Chapitre six.

«  Quoi donc ? »
«  Tout ça. Ce... Ce n'est pas normal. Je veux... Je veux dire, ça ne peut pas continuer. »
«  De quoi tu me parles ? »
«  Nous. On est allés trop loin. Pour... pour mon bien, je pense que... Qu'on devrait s'en tenir à la... A la relation patient/psychologue et plus... Plus celle qu'on a en ce moment. Ce n'est pas saint. »
«  Mais je ne comprends pas, je croyais que c'est ce que tu voulais. Que tu en avais besoin. »
«  Eh bien, je... Je me suis peut-être trompé. L'erreur est humaine. »
«  Harry, pourquoi tu me dis ça maintenant ? Tu es comme un frère pour moi, tu ne peux pas me jeter ça à la figure de bout en blanc comme si ce n'était rien. Tu ne peux pas me demander de tout effacer. »
«  Je sais, mais... »
«  C'est tout ce qu'on a construit et traversé toi et moi depuis deux ans que tu me demandes d'oublier là ? Tu te rends compte un peu de ce que ça représente ?! Le coupa-t-il, de plus en plus énervé. »
«  Désolé, je n'ai pas le choix. »
«  Bien évidement que tu l'as, on a toujours le choix !... Tu te souviens, il y a quelques temps ça, quand tu m'as dit que c'était vital pour toi que je ne t'abandonne pas ? Que tu avais besoin que je sois là ?... C'est la même chose pour moi. Et c'est exactement ce que tu es en train de faire putain.»
«  Arrête. Tais-toi, je t'en prie. Le supplia le brun alors que les larmes lui creusaient le visage»
«  Qu'est-ce que tu as ? Qu'est-ce que j'ai fait de mal pour que tu veuilles qu'on tire un trait ? »
«  Rien. Ce n'est.... Ce n'est pas toi. »
«  Qui alors ?! »
«  ... »
«  Qui, Harry ? »
 
 Louis ne tenait plus en place, l'impatience finissait par le ronger. Son état était presque aussi critique que celui de Harry. Il avait les yeux humides, ses jambes qui tremblaient et qui d'ailleurs avaient du mal à le portait et l'esprit totalement retourné. Mais la partie de son corps la plus touché était son cœur. Le brun avait su y provoquer un incendie. Une apocalypse totale. Ses mots étaient durs, tranchants, et surtout difficiles à entendre. Il avait changé de discours du tout au tout. Il y a une semaine encore il lui demandait de ne pas l'abandonner. Peut-être était-il simplement dans une mauvaise phase.
 
«  Tu m'annonces ça le soir de Noël en plus. »
«  Je suis désolé. Je voudrai simplement prendre un peu mes distances. Tu es là pour le travail avant tout... Et pas pour remplacer un ami que je n'ai pas. »
«  On s'était promis qu'on garderait toujours cette relation. Tu sais que tu n'es pas un patient comme les autres pour moi, tu es spécial et là tu es en train de tout gâcher. Ce n'est pas toi, Harry. Putain. »
«  Je n'ai jamais voulu ça Louis. »
«  Alors cesse de jouer à ça. Tu peux me dire clairement ce qu'il y a. »
«  Non, je ne peux pas. Je... Je suis désolé. »
«  Il y a un problème Harry, tu ne peux pas changer d'un jour à l'autre de propos. C'est dingue. Si tu veux vraiment me briser tu es sur la bonne voie. »
«  Ce n'est pas mon but non, je... »
«  Et c'est quel est-il alors ? Parce que là je ne comprends strictement rien. »
«  La vérité c'est que... Je... »
 
 Harry ravala sa salive, incapable de se décider. Dans les deux cas il était obligé d'avouer, de parler, et livrer ce qu'il avait sur son cœur était la plus simple des solutions. Pourtant, il ne pouvait pas se résoudre à mettre son amour sous la lumière, ni à révéler l'existence de la conversation entre lui et Ethan. C'était trop dangereux. A vrai dire, il ne savait plus quoi faire, quoi penser et quoi dire. Tout s'embrouillait. Et Louis exerçait une pression énorme sur lui, il l'obligeait à s'ouvrir, à parler.

«  Tu... ? »
«  Je... Je te voulais rien que pour moi. Parce que t'es le seul qui arrive à me rendre heureux, qui sais exactement me comprendre. Dès que je vais mal, tu le sens et tu trouves toujours le moyen de me guérir. Tu m'as donné de l'espoir alors que je croyais que c'était fini pour moi, qu'il n'y en aurait plus. Et le pire c'est que je m'y suis accroché à tout ce que tu me donnais. »
«  Alors pourquoi vouloir que tout prenne fin ? »
«  Je veux simplement que tu redeviennes mon psychologue et pas mon ami. Tu ne crois pas que ce n'est pas très commun, et saint, de lier une amitié avec son patient ? »
«  Non Harry. Et tu sais pourquoi ? Parce que c'est toi qui a voulu qu'on le soit. On a instauré cette relation et on était tous les deux d'accord dessus. Et même tu es beaucoup plus qu'un simple ami, tu es mon petit frère. »
«  S'il te plait... Arrête ça. »
«  Dis-moi ce qui se passe dans ce cas ? Qu'est-ce qui t'as fait changer d'avis sur nous ?! »
 
  Le cœur au bord des lèvres, le cadet s'enfonça plus encore dans ses sanglots. Devoir mentir à Louis était déjà dur, mais être contraint de mettre fin à la relation si spécial qui les liait l'était encore plus. Mais il ne pouvait pas faire autrement, sinon il finirait par le perdre. Parce que c'était certain, il ferait passer son petit copain avant un ami.
 
«  Le silence ne sera pas ton allié aujourd'hui Styles. »
 
 Son nom de famille. Il venait de l'appeler par son nom de famille et cela n'envisageait rien de bon. Il faisait souvent ça quand il était en colère. Pas la petite colère quand une sœur ou un frère est venu fouiller dans vos affaires, votre intimité, mais bien cette rage qui brûle les veines et consume chacun de vos parcelles. Qui vous fait détester la moindre personne présente sur votre chemin. Le brun secoua la tête, secoué par des tremblements qui provenaient tout droit de sa poitrine. Jamais il ne s'était senti aussi... Abattu.
 
«  Très bien, je vais être contraint d'utiliser les mots blessants... Il marqua une courte pause. Si tu ne me dis pas ce qui t'arrive, tu peux compter sur moi pour ne plus jamais décrocher ce téléphone si tu m'appelles. »
«  Je sais que tu n'en sera pas capable. »
«  Ah bon ?... Tu veux qu'on essaye peut-être ? »
«  Non ! »
 
 Harry devait bien l'avouer, son psychologue était quelqu'un de très intimidant. Sa voix et son ton étaient tout ce qu'il y a de plus sérieux. Même à travers un simple combiné. Il n'osait pas imaginer ce que ça serait s'il l'avait en face de lui. D'ailleurs peut-être que leur relation n'aurait jamais pris cette tournure s'il s'était contenté des consultations normales. Mais il ne pouvait pas se résoudre à tout lui avouer. D'un autre côté ça lui ôterait un énorme poids du cœur, mais il serait vite remplacé par celui de perdre l'ainé.
 
«  Bon. Tu me fais confiance pas vrai ? Alors quand je te dis que c'est pour ton bien que tu dois me dire ce qu'il se passe il faut me croire. Tu sais que je serai capable de tout faire pour avoir des réponses. Tu es mon ami mais également un patient, et ça ne pourra que t'aider d'en parler. »
«  Pas dans ce cas, non. Murmura-t-il plus à lui-même qu'autre chose. »
«  C'est-à-dire ? »
 
 C'est-à-dire que je ne vois que par toi mais ton abrutit de copain met tout en œuvre pour qu'on coupe les ponts. Malheureusement il était incapable d'étaler la totalité des sentiments qu'ils y avaient d'enfui en lui. C'était comme si depuis tout ce temps un mur de béton s'était construit entre sa poitrine et la parole. Un mur indestructible. Mais l'accumulation devenait insupportable, encombrante et surtout assommante. Il ne contrôlait plus rien. Et toutes ces attentions que le mécheux lui apportait n'arrangeaient rien. Il s'était enfermé dans le silence trop longtemps, son cocon s'était finalement révélé avoir une faille. Et pas des moindres.
 
«  Il... Il m'a fait promettre de ne rien dire. »
«  Qui donc ? »
«  Je ne peux pas Lou, tu... »
«  Si, tu as déjà commencé Harry. »
«  Tu... Tu ne comprends pas, je... »
«  Explique moi alors, je suis tout seul pour encore une bonne heure alors j'ai tout mon temps. »
«  Ma mère m'attend en bas. »
«  Tu lui diras que tu étais au téléphone avec un ami. Comme toujours... Raconte moi. »
«  Non, tu... Tu ne vas plus vouloir me parler si je te le dis. »
«  Je suis prêt à tout entendre, tu le sais, et quand bien même ce serait quelque chose d'horrible je resterai là. Je t'en ai fait la promesse Hazza. »
«  Il y a... Sa gorge se noua. Non, je ne peux pas, c'est trop dur putain. »
«  C'est noël ce soir, considère ça comme mon cadeau. »
«  Louis, je... Je suis désolé. Je suis incapable de te le dire. Ça me ferait trop de mal. Et ce n'est pas à moi de le faire de toute manière. Et si la personne concernée n'as pas assez de courage pour le faire alors tu ne le sauras surement jamais. Ce n'est pas à moi de remplir et de tenir ce rôle.... Mais sache que je n'ai jamais voulu t'empêcher de mener ta vie, que je ne voulais pas être la cause de ta fatigue et surtout... Un sujet de dispute pour ton couple. Je suis sincère et franc dans tous mes propos. Alors oui, je n'ai pas énormément d'amis, je les compte sur les cinq doigts de la main à vrai dire, mais j'ai trouvé en toi quelqu'un en qui j'avais besoin de m'accrocher. Tu m'as apporté tous ce que je n'avais pas. Tu as fait attention à moi, à ce que je disais, à ce que je pensais et ça peu de gens le remarque. Donc, si jamais il ne... Mince. Il faut vraiment que j'y aille, excuse moi. »
«  Non, attends ! »
«  Passes un bon Noël Lou et... Je te souhaite également un joyeux anniversaire. »
 
 Et il raccrocha. Sans attendre une réponse. Partagé entre la fierté et l'angoisse. Il espérait que Louis ait compris le message.
 

*   *   *

 Abasourdit que son patient lui ait raccroché au nez, Louis mit plusieurs minutes à retrouver ses esprits. Et quand ses idées redevinrent plus clair, tout le monologue de Harry lui parut alors plus évident. Comme une révélation. Il était presque certain de savoir qui avait pu rentrer ces atrocités dans sa tête. Alors, déterminé à connaître la vérité, il s'installa dans le salon. Éclairé par la seule lumière d'une petite lampe et attendit l'arrivée de cette personne. Son cœur était remplit de haine et de dégout. Son pied tapait d'impatience sur le sol tandis qu'une émission soporifique passait à la télévision. Comme chaque année cette époque. Normalement, ça aurait dû être une belle soirée, il aurait fêté ses vingt et un an et Noël dans un esprit d'immense joie, mais –sans même avoir commencé à parler- il savait que tout serait gâché. Et ce uniquement de la faute d'une seule et même personne.
 
«  Je suis de retour Lou ! »
 
 En parlant du loup, le voilà de retour avec un panier remplit de confiseries bonnes à jeter, mais sans les crocs pour attaquer. Parce que cette fois, c'était le plus jeune qui les avaient. Il pénétra dans le salon avec deux gros sacs sous les bras qu'il posa sur la table de la cuisine et retira sa veste couverte de flocon de neige.
 
«  Il fait noir ici, à ce que je sache on ne fête pas Halloween, si ? »
 
 Louis ne répondait pas. Muet comme une tombe, il se contenta de fixer la télévision devant lui alors que tout son sang bouillonnait de l'intérieur. Ethan s'activait à ranger quelques courses et alluma deux ou trois bougies après avoir fait de même avec la lumière. Il chantonnait un refrain de Noël tout en disposant la table. L'air joyeux. Tout le contraire du châtain qui se sentait sur le point d'exploser.
 
«  Qu'est-ce qui se passe ?... Tu es bien silencieux, et tu as une sale mine. »
«  Tu comptais me le dire quand ? »
 
 Il préférait la jouer franche et directe. Sans passer par la case « ménagement ». Son ton était dur et froid. Tranchant. Le brun fronça les sourcils et posa l'assiette qu'il était en en train d'essuyer pour jeter un regard vers son amant qui, lui, continuait de fixer l'écran de télévision. Il se contenta de hausser les épaules.
 
«  De quoi tu parles ? »
«  Tu le sais très bien. »
«  Sincèrement, je ne vois pas Lou. »
«  Ah bon ? »
«  Oui, je te promets. »
«  Écoute... Il se leva du canapé pour venir lui faire face, le regard sombre. Aujourd'hui c'est mon anniversaire, donc tu vas me faire la faveur de ne pas te payer ma tête ce soir, d'accord ? Je veux simplement que tu sois honnête avec moi. Que pour une fois tu te comportes en adulte responsable et non pas que tu évites les problèmes comme à chaque fois. »
«  Je n'ai rien à avouer bébé, je te le jure, enfin tu le sais, je... »
«  Arrête.Tu ne sais pas mentir. Ça fait un moment que tu te comportes de manière... Étrange avec moi. Je veux des explications, rien de plus. »
«  Lou... »
 
 L'ainé passa une main dans ses cheveux et soupira un grand coup. Le regard fuyant. Signe incontestable qu'il avait quelque chose à se reprocher. Et pas des moindres étant donné que ses lèvres se mirent à trembler. Il secoua la tête de gauche à droite. A plusieurs reprises il ouvrit la bouche pour prononcer des mots mais il était incapable d'en faire sortir un seul. Comme paralysé. Chaque seconde qui passait était un supplice pour lui. Les battements de son cœur se faisaient plus lourds et rapides. Louis attendait sa réponse, impatient, les traits sévères.
 
«  Ce... Ce n'était qu'une erreur. Je ne voulais pas que ça devienne sérieux parce que tu comptes pour moi. Je ne sais pas ce qui m'a pris. J'ai déconné. Un collègue m'avait trainé à une de ces soirées arrosées et j'avais bu pas mal. Je n'avais pas conscience de ce que je faisais. L'alcool prenait le contrôle de chacun de mes sens. Je suis tellement désolé Louis. Les larmes lui montaient aux yeux, ses mains se mirent à trembler, alors que le mécheux ne comprenait strictement rien à ses paroles. Je ne voulais pas. Je regrette. Si tu savais... Je m'en veux atrocement. Crois-moi, je t'en supplie. Ce n'était que l'histoire d'un soir. Rien de bien sérieux. Mais quand il était revenu chez moi, je ne sais pas comment il avait eu l'adresse, je n'ai pas pu résister. Il s'est jeté sur moi. Et j'en avais besoin. Je ne voulais pas te tromper Louis, surtout deux fois de suite, mais... »
«  Me... Me quoi ?... De quoi tu me parles là ?! »
«  Du fait que j'ai... J'ai eu une "relation" avec un gars dans ton dos, c'est ce que tu voulais savoir, non ? »
 
 L'annonce tomba comme une bombe dans le cœur du cadet. Son regard se voila, sa gorge se noua et ses poings se serrèrent avec une telle force que ses phalanges en devinrent totalement blanches. C'était de cela dont voulait parler Harry dans son monologue ? Il ne comprenait plus rien. C'était à son tour d'être perdu.
 
«  C'est de ça dont tu as parlé à Harry ? »
«  Quoi ? Mais non. Je ne l'ai... Putain. Qu'est-ce qu'il a à voir là-dedans celui-là ?! »
«  Et ce gars que t'as baisé il a quoi voir avec nous ?! Demanda-t-il, en élevant la voix. »
«  Louis... »
«  Tu sais quoi, je ne veux même pas connaître la raison qui t'as poussé à faire ça. Je m'en fiche de savoir ce que tu fais de tes nuits quand je ne suis pas là. On réglera cette histoire après. D'abord.... Je veux une réponse claire, et honnête. Je ne vais te poser la question qu'une seule fois. Qu'est-ce que tu as dit à Harry ? »
 
 Ethan soupira. A bout de force. Tout partait de travers. Il prit place sur une chaise, mal à l'aise, alors que le châtain restait droit et tendu. Toutes ces récentes informations lui avaient donné un sacré coup, mais son but premier était de savoir ce que son compagnon avait bien pu dire à son patient pour qu'il se sente aussi mal. Au point de vouloir mettre un terme à leur relation.
 
«  Il a appelé sur ton portable le premier soir de notre voyage à Paris. Tu l'avais laissé dans le salon, et j'étais en train de vérifier si on avait bien fermé la porte d'entrée. Au moment même où il a commencé à sonner, j'ai su que c'était lui. Au départ, je ne voulais pas répondre mais ça aurait fini par te réveiller et je ne souhaitais pas vraiment te voir passer toute la nuit au téléphone avec lui. Alors j'ai pris les devants. Il a cru que c'était toi, au début. Mais je l'ai très vite remis en place. Mon but n'était pas d'être méchant, simplement de lui faire comprendre qu'il devait... Prendre un peu ses distances. Je sais que ce gars est dépressif est que le moindre mauvais mot le fait plonger mais, je me devais de le remettre dans le droit chemin. Il te drague ouvertement Louis, et tu m'appartiens... »
«  Plus maintenant. Cracha-t-il, mauvais. »
«  Je sais que tu m'en veux de t'avoir trompé mais... »
«  Tu fais exprès ou tu es vraiment débile comme gars ? Tu couches dans mon dos et tu crois que je vais te tomber dans les bras, la bouche en fleur, et te disant que c'est une idée génial ? Redescend sur Terre un peu ! »
«  Louis... »
«  Je m'en fous de tes excuses. Continue de raconter. Je veux tout savoir. Et t'as intérêt à me dire la vérité, parce que je demanderai la version de Harry et crois-moi que si tu m'as menti je ferai tout pour que tu vives un enfer. »
«  Il... Je ne voulais pas te faire de mal, ou te faire souffrir, simplement te garder pour moi et... »
«  C'est trop tard on dirait. Si tu pouvais passer directement à votre conversation, je suis fatigué et je voudrais pouvoir aller me coucher une fois que tu seras parti.»
«  D'accord. Il inspira. Je lui ai dit de te lâcher un peu, de te laisser respirer parce que tu es constamment épuisé, et aussi d'essayer de revenir à la relation patient/ psychologue. Je lui ai également précisé que tu étais là pour le travail et pas pour remplacer un ami qu'il n'avait pas. Je me suis rendu compte qu'après que c'était méchant de ma part. Après bien sur je lui ai fait jurer de ne rien te dire, mais on dirait que... Ça n'a pas porté ses fruits. D'un côté c'est bien fait pour moi. Je mérite tout ce qui m'arrive. »
«  Arrête de mentir. Je sais que tu n'as pas du tout de remords face à ce que tu as dit. T'es seulement un connard qui a voulu jouer le parfait petit égoïste en ruinant la vie d'un autre. »
«  Oui, c'est vrai. J'ai mis du temps à le reconnaître, et je sais que tu voudras probablement jamais me pardonner pour tout le mal que je t'ai fait mais... »
«  Putain, c'est pas vrai. Tu as perdu ton cerveau à cause de la neige ou quoi ? Tu crois sincèrement que je te ferais encore confiance après ça, qu'on puisse encore avoir un espoir d'être ensemble ?... Demanda-t-il, rouge de colère. Désolé si tu ne l'as pas encore compris mais c'est fini nous deux. Tu m'as fait la pire crasse qu'il puisse exister. Je me sens salit. Entièrement. Le pire c'est que je n'ai rien vu. Tu as fait du mal à quelqu'un qui compte pour moi, quelqu'un que j'ai faillis perdre de ta faute et... Tu penses encore que je puisse te pardonner ? »
«  Non bien évidement. C'est impossible, j'en suis conscient. Avoua-t-il en baissant la tête. »
«  Ça c'est passé quand ? »
«  Pardon ? »
«  Quand m'as-tu trompé ? »
«  Je... Je ne sais plus c'est... »
«  On se souvient toujours de ces choses-là Ethan ! S'emporta-t-il.»
«  C'était... Trois jours avant notre départ pour Paris. »
«  Espèce de.... Comment tu as pu ?! »
«  Je n'étais pas dans mon était normal Louis, je... »
«  Pourtant ça avait pas l'air de te gêné vu que tu ça c'est reproduis une deuxième fois. »
«  Désolé. Je suis désolé. Sanglota-t-il, la tête entre les mains. »
«  Quand je pense que j'avais une confiance aveugle en toi. Je te déteste putain ! »
«  Je me déteste aussi. »
«  Ah ça tu peux ouais. J'espère que tu vas souffrir autant que moi. On peut dire que je fête mes vingt et un an d'une merveilleuse façon. »
 
 Sa remarque était tout ce qu'il y avait de plus ironique. Tout se mélangeait dans son esprit. La conversation que Harry avait eue avec Ethan. Le fait que ce dernier lui annoncer –malencontreusement- qu'il l'avait trompé deux fois de suite. Et sa confiance qui venait d'être trahi. Il se sentait vide. Plein de vide. Et surtout, sur les nerfs. Sa colère était à vif. Prête à jeter sa foudre sur l'ainé. Louis n'était pas du genre à sombrer dans la dépression, pourtant là, c'était le moment propice pour y plonger. Peut-être même s'y noyer. Mais il ne pouvait pas. Il ne voulait pas. Il se devait de rassurer son patient. C'était son devoir, sa promesse. Son Harry, qui devait surement angoisser à l'instant même de savoir si son monologue avait été compris.
 
«  Louis. Murmura le brun pour attirer son attention. Je m'excuse, je ne... »
«  Dégage ! S'écria ce dernier, totalement hors de lui. Pars loin d'ici. Sors de chez moi ! Tu reviendras chercher toutes tes affaires demain matin, ne prends que le nécessaire pour ce soir. Je suis désolé de te mettre comme ça à la rue mais je ne peux juste pas te regarder en face sans vouloir te tuer. Vas-t-en maintenant. Et surtout, quand tu seras définitivement parti, ne cherches pas à me recontacter où je porte plainte pour incitation au suicide. »
 
 Ethan n'avait plus d'autre initiative que celle de disparaître de la vie du mécheux. Il ravala sa salive difficilement et se leva. Il s'était fait prendre à son propre piège. A vouloir trop cacher ses secrets ils étaient revenu plus forts et douloureux qu'avant. Ses paroles étaient sincères, au fond, il n'avait pas voulu faire souffrir Louis mais tout s'était dégradé. A une vitesse tellement impressionnante qu'il ne réalisa ses fautes qu'une fois au coin de la rue. Sa dernière image avait été le visage décomposé et crispé de son ancien petit ami. Ce souvenir allait le hanter pendant encore longtemps. Un mauvais fantôme. Le cadet attendit qu'Ethan ne soit plus dans son champ de vision pour se laisser glisser contre la porte et faire sortir toute la pression. Son cœur implosa. Comme une bombe. Les larmes creusèrent ses joues tandis que ses doigts s'enfonçaient dans la chair froide de ses bras. Il pleurait. Pour la première fois depuis une éternité à ses yeux. Il pleurait, mais en silence. Sa poitrine se contentait de prendre la place le bruit de fond. Il avait été absurde de placer autant de foi en une seule et même personne. De croire –en plus- qu'elle lui serait fidèle jusqu'à la fin. Jusqu'à ce qu'il plonge dans un repos éternel, allongé dans sa tombe. La confiance l'avait bien trompé. Et maintenant il se sentait salit. Mais il ne pouvait pas rester dans cet état. Il devait se relever. Pas pour lui, non. Mais pour Harry. C'était la seule personne fiable et aimante qui lui restait. Il souffla un bon coup. Saisit son portable toujours sa poche et se raccrocha à son dernière espoir. Bien évidement il tomba sur sa messagerie, mais il voulait simplement le prévenir. Lui dire que tout était effacé... Pour mieux être réécrit ensuite.
 
«  Haz ? Je sais que tu dois être en train de fêter Noël avec ta mère, et que c'est important pour toi. Mais j'ai quand même décidé de te laisser ce message, tu le verras surement assez tard mais peu importe... C'est important que je le fasse. Expliqua-t-il, la voix tremblante et débordante de tristesse. Je serai disponible à n'importe quelle heure, tu pourras me joindre quand tu le voudras. Même au beau milieu de la nuit. Je souhaitais simplement te prévenir que j'ai eu une conversation avec Ethan, et... C'est assez long à raconter. Mais sache que tu n'y es pour absolument rien dans cette histoire. Le fautif, c'est lui. Et moi. Je te suis reconnaissant de m'avoir fait ouvrir les yeux. Vraiment. Finalement, c'est peut-être moi qui ai besoin d'aide. Enfin bon... On en reparlera de vive voix. J'attendrai ton coup de fil. Passe un merveilleux Noël Harry, tu le mérites. »



*   *   *


Anne avait tout mit en œuvre pour que son fils passe le plus mémorable de ses Noël. Et on pouvait dire que le résultat dépassait ses espérances. Après avoir mangé un copieux repas partagé entre rire et toutes sortes de conversations, ils s'étaient retrouvés à danser ensemble sur une de leur musique favorite. L'ambiance était totalement propice à l'amusement. Vers vingt-trois heures ils s'étaient enfin décidés à ouvrir leurs cadeaux respectifs. Les yeux voilés d'une couche d'étoiles scintillantes.
 
«  Oh maman ! Tu as... Je ne peux pas croire que tu... Mon dieu je t'aime ! »
 
 Sans aucune retenue, le bouclé s'était jeté dans les bras de sa mère qui l'accueillit avec un immense plaisir suite au premier cadeau qu'il venait de déballer. Il n'osait même pas penser combien elle avait dû dépenser pour lui payer ça.
 
« Ça te fait plaisir ? »
«  Tu rigoles ? Il se détacha d'elle en brandissant la lettre devant son visage. Maman, je ne sais pas si tu te rends compte. Tu m'as inscrit à des cours de lettres dans une des plus prestigieuses écoles de littérature du pays. »
«  Je suis contente que ça te plaise mon chéri. »
 
 Elle posa une main sur sa joue et la caressa d'une geste tendre. Comme le ferait n'importe quelle mère. Dans son regard, on pouvait lire toute la fierté du monde. Fierté de posséder un fils aussi brillant et adorable que lui, bien que des fois un gouffre énorme de distance s'installe entre eux. Mais il faisait des efforts pour ne plus qu'il apparaisse. Et ça semblait fonctionner. Il lui sourit et se retourna ensuite pour saisir un gros paquet rouge et vert, fait par ses soins, qu'il lui tendit. Elle le déballa en moins de temps qu'il n'en fallait pour le dire et fut ravie de découvrir une machine à pâtisserie qu'elle rêvait d'avoir depuis quatre mois. A son tour, elle le sera dans ses bras tout en lui caressant activement le dos.
 
«  Mais... Qui c'est celui-là ? »
 
 Surprit, Harry se détacha de sa mère et tourna le regard dans la même direction qu'elle. A l'entrée du salon se tenait le chaton que Louis lui avait offert. Vu sa petite taille, il se demanda bien de quelle manière il avait pu descendre du lit mais il se rappela que les félins étaient réputés pour être agiles. Il sourit attendrit. Finalement, il s'y attachait à cet animal. Anne se leva du sol où elle s'était assise le temps d'ouvrir les cadeaux et s'avança vers lui.
 
«  Bon attends, je vais le mettre dehors. »
«  Non ! »
 
 La voix du brun avait retentit avant qu'il n'ait put réfléchir. Quand sa génitrice se tourna vers lui, les sourcils froncés, il baissa la tête. Ses joues prirent alors une teinture rose. Il se leva à son tour, se racla la gorge. Et décida d'avouer la vérité. Du moins en partie.
 
«  C'est le mien. »
«  Tu as un chat ? Comment ça ? »
«  Un chaton, maman. »
«  Peut-être mais ça ne change rien au fait que je n'étais pas au courant. »
«  A vrai dire, je n'étais pas non plus au courant il y a à peine deux heures de cela. »
«  Je ne comprends pas. »
«  La personne à la porte tout à l'heure, en fait, c'était un livreur. Il se trouve que ce petit bout de chou, il se baissa pour le prendre dans ses bras, est un cadeau de la part de... Zayn. »
«  Pourquoi n'est-il pas venu te l'offrir alors ? »
«  Surement parce qu'il passe Noël avec sa famille, dont des gens qu'il n'a pas vu depuis longtemps, et que cette fête est justement faite pour créer la surprise. »
« Eh bien, il doit énormément tenir à toi pour t'offrir un cadeau aussi couteux. »
 
 Harry haussa les épaules et fendit ses lèvres en un fiable sourire. Il avertit sa mère qu'il allait remettre le chaton dans sa chambre et en profiterai pour essayer de joindre Zayn. Qui bien sûr se révélait être Louis. Il ferma la porte derrière lui et saisit directement son portable tout en posant l'animal sur ses genoux. Son écran afficha un appel manqué, un message vocal, et cinq sms. Ces derniers étant tous des membres de sa famille qui lui souhaitaient un « Joyeux Noël ». Il n'y prêta pas attention et préféra directement écouter le message du châtain. Sa voix était faible, fragile et tremblante. Quelque chose ne s'était pas déroulée comme il le fallait. Il composa directement son numéro et porta le combiné à son oreille. Tandis que, le chaton s'était rendormi sur ses jambes.

«  Allo ? »
«  Lou ? C'est Harry. »
«  Je sais, depuis le temps je commence à connaître ton numéro. »
«  Comment tu te sens ? »
«  Bien et mal. »
«  Explique. »
«  C'est long, et il n'est même pas minuit. Ça m'étonnerait que tu aies fini de fêter Noël. »
«  J'ai dit à ma mère que je téléphonais à mon meilleur ami, donc... J'ai tout mon temps. Et puis... Je peux bien te tenir un peu compagnie. »
«  Harry, tu es extraordinaire. Tu le sais ça ? »
«  Je vais finir par le savoir avec toi. »
«  Et ce n'est que le début ! Sourit-il. C'est quoi ce bruit ? »
«  De quoi ? »
«  Je ne sais pas, on dirait... Un ronflement. »
«  Oh ça, c'est le chaton. Il vient de s'endormir sur mes genoux.»
«  Ah, tu l'aimes bien finalement. »
«  Je n'ai jamais dit le contraire. Il est adorable. C'est simplement que... Je ne me suis pas souvent occupé des autres, pour ne pas dire jamais, et c'est assez compliqué. »
«  Tu y arrivera, j'ai confiance en toi. Tu lui as trouvé un nom ? »
«  Pas encore mais... J'avais pensé à l'appeler... »
«  Oui ? L'incita le mécheux. »
«  Non, rien. Laisses tomber. »
«  Surement pas. Je ne suis pas du genre à me moquer, tu le sais. »
«  Lou... »
«  Pas le peine d'essayer de m'amadouer, je veux savoir. Il ne va pas rester sans nom le pauvre. »
«  Non, j'avais pensé à l'appeler Lou. »
«  Oh Harry, c'est... »
«  Stupide et ringard, je sais. C'était une idée dans le vent, pourtant c'est la première qui m'aie venu et... »
«  J'allais te dire que c'était plutôt touchant. »
«  Ah. Il rougit légèrement. Alors je garde ce nom-là. Il sera ravi de le porter... Mais, ne changeons pas de sujet. Tu es là avant tout pour me parler non ? Je t'écoute. »
«  Nos rôles s'inversent, encore, on dirait bien. Tu deviens le psychologue et moi le patient. »
«  Je ne me sens pas assez qualifié pour ça, mais tout bon ami est capable d'écouter l'autre en cas de problème. Et je sais que tu en a un de taille. »
«  C'est vrai. »
 
 Louis inspira un grand coup, entre temps, il s'était redressé dans son lit. Il avait attendu le coup de fil du plus jeune pendant près d'une heure et demie, pour faire passer le temps il s'était détendu en prenant une rapide douche et avait rangé la table que son ancien copain avait commencé à dresser. Elle ne lui servirait plus à rien à présent. Il avait même failli sombrer dans le sommeil. Noël était gâché, son anniversaire était gâché et pourtant... Harry trouvait le moyen de lui rendre le sourire quelque peu et surtout de lui consacrer une bonne partie de son temps. Ce que toute autre personne aurait pu refuser, sous prétexte que c'était un soir de fête.
 
«  Ethan et moi... On s'est séparés. »

 Si le brun avait cru à une quelque conque présence divine il l'aurait remercié de lui avoir presque redonné foi en l'humanité. L'annonce tomba comme un feu d'artifice. Un éclat de joie qui papillonnait dans son ventre. Finalement, il croyait en la magie de Noël. Elle lui avait offert ce soir, le plus sublime des cadeaux, et il n'allait surement pas laisser cette opportunité de connaitre le bonheur lui filer sous le nez comme de nombreuses fois jadis. Le tout était de ne pas le brusquer, de le comprendre, et de continuer à renforcer le lien qui les unissait.

«  J'avais compris, du moins j'en étais presque certain, que tu parlais de lui de ton monologue de tout à l'heure. Il m'avait déjà porté exactement le même discours que toi mais je n'avais pas fait le rapprochement. J'étais vert de rage. J'avais besoin d'avoir des réponses. Je l'ai attendu, il est rentré, tout sourire, et alors je lui ai demandé s'il comptait m'en parlait. Il ne comprenait pas de quoi. Du moins il feignait ne pas comprendre. Tout a basculé. Il m'a avoué avoir couché avec quelqu'un d'autre dans mon dos, à deux reprises, et... C'était à mon tour d'être perdu. Je ne voyais pas pourquoi il me parlait de ça. Alors je lui ai demandé si c'était ce qu'il t'avait dit au téléphone. Il ne voulait pas répondre. Il faisait tout pour éviter le sujet. Parce qu'il savait que c'était fini mais il avait tout de même l'espoir d'encore pouvoir nous sauver. Je l'ai forcé à parler, à dire la vérité sur la conversation que vous avez eue. Il m'a tout raconté Harry.... Absolument tout. Je suis désolé pour ce qu'il a fait et dit. »
«  Ce n'est pas à toi de t'excuser Louis. »
«  Mais j'aurais dû être à l'autre bout de ce téléphone ce jour-là, ça t'aurais évité bien des soucis... Il... On a commencé à s'engueuler. J'étais à bout. Je l'ai viré de chez moi. Il passera demain prendre ses dernières affaires et ensuite... On effacera tout. Comme si ça n'avait jamais existé.»
«  Tu penses que tu y arriveras ? »
«  Il m'a fait du mal, ce sera dur d'oublier de détail parce que j'avais confiance, et que deux ans d'amour ne s'efface pas du jour au lendemain, mais l'oublier lui j'y parviendrai. »
«  Je suis désolé pour toi. »
«  Je me sens con. »
«  Faut pas. C'est lui qui devrait ressentir ça. »
«  Le pire c'est que je m'en doutais un peu. »
«  Comment ça ? Demanda le brun en fronçant les sourcils, intrigué. »
«  Depuis un moment il agissait bizarrement avec moi, il m'offrait pleins de choses, organisait des voyages surprises alors que d'habitude il me demandait toujours mon avis. Comme si... »
«  .... Il voulait te prouver quelque chose. »
«  Oui. Répondit-il d'une voix faible après avoir poussé un long soupir. »
«  Je trouve ça... Immonde de sa part. Un couple est censé être basé sur la confiance et la sincérité, pas sur le mensonge et les secrets. »
«  Faut croire qu'il n'a pas la même conception de l'amour que toi. Il n'a jamais été très attentionné, il ne s'y connaissait pas beaucoup en romantisme. Mais, je ne sais pas... C'est peut-être uniquement son argent et son physique qui m'attirait. C'était totalement idiot, la pire décision de ma vie. J'ai toujours préféré les hommes raffinés et avec de la culture. »
«  Il n'en avait pas ? »
«  On n'avait pas du tout les mêmes centres d'intérêt. J'aime l'art et la littérature. Il aime le foot et les jeux vidéo. Je crois qu'on était trop différent, c'est ce qui a fait éclater la bulle. »
«  C'est possible. »
«  Quoi qu'il en soit... Je vais tirer un trait sur tout ça. Je le déteste. Et ça va encore durer un petit moment. Mais d'un côté, je suis soulagé de ne plus vivre dans le mensonge. Tout ça, c'est grâce à toi. »
«  Lou... Je n'ai rien fais. »
«  Au contraire, tu m'as ouvert les yeux. Sans toi, je serais encore dans les bras d'un gars qui est incapable de se conduire en adulte et m'aimer correctement en retour. »
«  Mais quand même, le jour de ton anniversaire, et de Noël... »
«  Disons que ça m'a aidé à faire un pas en avant dans ma vie. »
«  Peut-être mais... Faut que tu te reposes maintenant, que tu fasses le point. Ce n'est pas facile de se remettre d'une rupture aussi rapidement. Surtout quand tu étais avec la personne depuis longtemps. Dors un peu. Et... Rappelle moi dès que tu te sentiras mieux. »
«  T'as raison, oui. Merci Harry. »
«  C'est normal. Tu aurais fait la même chose pour moi. »
«  Tu sais quoi ?... Tu ferais un très bon psychologue. »
«  Je n'ai presque rien dis Louis. »
«  Et ça me suffit amplement. Parfois, les mots enfoncent les gens. »
«  Ce n'est pas à moi que tu vas l'apprendre. »
 
 Harry avait pleinement conscience du fait que, la plupart du temps, la parole était encore plus néfaste que les gestes. Un geste est quelque chose d'anodin, qu'on oublie facilement, auquel on ne prête pas forcément attention et qu'on ne remarque parfois pas, alors que les mots... Les mots, eux, peuvent atteindre directement la plaie. L'endroit sans défense. Et on se les ressasse jusqu'à les encrer au plus profond de notre esprit. Ils ne s'effacent pas, ou alors difficilement. Avec acharnement. Durant ses deux dernières années de lycée, il s'était vu porté différents sobriquets, tous aussi insultants les uns que les autres, dont « tapette » et « pd » venaient en tête de liste. Peut-être qu'il avait fini par les supporter, s'y accommoder en quelque sorte, mais jamais il n'arriverait à tirer un trait définitivement dessus. Ils faisaient partis de son histoire, et elles s'étaient inscrites à l'encre indélébile. 

«  Et toi, comment tu vas ? »
«  Bizarrement... Je me sens totalement vivant. »
«  S'il y a bien un jour dans l'année où tu dois être heureux c'est aujourd'hui. Noël n'est pas un jour de fête pour rien. »
«  Je ne peux que l'être. Ma mère m'a offert l'un des plus beaux cadeaux et le tien... Est tellement inattendu. »
«  Il te plait au moins ? »
«  Me plaire ? C'est un euphémisme Lou, il est adorable et je crois que... Que je vais vraiment adorer prendre soin de lui. »
«  Tu sais au moins de quoi a besoin un chat rassure moi ? »
«  Laisses moi te rappeler que tu parles à quelqu'un qui rêves depuis sa plus jeune enfance d'en avoir un, alors depuis le temps je pense que je me suis assez documenté à ce sujet. »
«  C'est vrai, je suis bête, c'est une question qui ne se pose pas... Et, sans être trop indiscret, d'où t'es venu cette obsession pour les chats ? »
«  Si je te le raconte, tu vas me prendre pour un parfait cinglé. »
«  Harry, je travaille dans la psychiatrie, des fous j'en ai vu passer par millier. »
«  Oui mais... Il soupira. Tu sais que tu es sacrément chiant à vouloir toujours avoir le dernier mot ? »
«  Tu es pareil que moi, pour ne pas dire pire. Allez, raconte. »
«  Mon... La sœur de mon ancien copain en avait un, je ne m'y intéressais pas trop avant de le voir, je les trouvais juste mignons. Je ne voulais pas spécialement en avoir un, je n'y avais même pas songé un seul instant d'ailleurs. J'attendais dans le salon que mon copain descende, et... Il est venu s'allonger sur mes genoux. Il devait avoir sept ans tout au plus. Puis... Je ne sais pas. Il s'est passé un truc, une sorte de... Putain, tu vas te foutre de moi, je ne peux pas. »
«  Je te jure que non, tu me connais je ne suis pas comme ça. »
«  Oui justement, je te connais. Et tu es capable de me rigoler au nez, je le sais. »
«  Pas cette fois, promis. J'ai besoin que tu me parles pour me changer les idées Harry, s'il te plait. »
«  Ok. Il poussa un nouveau soupir. Alors... Il y a eu une sorte de.... Connexion entre son chat et moi. Pendant tous les temps où je suis resté avec mon copain, quand je venais chez lui, je passais tout mon temps avec cette bête. Je l'adorais. Ensuite, quand on s'est séparé, je me suis promis d'en avoir un mais... Manque d'argent et de confiance en moi. J'ai eu une période où j'étais incapable de me maintenir en vie, de prendre soin de moi, alors je ne voyais pas le faire avec un animal. Il aurait fini par mourir de faim. Mais aujourd'hui, c'est différent. Je me sens prêt à m'occuper de lui. »
«  Tu ne t'en rends peut-être pas compte, mais c'est un grand pas en avant ça Hazza. »
«  Je le sais, oui. Je sais aussi que je suis capable de mieux encore. Tu... Tu me donnes la foi. Alors, je vais prendre soin de lui, jusqu'à mon dernier souffle. Au fond, ce cadeau, c'est une part de toi-même. C'est bizarre mais... Il sourit en admirant l'animal qui dormait paisiblement sur ses genoux. Je te sens vivre à travers ce chaton. Donc... Je prendrais soin de lui, comme si je prenais soin de toi. »

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