Chapitre 4 / Jason Todd

_ Ja.. Peter. Je m'appelle Peter. Réussis-je à dire, la gorge noué, essayant d'éviter le regard du jeune homme.


Je ne voulais pas dévoiler mon vrai prénom à un inconnu. J'avais donc dis mon deuxième prénom, moins connu du premier. J'espère surtout que j'étais crédible..


Je tourne la tête vers la fenêtre et la pose sur la vitre. Je tressaillis à ce contact froid, mais agréable. Je ferme un instant les yeux, mais le brun me regarde toujours de ses magnifiques yeux bleu cristal. C'est déstabilisant. Je grince des dents et il secoue la tête, comprenant qu'il m'énervait. Pourquoi j'suis monté là en fait ?

Il sort tout à coup une paire de lunettes noires, de forme triangulaires et totalement ridicules à mon goût. Il les mets et ses yeux disparaissent derrière les verres sombres des lunettes. Il relève la tête vers moi et me fait un grand sourire.

J'ai envie de lui en mettre une, à me sourire tout le temps, mais personne ne m'avais jamais regardé ni souris comme ça, puis, je dois l'avouer, il est mignon. Je me retourne vers lui, et lui pose à mon tour une question, même si ce n'est pas vraiment mon truc de parler aux autres.


_ Et toi ? Qui t'es ? demandais-je, en levant le menton.


Il redressa la tête et rougit. J'comprends pas pourquoi, d'ailleurs.


_ Appelle moi.. Robin.


J'hoche la tête et la repose sur la vitre, mais le garçon n'en a pas fini avec moi.


_ Pourquoi tu m'as suivis ? demande-t-il tout simplement.


J'hausse les épaules en guise de réponse. Moi même je savais pas trop c'que je foutais là, à parler à un gars qui s'appelle Robin et qui portait des lunettes bizarres. Même le fait qu'il se trimbale avec un sac aussi gros était bizarre. Était-il possible qu'il fugue ? Mais pourquoi ?

Il hoche la tête, pas très convaincu de ma réponse, mais je n'en ai tout simplement pas à lui en donner. Il se pencha vers son sac et sortit.. Un paquet de céréales.


Il venait de sortir un paquet de céréales au chocolat, comme ça, au milieu d'un bus.


J'arque un sourcil à la vue du paquet, et tout ce qu'il réussit à faire, c'est de plonger sa main dedans. Je me redresse sur le siège et je le regarde, toujours aussi étonné. Il me propose alors sa main,remplie de céréales. Mon regard passe de ses yeux à sa main, et il se met à insister. Je rapproche alors doucement les miennes, que je mets en creux, et il verse le contenu de sa main dans les miennes. Je rougis et je bafoue deux-trois mots à son égard.


_ Me.. merci. Dis-je, les yeux rivés sur mes mains et leurs contenu.


Il me fait un grand sourire et replonge sa main dans le paquet. Il prend d'autres céréales et se les fourre dans la bouche. Je baisse les yeux pour observer celles que j'ai dans les miennes, et j'en prends une à mon tour. Je la mets dans ma bouche et commence doucement à mâcher.J'en prends une autre, puis une autre, et je ne peux plus m'arrêter tellement c'est bon. Je finis ce que j'avais dans mes mains et passe ma langue sur mes lèvres pour récupérer la moindre miette.

Je souris de plaisir. Personne n'avait jamais été aussi gentil, agréable avec moi. Je tourne tout à coup la tête vers la vitre pour voir où nous sommes,et mon cœur se mets à battre la chamade. Les arbres, les immeubles que je vois, je ne les reconnais pas.


Si je pars, je vais faire comment pour rentrer ?? Okay c'est pas le luxe chez moi, mais ça reste quand même chez moi !


Je me lève subitement et j'appuie sur un bouton d'arrêt, sur une des barres en métal qui traversent tout le bus. Le garçon, dénommé Robin donc, me regarde, étonné. Je lui fait un sourire gêné en guise de réponse et je descends du bus par les portes qui viennent de s'ouvrir, sans dire au revoir.

Une fois les pieds sur la terre ferme, je me retourne un instant pour voir le bus s'en aller petit à petit. Je remarque même que Robin, a quitté son siège et me regarde depuis une autre fenêtre, tandis que le bus part.


J'hausse mes épaules.De toute façon, je ne le reverrai pas. Même si.. je dois avouer que je l'appréciais. Il ne m'avait pas jugé. Pas une fois. Il m'avait même donner quelque chose. Et puis ce regard..

Je mets mes mains dans mes poches et mets la capuche de mon sweat sur ma tête. Je traîne des pieds quelques minutes, sur le trottoir de l'autoroute, avant de pouvoir voir de la lumière. Je redresse la tête en direction d'un panneau vert illuminé, et je le lis, enfin, j'essaye de lire.


< Gotham City, 20 km au nord, dans cette direction >


Je n'ai jamais vraiment pu aller à l'école, mais au moins je savais lire. Enfin, je reconnaissais le nom de ma ville et les chiffres. Je resserre mon sweat contre moi et j'empoigne la bretelle de mon sac, sachant d'avance que la route va être longue.

J'avance, pas à pas,suivant les indications que je croise. Chaque pas demande un peu plus d'effort que le dernier, car la nuit commence petit à petit à tomber et je ne suis pas très rapide. Il fait de plus en plus froid,aussi. Mais, je dois avouer.. Que le garçon me manque.


C'est insensé de dire, penser, ça. Je ne le connais pas. Je ne l'ai jamais vu auparavant.Du moins... je ne crois pas. Mais ce qui peut être sûr, c'est que je ne le reverrai pas. Je devais l'oublier, point.


Après une longue marche, j'avais finalement réussis à arriver à Gotham. Enfin.

Mais, j'étais fatigué, et je mourrais de faim.

J'avance d'un pas nonchalant sur les trottoirs de Crime Alley, qui me sont si familiers à présent. Je retourne dans la petite ruelle qui mène à chez moi,mais la fatigue m'empêche de continuer. J'essaye de poser un pied au sol, mais je tombe à genoux.

Je continue tout de même à avancer, à quatre patte, et je finis par trouver un grand carton, près d'une poubelle, et décide de m'y allonger pour la nuit.

Une fois arrivé et allongé dans le carton, je commence alors à doucement fermer mes paupières, attendant, en vain, que le sommeil vienne. Non, le fait que je dorme dans un carton n'était pas dérangeant, pour moi. Mais,malgré tout mes efforts, le sommeil tardait de plus en plus.


Je me retourne, pour pouvoir voir le ciel sombre de Gotham. Et, pour une fois, il n'était pas couvert de gros nuages gris. Non. Pour une fois, on pouvait voir.. des étoiles.

Le ciel était bleu, bleu marine. Plutôt sombre, mais bleu. Aucun nuages à l'horizon.Et.. le ciel était plus que tout, couvert d'étoiles. Une traînée de petits éclats blancs parcourait le ciel. Ça semblait.. magique.

Et pour couronner le tout, ce Robin, hantait mes pensées. Ses yeux... Leurs couleur... C'était juste magnifique. Je ne pourrait pas l'oublier.Je sais, je me répète, mais c'est vrai.


Je n'oublierai jamais ce regard. Je n'oublierai jamais ce garçon.



Quelques heures après, le grondement infernal d'une voiture me réveille. Je cligne des yeux, le temps que ces derniers s'habituent à l'obscurité. Il fait encore nuit.

La lune est haute dans le ciel, et c'est l'une des rares fois qu'il n'y a pas un seul nuage à l'horizon, à ce moment là de la nuit. Je lève la tête et j'observe les étoiles. Ces mêmes étoiles que je regarde depuis qu'j'suis gosse, quand je trouve pas le sommeil. Elles ont un côté.. apaisantes.


Je me redresse péniblement dans le carton, et, en tournant ma tête vers le vrombissement qui se fait de plus en plus sourd, l'impossible se produit.

À côté de moi, à ma droite, garée en plein milieu de la ruelle, ce trouve une imposante voiture. Juste une voiture ? Non.


Il s'agit de la Batmobile. De la fameuse Batmobile. Celle du fameux Batman. La seule et unique Batmobile. Reconnaissable entre mille.


Sur le moment, je reste assis dans mon carton à observer ce véritable joyau. Personne d'autre que Batman ne pouvait la conduire. Elle avait la réputation de résister aux pires chocs. D'être impénétrable.

Un véritable tank.

Je me relève, discrètement, pour ne pas attirer l'attention. Je sors mes pieds du carton, et les pose en douceur par terre. Et si.. Et si Batman était encore dans les parages ?

Cette idée me paralyse sur place. Et si il me voyais ?


Je secoue la tête nerveusement. Qu'est-ce que ça peux bien faire s'il vois un bon à rien comme moi ?


Je marche sur la pointe des pieds contre le mur, et je fais glisser ma main contre la parois en béton. À la limite du sol, ma main passe sur quelque chose de froid, et j'attrape un objet métallique. Une clé en croix.

Souvent, pour gagner de l'argent quand ma mère était encore en vie, je participais à des courses clandestines de voitures. Je n'avais jamais peur de me faire choper par les flics, de m'entraîner dans une histoire glauque, ou de mourir. Être au volant d'une voiture, à pleine vitesse, y'a rien de plus agréable. Ce sentiment de vitesse, est comme une drogue. On veut toujours aller plus vite. Rien ne pourras y changer.

J'empoigne solidement la clé, et je m'approche de la voiture. Je me mets à quatre patte et j'avance vers la première roue que je vois. Peut-être que je ne pourrais pas voler ce bolide, alors autant le mettre en pièce ici et récupérer le plus de choses possible. Comme ça je pourrais vendre les pièces à prix gros. Et je pourrais enfin me sortir de cette misère.

J'approche mes mains et la clé, et je dévisse petit à petit tout ce qu'il me passe sous les yeux. Après avoir dévissé quelques boulons, j'entends un petit sifflement et le pneu se détache lui même de la voiture. Il tourne un peu sur place, et je pose la clé au sol et je prends, du mieux que je peux, le pneu dans mes bras. Je souffle un instant et je le jette dans le carton dans lequel j'ai dormi. Je trouve quelques briques dans le tas d'ordures qui traîne à côté de moi, et j'en empile deux à l'endroit initial du pneu pour pouvoir laisser la voiture sur la même hauteur. Une fois m'être assuré que le pneu ne bougera pas, je m'attaque à une roue arrière. Cette dernière est plus imposante que la première, alors les boulons sont plus serrés et donc plus difficiles à détacher. Mais ce n'est pas ça qui va m'arrêter !

Je dévisse tout les boulons visibles, et la roue prend quelques secondes à se détacher.Elle roule également un peu au sol, et je la prends pour la mettre dans le carton aussi. Elle est beaucoup plus grosse et volumineuse,alors je me lève et la pose directement dans le carton. Une fois fait, je me retourne une nouvelle fois pour continuer à retirer les deux pneus restant.

Je me redresse un instant et je passe ma main sur mon front. Je regarde la voiture imposante avec ses deux roues manquantes et un rire sors de ma bouche. Je rigole en pensant à Batman qui retournerai voir sa voiture avec deux roues en moins.

Je finis par arrêter mon fou rire et je reprends mon ''travail''. Je vais derrière la voiture pour passer de l'autre côté et retirer les deux dernières roues, quand je me prends un coup violent dans la tête.


Je m'effondre sous la puissance du choc, et ma vue se trouble. Mon visage heurte le sol froid, et tout ce que je réussis à voir, grâce aux phares de la Batmobile qui viennent de s'allumer, est une silhouette noire gigantesque qui se rapproche de plus en plus de moi. Je vois la silhouette se pencher vers moi et une main rapproche un.. un mouchoir, je ne sais quoi, blanc, près de ma bouche. J'essaye de me décaler, mais je n'y arrive pas, encore sous le choc du coup. Je suis obligé de me laisser faire.

Le mouchoir souple et blanc se rapproche de plus en plus de mon visage, et lorsque je dois prendre une nouvelle inspiration, il est déjà sur ma bouche. Je renifle grossièrement et une drôle d'odeur se met à chatouiller mes narines. J'éternue sur le coup et mes paupières se ferment d'elle même, pendant que je tombe petit à petit.. dans un de sommeil forcé.

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