Chapitre dix.

Le jour s'était levé depuis aux moins deux petites heures sur la grande ville de Londres. Il devait être aux alentours de neuf heures du matin. Alors que certaines personnes s'activaient à se rendre au travail ou une fois de plus continuer leur cercle quotidien, Harry venait seulement d'ouvrir les yeux. Il se trouvait allongé sur le ventre, les bras autour d'un coussin blanc crème dont l'odeur lui était agréable et la texture extrêmement douce. De plus, un sourire béat ornait son visage encore endormi, il s'autorisa à humer une fois de plus le parfum envoutant de ce linge de lit, ses paupières se fermèrent et ses fossettes se creusèrent d'avantage. Le jeune homme aurait très bien pu se rendormir et passer le reste de sa journée, et pourquoi de sa vie entre ses draps, mais il se ravisa très rapidement en entendant la porte de la chambre s'ouvrir et quelques pas s'approcher de lui. Les volets étaient encore fermés et le peu de lumière ne lui permettait pas de voir, mais la clarté ne lui était pas nécessaire pour connaître l'identité de la personne présente dans la pièce. Son odeur particulièrement fruitée suffisait. Quelques secondes plus tard, le ciel blanc de l'hiver éclairait la pièce, le brun, toujours allongé, plissa les paupières et émit un faible grognement de mécontentement en enfouissant sa tête dans le coussin. Il sentit le lit s'affaisser juste à côté de lui et entendit des tintements de verre.
 
«  Thé ou café ? »
 
 Surprit, le bouclé releva la tête vers Louis. Ce dernier était déjà habillé et propre, sentant encore le mélange agréable entre le gel douche et le shampoing. Il lui sourit en attendant sa réponse, un plateau avec différents mets que l'on sert lors du petit déjeuner posés dessus. Des œufs brouillés, du bacon grillé, des céréales, des tartines, du jus d'orange et autres formes de boissons chaudes ou froides.
 
«  Tu... Tu n'étais pas obligé de préparer tout ça. »
«  Tu sais, j'ai encore de la réserve dans mon frigo, ce n'est pas un problème. Puis j'aime bien cuisiner. Tu dormais comme un loir ce matin, alors j'en ai profité pour préparer ça. »
«  Ça me gêne que tu fasses ça pour moi. »
«  Haz... Il soupira. Tu n'as rien mangé hier soir. Accepte, même si ce n'est qu'un tout petit peu. »
«  Et moi qui croyais que j'étais le plus têtu. Il se redressa et souris. Je... Je suis plus café, merci. »
«  D'accord. Il est encore chaud, tu as de la chance. »
 
 Délicatement, il pencha la cafetière au-dessus d'une tasse au couleur de l'Angleterre et versa le liquide noir jusqu'à un peu plus de la moitié. Il la reposa sur le plateau une fois chose faîte. Le cadet, laissa son regard traîner sur lui, sur ses mèches de cheveux rebelles qui lui tombaient sur le coin des yeux, sa barbe qui commençait à discrètement pousser et sa manie de toujours retrousser ses lèvres. Son style vestimentaire était vraiment simple mais soigné, il portait un slim noir replié aux chevilles, un tee-shirt Marvel gris et des vans noirs. Son côté enfantin fit sourire l'autre jeune homme.
 
«  Je dois passer récupérer un dossier à mon bureau, en attendant mange un peu. La salle de bain est à ta disposition au fond du couloir si tu le souhaites. Je fermerai à clé après moi, question de sécurité, mais il y a un deuxième trousseau dans le pot sur le meuble d'entrée. Je ne serai pas long. Tu ne t'en va pas tout de suite hein ? »
 
  Le brun secoua la tête en lui précisant que nous étions Samedi et qu'il est en week-end, donc qu'il comptait prendre son temps. Le châtain lui sourit et se pencha vers lui pour lui planter un rapide baiser sur la joue, ce qui le fit rougir, avant de se lever et lui adresser un dernier signe, un dernier sourire. Puis, il quitta la pièce. Bientôt, on entendit la porte d'entrée claquer. Harry soupira mais ne tarda pas à entamer son petit déjeuner. Il finit sa tasse de café, mangea une tartine et un peu d'œuf brouillés. Il traîna un peu dans l'appartement, observe chaque pièce, contemple les photos, les peintures, les décorations et autres bibelots. Puis se glissa sous la douche. Il était nettement plus détendu que ces derniers jours. Peut-être ce sentiment de sérénité était dû aux bras de Louis autour de son corps cette nuit, ou bien ses baisers. Lui-même n'en connaissait encore trop la cause, mais il était certain d'une chose ; s'il souriait ce matin c'était grâce à l'homme avec qui il avait dormi. Et personne d'autre.

 Il s'habilla rapidement, avec ses vêtements de la veille vu qu'il n'avait rien d'autre sur lui pour se changer et le temps qu'il revienne dans le salon le psychologue venait de revenir. Il posa un dossier marron sur la table de la salle à manger ainsi que deux sachets en plastiques, retira sa veste en jean et son écharpe mais laisse son bonnet. Ses joues et son bout de nez étaient rouges, surement à cause du vent glacial qui devait souffler dehors. Il sourit en voyant le bouclé arriver, déjà habillé et prêt.

«  Ça va ? »
«  Oui. Le déjeuner était très bon. »
«  J'essaye de me débrouiller en cuisine. Il rit. Du moins je ne veux pas manger des pizzas ou du surgelé tous les jours. Ce n'est pas saint. »
«  C'est vrai, mais je peux te certifier que tu t'en sort vraiment bien. »
«  Merci. »
 
 Son teint tourne légèrement un peu plus au rouge, il saisit ses sachets blancs contentant de la nourriture et se rendit dans la cuisine. Il les posa sur le plan de travail et alla mettre quelques ingrédients et bouteilles au frais, puis se hissa sur la pointe des pieds pour les ranger dans une armoire. Le bouclé, un sourire amusé sur les lèvres, s'approcha et lui prit la boite des mains avant de la poser à sa place. Parfois, il avait vraiment l'impression d'être le plus âgé des deux.
 
«  Te moque pas. »
«  Je n'oserai pas. »
«  Alors pourquoi tu souris ? »
«  Parce que je trouve ça mignon. »
«  Bien sûr. Tu es entrain de te retenir de rire là. »
«  Ce n'est pas mon genre. »
«  Méchant. Tu es trop grand aussi. »
«  Je suis dans la moyenne, moi. »
 
 Faussement choqué le mécheux lui donna une tape sur l'épaule, le cadet rit face à sa moue boudeuse qu'il trouvait vraiment adorable. Et il ne put s'empêcher de pencher vers ses lèvres pour les poser timidement sur les siennes. La première fois qu'il prenait les devants pour l'embrasser de lui-même. Et rien qu'en remarquant que l'autre jeune homme répondit à son baiser, il se sentait aimé. Mais pas un simple amour de jeunesse qui faisait voler des papillons dans l'estomac, au contraire... Un amour mûr, qui lui broyait le cœur et lui décrochait un sourire qui lui était encore inconnu, ou qu'il croyait perdu à jamais. Un sourire heureux.
 
«  Je vais devoir y aller. »
«  Oh non ! Protesta l'ainé en resserrant ses bras autour de sa taille. Pas tout de suite. »
«  Il est presque treize heures, ma mère va s'en faire. » 
«  Mais tu l'as prévenue hier soir, elle doit bien deviner que tu rentreras en fin d'après-midi. »
«  Bon... Je lui dirais que je reviens à seize heures, mais pas plus tard. »
«  Oui super ! Il sourit de toutes ses dents. Tu m'as dit que si on se rencontrait un jour, tu voulais que je t'apprenne à jouer aux jeux vidéo. Ça te dit une petite partie ? »
«  Je me demande qui est le plus gamin des deux-là. »
«  Tu te moques encore ! »
«  Mais non Lou, c'est juste une constatation. »
«  J'aime bien quand tu m'appelles comme ça. »
 
 Cette fois, ce fut au tour de Louis de lui planter un chaste baiser sur les lèvres avant de s'éloigner de lui pour aller préparer les consoles. Parfois, il paraissait tellement enfantin que le brun pouvait encore plus en tomber amoureux, c'était dingue et irréaliste ce qu'il ressentait à son égard. Une forme de folie amoureuse. Avec le sourire, il alla s'installer dans le canapé, rapidement après avoir effectué quelques branchements et mit un jeu dans le lecteur, le mécheux le rejoignit. Leurs genoux se touchaient ainsi que leurs épaules. Ce contact leur était étrangement agréable et les faisaient sourire. L'ainé donna une manette à son voisin tandis que l'écran affichait le menu du jeu, il s'occupa de sélectionner les modes, les langues et la partie.

«  Tu joues souvent ? »
«  Le week end, et quand je m'ennuie. Disons qu'en ce moment... J'y passe pas mal de temps, oui. »
 
 Harry savait très bien à quoi il faisait allusion. Sa rupture. C'était un évènement encore récent et dont l'évocation devait lui faire mal. Nous nous ne remettons pas d'une séparation aussi rapidement, surtout si nous étions restés longtemps avec la personne. Et c'était le cas de Louis, mais il voulait montrer au bouclé qu'il était passé à autre chose, que maintenant c'était lui qui possédait son cœur. Entièrement. Alors, il lui laissait le temps de s'habituer, de prendre ses marques, et surtout d'apprendre à se connaître encore d'avantage. Les choses n'étaient plus pareilles une fois qu'on passait des conversations téléphoniques au face à face, à la réalité. Ils s'en étaient bien rendu compte.
 
«  Et... C'est quoi ce jeu ? »
«  Pour faire simple, tu dois dégommer tous les zombies et autres monstres que tu vois. Plus tu en tue, plus tu gagnes des points mais leurs forces augmentent également au fil des niveaux. Mais évite d'exploser la cervelle aux passants ou aux humains parce que ça te fait perdre pas mal de points. »
«  C'est un jeu pour les sauvages ! »
«  Quand tu es énervé, ça te calme directement. Tu te défoules. Et puis... Tu y prends goût facilement. »
«  Ils peuvent me tuer ? »
«  Oui, si tu te laisses faire. »
«  Je vais mourir avant même d'avoir commencé. Le brun fit la moue tandis que son voisin rigolait doucementTe moque pas !»
«  C'est facile tu vas voir. Chacun son tour. »
«  Tu viendras me sauver ? »
«  Je ne peux pas, on n'est pas dans la même partie. C'est un affrontement, un duel. Mais je t'aiderai avec ta manette si tu veux ? »
«  Montre-moi le fonctionnement des boutons d'abord. »
 
 Louis prit sa manette en exemple pour lui montrer les différents boutons et touches qui lui seraient utiles lors de la bataille. Il lui exposa également ses astuces tout en faisant de grands gestes avec ses mains pour reproduire l'effet d'une bombe et cela faisait beaucoup rire le bouclé qui ne pouvait s'empêcher de le trouver adorable. Une fois les explications sur les règles du jeu terminées, ils commencèrent leur première partie. Elle s'avéra plutôt désastreuse pour Harry qui s'était fait tuer au bout de quelques minutes seulement, sous les moqueries de son voisin, mais elle se déroula dans une atmosphère agréable et en rigolade. Ils enchainèrent plusieurs duels, l'ainé les remporta tous mais il pouvait nettement remarquer que le brun faisait des progrès. Son ancien petit ami n'avait pas cette passion pour les jeux vidéo, il y avait toujours joué seul, et aujourd'hui partager sa deuxième manette avec quelqu'un lui procurait un bien fou. Il ne se sentait plus aussi délaissé qu'à son habitude, au contraire, il se sentait aimé à sa juste valeur. Bien que Harry soit encore un peu réservé, silencieux et timide, il ne pouvait qu'apprécier sa présence. Il n'en faisait jamais trop, restait poli et gentleman. Il semblait nettement plus à l'aise que la veille lorsqu'il était arrivé chez lui et c'était déjà un bon début. Louis ne souhaitait surtout pas le brusquer, il voulait y aller à petit pas, faire les choses en son temps et le laisser s'habituer.

 Ils terminèrent l'après-midi en s'occupant avec des jeux vidéo et en buvant des canettes de sodas tout en discutant de choses et d'autres. Ils n'avaient pas forcément traité des sujets importants mais ça leur suffisait largement, même s'il y avait quelques questions qui démangeaient le plus vieux. Harry avait encore le visage abimé, un bleu et des griffes sur les joues et sa lèvre inférieure fendue. C'était indispensable pour lui de savoir qui avait bien pu l'amocher à ce point. Peut-être était-ce quelqu'un qu'il connaissait. Mais pour en être certain, il devait avoir des réponses.
 
«  Au fait, tu... Tu comptes me parler de ce qui s'est passé hier ? »
«  Quoi donc ? »
«  M'expliquer pourquoi je t'ai retrouvé en sang sur le haut d'un pont par exemple. »
«  Louis, je.. »
«  J'ai besoin de savoir Haz. Le coupa-t-il en voyant bien qu'il ne voulait pas se confier. Pour t'aider à aller mieux, et pour ne pas que tu aies à porter ce fardeau tout seul. Tu sais que je serai toujours là pour t'écouter alors... Pourquoi tu as peur de te confier à moi ? Ça fait deux ans qu'on se connait, deux ans qu'on parle par téléphone et... Je ne peux pas faire comme s'il ne s'était rien passé. »
«  C'est... »
 
 Après tout, il pouvait lui faire confiance non ? C'était le seul qui l'écoutait et le comprenait depuis deux ans alors se vider un peu de ce qu'il avait sur le cœur. Ça ne lui ferait de pas de mal, au contraire. Il en avait grandement besoin.

«  Ce sont des gars de mon lycée, ils... Ils me charrient depuis que je suis scolarisé là. Au début ils ne faisaient rien de méchant, juste des petites farces, des mots dans mon casier, des cahiers de cours déchirés ou des conneries de ce genre mais... Je ne sais pas, hier ils m'ont chopé et ont commencé à me taper, me traiter de tous les noms. Ils ont appris pour mon homosexualité, peut-être par le biais de Zayn vu qu'il traîne des fois avec eux. Je n'en suis pas sûr. Ils... Ils ont su pour toi, pour le fait que je voyais un psychologue, encore une fois mon ancien meilleur ami était le seul à le savoir. Je ne comprenais pas bien ce qu'il se passait, mis à part le fait que je me faisais taper à sang. Au bout d'un moment, un surveillant est arrivé, j'étais à mon casier, et ils les ont stoppés. Je me suis enfui, je ne voulais pas être soigné je... Je voulais juste en... En finir. »
«  Et maintenant.. ? »
«  Là, ça va. Il sourit faiblement. Je me sens bien. Et c'est grâce à toi. »
«  J'ai juste fait ce qui me semblait normal. »
«  Tu m'as sauvé, tu m'as fait descendre de ce pont alors que... Que je ne pensais ne jamais avoir l'occasion de te voir. »
«  C'était mon travail avant tout. Je ne pouvais pas te laisser chuter, je n'aurai pas su continuer à vivre avec le poids de ton suicide sur ma conscience. Personne ne mérite de mourir d'une telle manière. »
«  Je ne sais pas si j'aurai vraiment osé sauter tu sais, au fond ça me faisait peur. Je tremblais. Je n'ai jamais eu le courage de mettre fin à mes jours. J'y songeais juste. J'essayais de trouver une manière rapide et efficace de me tuer, mais en y réfléchissant, je me suis rendu compte que ça ferait plus de mal que de bien. Ma mère en souffrirait atrocement. Je suis... Je suis brisé, et je n'arrive pas à me réparer. »
«  Alors... Le mécheux mit le jeu en pause et prit sa main dans la sienne, son regard azur posé sur luiLaisse-moi essayer. Laisse-moi te sauver. Je te promets que je ferai tout pour y arriver, je ne te lâcherais jamais. Tu mérites que quelqu'un se batte pour toi, tu mérites d'être heureux toi aussi. Donne-moi ta confiance, et je recollerai les morceaux. »
«  Louis, je te fais déjà confiance. Depuis longtemps. Je... Je suis tombé amoureux de toi, et je dois vraiment beaucoup t'apprécier pour que ça arrive.  Je ne suis pas quelqu'un de facile. »
«  Je le sais ça. Il sourit faiblement. Tu es quelqu'un de vraiment extraordinaire Harry. »
«  Tu te trompes, je suis comme tout le monde. »
«  Si tu étais vraiment ordinaire, tu serais venu consulter directement à mon bureau. Et non par téléphone. »
 
  Le brun baissa la tête sur leurs mains toujours enlacées et rougit. Louis n'avait pas tort, et là il marquait un gros point. En réponse, il se contenta de hausser les épaules, se rendant bien compte qu'il n'aurait pas le dernier mot cette fois-ci. Il semblait avoir trouvé quelqu'un possédant un caractère encore plus borné que le sien, mais ce n'était pas pour lui déplaire. Il aimait beaucoup de choses chez lui, mais par-dessus tout le fait qu'il lui tienne tête et qu'il ne le laisse pas se noyer dans l'eau glaciale qu'était sa vie.
 
«  Merci. Résonna alors la voix du mécheux. »
«  Pardon ? »
«  Merci de t'être confié, ça doit pas être facile je sais mais sache que... Je suis là. N'importe où, n'importe quand. Le matin, la nuit, le midi. Peu importe. Je serai toujours disponible. Tu as mon numéro, il suffit de m'appeler ou de m'envoyer un message pour que j'accours de ce pas te rejoindre. »
 
 L'ainé avait ce dont de lui ôter les mots de la bouche d'une façon si merveilleuse que ça lui retournait totalement l'estomac. Ne sachant quoi répondre, il passa simplement ses bras autour de sa taille pour lui procurer la plus douce des étreintes. Un sourire timide s'afficha sur ses lèvres tandis que son menton reposait sur son épaule, il reconnaissait la même odeur qu'il avait humée dans les draps ce matin, l'odeur de Louis. Ce parfum enivrant dont il ne pourrait jamais se lassé. Il savait que dans peu de temps il serait chez lui, dans son lit, seul sans la présence rassurante du châtain. Et ça lui procurerait surement un vide immense.
 
«  Je t'aime. »
 
 Ce n'était que de simples mots, anodins, que tout le monde balançait à n'importe quelle occasion de nos jours, tellement qu'on ne savait plus si ils s'avéraient sincères ou non. Et même si c'était un euphémisme, Harry sentait son cœur battre au plus profond de lui pour Louis. Parce qu'il savait que le bonheur se trouvait dans le creux de ses bras.
 

*   *   *

Deux semaines étaient passées. Les deux jeunes hommes entretenaient toujours leur relation, sans pour autant précipiter les choses. Ils y allaient à petit pas, surtout pour le bouclé. Leurs gestes devenaient plus certains, et ils n'avaient plus de mal à parler de leurs sentiments. Ils se voyaient le week-end, parfois un soir de la semaine, mais avec le travail et les études ce n'était pas simple de trouver des horaires convenables. Pourtant, ça ne les empêchaient pas de parler pendant une ou deux heures le soir par téléphone. Ils n'avaient jamais quitté cette routine, parce que c'était leur façon à eux de rester originaux et de garder des repères. Harry se sentait tellement bien, tellement... Heureux, qu'il ne pensait plus au fait que son meilleur ami l'avait fait souffrir. Les garçons qui l'avaient agressé avaient été exclus pendant trois semaines du lycée et passerait en conseil de discipline à leur retour. Personne ne lui avait posé de questions sur son agression, le principal lui avait conseillé de se rendre au bureau de la psychologue rattaché à l'établissement pour en parler à quelqu'un, mais il n'en avait aucunement besoin. Il possédait déjà un soutient. Bien plus important que tous les autres.
 
«  Louis ! »
«  Oui mon ange ? »
«  T'as triché la ! »
«  Ce n'est pas mon genre. »
«  Fais pas l'innocent. Tu as touché à ma manette pendant que j'étais parti chercher de quoi manger. »
«  Bien sûr que non. Sourit le châtain, amusé par le comportement enfantin et adorable du plus jeune. »
«  Mauvais jouer. »
«  Mauvais perdant. »
 
 L'ainé rit quand il reçut un coup de coude dans les hanches de la part du brun. Il affectionnait particulièrement ces moments où ils s'amusaient ensemble. Les jours sans son Harry lui paraissait bien triste et vide, bien sûr il avait le travail et ses patients pour s'occuper l'esprit mais quand il rentrait le soir... Sa vie devenait tout à coup plate et sans cette petite étincelle qui l'animait quand il était aux côtés de celui qu'il aimait. Il ne pouvait plus profiter de son sourire, de ses fossettes, de ses bras autour de lui, de ses baisers encore timides parfois, de sa voix encore plus grave au réveil, et surtout de sa présence. C'était toutes ces petites choses qui faisaient de lui l'homme idéal à ses yeux, mais il n'était pas capable de s'en rendre compte.
 
«  Pour la peine, je ferai un câlin au chat mais pas à toi. »
«  Haz, me dis pas que t'essaie de me rendre jaloux là ? »
«  Non, pas du tout. »
 
  Le ton du cadet était tout à fait ironique, et de toutes manières il ne savait pas mentir. Il n'avait jamais été doué pour ça. Il saisit le chat qui se trouvait au sol et, une fois assis en tailleur dans le lit le prit dans ses bras et lui caressa tendrement le pelage. Cette scène fit sourire Louis, il passa derrière le brun afin de ramener son dos contre son torse, ses boucles chatouillèrent son nez et ses lèvres s'étirèrent d'avantage. Ses bras enserrent sa fine taille et collèrent son corps plus encore au sien.
 
«  Dis trésor ? »
«  Oui ? »
«  Je peux te poser une question ? »
«  C'est ce que tu es en train de faire là, Lou. »
«  Non mais... Il sourit. Sur nous deux. »
«  Bien sûr je... Je t'écoute. »
«  J'aimerai savoir... Qu'est-ce qu'on est au juste ? »
 
 Cette question avait été évitée pendant un peu plus de deux semaines. Ils n'en avaient jamais évoqué le sujet mais ils ne pouvaient pas se contenter de le repousser indéfiniment même si le plus jeune ne se sentait pas prêt. Le châtain avait besoin de réponse, il avait besoin de savoir s'ils pouvaient mettre un nom sur leur relation. D'abord pour se rassurer sur le fait que Harry lui appartenait entièrement, puis pour concrétiser les choses entre eux.
 
«  Je pensais que tu le savais... »
«  On en a jamais parlé Harry. »
«  Tu sais, j'en ai jamais parlé avec personne avant. Je ne sais pas quoi dire et... J'ai peur de ta réaction si jamais on ne pense pas la même chose de notre relation. »
«  Dis-moi, tu en penses quoi toi ? »
«  Pour moi on est... On est ensemble. »
«  Pour moi aussi, mais je voulais juste en être certain. Tu ne dois pas avoir peur de me dire les choses Harry, je serai toujours là pour t'écouter. La confiance, c'est la base de l'amour. »
«  Je sais, je te promets de faire des efforts. »
 
 Le plus vieux sourit faiblement et embrassa l'épaule du bouclé au-dessus de son tee-shirt et inspira son odeur durant plusieurs minutes, les yeux clos. Il sentit une de ses grandes mains venir caresser les siennes, posées sur son ventre. Maintenant rassuré, il n'avait plus à s'en faire à propos de leur relation. Il sentait bien que son petit ami faisait des efforts pour que ça marche. Il se confiait plus, il lui dévoilait d'avantage de choses, d'anecdotes sur sa vie, son passé et ce qu'il avait sur le cœur. Il lui parlait du fait qu'il n'était pas encore prêt à annoncer à sa mère qu'il était amoureux et aussi en couple, malgré le fait qu'il allait nettement mieux aux côtés de celui qu'il aimait. Le psychologue lui procurait une certaine stabilité, un bonheur sans pareil, de l'amour mais surtout de l'espoir.Il lui apportait toutes sortes d'attentions, comme le ferait n'importe quel homme amoureux, et à travers toutes ces affections il se sentait revivre.
 
«  Alors... On est en couple ? »
«  Oui, en couple bébé. »
 
 Cette fois non plus Louis ne put réprimer son sourire. C'était la première fois qu'Harry utilisait ce genre surnom, un détail qui lui prouvait encore une fois qu'il faisait des efforts pour entretenir le lien qui les unissait. Attendrit, le châtain poussa le chat des bras de son bien aimé, allongea ce dernier sur son lit d'adolescent et vint se blottir tendrement contre lui. Il laissa ses yeux se balader sur son visage épuré, son corps, et chacune de ses courbes afin de s'imprimer de son image lorsqu'il fermera les paupières avant de sombrer dans le sommeil. La main du cadet vint timidement caresser sa joue, un sourire léger et fin sur ses lèvres roses. Il l'aimait tellement. L'ainé lui offrit un doux baiser avant de venir poser sa tête sur sa poitrine, là, tout près de son cœur qui battait uniquement pour lui.

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