque chose de convenable. Je n'ai pas beaucoup "d'amis" ici. On peut plutôt parler de connaissances. Je préfère rester seul, ça vaut mieux pour moi et pour les autres. Chacun fait sa vie, chacun a ses problèmes. Mon temps libre, je le passe soit à lire, soit à faire du sport, soit à écrire ce qui me passe par la tête. Il faut bien s'occuper, car croyez-moi qu'ici, voir une mouche voler fait parti des meilleurs passe-temps que je connaisse.

Je m'installe seul en bout de table, et tente d'ingurgiter la tartine de beurre de cacahuète qui se trouve devant moi. Même si ça a plus l'aspect que le goût. Un fruit, au moins une chose de plutôt bon. Même si c'est sans doute bourré d'OGM. Après le repas, nous devons tous retourner dans nos cellules pour faire le comptage.

Une fois fait, nous voilà assigné à nos tâches respectives. Je m'occupe de faire tourner le linge dans le sous-sol de la prison, avec le vieux Barry. Ce mec est là pour un braquage foiré. Pourtant, c'était un "As", mais quand on est trop gourmand, ça se passe pas toujours bien. C'était "le coup de trop", comme il me l'avait expliqué. Un civil avait échappé à la vigilance de son groupe, et devinez quoi? L'alarme a simplement été déclenchée. Alors qu'il avait déjà amassé une petite fortune et qu'il comptait se barrer vivre sur une île, tranquillement. C'est dommage, dites-vous? Je suis assez d'accord.

Barry est une des rares personnes à qui je parle ici. Il a 60 balais, toujours la clope au bec, avec des paroles pleines de sagesse. Et ça fait quinze putains d'années qu'il est coincé en taule. Il en a encore pour longtemps. Alors qu'on était entrain de fourrer des vieux caleçons dans une machine, il s'arrête et se retourne vers moi.

-"Tu vas participer au programme d'échange?"

-"De quoi? Celui qui me fais échanger ma place avec une personne de l'extérieur? Y'a de fortes chances, ouais."

Il me regarde en secouant la tête, comme-ci j'étais une cause perdue. Je le comprend.

-"Espèce d'idiot. Je te parle du programme de correspondance, où tu peux échanger avec quelqu'un de l'extérieur."

Mais qu'est-ce qu'il me baratine? J'ai vraiment une gueule à participer à des conneries du genre?

-"Arrêtes de te foutre de moi, Barry. Tu penses vraiment que je vais faire un truc comme ça?"

Il rigole franchement.

-"C'est pas comme-ci t'avais du temps à perdre ici, mon p'tit gars."

-"Waouw. Merci pour ta remarque, mais j'ai pas besoin de ce genre de merde."

Il hausse les épaules et retourne à ses occupations. C'est vrai que j'aime bien écrire, mais de là à causer avec quelqu'un qui vit à l'extérieur de ce trou, pendant que moi je suis enfermé entre quatre murs... et puis quoi encore? Je préfère regarder les mouches.

Le repas du midi passe. L'après-midi est libre. Je décide donc de sortir dans la cour, et d'aller faire un peu de muscu après m'être échauffé. Il y a toujours des jeux de regards entre les mecs ici, mais bon, en général, tout le monde sait rester à carreau. J'ai bien dit "en général". Parce que pas plus tard que deux minutes après ma réflexion, deux mecs se sont cogné dessus pour une histoire de "à qui le tour" sur une machine. Voilà comment atterrir en isolement. Et là, c'est vraiment pas une partie de plaisir. Tu es seul avec tes pensées, sans lumière la majeure partie de la journée, pour une durée indéterminée, personne à qui parler. De quoi devenir fou. J'ai déjà testé, et j'aimerai vraiment éviter d'y retourner.

Puis viens l'heure de la douche, là où il faut pas faire tomber son savon (c'est pas des conneries pour l'avoir vu). Ensuite, c'est l'heure du dîner et enfin, retour en cellule avec extinction des feux à 22 heures. Voilà la journée typique que je mène depuis un certain temps. Mais plus pour longtemps, je l'espère.

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