Chapitre quatre.

 Harry s'était toujours demandé si chaque situation de plaisir, ou non, devait avoir un sourire spécifique, par exemple lorsqu'il apprenait une bonne nouvelle souvent ses lèvres se fendaient en un sourire presque comblé de bonheur, lorsque quelqu'un lui faisait un compliment il affichait un rictus gêné avant de baisser la tête, ou alors ce retroussement léger des lèvres qui n'était rien d'autre qu'un faux sourire, totalement amer. La situation dans laquelle il se trouvait actuellement était entièrement unique, de nouvelles sensations lui retournaient l'estomac, de nouveaux frissons agréables venaient lui caresser la peau et son cœur se contractait d'une douleur plaisante. Pour une fois, sa poitrine ne s'affolait pas à cause de quelque chose de mal, au contraire. Et le sourire qui ornait les lèvres du bouclé en était la preuve irréfutable, un sourire remplit de sentiments. Le sourire d'un homme amoureux.
 
«  Harry, tu m'écoutes ? »
«  Hm, oui. »
«  Je n'en ai pas l'impression. »
«  Si, je te promets. »

  Bien évidemment que le boucle l'écoutait mais il buvait chacun de ses mots avec un tel enivrement qu'il ne faisait pas attention aux sens qu'ils prenaient. Chaque phrase devenait une douce sucrerie dont il se délectait avec lenteur, une mélodie écrite uniquement pour lui et dont il n'arrivait plus à se lasser à tel point que ses sens en redemandaient encore et toujours. Ils auraient dû finir cette conversation il y a plus d'une heure de cela, au moment où le cadet avait franchi le seuil de sa maison, mais étant seul pour encore un moment il avait insisté pour que Louis reste au téléphone en sa compagnie. Ce dernier, possédant une âme généreuse et un cœur en or, n'avait pu refuser.
 
«  Bien alors comme je te disais on ne pourras pas beaucoup se parler durant ce temps-là mais j'essayerais de te passer un petit coup de fil le dernier jour avant de revenir...
«  Tu pars ? »
«  Hazza.... »
 
 Il l'entendit soupirer à l'autre bout de l'appareil et ce simple souffle lui permettait de se le représentait en train de passer une main sur son fin visage. Malgré qu'il n'ait jamais vu la moindre partie du corps de son psychologue l'imaginer lui procurait le plus grand réconfort, maigre, de taille moyenne –peut-être même plus grand que lui- les cheveux assez clairs, les yeux scintillants d'une couleur pleine de vie et les lèvres fines qui se retroussaient en une adorable moue lorsqu'il souriait. Harry aurait aimé être un de ces chanceux qui avait le privilège d'assister à ce spectacle éblouissant que devait produire Louis lorsqu'il souriait.
 
«  Je viens de t'expliquer il y a à peine deux minutes que je vais partir un peu moins d'une semaine en vacances avec mon copain et je ne serais surement pas disposé à t'appeler tous les soirs, mais j'essayerais de te parler avant de revenir. D'accord ? »
«  Quand ? »
«  La semaine prochaine, Samedi. »
«  Je... Mais Lou, c'est notre rituel tu ne peux pas briser ça à cause... A cause de.... »
«  C'est mon petit ami, Harry. »
 
 Le brun avait apprécié les moindres paroles de l'ainé jusqu'ici mais ces dernières lui tordirent le cœur avant de le briser en deux. Jamais quelqu'un ne lui avait fait autant de mal avec aussi peu de mots. Il avait l'impression qu'on s'amusait à lui écraser les os avec un marteau jusqu'à ce qu'ils soient réduit en poussière, jusqu'à ce que la douleur soit tellement intense qu'il ne puisse plus la sentir. Un gout amer, presque acide, lui coulait dans la gorge pour aller ronger son estomac. Son corps était devenu un engin à destruction en l'espace de seulement quelques courtes secondes. Cette situation montrait à quel point les paroles du mécheux pouvaient totalement retourner sans monde, autant en bien qu'en mal.
 
«  Et moi... Murmura-t-il en fixant le vide. Je suis quoi moi à tes yeux ? »
«  Tu le sais très bien. »
«  Répond alors. »
«  Arrête ça. Soupira le châtain à nouveau. »
«  Une fois que tu auras répondu, oui. »
«  Harry tu connais déjà ma réponse... Tu es important pour moi autant que je le suis pour toi. Durant ces deux dernières années tu m'as apporté beaucoup de choses, et tu es présent dans une partie de mon cœur également... Comme un petit frère que je me dois de protéger jusqu'à la mort. »
 
 Parfois il y a des mots qui vous blessent alors qu'ils devraient avoir l'effet inverse sur votre esprit, et pourtant ces phrases enfonçaient plus encore le brun dans le tourbillon infernal des sentiments. Évidement qu'il savait qu'il comptait aux yeux de Louis, mais pas de la même manière que lui comptait aux siens. Évidement qu'il savait qu'il possédait une assez grande place dans son cœur et dans sa vie, mais pas celle qu'il désirait.
 
«  Pourquoi faut toujours qu'on passe notre temps d'appel à se crier dessus depuis quelques jours? »
 
 La voix de Louis était brisée à tel point qu'il craignait la réponse de son cadet, jamais auparavant dans une seule de leur conversation il n'avait était possédé par ce sentiment. C'était comme si on essayait de lui arracher le cœur avec une pince, mais morceau par morceau afin de mieux lui infliger la douleur. Et même avec la présence d'Ethan à ses côtés, avec la simple pensée qu'il avait près de lui quelqu'un pour lui fournir tout l'amour dont il avait besoin, il ne parvenait pas à sortir son patient de sa tête. Une sorte de spectre, de fantôme qui le hantait à répétition, qui revenait fréquemment lui torturer l'esprit. Évidement qu'Harry n'était pas un être mauvais et détestable, au contraire, mais il avait un besoin irrévocable d'affection, d'attention et d'aide et le plus vieux n'était pas certain de pouvoir lui apporter tout cela à la fois. Voir même un seul des trois. Il sentait pertinemment que sa relation avec lui était en train de battre de l'aile, que chaque mot sonnait comme un coup, qu'ils perdaient leur temps à constamment se crier l'un sur l'autre et qu'ils semblaient se tracer une ligne de distance entre eux. Une ligne qui occupait de plus en plus de place.
 
«  Peut-être qu'on... Qu'on a juste besoin de faire une pause. »
«  Non Louis, tu sais que je ne tiendrais pas. Tu ne peux pas me faire ça, pas à moi. »
«  Mais tu vois bien où on en est depuis quelque temps, plus rien ne marche. J'ai l'impression que notre relation a changé, que tu as changé... »
«  Je suis le même. »
 
 A travers ces mots, Harry essayait de se convaincre lui-même mais le résultat final n'était pas celui qu'il attendait. Loin de là. L'ainé avait raison sur toute la ligne, il avait changé, depuis peu mais c'était bel et bien arrivé. Sans qu'il ne s'en rende vraiment compte d'ailleurs, mais pourtant pas du jour au lendemain. Un sentiment progressif, qui n'avait fait qu'évoluer et se renforcer au fond de lui pour finalement exploser à la lumière comme une bombe. Un sentiment qui avait envahi le moindre de ses sens, la moindre de ses pensées, qui venait le posséder à chacune de ces conversations dont la signification n'était pas des moindres. Un sentiment qui portait le nom de l'amour. Quelque chose de nouveau pour lui, quelque chose de fort, d'intense, de puissant, qui prenait la place intégrale dans son cœur.
 
«  Je veux retrouver mon Harry. Celui d'avant, celui qui avait la foi, celui qui se battait dans toutes les situations, même les plus atroces. Je me dois de te protéger, de t'aider, et ce n'est pas en te criant dessus que tes problèmes vont s'arranger, alors... Si l'ancien Harry m'entend... Reviens. Pour ton bien, et pour le mien. »
 
 Quand bien même le bouclé pouvait avoir un caractère insupportable il était loin d'être égoïste, et son cœur emplit d'un amour douloureux lui disait de penser au bonheur de son psychologue avant le sien, que le privilégier pouvait être une forme de remerciement à l'égard de tout ce qu'il avait fait pour lui, tous les sacrifices. Par l'intermédiaire d'un simple téléphone, et en seulement quelques communications, il lui avait apporté une flamme brûlante qu'il avait soigneusement niché au creux de son cœur, ravivant ce dernier avec une intensité sans pareil, en attendant que le propriétaire vienne la lui reprendre pour la remplacer par une passion dévorante. Et même si cette attente semblerait infini il ne lâchera pas prise, il se battra jusqu'au bout, jusqu'à son dernier souffle, pour obtenir ce qui lui revenait de droit, pour pouvoir lui aussi gouter au bonheur. Bonheur qui portait un prénom dont la définition même était celle de l'espoir; Louis.

«  De toute manière je pense passer quelques jours chez Zayn, il organise une fête pour Noël et je pense être de la partie alors... Je tenterais de me distraire avec autre chose. »
«  Je t'appellerais dès mon retour, quand l'avion se sera posé à l'aéroport, ça te va ? »
«  J'attendrais ton coup de fil. »
«  Ce ne sera l'histoire que de six petits jours, ça passera rudement vite. Tu verras. »
«  Où est-ce que vous allez ? »
«  Je ne sais pas encore, c'est une surprise de la part de mon copain. »
«  C'est un merveilleux cadeau pour Noël ça, ma mère voulait organiser un voyage à Venise pour cette fête mais... Elle n'en a finalement pas eu les moyens. Peut-être l'année prochaine. »
«  Je te le souhaite. Il afficha un sourire léger tout en s'installant à son bureau. En parlant de Noël, il y a une chose en particulier qui te ferait plaisir ? »
«  Louis... Je t'ai dit que je ne voulais pas de cadeau venant de toi pour... »
«  Mais tu as déjà refusé l'année dernière et moi j'ai envie de te faire plaisir. »
«  Continue à me parler, ça me suffit. »
«  Harold, ce n'est qu'une fois dans l'année. »
«  M'appelle pas comme ça, tu sais que je ne supporte pas ce prénom. »
«  Alors accepte sinon je ne t'appellerais plus que de cette manière. »
«  C'est du chantage, ça ? »
«  Peut-être bien.»
 
 Son rire éblouissant résonna à travers le combiné et vint prendre possession des oreilles du brun qui frissonna tout en étirant ses lèvres en un sourire –presque- heureux. Si un rire pouvait avoir un effet thérapeutique celui de Louis en aurait été la cause. Ce garçon était à la fois le bien et le mal. Chaque parole était une eau précieuse et pure dont Harry se délectait sans relâche, sa voix avait une sonorité sans pareille à la fois douce et rassurante, mais parfois il suffisait d'un seul mot de travers pour le faire plonger dans le gouffre. Un gouffre noir et froid.


«  S'il te plait. »
«  Non, puis je n'aurai pas les moyens de t'offrir quelque chose en échange. »
«  Je ne te demande rien Hazza, simplement continuer d'être toi. »
«  Arrête, je me sens suffisamment bien comme ça. Je n'ai besoin de rien de plus que ta présence. »
«  T'es vraiment le plus têtu des hommes. »
«  Je l'assume. Et, en plus de cela tu n'as même pas mon adresse. »
«  Eh bien je t'en prie fournis la moi et je viendrais en personne te donner ce cadeau. »
 
 Si seulement le mécheux savait à quel point le cadet ne quémandait que cela depuis des jours, ses rêves n'étaient pratiquement centré que sur lui et il incarnait le meilleur des protagonistes. Son esprit ne voyait plus que par Louis, tellement que ça en devenait presque effrayant, il réclamait sa présence à côté de lui, ses paroles pour l'endormir lorsque trouver le sommeil devenait une tâche impossible, mais son corps était bel et bien celui qui subissait le plus. Il mourait d'attendre un touché, un geste comme gage d'amour. Des caresses, des baisers, des frissons, des sentiments qui lui consumerait le cœur. Simplement ses lèvres sur les siennes, qui se baladeraient tendrement sur son visage, sa gorge, et toutes les parcelles possibles de son corps, sentir son souffle chaud s'écraser comme un brasier ardent sur sa peau, ses mains douces qui viendraient – par une simple caresse- éveiller en lui des sensations déjà intenses et ferait exploser son amour au grand jour. Malheureusement, quand la réalité venait le frapper en plein visage son cœur se comprimait durement. L'imagination et les rêves étaient tout ce qu'il possédait pour faire vivre son sentiment amoureux afin qu'il ne le ronge pas entièrement.  
 
«  Désolé Harry, intervenu le plus vieux en obtenant aucune réponse, je sais que tu n'es pas prêt à me voir. Je disais ça pour rigoler uniquement. Mais si tu me donnes ton adresse je pourrais te faire envoyer le cadeau. »
«  Je crois que tu es aussi têtu que moi. »
«  On fait bien la paire alors. »
«  Les compliments ne te mèneront nulle part Tomlinson. »
«  Tant pis, j'aurais essayé. »
«  Sincèrement Louis, je n'ai pas besoin de cadeau. »
 
 Le dit Louis soupira mais ne répliqua pas pour autant, le bouclé le remercia intérieurement de ne pas insister et préféra aborder un tout autre sujet qui étais celui d'un livre que le psychologue lui avait conseillé. Sans même s'en rendre compte, il avait ris. Chose pratiquement impossible dans son cas. Ses émeraudes brillaient d'une lueur étrange, nouvelle pour lui, mais surtout intense. Le regard d'une personne amoureuse, comme celui qu'avait sa mère lorsqu'elle regardait –autrefois- son mari, et inversement. Chaque jour, Harry se sentait animait par une flamme qui prenait de plus en plus d'ampleur dans son cœur et Louis en était le seul détenteur. Mais il pouvait également tout détruire du jour au lendemain, sans prévenir, dans un chamboulement gigantesque. En somme, le mécheux était une bombe et lui seul pouvait choisir s'il voulait la désamorcer ou au contraire la faire exploser.


                                                                                            *  *  *


 Paris. Capitale à laquelle on avait attribué le prestige d'être celle de l'amour. Nombreux étaient le couples qui se baladaient main dans la main à travers les rues, les avenues ou laissaient un cadenas portant leurs noms sur un de ces ponts célèbres dans le but de solidifier et mettre à jour leur sentiment amoureux. Nombreux également étaient ceux qui avaient cette certaine fascination de se prendre en photo devant ce grand monument, tout de métal et de fer construit, qu'était La Tour Eiffel. C'était d'ailleurs le cas de Louis et Ethan qui avaient posé les pieds en France depuis à peine deux courtes heures, et pourtant le temps semblait défiler à une vitesse affolante, ils profitaient de chaque seconde comme la dernière et le mécheux prenait un énorme plaisir à découvrir cette ville de France où il n'avait encore jamais eu la chance de venir. Avant de prendre la décision d'aller se balader au bord de la Seine, ou encore découvrir différents quartiers, ils avaient déposé leurs valises à l'hôtel histoire de ne pas avoir les bras trop encombrés durant leur déplacement.

 Un sourire émerveillé sur les lèvres de chacun, l'un parce qu'il n'avait jamais eu l'occasion de découvrir un paysage aussi riche en beauté et l'autre parce qu'il donnerait sa vie pour continuer de voir ces étincelles brillaient de mille feux dans les yeux de son compagnon. Ce spectacle était encore plus beau que celui qu'offrait la Tour Eiffel quand elle s'illuminait à la nuit tombée. Ici, la neige n'était pas encore tombée mais selon les informations que livraient les journaux de la région cela ne devrait plus tardé, et ce fut un avantage pour Ethan qu'il n'y en ai pas sinon le plan de ce dernier serait totalement tombé à l'eau. Il y a une heure de cela ils s'étaient allongés dans l'herbe d'un parc donnant directement une vue prenante sur le moment le plus réputé de France, le ciel n'allait pas tarder à devenir noir et les gens commençaient à rentrer chez eux. Louis, la tête posée sur le torse du plus vieux, les paupières closes et le vent frais caressant ses joues.
 
«  Ça te plait ici, Lou ? »
«  Beaucoup oui. Je te remercie pour ce voyage. »
«  En fait... Ça fait déjà plusieurs mois que j'ai acheté les billets, je savais que Paris était une des villes dans lesquelles tu voulais le plus aller alors je me suis dit « pourquoi pas ? » et je constate que j'ai bien fait. »
«  J'ai de la chance de t'avoir, merci. »
 
 Et le cadet ne prenait pas ces mots à la légère, bien au contraire, tout cela était vrai pour lui. C'était sa vérité. Durant ces deux années avec Ethan il n'avait ô grand jamais manqué de bonheur, même si parfois quelques disputes venaient semer la zizanie comme dans tous les couples mais c'était une épreuve qui les rendait plus forts. Son compagnon lui avait continuellement -et depuis le premier jour- offert tout ce qu'un homme pouvait rêver d'avoir, les voyages, les vacances au soleil ou bien dans diverses stations de ski, les dîners dans des restaurants luxueux où lui n'aurait même pas les moyens de se payer simplement l'entrée, des cadeaux par milliers, et bien évidement le plus précieux de tous : un amour brûlant.
 Louis releva la tête en ouvrant ses yeux et soupira à la vue de la cigarette coincé entre les fines lèvres du brun, ce geste était récurant depuis quelques jours et il détestait cela. Il n'était pas contre le fait qu'il en fume une fois de temps en temps mais pas si souvent au point de se ruiner la santé.
 
«  Arrêtes un peu avec ça, tu sais que je n'aime pas. En plus l'odeur est insupportable. »
«  Ça va bébé c'est pas comme si c'était un joint. Il soupira en s'apprêtant à tirer une autre bouffée mais le châtain lui avait déjà retiré la cigarette d'entre les doigts pour la jeter plus loin. Mais... Putain Lou c'était ma dernière ! »
« Oups. »
 
 Faussement choqué et navré, le mécheux porta une main à sa bouche puis l'étira dans un sourire mesquin qui s'effaça assez rapidement par des lèvres qui vinrent s'écraser contre les siennes. Il n'eut pas le temps de fermer les paupières pour apprécier l'intensité transmise à travers ce contact qu'il se retrouva en dessous du corps de l'ainé alors que ses mains agrippaient fermement ses hanches tout en les caressant du bout des doigts. Dans des moments comme celui-ci, Louis se perdait facilement dans les méandres de l'amour, et lorsqu'il parvenait à en sortir son esprit en était totalement retourné. Comme si un ouragan venait de ravager son cœur et s'il pouvait lui donner un prénom il lui donnerait volontiers celui d'Ethan.
 
«  Qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire de vous Louis Tomlinson ? »
«   Oh, il y a des tas de possibilités mais je dois bien avouer que j'ai hâte de voir vers laquelle se tournera votre choix. »
«  Je vais finir fou à cause de toi Lou. Souffla le brun en posant sa tête au creux de son cou. »
«  Ce ne serait pas la première fois. »
 
 Le cadet aurait juré sentir Ethan sourire contre sa peau mais à dire vrai il ne se concentra pas sur ce détail mais plutôt sur les lèvres qui venaient caresser la peau sensible de son cou, sans vraiment s'en rendre compte il lâcha un soupir quand ce fut les dents qui prirent leur place, et bien qu'ils soient parfaitement à l'abri des regards il ne put s'empêcher de rougir. C'était à son tour d'être atteint par la folie mais jamais il n'en avait connu une plus douce que celle-ci, la folie que lui procurait l'amour. Et jusqu'à maintenant Louis n'avait trouvé que le brun pour faire naître –puis nourrir- cette flamme de bonheur brûlante en lui, qui lui retournait agréablement et totalement l'estomac. Ce sentiment qui grimpait de jour en jour un peu plus haut et l'emmenait au ciel au moindre baiser échangé.

 Lorsque vingt et une heure approcha et que le ciel grisâtre laissa place au noir complet de la nuit, la Tour Eiffel s'illumina dans un spectacle grandiose. Des lumières jaillissaient de partout, le jaune était la plus dominante des couleurs mais ce n'en était pas moins impressionnant. Au contraire. Les pupilles du mécheux étaient animés par des étoiles qui scintillaient comme des diamants, et c'était d'autant plus magnifique que d'observer ce monument s'éclairer.

 Après avoir tous les deux passés plus deux heures allongés dans l'herbe à admirer sans relâche le spectacle qui s'offrait à eux, puis à avoir entrepris une petite balade dans le parc sous la lumière de la lune et quelques lampadaires, ils purent enfin se détendre dans la chambre d'hôtel qu'Ethan avait pris le soin de louer. D'ailleurs, Louis ne pouvait s'empêcher de penser que son porte-monnaie avait dû en prendre un sacré coup. Leur suite était spacieuse, elle comprenait en tout quatre pièces ; un salon dominé par un grand et beau canapé bordeaux, une chambre sur la droite avec un lit assez large pour accueillir plus que les deux personnes envisagés et une penderie dont une des portes étaient recouvertes d'un miroir sans la moindre trace, une cuisine toute équipée même si ils n'allaient préparer aucun repas durant leur séjour, et une salle de bain munit d'une baignoire ayant la fonction jacuzzi. Sans compter que l'hôtel possédait une piscine couverte et chauffée. Il y avait également la femme de ménage qui passerait tous les jours à quinze heures pour venir nettoyer la suite, et les repas copieux qui leur seraient servi matin, midi et soir. Le rêve. Mais malheureusement ce n'était pas celui de Louis. Tout ce luxe mettait le cadet totalement mal à l'aise, il ne se sentait pas dans son environnement. Pourtant il allait devoir s'adapter à ce chemin de vie s'il comptait la passer et la finir avec Ethan.

 Malgré tous le bonheur, tous les cadeaux que pouvaient lui offrir son compagnon, tous l'argent qu'il dépensait à son égard, un sentiment au plus profond de lui venait lui murmurer à l'esprit que ce n'était pas ce qu'il recherchait, ou du moins qu'il manquait quelque chose pour qu'il soit certain que leur relation puisse durer. Il l'aimait, ô ça oui, là n'était pas le problème, la distance non plus n'était pas un souci étant donné que lorsqu'ils se retrouvaient les sentiments étaient décuplés et leur amour exposé au grand jour les comblaient parfaitement. Alors quoi ? Où se situait la faille ?  
 
 «  Bébé ? » 
 «  Hm ? Demanda-t-il en se faisant tirer de ses pensées par les bras de son copain qui vinrent enlacer son ventre tendrement. »
«  Je fais couler un bain, tu te joins à moi ? »
 
 Il répondit d'un simple sourire en levant les yeux au ciel et le brun, en remerciement, lui embrassa la base de la nuque avant de filer dans la salle de bain. Actuellement, il n'avait pas de réponse à toutes ces questions qui se bousculaient dans sa tête.
 
 

                                                                                                     *   *   *


   La musique tambourinait dans ses oreilles depuis près de deux longues heures et son mal de tête s'amplifiait au fil des secondes, pourtant il ne pouvait pas partir, il avait promis à son meilleur ami de rester ici. En premier lieu afin de se changer les idées mais on ne pouvait pas dire que cette méthode était la plus opérationnelle de toutes. Il n'avait pas touché à un verre d'alcool alors qu'il coulait à flot depuis le commencement de la soirée, et dire que ce n'était que le début de son cauchemar. De pauvres filles tentaient de l'aborder, alors qu'il était assis dans un coin, mais lui leur restait totalement indifférent, il ne leur répondait jamais ou uniquement par des phrases brèves. Cela faisait une heure qu'il se retrouvait abandonné à sa table, Zayn devait surement discuter avec d'autres amis et en avait totalement oublié sa présence. Comme trop souvent ces temps-ci. Mais il ne pouvait pas lui en vouloir parce qu'il l'avait sauvé d'un mensonge et l'avait généreusement invité à passer du temps chez lui afin qu'il ne se retrouve pas seul pour les vacances de Noël. Mais en définitive, ça ne changeait rien au sentiment qui habitait Harry. Il se sentait mis à l'écart, même avec une cinquantaine de personnes qui buvaient, dansaient ou s'amusaient autour de lui. L'odeur des joints et de la cigarette lui montait à la tête, il n'avait qu'une seule envie... Rentrer chez lui et passer le reste de sa journée sous sa couverture. Le temps aurait surement paru moins long. Finalement il n'aurait jamais dû accepter l'invitation de son meilleur ami et par la même occasion mettre le pied dans cette orgie. Alors que le bouclé était sur le point de se lever pour quitter les lieux, un jeune homme avoisinant son âge s'avança vers lui, un verre à la main.

«  Je te laisse la place, ne t'en fais pas... Déclara le brun sur un ton las. »
«  A dire vrai je venais te tenir compagnie, depuis tout à l'heure je te vois constamment tout seul. »
«  Merci mais j'allais partir. »
«  Déjà ? Mais il n'est même pas vingt-trois heures, la soirée viens juste de commencer... Oh allez ! C'est bientôt Noël mon vieux et c'est déprimant de rester chez soi une semaine de fête. On est jeune faut en profiter. »
 
  Voyant que Harry haussa les épaules le châtain lui offrit un sourire scintillant puis s'approcha de lui pour lui tendre la main, le parfum qu'il dégageait était doux, enivrant, et il était loin de sentir l'alcool comme toutes les autres personnes présente dans la maison. Sa coiffure était raffinée, ses cheveux étaient plaqués en arrière grâce à du gel, son visage laiteux était parsemé de tâche de rousseur au niveau des joues et ses pupilles marrons étaient dotés d'une profondeur extrême.
 
«  Samuel, mais les gens m'appellent Sam. »
«  Harry. Il lui serra la main. Mais en général les gens ne m'appellent pas. »
 
 Il vit les lèvres de Sam s'étendre dans un sourire radieux avant de lâcher un rire qu'il fut surement le seul à entendre et qui lui donna presque envie de s'y joindre à son tour.

«  Comique en plus de ça, je sens que je vais bien m'entendre avec toi....  T'es un pote à Zayn ? »

«  Son meilleur ami. »

«  Ah je vois, c'est un gars bien même si on n'a pas eu l'occasion de plus se connaître. »
 
 Harry savait qu'il possédait une chance énorme d'avoir Zayn à ses côtés, non seulement comme meilleur ami mais également comme confident et pilier, jamais encore au moindre problème il ne l'avait laissé tomber. Qu'il soit grave ou non. Il avait toujours été cette oreille attentive dont le brun avait besoin, cette épaule sur laquelle pleurer quand le moral était au plus bas, ce frère pour le rassurer quand il craignait le pire ou qu'une phase de dépression n'était pas loin. Il lui avait toujours sortit la tête de l'eau afin de lui éviter la noyade.
 
«   Ça te dirait qu'on aille dans un coin plus calme, la musique me donne mal à la tête ici ? »
 
 Le brun acquiesça et suivit le jeune homme sans dire un mot, ils prirent le chemin de la cuisine en passant devant plusieurs personnes, dont une qui s'était endormie sur le sofa du salon avec un verre renversé à la main. Harry leva les yeux au ciel en pensant à Zayn et lui-même qui auraient à nettoyer tout ce désastre le lendemain matin une fois que cette fête serait finie. La pièce où ils se retrouvèrent était nettement plus calme, bien que quelques jeunes venaient encore chercher des bouteilles dans le réfrigérateur. La musique était moins assommante, l'odeur de la drogue s'estompait peu à peu en même temps que le mal de tête du bouclé.
 
«  T'en veux un ? »
 
 Sam se servit un verre de vodka grâce à une bouteille qui trainait sur la table couverte de cadavre de canette de bière ou de soda, un paquet de chips était éventré au sol et les miettes gisaient dans l'alcool. Heureusement pour Zayn que ces parents n'avaient prévu de rentrer que dans une semaine.
 
«  Non merci, je ne bois pas d'alcool. »
«  T'es bien le premier ici... Un soda alors ? »
«  Je veux bien, merci. »
 
  Harry s'appuya contre le plan de travail alors que le châtain lui tendit une canette, et la discussion se lança presque naturellement. Comme s'ils se connaissaient depuis des années déjà. Samuel se révéla avoir vingt ans, soit trois ans de plus que lui, il travaillait en tant que serveur dans un bar pas loin du centre-ville, et était le frère d'un ami au métis dont -bien entendu- il ne connaissait pas l'existence. Il était à la fois drôle et raffiné, plein de joie de vivre et mystérieux mais par-dessus-tout très charismatique. Plus de deux heures devait s'être écoulées et bizarrement le plus jeune se sentait bien, la présence de sa nouvelle connaissance lui donnait envie de rester ici une nuit entière. Entre temps plusieurs personnes s'étaient conviées à la fête, il y avait beaucoup plus de monde et ça se ressentait dans l'atmosphère, la musique commençait à devenir celle qui passait généralement en discothèque. La lumière avait légèrement baissée et l'odeur de l'alcool mélangé à celle de la drogue s'était amplifiée. Tous ces détails ne firent que rendre les nausées du brun encore plus rudes.
 
«  Je crois que je vais arrêter avec la vodka pour ce soir, je commence à ne plus voir clair. »
«  Tu ferais mieux oui avant de finir ta nuit sur le parquet entre les cadavres de bouteilles et le vomi de certains. »
«  C'était classe Harry, très classe. Il rire faiblement avant de sortir de sa poche un briquet et une cigarette. »
«  Tu fumes ? »
 
 Le ton de sa voix était plus surprit qu'il ne l'aurait voulu, Sam releva le visage vers lui en lui adressant un sourire avant de l'allumer d'en tirer en bouffée avec une lenteur affolante.
 
«  Apparemment. »
«  Ton but dans la vie est vraiment de te ruiner la santé alors ? »
«  Et le tiens de tout voir en noir ? Il soupira en se levant de sa chaise pour faire face à Harry qui entre temps s'était assis sur le plan de travail. Arrête un peu de te soucier de tout comme ça, tu sais ce qui va arriver ? Ça va finir par te ronger.... Détend toi, profite de ce que le monde t'offres et le mal tu l'envoi directement balader. C'est le mieux à faire. Tout te paraîtra plus beau. »
 
 Mais le cœur du problème était là. Harry ne savait pas éloigner le mal, au contraire, il avait cette tendance malsaine à l'attirer à lui. Comme si tous les deux étaient des aimants, parfois ils se collaient l'un à autre sans aucun moyen pour les détacher ou alors –un peu plus rare cette fois- s'opposaient. Pourtant, il ne broncha pas et se contenta de froncer les sourcils tandis que l'ainé porta sa cigarette à ses lèvres, à peine cinquante centimètres devaient les séparer, et analysa méticuleusement le visage de son cadet comme s'il y tentait de trouver des réponses à des éventuelles questions.

«  Viens. On va danser. »

 
 Il n'eut même pas le temps de protester qu'il fut tiré par le poignet vers la piste au milieu du salon où se déhanchaient une masse importante de personnes. La musique montait en intensité à chaque pas, en même temps que ses nausées, les lumières changeaient constamment de couleur ce qui accentuait un peu plus son mal. Ils s'enfonçaient dans la foule alors qu'un nouveau morceau débuté, et Harry avait la net impression d'être enfermé dans une cage, des corps en sueurs se collaient au siens et il détestait ça, son cœur tremblait à cause de l'intensité du son qui venait se propager dans chaque parcelle de son être. La voix de la femme qui chantait était presque agréable si on en oubliait la musique énergique qui défilait derrière. Quand Sam se décida enfin à s'arrêter, le bouclé fut presque soulagé mais le sentiment d'immobilité s'avérait être encore pire, le plus vieux se mit directement à danser au même rythme que les autres tandis que lui était incapable du moindre mouvement, ses yeux cherchaient un repère, quelque chose de stable qui éviterait de le plonger dans la panique totale. Les corps se serraient, il se sentait oppressé au plus haut point, le temps semblait ralentir, et ses tympans subissaient en conséquence.


 Lorsque les mains du châtain saisirent ses fines hanches il sursauta, mais il n'y accorda pas une grande attention, son esprit était en train de divaguer, il se sentait emmené autre part. Sa nausée s'était estompée et avait laissé place à une sensation de plénitude, il ne souciait même plus du monde autour de lui. Alors sans qu'il ne s'en rende vraiment compte son corps se prêta au jeu de la danse, la proximité entre le sien et celui de Samuel était presque réduite à zéro, ils se frôlaient sans pour autant entrer en contact, le seul lien entre eux était les mains du plus vieux qui se baladaient sur ses hanches. Entre deux il le lâchait pour tirer, d'une main, sur sa cigarette qu'il avait fini par passer écraser au sol. Son regard dévorait littéralement celui du brun en face de lui, ses pupilles émeraude étaient voilés par une couche étrange mais que lui connaissait bien. Il s'approcha de lui, leur torse entrant presque en contact, ses boucles folles chatouillèrent son visage, et lui cria presque à l'oreille.
 
«  Harry... Je crois que tu as consommé de l'alcool. »
«  Comment ça ? Je n'ai bu que du soda ! »
«  Je ne sais pas, tu as bu combien de canette ? »
«  Parce que toi tu t'amuses à compter combien de cigarettes tu fumes peut-être?... Et puis comment tu peux savoir que je suis bourré d'ailleurs ? »
«  Je n'ai jamais dit que tu l'étais, j'ai dit que tu en avais consommé. C'est différent. Mais... Il patienta quelque secondes. Tes yeux et puis t'es plus détendu que tout à l'heure, ce qui ne semble pas être normal vu que tu m'as confié il y a à peine une heure que tu détestais ce genre de fêtes, l'alcool et la drogue. »
«  Je n'ai touché à rien pourtant. »
«  Attend. »
 
 Il sembla chercher quelque chose du regard avant de tapoter l'épaule d'une fille situé derrière le plus jeune, il n'entendit rien à leur courte conversation, mais lorsqu'il lui refit face il avait une canette dans la main. Il la porta à son nez pour d'abord en sentir l'odeur puis la porta finalement à ses lèvres. Ses sourcils se froncèrent et il tira une petite grimace avant de rendre la boisson à son possesseur.
 
«  Désolé de t'annoncer ça mon beau mais il y avait de l'alcool dedans. Sourit-il en se rapprochant une nouvelle fois de lui. Et vu toutes les canettes que tu as bu tu ne dois pas être très clean. Donc je me corrige. Tu es bel et bien bourré ! »

 Harry lui administra un coup de poing amical dans le torse ce qui déclencha le rire de l'aîné, bien vite il tomba lui aussi dans un fou rire incontrôlable, et –les yeux à moitié fermés- il n'eut pas le temps de comprendre que des lèvres se posèrent sur les siennes. D'ailleurs, il ne chercha pas à comprendre, ses mains allèrent directement s'attarder dans les cheveux de Sam et s'y agripper afin d'intensifier leur baiser. Tout ce qui pouvait se trouver autour d'eux s'effondrait en poussière, le bouclé avait été surpris mais pas dans le mauvais sens. Peut-être était-ce l'alcool qui avait engendré tout cela, peut-être avait-il eu plus de courage grâce à lui mais ce soir il souhaitait simplement se détendre. Oublier ses soucis actuels et ne se concentrer que sur ce que ses sens lui ordonnaient. Et actuellement, entièrement en éveil, ils ne quémandaient que le corps du plus vieux. Ce baiser avait le gout de l'alcool, de la cigarette et aussi du désir. Chacun avait la respiration courte, leur front se posèrent l'un contre l'autre, il y eu une longue minute de silence, les mains d'Harry n'avaient pas quitté la nuque de son partenaire, la musique continuait de résonnait à en faire trembler les murs mais en réalité... Ça n'avait aucune importance à leurs yeux.
 
«  Désolé, je ne sais pas pourquoi j'ai... Je m'excuse c'était... »
 
 Ce fut au cadet de prendre le dessus, il le coupa dans son explication par un baiser remplit de désir. Le message ne pouvait pas être plus clair. Et Sam l'avait saisi sans même un seul mot de sa part, il quitta les lèvres du bouclé pour se diriger vers son oreille, déposant au passage un chemin de baisers sur sa mâchoire. Les paupières closes, le sang chaud et le corps en éveil au moindre touché, Harry n'avait pas été submergé par ce genre de sensations depuis ce qui semblait être une éternité.
 
« Suis-moi. »
 
 Sans poser la moindre question, parce qu'il savait exactement comment aller se dérouler la suite des évènements, le bouclé suivit en silence l'ainé qui avait saisi sa main afin qu'ils s'extirpent plus vite de cette masse de danseurs. Ils couraient presque pour atteindre l'étage, et ils n'attendirent même pas de trouver une chambre pour s'y enfermer, ils entrèrent dans la première pièce qui se révélait être la salle de bain. Elle était totalement plongée dans le noir, exception faite de la faible lumière au-dessus de la glace qui éclairait un tantinet soit peu les lieux. Le châtain ferma la porte à l'aide du verrou dans le but qu'ils ne soient pas déranger.
 
«  Tu as choisi la pièce la plus froide, le chauffage ne fonctionne jamais ici, on va... »

 Ce fut à son tour d'être interrompu dans sa phrase par des lèvres avides qui vinrent s'échouer sur les siennes, bien vite le mur se retrouva dans son dos et les mains de Sam se baladaient sur son torse. L'envie gravissait les échelons. Et ce fut bien pire lorsqu'il s'attaqua à son cou, les paupières closes, l'esprit retourné et le ventre qui se tordait agréablement. Harry redécouvrait des sensations qu'il croyait perdue mais pas comme il aurait dû, une personne normale aurait eu les pensées directement tournées vers celui qui était l'objet de son désir, et par conséquent dans ce cas-là; Sam. Mais il en était tout autrement, parce que le seul être auquel vers lequel son esprit était tourné, alors que des lèvres parcouraient son ventre, n'était autre que Louis. Ca le rongeait. Pourtant il ne pouvait pas mettre une image concrète sur ce prénom étant donné qu'il ne savait pas le monde à quoi il pouvait ressembler. Malgré cela il le voyait dans chacun des gestes de l'ainé, dans chaque caresse, dans chaque baiser, dans chaque souffle contre sa peau. Chaque frisson lui était dédié, chaque gémissement, chaque soupir. Et il n'aurait jamais dû, peut-être que l'homme qui était actuellement en train de lui procurer un plaisir insensé était la clé pour le délivrer du sentiment de possession qu'avait son psychologue sur lui. Un sentiment proche de la folie. Le plus extraordinaire était que le brun peuplait son monde, sa vie et ses pensées d'une personne qu'il n'avait encore jamais rencontré et dont il ne connaissait rien d'autre que la voix. Sa chemise à terre, son slim dont les boutons étaient ouverts, Harry revint le temps d'un instant à la réalité quand il ouvra les yeux et trouva le visage de Samuel face au sien mais ce ne fut que pour un temps car lorsqu'il l'embrassa, il ne pensa qu'aux lèvres de Louis. Ces lèvres qui avaient semblaient si réelles dans son cauchemar. Ces lèvres qu'il voulait apprendre à connaître. Ces lèvres qui lui étaient inconnues et qui pourtant l'obsédaient.

«  Ça va Harry ? »
 
 Ce dernier fut presque déçu de ne pas entendre la voix de son psychologue, mais il hocha la tête et esquissa un faux sourire, le châtain lui administra un baiser sur le front avant de faire descendre doucement et sensuellement son slim sans pour autant le lui enlever. Le cadet ferma à nouveau les paupières, tremblant, alors qu'il sentait la bouche de son partenaire descendre de plus en plus bas alors que le plaisir lui ne faisait que grimper. A présent la température presque glacial de la pièce n'avait plus aucune importance était donné que la chaleur de leurs deux corps prenait le dessus. Il y avait un fond de musique qui résonnait jusqu'à leurs oreilles mais c'était presque devenu un détail puisque les seuls sons auxquels ils s'intéressaient s'avéraient être les gémissements ou le rythme de la respiration de l'autre. Harry était à la charnière entre la réalité et le rêve, un rêve habitait par Louis. Son dernier vêtement venait de descendre au niveau de ses genoux. Ses jambes se mirent à trembler, son cœur s'emballait et lorsque son plaisir explosa ce fut également au tour de ses larmes. Sa gorge se noua, son esprit divagua, une larme salée roula sur sa joue suivit bientôt d'une autre, son cœur lui serrait atrocement. Sa tête s'était remise à tourner violemment. Sam remonta à sa hauteur et passa une main protectrice et inquiète sur son visage, alors que le corps du brun tremblait sans relâche.
 
 «  Harry... Il lui embrassa le front ce qui le crispa encore plus. Qu'est-ce qu'il a ? »

 Incapable d'affronter le regard de l'ainé il enfila aussi vite que possible ses vêtements et sortit en courant de la maison de son meilleur ami, sans même prévenir ce dernier, il prit au passage sa veste qui trainait sur le porte manteau et fut presque soulagé de retrouver l'air du dehors. Le temps était maussade, il pleuvait légèrement, le bouclé remonta la capuche de son sweat sur sa tête et s'éloigna du quartier pour ne pas que le jeune homme avait qui il venait d'avoir une aventure essaye de le retrouver. Il n'aurait jamais dû. Pourquoi fallait-il que Louis hante chacun de ses gestes ? Chaque maudite seconde sa misérable existence ? Les larmes lui ravageaient le visage, et l'être faible qu'il était se révélait incapable de se contrôler, ses jambes tremblaient encore ainsi que ses mains. Il ne savait pas où aller. Il ne pouvait pas rentrer chez lui, sa mère se poserait des questions, il ne pouvait pas non plus rester chez Zayn où il n'en sortirait jamais vivant. Il poussa plusieurs jurons avant de s'assoir, épuisé, sur un banc à peu près à l'abri de la pluie. Son portable n'avait presque plus de batterie mais il n'avait pas le choix. Une fois de plus il choisissait la solution de faiblesse, fallait-il encore que cette solution soit disponible. Et lorsqu'à l'autre bout du fil, après avoir composé le numéro d'une main tremblante, le téléphone décrocha il sentit toutes ses peurs s'évaporer.
 
«  Putain Lou, je suis content si tu savais j'ai cru que tu ne décrocherai jamais... Je suis désolé de te déranger à cette heure-là mais... »
«  Ce n'est pas Louis. »
 
 Sa poitrine s'affola. Pas Louis ? Il ne s'était pourtant pas trompé de numéro, au bout de deux ans il avait fini par le connaître par cœur.- Par contre, l'homme à l'autre bout de l'appareil savait exactement qui venait appeler à cette heure-là. Et si...
 
«  C'est Ethan, son copain. »
«  Oh. »
«  Louis dors.  La voix de l'autre garçon au bout du fil était froide et rauque. »
«  Désolé, je ne voulais pas déranger mais... »
«  Pourtant tu l'as fait. »
«  C'est que... Sa voix tremblait. Il m'a dit que je pouvais le joindre à n'importe quelle heure et.... »
«  Ouais mais le truc, c'est que là il est en vacances, il a dû prévenir vu qu'apparemment il te dit tout. »
«  Je ne pensais pas qu'il décrocherai, c'est vrai qu'il est tard mais... »
«  Il est deux heures du matin, oui. »
«  J'avais besoin de lui parler. »
«  A quel sujet ? »
«  C'est privé. »
«  Je lui transmettrai le message. »
«  Non, je préférerai rappeler plus tard. »
«  Écoute, je sais que t'es son patient, que ça fait deux ans que vous avez ce rituel de vous appeler chaque soir, que tu as besoin de tes séances pour te sentir mieux, qu'il t'aide beaucoup et tout ça mais maintenant il va falloir que tu te rentres dans la tête que Louis a une vie, d'accord ?... Et à ce que je sache il n'y a pas que lui comme psychologue en Angleterre alors au pire tu n'as qu'à tout simplement changé si il n'est pas assez disponible pour toi. »
«  Je... Je n'ai jamais dit ça. Bégaya-t-il, sur le point de tomber dans un sanglot. »
«  Quand je le vois le week-end il est épuisé. Il rentre assez tard du travail et en plus de cela il doit passer des heures au téléphone avec toi, il ne tiendra pas longtemps à ce rythme. »
«  Je ne le pensais pas aussi fatigué, je suis désolé. »
«  Ouais... Lui n'aura jamais assez de courage pour te le dire parce qu'il ne veut pas te blesser, et aussi parce que tu es un client et par conséquent son travail, mais tu devrais prendre un peu tes distances. Je crois que vous avez nettement dépassé la relation convenable du psychologue/ patient là. »
«  Non je... Je n'ai pas du tout l'intention de... C'est simplement amical. »
«  Et c'est déjà beaucoup trop. Louis est là pour faire son travail, pas pour remplacer un ami que tu n'as pas. »
«  D'accord, je... Les larmes lui montaient aux yeux. Oui. »
«  Je te demanderai un dernier service, tu ne lui diras rien à propos de cette conversation. Ça reste entre toi et moi d'accord ? Il n'a pas besoin de savoir ça.
«  Oui. »
«  Tu m'as bien compris j'espère ? »
«  Parfaitement, oui. »
«  Bon, alors à partir de maintenant tu attendras que ce soit lui qui t'appelle. Si tu as des problèmes en pleine nuit, tu n'as qu'à pleurer un bon coup et ça passera. Et je te demande aussi, par la même occasion, d'arrêter de le draguer. »
«  Mais je... »
«  Au revoir. »
 

 Finalement, Harry aurait préféré qu'il ne décroche pas.

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