Chapitre neuf.
Louis ragea une fois de plus en envoyant son portable balader au sol, il avait espéré durant toute la journée, la nuit, un appel calme du bouclé qui s'excuserait ou qui lui reprocherait certaines choses mais jamais... Un tel aveu. Il venait clairement de lui annoncer son suicide et le châtain était totalement paniqué. Il perdait tous ses moyens. Simplement parce qu'il ne savait pas s'il avait encore une chance de le sauver, s'il était déjà mort à cet instant. Son cœur battait à vive allure, ses mains tremblaient et les larmes lui brûlaient les yeux avant de s'écraser sur le tapis de sa chambre. Il ne pouvait pas faire ça, il ne pouvait pas le laisser, pas maintenant, pas comme ça. Pas après lui avoir dit qu'il l'aimait. C'était une torture de lui infliger ça. Mais, bien heureusement, il savait où se rendre.
Un pont. L'herbe verte. Sa mère. Son enfance. Il avait compris où son patient se trouvait. Louis enfila une veste et se précipita hors de sa maison, il courut à toute jambe jusqu'à sa voiture qu'il du redémarrer à deux reprises tellement il se précipitait à faire les choses. Mais chaque seconde était important, et il risquait de le perdre à chaque fois que l'une d'entre elle défilait. Il connaissait la route, Harry lui en avait parlé tellement de fois et ce n'était très loin de chez lui. S'il faisait vite peut-être qu'il arriverait à temps. Cinq minutes. Cinq longues minutes. Durant lesquelles tout avait pu arriver. Il ne savait pas bien respirer. Une fois à l'entrée du sentier il ne prit même pas le temps de verrouiller son véhicule qu'il s'engouffrait entre les arbres, son regard cherchait partout une présence. Une chance qu'il n'ait pas choisi de mettre fin à ses jours en pleine nuit. Puis là.... Il le vit. Plus de question, plus rien. Juste lui. Il n'y avait que son corps au bord du vide qui comptait. Il ne voyait que son dos, pas même son visage, mais il savait parfaitement que c'était lui. Il se précipita jusqu'au pont, mais ne sut quoi dire, par peur qu'il ne plonge de sa faute. Il retenait son souffle, sa poitrine ne battait plus, le temps s'arrêtait.
« Harry... ? »
Ce dernier tressaillit, sa respiration se bloqua, son monde s'écroula sous ses pieds. Cette voix il pouvait la reconnaitre entre mille pour l'avoir entendu tous les soirs, tous les jours depuis deux ans. Mais ça ne pouvait pas être lui... Non. Il ne pouvait pas être venu. Il ne le croyait pas. C'était simplement son esprit qui lui jouait des tours. C'était un rêve. Ou encore ce même cauchemar qui se reproduisait. Il devait se réveiller à tout prix. Il ne serait pas venu juste pour lui, si ? Comment l'avait-il retrouvé d'ailleurs ? En si peu de temps ?
« Ne fais pas ça. S'il te plait. »
Il ferma les yeux en inspirant un grand coup, au moindre faux pas il tomberait dans l'eau froide qui –au bout du compte- le mènerait à une chute mortelle. Et le mécheux ne pouvait pas laisser passer ça. Sinon, ce serait la fin. Sa fin à lui aussi.
« C... Comment tu as su où j'étais ? »
« L'évocation du pont, tes souvenirs ici, ta mère... Tu m'avais dit tout ça par téléphone lors de notre troisième consultation il me semble. Je savais que tu trouvais forcement à cet endroit. »
« Tu t'en souviens ?Demanda-t-il, étonné alors que sa voix dérailla sur la fin à cause des sanglots. »
« Je me souviens de tout Harry. Tout ce que tu as pu me confier est resté dans mon esprit et n'en ai jamais sorti. »
« Tu ferais mieux de partir Lou.... Je ne veux pas que tu... Que tu me vois comme ça, je... »
« Non. Je ne t'abandonnerais pas. Je ne suis pas eux, moi je serais là. Toujours. Que tu pleures ou que tu souris je m'en fiche, je resterais ici jusqu'à ce que tu descendes et encore bien après. »
« Je.... Je ne veux pas. Pars... »
« Tu ne mérites pas ça Harry, parce que putain t'es une personne magnifique ! J'ai jamais rencontré quelqu'un d'aussi attachant, d'aussi intelligent et d'aussi soucieux des autres que toi. Et crois-moi tous ces trucs ce ne sont pas des défauts, au contraire, ce sont des qualités qui font de toi un homme qu'on doit aimer et chérir. Et si une personne est assez débile pour ne pas le comprendre et bien tant pis... Moi je suis là. »
« Ils ont raisons.... Je ne suis plus rien. Je ne sers à rien. Tout ce que je touche finis par se briser. C'est un cercle vieux, une putain de répétition. J'ai... Je n'ai jamais voulu que ça se termine de la sorte, non, je voulais juste... »
« Juste être heureux. Je sais. Et je te promets que si tu descends de cette rambarde tu le seras. »
Le cadet secoua la tête, il ne voulait pas y croire. Il n'avait plus fois en rien. La chute était tellement proche, plus qu'un seul pas et il se sentirait à nouveau mieux. Plus qu'un pas et il basculerait du bon côté, celui qu'il aurait dû connaître dès le départ. Mais derrière lui, dans son dos, si près, se trouvait une des raisons qui le faisait hésiter. Qui lui permettait de garder un pied sur terre tandis que l'autre le tirait vers le bas.
« Pourquoi je te devrais te croire ? »
« Je... »
« Pourquoi je ne devrais pas le faire hein ? Qu'est-ce qui m'en empêche ?! Il y a rien qui me retient sur terre, j'ai l'impression de ne plus savoir respirer dans ce monde.S'emporta-t-il, à bout. »
« Harry...Le supplia-t-il. »
« Qu'est-ce que ça peut bien te faire que je ne sois plus là, à toi et aux autres ? ! »
« Mais parce que je t'aime abrutit ! Parce que si tu sautes je n'aurais plus aucune raison valable de rester, parce que je crèverais moi aussi de t'avoir perdu. Tu comprends ça ? Que sans toi je ne suis plus rien.... ? »
Ses lèvres se mirent à trembler violement, chaque parole lui rongeait le cœur et il craignait que le brun ne décide finalement de faire le saut de l'Ange. Tout autour d'eux sonnait comme un dernier adieu. Mais Louis ne voulait pas que ça se passe comme ça non, il souhaitait le rassurer, le prendre dans ses bras, lui dire que tout était fini, lui dire qu'il l'aimait et qu'il serait là à jamais. Qu'il le sauverait de la noyade une bonne fois pour toute. Lui montrer qu'il pouvait lui faire vivre une autre vie, peut-être pas parfaite, mais meilleure que celle qu'il parcourait en ce moment.
« Si tu sautes Harry, je le ferais aussi. »
Le patient était perdu. Il savait que Louis tiendrait parole, il le connaissait assez pour le savoir. Son cœur tambourinait avec force contre sa poitrine. « Je t'aime » ces mots tournaient dans sa tête comme la plus belle des répétitions. Pour la première fois quelqu'un le lui disait en le pensant sincèrement. Trop faible, il s'était remis à pleurer.
« Reviens. Je t'en prie... Laisse-moi t'aider. Laisse-moi te sauver. Comme tu me l'avais demandé à notre première discussion, tu te souviens ? »
Pour accompagner ses paroles il se rapprocha d'un ou deux pas et tendit son bras, au bout sa main attendait vainement que celle de l'autre garçon la saisisse et qu'il le rejoigne en sécurité. Son regard azur se posa sur la partie gauche de son visage bien abimée et recouverte d'un sang qui avait pris le temps de sécher sur sa joue parsemée d'égratignures. Quel destin choisir ? Celui d'une mort douce et lente qu'il méritait ou celui avec un homme à l'égard duquel il ressentait des sentiments qui lui réchauffait le cœur à chaque fois qu'il se mettait à penser à lui. Le temps se rallongeait, mais le psychologue ne perdait pas espoir, il y avait encore une infime chance qu'il ne saute pas. Il ne voyait pas son futur sans lui, plus maintenant, non plus depuis qu'il s'était attaché et épris de lui. Et... Au bout de longues minutes qui parurent des heures, Harry saisit finalement cette main qui le sauverait à jamais de la chute. A peine eut-il touché le sol qu'il se réfugia dans les bras du mécheux qui ne perdit pas une seconde pour resserrer cette étreinte. Il le sentait trembler, s'accrocher à lui comme à son dernier espoir qu'il retrouvait enfin, il l'entendait pleurer, il le savait brisé mais pas irréparable et il ferait tout son possible pour qu'il se reconstruise. Le temps s'arrêta, il n'y avait plus qu'eux. Plus de pont pour les séparer, plus de rivière infernale juste des bras rassurants passés autour du corps de l'autre. Tout était fini. La mort n'était plus là pour attirer Harry vers le bas. C'était déjà un combat de gagné. Ils restèrent ainsi plusieurs minutes, ils ne sauraient dire combien, mais ce n'était définitivement pas assez pour rattraper le temps. Lorsque le brun se calma, que sa respiration reprit une allure normale, il releva la tête –qu'il avait enfuit au creux du cou de Louis- pour lui faire face. Pour la première fois leurs regards se croisèrent et ce ne fut rien de plus grandiose qu'une explosion. Un choc de couleurs. Le plus vieux –sans pour autant détacher ses yeux des siens- porta une main à la joue meurtrit et légèrement gonflée de son patient pour la caresser du bout des doigts, ce qui provoqua chez ce dernier un énorme frisson qu'il ne sut réprimer et qui vint consumer son corps entier.
« Qu'est-ce qui t'es arrivé ? »
« Ce n'est pas important. »
« Ton visage est complètement amoché et t'as du mal à tenir debout alors je pense que ça a son importance, si. »
« Vraiment pas non, je suis toujours en vie et toi aussi alors on ne va pas s'en faire pour quelques petites égratignures. »
« Qui t'as roué de coups Harry ?Murmura-t-il en posant son front tendrement contre le sien. »
« On s'en fiche. »
« Mais je.... »
« Ça ira. »
« Tu es sûr ? »
« Oui, certain.Il hésita un moment. Je peux te demander un service Louis ? »
« Tout ce que tu voudras. »
Avant de se lancer, il prit un temps pour admirer l'être qui se trouvait devant lui. Jamais il n'aurait cru ce jour possible. C'était irréaliste. Si bien que pour se prouver que ce n'était une illusion de son esprit, il monta une main jusqu'à la joue du châtain et la posa délicatement sur celle-ci. Comme si le moindre faux geste pouvait le briser. Sa respiration se coupa, il n'avait jamais vu des yeux aussi bleus et profonds. Une couleur magnifique qu'il pourrait passer son temps à admirer jusqu'à la fin de ses jours.
« Embrasse-moi... »
Harry en avait besoin. Depuis qu'il avait entendu sa voix et senti sa présence près de lui. Son cœur ne semblait plus capable de retrouver un rythme normal. Il se sentait divaguer complétement, mais il n'eut pas le temps de vraiment réaliser que des lèvres s'écrasèrent avec délicatesse sur les siennes. C'était encore plus agréable que dans son cauchemar, et ça n'avait pas le goût d'un adieu mais bel et bien d'une promesse. Celle d'une autre vie. Il n'allait pas sauter d'un pont, non, il allait pouvoir enfin gouter au bonheur. Le monde se dérobait sous leurs pieds, la notion du temps n'avait plus aucune importe à leurs yeux, des frissons parcouraient entièrement leur corps. Et pour la première fois le brun pouvait sentir des papillons s'envoler en masse dans son ventre, une sensation dévastatrice, nouvelle, intense mais surtout partagée. Il n'avait pas besoin de plus pour se trouver au paradis, Louis l'y avait déjà emmené en le sauvant de la chute.
« Tu es beau. Murmura le châtain en lui saisissant la taille.Et tu avais raison, tes yeux sont magnifiques, mais c'est mieux quand ils ne sont pas inondés de ces belles larmes. »
Le psychologue lui souffla ces mots dans un murmure mais l'effet était apocalyptique dans le cœur du bouclé qui sentait le sentait battre la chamade, si bien qu'il se demandait s'il n'allait pas déchirer sa poitrine. Tout semblait si irréel. Cette scène, ce baiser, cette rencontre. Il se demandait même, encore, si ce n'était pas encore son esprit qui lui jouait des tours. Mais quand leurs lèvres s'étaient rencontrés, s'étaient découvertes et appréciés, rien n'avait paru plus réaliste. Son corps en était encore totalement chamboulé. C'était étrange pour Harry de pouvoir enfin relier la voix de Louis à quelque chose de concret et solide, à un visage. Et ce dernier était vraiment, vraiment, magnifique. Des yeux profonds et intenses, un sourire éblouissant et des rides aux coins des yeux, un fine bouche qui possédait un goût sucré, des cheveux soyeux et une peau tellement parfaite que ça en devenait complexant.
« Tu as perdu ta langue ?Résonna à nouveau la douce voix, amusée, du mécheux. »
« N... Non c'est juste que... Merci. Merci d'être venu. Je... Tu m'as sauvé. Je ne sais pas si j'aurai eu le courage de sauter, mais je sais que... Je me serai laissé.... Il ravala sa salive. Que j'aurai été capable de me laisser mourir ici. Puis... »
« Oui... ? »
« Tu es vraiment là. »
« Je suis là, oui. »
« J'ai du mal à croire. »
« Pourtant...Il prend sa main dans la sienne doucement, pour ne pas le brusquer.C'est bien réel. »
« Tu peux pas savoir comme je suis content de te rencontrer en face à face, de pouvoir enfin savoir à quoi tu ressembles. »
« Ouais, je t'avais dit de pas trop t'imaginer un canon hein. Il rit et se gratte l'arrière du crâne. »
« Non, tu es... Tu es magnifique. »
« Et toi alors ? »
« Louis, j'ai le visage couvert de sang et de larmes. Ce n'est pas vraiment attirant tu vois. »
« Moi je trouve que si. »
Le châtain se hissa sur la pointe des pieds pour planter un léger baiser sur les lèvres abîmées du bouclé, n'ayant toujours pas eu l'envie de lâcher se main, et lui sourit tendrement. Le concerné n'était pas encore habitué à ce contact, et sa fine bouche contre la sienne lui procurait une sensation de retournement extrême. Louis passa une main sur son visage écorché et puis le sentir frissonner sous ses doigts effleurant sa peau. Leurs yeux ne se quittaient pas, toujours liés par une attraction sans pareille, une connexion indéfinissable. Un lien unique.
« D'ailleurs, on ferait mieux d'aller soigner tout ça non ? »
« Oui, mais... Mais pas chez moi. Ma mère me tue si elle me voit comme ça. »
« Pas de problème, je me sens seul dans ma maison en ce moment, un peu de compagnie ne me ferait pas de mal. »
« Je ne voudrai pas déranger, déjà que tu t'es déplacé pour moi alors... »
« Tu as fini de dire des bêtises ? Tu encore plus têtu en vrai qu'au téléphone. Il rit et caressa le dos de sa main discrètement.Je me suis déplacé parce que l'idée de te savoir sur le point de mourir me tue, pas seulement parce que tu m'as appelé. Sans toi... C'est impossible. Tu comprends ? »
« Mon but n'était pas de te faire du mal Louis, je suis désolé, mais...Les larmes lui montèrent aux yeux. Je foire tout, je n'arrive à rien et... »
« Harry... Haz s'il te plait. Il exerça une légère pression sur sa main et lui sourit faiblement. Ne parlons pas de ça pour le moment, on va rentrer chez moi, je vais te soigner, te préparer de quoi te nourrir parce que tu dois mourir de faim et ensuite tu te reposeras un peu, ça te va ? »
Convaincu et surtout à bout de force, le brun se laissa entraîner par la main rassurante de Louis dans la sienne. Il l'emmena jusqu'à sa voiture, l'aida à s'assoir sur le siège à cause de ses côtés qui lui faisaient affreusement mal, et démarra son véhicule. Il commençait à s'endormir contre la vitre glacée, le silence n'était pas pesant, au contraire, il l'apaisait.
« Comment tu te sens ?Intervenu soudain la voix du plus vieux. »
Harry aurait pu lui déballer une multitude de mots pour décrire son état actuel. Triste parce que son meilleur ami l'avait lâchement abandonné et qu'à part Louis il n'avait personne. En colère parce que son meilleur ami le rejette à cause de son orientation sexuelle. Faible parce que des imbéciles s'étaient amusés à le rouer de coups jusqu'à ce qu'il ne puisse plus sentir ses os ou savoir respirer correctement. Mais vivant, parce son ange gardien était finalement venu enrouler ses bras et ses ailes autour de son corps frêle pour le sauver de la chute et l'emmenait directement sur la route du Paradis.
« Brisé. Il se tourna verslui. Mais heureux, parce que... Tu es là. »
« T'en fais pas, je ne compte pas te laisser. Je vais vraiment pouvoir t'aider maintenant, promis. »
« Louis, tu l'as déjà fait. Comme jamais personne avant. »
« Non, c'est faux, si c'était le cas tu n'aurais pas tenté de mettre fin à tes jours sur ce pont. »
« Ce n'est pas de ta faute, tu n'y es pour rien dans cette histoire. La preuve, tu as su me faire reculer. »
« Je... Je m'en serai voulu toute ma vie si je n'avais pas su te trouver à temps, si je n'avais pas su te venir en aide. Je n'aurai jamais supporté de te perdre. »
« Tu sais, je m'en veux. Je suis désolé. Désolé de t'avoir fait du mal, c'était... C'était égoïste de ma part de vouloir en finir. Je n'ai pas pensé aux gens qui m'aimaient. Je... J'avais promis à ma mère de ne pas faire comme mon père, jamais, et j'ai bien faillis la briser à nouveau. J'ai fait passer mon malheur avant son bonheur et c'est vraiment... Je suis ignoble. Je n'ai pas réfléchis, j'ai fait ça sous la pulsion. Je suis vraiment un fils indigne. »
« Mais non Harry, elle t'aime. C'est pour ça que tu dois rester, parce qu'elle tient à toi, qu'elle donnerait sa vie pour te sauver. Comme tu me l'as dit si souvent, tu es la seule personne qui lui reste, alors fais en sorte qu'elle ne se retrouve pas abandonnée définitivement. »
« Oui mais... C'est dur.Murmura le bouclé. »
« Je sais, mais je suis la pas vrai ? Je vais t'aider, on s'était fait cette promesse non ? »
Le patient hocha la tête doucement, l'ainé lui sourit puis arrêta le moteur de la voiture et vint lui ouvrir la portière et l'aida à se remettre sur pieds, il saisit son sac de cours et ouvrit sa porte d'entrée. Il aida son nouvel invité à s'assoir dans le canapé du salon, puis parti directement chercher la trousse de soin. Harry, de son côté, se sentait étrangement bien malgré les différentes blessures qui ornaient son corps, parce que la raison de son sourire l'avait sauvé de la mort. Alors qu'il avait cru sentir la fin souffler dans son dos pour qu'il tombe dans le vide. Il ne réalisait pas que tout était fini, qu'il se trouvait dans la maison de l'homme qu'il aimait, qu'il l'avait finalement rencontré en chair et en os. Et mon dieu il ne l'aurait jamais imaginé aussi beau, c'était à s'en damner. Mais... Dans son esprit, dans son esprit, c'était un brouillon total. Il n'arrivait pas à savoir si le châtain était amoureux de lui ou non, malgré qu'il lui ai dit ces deux mots magnifiques: « je t'aime » et qu'il l'ai embrassé à deux reprises. Semblant apprécier ce contact. Ils n'avaient pas encore parlé de ce sujet, et il avait vraiment besoin de savoir, d'avoir des réponses pour ne pas se donner de faux espoirs. Il était déjà assez détruit comme ça et se rajouter une souffrance en plus n'était pas nécessaire. Surtout qu'apprendre que son amour n'était pas réciproque l'anéantirait totalement. Alors quand il vit le psychologue rentrer de nouveau dans le salon avec une petite boite en plastique, s'installer en tailleur dans le canapé afin d'être face à lui, il se mordit la lèvre et sentit son cœur déchirer sa poitrine avant d'oser se lancer.
« L... Louis ? »
« Oui ?Répondit ce dernier, s'afférant à trouver une bouteille parmi tous les médicaments. »
« Je voulais savoir... Quelque chose. »
« Bien sûr, je t'écoute. »
« Tu... Tu le pensais tout à l'heure, lorsque j'étais debout sur le pont, quand... Quand tu m'as dit que tu... Tu m'aimais ? »
Immédiatement, Louis cessa ses recherches et leva la tête vers le bouclé qui entre temps s'était mis à jouer nerveusement avec ses doigts. Stressé par la future réponse. Les secondes semblaient passer beaucoup plus lentement, il n'avait l'impression d'entendre que les battements incessants et paniqués de son cœur. Un oui l'élèverait au paradis et un non le ferait chuter violement en enfer. Et dans ce cas, la mort aurait été le plus simple des moyens pour ne plus ressentir la douleur. Le mécheux semblait réfléchir à sa réponse, et cela n'annonçait rien de bon. La patience ne faisait pas parti de ses vertus, et devoir attendre le rendait malade, presque fou.
« Ces derniers jours j'ai... J'ai pas mal ouverts les yeux. Sur la relation qu'on avait eu Ethan et moi, puis sur nous deux. J'ai cherché des réponses, je me suis torturé l'esprit, j'ai passé des nuits sans savoir dormir. J'étais perdu. C'est... Je ne peux pas renier que j'ai passé trois belles années avec mon ex, que je l'ai aimé, seulement j'ai été tellement aveuglé par mon amour que j'ai réalisé trop tard qu'on... Que lui et moi on n'était pas fait pour finir notre vie ensemble. Je me suis sentit con parce que... Parce qu'en plus de m'avoir fait du mal, il t'en a fait à toi aussi. Siseulement j'avais su...Il saisit la main du cadet. Je suis désolé. Il n'avait pas à te dire tout ça. Je m'excuse. En réalité, ça faisait depuis un moment déjà que je doutais de ses sentiments envers moi, il me manquait quelque chose avec lui, quelque chose qui faisait que je n'étais pas totalement heureux à ses côtés. Et bizarrement... Avec toi, quand je te parlais par téléphone, j'arrivais à l'être entièrement, à tout oublier. Il m'a fallu pas mal de temps pour y voir clair, pour pouvoir mettre des mots sur ce que je ressentais. Je crois que mes sentiments se sont vraiment concrétisaient à Noël, un peu avant que je ne t'envoie le chaton, j'ai... Je me suis rendu compte que je t'aimais, mais pas seulement comme un petit frère, je...Le rouge lui monta aux joues. Je suis amoureux. J'en suis certain, plus encore quand j'ai eu peur de perdre définitivement. Et je crois que, si j'ai bien compris, c'est aussi ton cas. Non ? »
Surprit par cette déclaration, Harry mit un long moment à réaliser ce qui se passait. Que ses sentiments étaient réciproques. Que son amour ne marchait pas que dans un sens. Qu'il n'avait pas espéré et persévéré pour rien. Qu'il avait bien fait de se battre pour obtenir ce qui lui tenait à cœur. C'était un peu égoïste de faire ça, il se sentait un peu honteux, mais maintenant... Maintenant, il était dans le salon de Louis. Leurs genoux se touchant presque, leurs yeux se rencontrant parfois, et leurs sentiments mis à nu. Exposés au grand jour, enfin. Ils se sentaient tout deux soulagés. Et peut-être qu'enfin le bouclé pourrait savoir ce qu'est le bonheur.
« Oui.Le patient murmuradoucement. Oui, je t'aime. »
La poitrine du plus âgé fit un bond. Il le savait. Mais l'entendre le dire, en face à face, à quelques centimètres seulement, ça faisait explosé en lui des milliers de feu d'artifice. Il ne put s'empêcher, dans un élan incontrôlé, de venir déposer à nouveau ses lèvres sur celles de son patient. Des papillons s'envolaient en tourbillonnant dans son ventre, son cœur frémissait et instinctivement, d'une douceur sans pareille, il posa délicatement sa main sur la joue blessé de l'autre jeune homme pour rendre leur baiser encore plus tendre. C'était ça que lui avait toujours manqué avec Ethan ; de la passion.
« Je ne sais pas ce que je serai devenu si... Si tu avais sauté de ce pont. Encore plus en sachant que je n'aurai pas pu te sauver. »
« Mais, je suis là Lou. Je n'ai pas sauté parce que tu es venu.»
« A temps, oui. Je prendrai soin de toi maintenant, je te le promets. Surtout que, on va pouvoir se voir plus souvent non ? Si tu veux ? »
« Oui.Il hocha la tête. »
« Heureusement. Tu... Ça te dérangerait de rester ici cette nuit. Je veux dire... Je ne supporterai de te voir partir tout de suite après alors que je viens à peine de te rencontrer et... Et j'ai envie de passer un peu de temps avec toi aussi. »
« D... D'accord, mais faut juste que je prévienne ma mère que je ne rentrerai pas ce soir sinon elle va s'en faire. »
« Tu vas prétexter quoi ? Parce que... Elle ne sait pas que j'existe. »
« Je... Je vais lui dire que je suis chez mon meilleur ami. »
« D'accord. En parlant de lui, tu... »
« Non Louis, je n'ai pas envie de parler de lui ce soir, ni de ce qui m'est arrivé, demain si tu veux, mais pas maintenant....L'interrompu-t-il. S'il te plait. »
« Je comprends Haz, désolé. Je... On va peut-être te soigner non ? »
Le bouclé hoche la tête en souriant. Pendant plus d'une demi-heure, le psychologue s'occupe de lui réparer au mieux ses blessures. D'abord sur son visage, puis plus tard ses côtes. Le cadet avait été légèrement gêné de devoir ôter son haut pour se faire, ses joues s'étaient teintés de rouge mais Louis n'avait absolument fait aucune remarque, il lui avait simplement souris pour essayer de le mettre à l'aise. Maintenant son corps à peu près soigné, il ne lui restait plus qu'à prévenir sa mère qu'il resterait dormir ici ce soir, du moins qu'il ne rentrerait pas chez lui ce soir. Il lui envoyé un bref message avec le portable de Louis, prétextant qu'il dormait chez Zayn cette nuit et qu'il n'avait plus de batterie sur son propre téléphone.
« Tu... Tu as faim ? »
« Pas tellement non. »
« Tu devrais manger un petit bout. »
« Je crois que si je mange quelque chose maintenant, je vomis. J'ai mal au ventre un peu. »
« Bien. Alors... Tu devrais aller te reposer Harry, tu as l'air fatigué. »
Sans protester, le brun suivit l'ainé dans la chambre au bout du couloir. Une pièce plutôt petite mais bien décorée et chaleureuse. Le volet était à moitié baissé mais il était presque vingt heures et le noir avait déjà envahi le ciel d'hiver. Les murs étaient blancs et ornés de quelques cadres ou photos, au-dessus d'un bureau en bois où était posé un ordinateur, il fit le tour de chacune d'elle le temps que Louis allume la lampe de chevet et range quelques affaires. Il y avait des clichés de lui avait des jeunes filles blondes, surement ses sœurs, il lui en avait parlé lors de ses conversations et d'autres avec un blonds également tenant une écharpe à l'effigie du drapeau irlandais en l'air.
« C'est... C'était lui ton copain ? »
Le mécheux vint le rejoindre pour voir de qui il pouvait bien parler, un sourire orna son visage lorsqu'il tomba sur le polaroid. Il secoua la tête et lui précisa que c'était son meilleur ami, d'origine irlandaise, qu'il voyait parfois pendant les vacances ou lors de match de foot importants et qu'ils allaient boire un verre ensemble. Harry fut instantanément soulagé, parce qu'il n'aurait pas supporté de voir des photos de lui et son ex accrochés sur les murs. La jalousie lui rongeait le cœur, même s'il savait que leur relation avait pris fin depuis un petit moment déjà.
« J'ai jeté toutes celles que j'avais avec Ethan. Ça ne servait à rien de les garder....Il haussa les épaules. Bon, je vais te laisser dormir, appelle moi su tu as un problème ou quoi que ce soit. Je ne bouge pas. »
« Louis... ? »
« Oui ? »
« Tu... Tu ne veux pas rester avec moi ? Je n'arriverai pas à fermer les yeux tout de suite et... Ça me fait un peu peur de dormir seul. Je... Je n'ai pas envie de faire de cauchemar. »
Contrairement à ce que le bouclé aurait cru, et à sa plus grande joie, Louis ne refusa pas de dormir avec lui, bien au contraire. Il lui sourit tendrement et d'un signe de tête l'invita à venir. Ils s'allongèrent tous deux sous les deux couvertures blanches, chacun la tête sur son coussin. Ils fixaient le plafond, mais pour se sentir mieux, Harry avait besoin d'un contact, il tourna la tête vers son voisin qui avait un bras derrière la tête. Doucement, il s'approcha de lui et vint finalement se blottir contre son corps. Il frissonna quand une main vint caresser ses boucles infernales puis descendre tendrement dans son dos en exerçant une légère pression pour un peu plus le coller à lui. Le cadet hésita mais passa une main autour de sa taille et vint délicatement poser sa tête sur ton torse. De là, il pouvait entendre les battements incessants du cœur du châtain. On ne pouvait pas trouver meilleure berceuse. Ses paupières commençaient déjà à se fermer, il ne mettrait pas longtemps à tomber dans les bras de Morphée, juste le temps d'entendre Louis lui chuchoter un « je t'aime » et il sombra dans un long et doux sommeil comme il n'en avait pas eu depuis longtemps. Les ailes de son ange gardien autour de son corps frêle.
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