Chapitre cinq.
Parfois, lorsqu'il lui arrivait de ne plus savoir dormir, Harry fermait les yeux et essayer de rêver à une vie meilleure et chaque fois les mêmes détails revenaient. Une grande librairie où il irait travailler accompagné de sa bonne humeur du Lundi au Samedi. Une pièce uniquement réservée aux livres où serait installé un ou deux fauteuils pour qu'il puisse venir s'y enfermer le temps de quelques heures et pourquoi pas une journée entière. Des fenêtres assez grandes qui, en hiver, donneraient une vue sublime sur la neige. Et bien entendu, la cerise sur le gâteau, un homme aimant à ses côtés. Ce dernier n'étant autre que Louis. Mais quand la réalité venait agripper son bras pour le ramener sur Terre, plus rien ne paraissait beau, plus rien n'allait. Tout devenait sombre. Il n'y avait plus la moindre étincelle de vie dans son monde. Les étoiles s'éteignaient pour se plonger dans un repos éternel. La véritable vie lui procurait la même sensation qu'une descente sans retour aux enfers. Une existence en feu. Le bouclé la passait à se remplir de tout ce qu'il était vide, et à se vider de tout ce qu'il était plein. Le « trop » devenait pesant et le « pas assez » insuffisant. Il se faisait littéralement violence pour ne pas en finir, une bonne fois pour toute et ainsi enterrer tous ses problèmes avec lui sous un tas de terre miteuse. Mais il avait juré. Il avait fait le serment de rester debout pour sa mère, de ne pas finir comme son père, de faire de son mieux pour réussir là où son géniteur avait échoué.
Durant presque une semaine il était resté cloitré entre quatre murs, ceux de sa chambre, allongé sur son lit ou assit en face de son bureau dans le but de poser des mots sur les sentiments qui affluaient en lui. Certains le tourmentaient, d'autres lui lacéraient douloureusement la poitrine. La solitude était devenue sa meilleure compagne, mais il y était habitué. Zayn ne l'avait pas appelé depuis la fête de Dimanche soir. Il n'essayait pas de savoir pourquoi. Son esprit n'était pas tourné vers ce problème. Pour le moment la seule image que son cerveau était capable de lui transmettre était celle de Louis, du moins celle qu'il se faisait de lui. Et nombreuses étaient les représentations. Sa mère ne disait rien mais n'était pas dupe pour autant, elle voyait bien que quelque chose dans son comportement n'allait pas, il descendait pour manger à peine la moitié de son assiette et remontait aussitôt dans sa chambre. Son antre. L'unique endroit où il se sentait lui-même. Il n'avait presque pas parlé depuis son retour de la fête non plus, mais il compensait avec l'écriture. Les mots l'aidaient à se délivrer du poids de l'enclume qui l'attirait au fond de l'Océan. C'était tellement intense parfois qu'il ne parvenait pas à poser une seule phrase sur le papier devant lui et quand enfin il y arrivait c'était une délivrance extrême. Presque le Paradis. Mais il savait bien que ce lieu n'existait pas. En aucun cas. Dieu non plus d'ailleurs. Sinon il aurait ramené son père à la vie depuis longtemps, et aurait alors guéris toutes les douleurs que sa mort avait infligé à sa mère. Il aurait également offert une meilleure existence à Harry, il lui aurait peut-être même offert Louis. Ethan n'aurait alors pas existé et jamais ses paroles ne l'auraient attaqué en plein cœur. Au point sensible. Là où résidait la plaie béante.
Prêt à plonger dans un sommeil, chose qu'il n'avait pas fait depuis longtemps, le bouclé fut réveillé par les vibrations de son portable dont il avait totalement oublié l'existence depuis des jours. Il ne s'était pas donné la peine de regarder si le moindre message avait été envoyé de la part de quelqu'un parce qu'il savait qu'il tomberait sur un écran vide. Simplement une conversation avec sa mère qui lui demandait de prendre du pain en rentrant de cours ou de ne pas l'attendre pour manger parce qu'elle rentrerait tard. Et Zayn qui lui avait clairement dit qu'il ne pouvait pas passer un Samedi avec lui parce qu'il se rendait à une fête. Il lâcha un soupir et saisit son cellulaire qui afficha un numéro loin de lui être inconnu. Son cœur tambourina dans une cadence affolante dans sa poitrine, mais il décrocha tout de même, la main tremblante.
« Allo ? »
« Harry ! Ça fait plaisir d'entendre ta voix mon dieu ! »
Le dit Hazza aurait presque lâché un soupir de soulagement tellement la joie d'entendre la voix de Louis était immense. Elle était colorée, pétillante et agréable. Sa poitrine se remplit d'une douce chaleur qui se propagea dans tout son ventre et lui procura un frisson. Mais il n'avait pas oublié les remarques d'Ethan pour autant, elles lui restaient en travers de la gorge, gravée au fer rouge dans son esprit alors...
« Bonjour Louis. Dit-il d'un ton plus dur qu'il ne l'aurait voulu.»
« Je viens de sortir de l'avion, Ethan est en train de nous réserver une voiture pour rentrer. Je suis épuisé. »
« Tu viens d'atterrir ? »
« Oui, je t'avais dit que je t'appellerai dès que je serai de retour. Tu t'en souviens ? »
« A dire vrai, j'avais oublié. J'ai pas mal était occupé. »
Mensonge. Depuis qu'il avait posé un pied chez lui il n'avait cessé de penser à ce moment où le psychologue l'appellerait, afin qu'il puisse se délecter du son de sa voix. Chaque seconde, chaque jour avait été une torture. Les heures avait défilé beaucoup trop lentement à son goût.
« Pas grave, ne t'en fais pas. Comment vas-tu ? »
« Bien, je suppose. »
« Et ta fête alors? »
« Ma fête? Questionna-t-il, les sourcils froncés.»
« Oui, celle dont tu m'avais parlé lors de notre dernier coup de fil. Celle chez Zayn. »
« Ah... C'était bien. »
Un mensonge de plus. Harry aurait voulu lui raconter toutes les atrocités auxquelles il avait assisté là-bas. De l'alcool, de la drogue et de la sueur qui lui était monté à la tête à tel point qu'il pensait qu'elle allait exploser. Sans parler de la musique qui lui avait agressé les tympans de la pire des manières. De ce garçon avec qui il avait couché dans la salle de bain. Sam ? Ou quelque chose qui s'en rapprochait... Lui expliquer qu'à chaque baiser il avait imaginé ses lèvres à lui sur son corps, que chaque caresse était l'œuvre de ses mains, de ses doigts, que chaque gémissement lui était dédié et le plaisir infini qu'il avait ressentis à la fin lui avait presque fait murmurer son prénom. Mais il préférait garder tous ces lourds secrets sur son cœur plutôt que de prendre le risque de perdre Louis à jamais. Ca ce serait l'enfer.
« Tant mieux que tu te sois amusé. Je suis content pour toi. »
« Comment s'est passé ton voyage ? »
« Parfait. C'était parfait mon dieu. Je crois que je n'ai jamais été si heureux. Tu aurais dû voir ça. La Tour Eiffel est un monument magnifique, encore plus que sur les photos. C'est impressionnant. Puis, il y a des coins vraiment sublimes. »
« Super alors. »
« Harry... Je voudrais t'envoyer une carte que j'ai acheté là-bas spécialement pour toi, ça te dérangerai de me fournir ton adresse ? »
« Je... Euh... Ce n'est pas... »
« Considère cela comme ton cadeau de Noël et je ne veux rien en retour. »
« Louis... Soupira-t-il en prenant place dans son lit.»
« S'il te plait Haz. Ça me ferait énormément plaisir que tu acceptes. »
« Je ne sais pas. »
« Oh allez !... Je n'ai pas dépensé des tonnes, juste quelques pièces, ça ne coûtais trois fois rien »
« Même. Je n'ai pas besoin que tu m'offres quelque chose. »
« Dis oui ! Le supplia-t-il comme un enfant, ce qui le fit presque sourire. Je t'en prie, c'est rien comme cadeau ça ! »
« On a déjà parlé Lou, je n'ai besoin de rien. Surtout venant de ta part. »
« Ça me rendrait heureux que tu acceptes. Ce serait... Comment dire... Mon cadeau de Noël. »
« Bon... Il poussa un long soupir et passa une main sur son visage. D'accord. D'accord je t'enverrai mon adresse par message. »
« Merci mille fois Harry. T'es le meilleur. »
Le meilleur des idiots, surement. Le bouclé avait toujours eu cette fâcheuse tendance à s'enticher des mauvaises personnes, il en avait eu la preuve avec son ex petit ami qui l'avait quitté –certes sans grande surprise à ses yeux parce que leur relation commençaient à battre de l'aile depuis quelques semaines- de la pire manière qu'il soit. Ses mots avaient été tranchants et froids. Comme un coup de poignard en plein cœur. Il lui avait clairement fait comprendre qu'il ne voulait pas d'un dépressif dans sa vie, qu'il ne pouvait pas continuer de vivre avec lui alors qu'il passait son temps à voir tout en noir et qui du coup ne prenait plus le temps de vivre. En définitive... Il ne l'avait jamais compris.
« J'espère que tu le recevra à temps pour Noël. Je sais qu'à cette période le courrier a du mal à circuler. »
« On verra. »
« Exactement... Oh je dois y aller désolé, je te rappelle demain comme d'habitude. Passe une bonne soirée Harry. »
« Toi aussi. »
« Bye. »
Et il avait raccroché sans même avoir pris la peine de lui répondre, fatigué de faire semblant. Fatigué de faire comme si tout lui glissé dessus. Il aurait aimé hurler à Louis qu'il l'aimait à s'en faire saigner le cœur, que son copain n'était qu'une crasse, qu'il ne pouvait pas tirer un trait sur eux à cause d'un homme qui ne pensait qu'à son bonheur personnel. L'âme égoïste. L'Univers égoïste. Mais Harry aussi l'était un peu, parce qu'il voulait le psychologue rien que pour lui, l'arracher au monde pour qu'il atterrisse dans ses bras. Pour qu'il le fasse vivre. Qu'il lui redonne goût à l'existence. Qu'il le fasse renaître.
Durant la semaine qui venait de s'écouler, le bouclé n'avait passé la plupart de son temps qu'à penser aux paroles d'Ethan. Elles le rongeaient de l'intérieur, le brûlaient, le consumaient et lui... Faible. Se laisser détruire. Sans rien dire. D'abord parce que personne n'était présent pour écouter tout ce qu'il avait concentré durant des années dans son esprit, malgré que Zayn soit son meilleur ami il n'avait connaissance que du strict minimum sur ses problèmes psychologiques. Il lui avait vaguement parlé du fait qu'il voyait un psy et le métis n'avait pas cherché à approfondir le sujet. Et d'un autre côté Harry ne souhaitait pas en parler. Simplement parce que c'était son histoire, son secret, son combat et qu'il ne se voyait pas mettre le monde entier au courant de ses démons. Mais actuellement, c'était un tout autre cas, il avait besoin de se confier, de pleurer des jours entiers, de hurler jusqu'à en perdre la voix, et peut-être d'avoir le courage de tout raconter à Louis. Pourtant il ne pouvait pas choisir cette dernière option, il devait la rayer définitivement, parce que c'était prendre le risque de le perdre et ça il n'y survivrai pas.
* * *
Pour faire passer la journée plus rapidement à son goût, le bouclé avait proposé à sa mère de l'accompagner en ville histoire qu'ils passent d'avantage de temps ensemble, qu'ils se retrouvent comme au bon vieux temps où l'autodestruction ne lui était pas encore venue à l'esprit, et où le moindre problème avait sa solution. Une époque qui lui semblait bien lointaine à présent. Il aurait tout donné pour retourner quelques années en arrière, pour être capable, avoir le courage d'empêcher son père de faire de leurs futures vies un cauchemar, alors il n'aurait surement jamais croisé le chemin de Louis et peut-être son existence aurait été meilleure sous ce point de vue-là. Mais le passé se devait d'être enterrer, d'être mis derrière soi et non devant afin de toujours avoir la possibilité d'aller de l'avant. Au fond, le problème de Harry se trouvait à ce point précis, il était tout bonnement incapable de faire table rase du passé.
Ils s'étaient d'abord rendus au centre commercial à proximité de chez eux, même s'ils n'avaient presque rien acheté durant la sortie, entrepris une balade dans les rues marchandes puis venaient de se commander un chocolat à la terrasse d'un café. Leurs sujets de conversations jusqu'ici avaient été divers et variés, ils s'étaient raconter quelques anecdotes au bureau ou au lycée, et avait discuté de toutes sortes de choses.
« Et alors, cette fête chez Zayn ? »
« Oh, tu sais... »
De mauvais souvenirs lui revenaient à l'esprit, l'alcool qui lui brûlait la gorge et l'empêchait d'agir de façon rationnelle, la musique qui lui déchirait les tympans, l'odeur de la drogue qui faisait montait en lui une nausée atroce et la folie qui commençait à prendre une totale possession de son corps. Et en premier lieu son cerveau. Comme s'il s'était amollit le temps d'une soirée, qu'il avait oublié toutes formes de règles ou de limites et qui l'avait poussé à faire des choses qu'il n'aurait jamais osé faire en temps normal. Surtout, ce qui regrettait par-dessous tout, le fait d'avoir offert son corps à un pur inconnu. Inconnu dont il ne connaissait –au final- rien de plus que le prénom. Le brun se sentait salit, immonde et faible. Même s'il n'avait eu à l'esprit que l'image de Louis durant tout cet échange corporel, ô grand bien cela lui fasse, en sortant de la maison de son meilleur ami, il s'était sentit répugné par ses propres actes. Et il n'avait aperçu en lui qu'une part d'ombre, entièrement noire.
« Je ne pense pas que j'irai à ce genre de soirée tous les jours. »
« C'est l'occasion de se faire des amis. »
« J'en ai. »
« A part Zayn et ceux à qui tu parles par internet, je veux dire. »
« Et bien... Il porta la tasse de chocolat chaud à ses lèvres pour en boire une gorgée. Je ne communique plus avec eux, j'ai arrêté mon blog. »
« Oh. Ça avait l'air de te faire du bien pourtant c'est dommage. Depuis quand ? »
« Quelques mois. »
« Alors tu n'as pas cherché à rester en contact avec eux, bien que ce ne soit que des gens derrière des écrans, et que je n'encourage pas ce genre de relation, c'est tout de même un soutien en plus. »
« Disons plutôt qu'il n'ont plus cherché à me parler une fois que mes articles ont été mis hors ligne. »
« Tu sais, j'ai l'impression de parler à un inconnu depuis un certain temps et pas à mon fils... »
« Maman... »
Le jeune homme poussa un soupir face aux paroles douloureuses de sa génitrice puis décroisa ses mains pour venir les lier aux siennes. S'il y avait bien une personne au monde qu'il ne voulait pas blesser c'était elle, elle qui apportait de la lumière dans sa vie, une touche de bonheur, qui arrivait à lui décrocher un sourire. Chose ô combien difficile. Lui voulait simplement qu'elle redevienne ce bout de femme qu'il avait connu, que la joie rayonne à nouveau en chacun de ses traits, qu'elle ne se force plus à paraître bien lorsqu'il était là, qu'elle se reconstruise et il savait qu'elle n'y parviendrait pas sans son aide.
« Écoutes, je... Je sais qu'on s'est pas mal éloigné pendant un long moment, et je suis désolé pour ça mais j'avais vraiment besoin de prendre du recul. Pas forcément parce que j'aillais mal, mais simplement pour me remettre les idées en place. Ce n'est pas pour autant que tu n'es pas une mère formidable, au contraire, tu as toujours fait en sorte d'être présente pour moi au moindre problème et tu sais quoi... Je ne réalise même pas la chance que j'ai d'être ton fils. C'est une opportunité. Et pourtant je ne fais rien pour te rendre fière de moi. Je reste la plupart de mon temps dans ma chambre, je ne parle presque jamais quand on se retrouve à deux, je suis égoïste, colérique et insupportable. Malgré tous les défauts que je peux avoir, tu restes là, tu m'aides à remonter la pente, tu prends mon poids sur tes épaules et ça... Ça c'est remarquable. T'extériorise tout mon mal. T'es la part de soleil dans ma vie, merde c'est... Tu es une mère merveilleuse, n'en doutes jamais. »
En réponse, incapable de prononcer le moindre mot tellement l'émotion lui coupait la parole, elle lui adressa un sourire sincère alors que ses yeux devenaient vitreux. Elle resserra le contact qui les unissait et le regarda avec tout l'amour qu'une mère pouvait porter à son fils. Un amour inconditionnel. Qui défiait toutes autres formes d'affection. Qu'on ne pouvait contredire et surtout briser. Parce qu'ils savaient qu'à deux ils avaient les armes pour réussir malheureusement ils n'en connaissaient pas encore le fonctionnement.
« Tu sais, ça peut paraître futile, mais c'est grâce à toi que j'ai su assumer mon homosexualité. Je veux dire... Tu as été la première à me dire que n'importe quelle forme d'amour était possible, que je ne devais pas avoir honte d'aimer les hommes même si j'en suis un, que j'avais juste à comprendre que le sentiment amoureux n'avait pas de sexe... Tu m'as ouvert les yeux maman, au moment où j'en avais le plus besoin, au moment où j'étais totalement perdu. Et pour ça, tu mérites tout le respect et l'amour du monde. »
« Harry... Elle inspira un grand coup, un léger sourire sur le coin des lèvres. Tes choix déterminent qui tu es, et si tu dois bien retenir une chose, c'est que tu ne dois pas t'en priver parce que certains prétendent qu'ils sont interdits ou mauvais. Je t'ai simplement appris à rester toi-même. A rester mon fils. Et crois-moi, l'amour que tu m'offres est déjà assez énorme comme ça. »
« Je ne sais pas si... Il hésita un instant puis fronça les sourcils. Tu penses que papa serait fière de moi s'il était encore là ? »
« Oh que oui Trésor, très fière. Il aurait aimé partager plus de choses avec toi de son vivant, il rêvait de t'emmener voir un match de foot, il avait toujours voulu écouter ses vieux morceaux de rock en ta compagnie pendant que vous seriez occupé à réparer sa voiture dans le garage alors que moi je serai en train de préparer le repas. Il t'aimait réellement chéri, le problème c'est qu'il n'a pas vécu assez longtemps pour te le faire savoir de vive voix. »
Harry baissa la tête sur sa tasse et rapporta ses mains sur ses cuisses, elles tremblaient légèrement à cause du froid mais surtout à cause de l'évocation de son géniteur. Le sujet avait toujours été ardu et abrupt à gérer. Il n'avait eu le droit qu'à dix petites années à ses côtés, dont la plupart n'étaient pas encore apte à reconnaitre une figure paternelle car il devait d'abord apprendre à parler, à marcher et à faire une nuit complète, avant qu'on ne le lui arrache brutalement. En somme, il ne savait pratiquement rien de son père, à part ce que lui racontait parfois sa mère quand elle en avait le courage, et surtout le brun évitait de lui poser des questions quand il voyait qu'elle n'était pas dans ses jours de bien-être.
« Enfin bon, ne nous attardons pas sur ce sujet, ça va te faire plus de mal qu'autre chose... J'aimerai savoir quelque chose, j'ai remarqué qu'en ce moment tu as l'air un peu plus serein que d'habitude, alors... Elle se pencha légèrement vers lui. Est-ce qu'il aurait un beau jeune homme qui ferait battre le cœur de mon fiston? »
Le bouclé releva le regard vers sa parente qui lui adressa un clin d'œil, de son côté il afficha un demi sourire amusé sur le coin de ses lèvres et leva les yeux au ciel, mais ne dit rien. C'était peut-être, surement même, le moment propice pour annoncer à sa mère qu'il était amoureux d'un bel imbécile qui avait su l'éloigner du gouffre se creusant en dessous de ses pieds, qui le maintenait en vie depuis deux ans, qui lui redonnait le sourire, mais qui avait pour compagnon le pire des tyrans qu'il puisse exister sur Terre. Un tyran dont les mots étaient pires qu'une douche sous acide, qu'un venin de serpent qui attaquait les veines. Il n'était pas encore prêt à avouer ses sentiments à qui que ce soit, même à la personne envers qui il avait une confiance aveugle. Pour le moment, le brun préférait intérioriser, garder ce secret enfoui en lui au risque d'exploser, c'était nettement moins dangereux que de l'avouer à Louis.
« Il n'y a personne, non. »
« Oh, j'en étais pratiquement certaine. Tu es presque rayonnant ces jours-ci. »
« Navré de te décevoir maman, mais il faut croire que tous les gays du pays sont pris. »
« Crois-moi, ils ne savent pas ce qu'ils ratent. »
« Je ne sais pas mais... A mes yeux, ce n'est pas important pour le moment. L'amour peut attendre. »
« Justement non, tu n'as qu'une vie Harry, elle passe trop vite, et il ne faut pas la gâcher en laissant passer le bonheur... Si tu aimes quelqu'un, fonces et ne renonces pas. Jamais. Crois moi, je sais de quoi je parle. »
Même si cela pouvait faire du mal à la personne qu'il aimait ? Le bouclé ne se voyait pas annoncer de bout en blanc à Louis que ses sentiments à son égard dépassé l'amitié, la fraternité et même son espérance. Il s'était juré, jusqu'à s'en faire violence, qu'il ne s'attacherait plus à des personnes qu'il ne pourrait jamais avoir et pourtant... Louis était le pire de tous. Premièrement parce que quelqu'un partageait déjà sa vie, et qu'envisager une relation entre psychologue et patient n'était pas quelque chose de saint. D'abord pour la santé mentale de Harry, bien qu'une présence aussi forte pourrait l'aider, et également parce que le fait de ne s'être jamais vu les faisaient douloureusement revenir à la réalité. Se fracasser les pieds sur terre.
Malgré ces points négatifs, le brun ne parvenait pas à réprimer ses sentiments, ce sourire qui illuminait son visage lorsqu'ils se parlaient, et son esprit qui ne voyait que par son unique image. L'ainé lui était venu en aide tellement de fois, il était le seul à connaître ses faiblesses, ses points forts, le seul à pouvoir le reconstruire ou le détruire. Et, il le savait, tout n'était qu'une question de mots. Parce qu'ils touchaient plus profondément que les gestes, ils savaient exactement quel chemin prendre pour trouver la faille. Le point fatal.
Il se contenta d'offrir un sourire crispé à sa mère. Effectivement, elle savait de quoi elle parlait. L'homme à qui elle était mariée s'était tiré une balle dans la tête juste sous ses yeux. C'était le pire acte qu'elle avait eu à subir. Mais surtout à surmonter. A plusieurs reprises elle avait croulé sous le poids du désespoir et de la tristesse, tombant dans une longue période où elle passa son temps à broyer du noir, mais Harry l'admirait pour sa force à toujours se battre afin de se relever et d'affronter fièrement la vie. Parce qu'elle avait peut-être perdu l'homme qu'elle aimait, celui avec qui elle avait donné naissance au bouclé, son plus beau cadeau, mais elle avait fini par se dire qu'en continuant de vivre elle ferait de même avec la mémoire de son mari.
« Tu sais chéri, c'est bientôt Noël et j'avais pensé qu'on pourrait se faire livrer un sapin et qu'ensuite on le décorait à deux. Ce serait un bon moyen de se détendre et de passer du temps ensemble. »
« J'en serais ravi maman. Il sourit en penchant légèrement la tête sur le côté. Mais il faudrait qu'on aille les chercher aujourd'hui, c'est dans quelques jours et il risque de ne plus rien avoir en rayon. »
« Alors viens, j'ai repéré un magnifique petit magasin de décoration quelques rues plus haut. »
Elle déposa un billet sur la table, en dessous de sa tasse de café vide, et empoigna son sac qu'elle remonta sur son épaule. Harry prit les quelques sachets plastiques qui trainaient au sol et emboîta ses pas. Le soleil commençait déjà à se coucher derrière les maisons et les grands bâtiments qui étaient spécialement ornaient des plus belles décorations pour Noël. Des guirlandes en tout genre, des jeux de lumières, et des sapins décorés de la tête aux pieds. Tout était mise en œuvre pour faire de cette fête la plus mémorable de toutes. Les enfants s'émerveillaient devant chaque vitrine, leurs yeux brillaient d'une étincelle de bonheur, leurs lèvres se fendaient en un sourire qui aurait pu leur déboiter la mâchoire, et cette joie rendait presque Harry dans le même état d'euphorie. A cette époque, tout le monde revenait quelques années en arrière et retrouvait son âme d'enfant. Et rien n'était plus bénéfique que de retrouver son innocence le temps d'une soirée.
Après avoir déambulé près d'une heure dans les rayons à discuter des guirlandes qui s'accorderaient le mieux avec la décoration du salon, et se décider pour le sapin ne soit pas trop chargé, ils sortirent du magasin avec deux sacs en plus aux bras. Vingt heures avait sonné et il ne restait maintenant dans les rues plus que les couples qui se baladaient. La joie du bouclé s'était soudainement envolée.
« Est-ce qu'il y a quelque chose en particulier qui te ferait plaisir pour Noël ? »
« Je n'ai besoin de rien, non. »
« Tu sais généralement ... Les adolescents de ton âge demandent de l'argent, un nouveau téléphone, des vêtements ou bien même l'ordinateur dernière génération. »
« Faut croire que je ne suis pas comme eux. »
« Il n'y a pas des livres que tu voudrais avoir ? »
« Pas pour le moment, et tu sais que je les achète toujours avec mon propre argent. »
« Tu m'as dit la même chose l'année dernière trésor. Je ne sais plus quoi t'offrir. »
« Sincèrement. Il tourna le regard vers sa génitrice qui faisait facilement une tête de moins que lui. Je voudrai qu'on passe la soirée de Noël ensemble, rien que nous deux, et que tu me prépares l'un de tes plus bons repas. Simplement ça. »
« Alors que toi tu m'offriras encore un cadeau qui t'aura coûté toutes tes économies. »
« Ca. Il passa un bras autour des épaules de la brune et lui embrassa le front. Ce sont mes affaires. Maintenant on ferait mieux de se dépêcher de rentrer, il fait de plus en plus froid et on a une maison à décorer. »
* * *
Tout était prêt. Le repas au four. Le sapin et diverses décorations allumés. Un fond de musique d'une sonorité assez basse pour que les conversations soient audibles et que l'atmosphère soit agréable. Un feu ardent crépitant dans la cheminée. Des fins flocons de neiges qui tombaient au dehors. Les cadeaux déjà déposés au pied du sapin. La maison était embaumée d'un doux parfum de différents repas mélangés. La parfaite représentation de Noël. Harry s'afférait à aider sa mère à mettre en place la table, bien qu'ils n'attendent personne pour cette fête. Il aurait aimé inviter Zayn à passer le réveillon en leur compagnie mais il n'avait répondu à aucun de ses messages ou appels et ne daignait pas donner de ses nouvelles. Le bouclé préféra ne pas se prendre la tête sur ce détail pour le moment et irait lui en parler à la rentrée. Ce soir, il voulait simplement profiter de la présence de sa mère et du bonheur qu'elle lui offrait. Et à côté de ça, aucun cadeau au monde n'avait de valeur.
La sonnerie de la porte d'entrée retentit. Lui aurait-elle cachée un invité surprise ? Il abandonna sa disposition des couverts en tout genre et quitta le salon alors que sa mère lui criait d'aller ouvrir parce qu'elle était occupée avec la préparation d'un de ses gâteaux. Il était plus de vingt et une heure et il ne voyait pas qui pourrait leur rendre visite à cette heure -si- tardive. Avec lassitude, le cadet ouvrit la porte et la première chose sur laquelle son regard tomba fut une boîte en carton d'une taille moyenne et un homme d'une trentaine d'année portant un bonnet avec une patte de chien dessus.
« Bonsoir, je cherche... Il jeta un coup d'œil à un papier qu'il tenait dans sa main droite. Harry Styles ? »
« C'est moi. »
« Ah, ouf ! Je ne me suis pas trompé d'adresse. Avec toute cette neige c'est difficile d'y voir clair, je suis un peu en retard je devais venir une heure plus tôt mais il y a eu un accident sur la route. Enfin bref... Vous devez surement être occupé alors je vous demanderai simplement une signature de reçu et je vous laisse. »
« Je... Je ne comprends pas. »
« Le colis. Il est pour vous. C'est un cadeau. »
« Un cadeau ? »
« Oui, vous savez pour Noël. »
« De la part... ? »
« Monsieur... Il regarda une nouvelle fois sa feuille. Louis Tomlinson... Normalement on ne livre pas aussi tard les jours de fêtes mais il a insisté pour que vous l'ayez absolument ce soir. Vous êtes mon dernier client.»
Harry resta bouche bée. En plus de passer pour un idiot écervelé devant ce livreur, qui lui tendait un papier à signer et un stylo, il devait également passer pour un incapable. Il aurait très bien pu rester des heures planté sous le froid glacial et la neige sans pour autant ressentir la moindre envie de bouger. Louis lui avait acheté un cadeau. Il lui avait acheté un cadeau alors qu'il avait fortement insisté pour qu'il ne lui achète rien. Simplement parce qu'il lui offrait déjà tout ce qui lui était nécessaire. Sans lui, il ne serait surement plus là pour assister à ce Noël. Il lui devait sa vie.
« Monsieur... ? »
« Je... Désolé. »
Le brun saisit le stylo que l'homme lui tendait et signa d'une main tremblante le papier qui stipulait qu'il avait bien reçu son colis et lui donna ensuite ce dernier. Malgré qu'il soit assez large d'apparence, son poids était tout ce qu'il y avait de plus léger. Des milliers de questions et d'hypothèses se bousculaient dans la tête d'Harry. La première étant de refuser ce cadeau mais Louis avait dû se donner un mal fou à le faire parvenir alors... Il en discuterait avec lui.
« Merci beaucoup. Passez une bonne soirée et joyeux Noël. »
Il ne prit même pas la peine de répondre au livreur qui se dirigeait déjà vers sa voiture et tournait –avec difficulté- à l'autre bout de la rue. En vérité, il ne s'en préoccupait même pas, il se concentrait uniquement sur les battements de son cœur qui déchirait sa cage thoracique et résonnait dans ses oreilles comme une fanfare. Il fallut plusieurs minutes au bouclé avant qu'il ne se décide à rentrer à l'intérieur et fermer la porte. Le carton toujours dans les mains, il jeta un regard vers le salon mais sa mère semblait encore être occupée dans la cuisine.
« C'était qui Harry ? »
Ce dernier hésitait à en toucher un mot à sa parente, d'un côté il pouvait dire que ça venait d'un ami mais... Lequel ? Et d'un autre cacher l'existence de ce cadeau et prétexter que c'était une erreur. La deuxième solution lui paraissait la meilleure.
« Une... Une personne qui passait pour une offre d'abonnement à une chaîne télévision. »
« Chaque année c'est la même chose à cette époque. Ça devient agaçant. »
« Je vais changer de pull, j'ai trop froid avec celui-ci, je reviens. »
« D'accord mais fais vite, le dîner est presque prêt. »
Sans attendre, Harry se précipita dans sa chambre qu'il ferma derrière lui et posa le carton sur son lit. Il l'observa un moment et hésita à l'ouvrir. La curiosité le piquait à vif, de plus qu'un bruit étrange semblait sortir d'entre les petits trous qui parsemaient les côtés de la boîte, mais il ne pouvait pas accepter un cadeau. Même si ce n'était pas d'une grande valeur. Après avoir mûrement réfléchit, il se décida à défaire le nœud et le scotch qui entouraient le colis afin qu'il soit bien protégé. Il se posait des tas de questions sur ce qui pouvait potentiellement se trouver à l'intérieur. Des livres ? Étant donné que leur plus récurent sujet de conversation était la littérature. Un souvenir de Paris ? Pourtant il ne lui avait promis qu'une simple carte de la Tour Eiffel. Quelque chose de léger en tout cas. Et qui prenait un peu de place. Le jeune homme ne laissa pas l'impatience le ronger plus encore, il souleva le couvercle et ce sur quoi il tomba dépasser toutes ses espérances. Toutes ses idées venaient de s'effacer en deux secondes. A la vitesse de la lumière. Il était à la fois surprit et touché. Dans le bon sens. Mais il ne pouvait pas accepter un tel cadeau. Son esprit décida à sa place, il saisit son portable et composa directement le numéro de l'expéditeur. Une sonnerie. Deux sonneries. Puis sa voix.
« Ah bonsoir Harry, j'attendais ton coup de fil ! »
« Je refuse d'accepter un tel cadeau. Répondit-il précipitamment et très sérieusement.»
« Joyeux Noël à toi aussi Haz. »
« Tu es complètement dingue Louis. Je n'ose même pas imaginer combien tu as du dépenser. »
« C'est un secret, ce genre de chose ne se dit pas. Tu devrais le savoir. »
« Tu m'avais dit que tu devais envoyer une carte, je te faisais confiance. »
« Elle y est. Regardes au fond de la boîte. »
« Peut-être mais ça ne change rien au fait que... Je ne peux pas le garder. »
« Harry... »
« C'est un chat Louis, un putain de chat ! »
« Un chaton, nuance, il est né il y a à peine trois semaines. »
Le plus jeune soupira en sortant du colis l'animal encore endormi. Le bruit qu'il avait entendu tout à l'heure étant donc son minuscule ronflement. Il le déposa sur la couverture sur laquelle il reposait précédemment dans le carton et s'étonna lui-même à venir caresser son pelage. Doucement. Attendrit. Il n'osait même pas penser à ce que dirait sa mère si elle parvenait à découvrir cette boule de poil dans sa chambre. Elle le bombarderait surement de question. Il saisit une enveloppe restée au fond de la boîte qu'il ouvrit rapidement. Une photographie en noir et blanc de Paris. De la Tour Eiffel. Louis s'était souvenu qu'il aimait les clichés de style ancien. Il la retourna et, pour la première fois depuis leur rencontre, découvrit l'écriture de son psychologue. Elle lui souhaitait simplement de bonnes fêtes et lui demandait de ne pas lui en vouloir pour ne lui avoir rien dit.
« Je pensais que ça te ferais plaisir. Je sais que tu te sens seul, que ton meilleur ami n'est pas souvent là pour toi, et que tu as besoin d'une présence constante. Puis aussi... tu m'avais dit que tu rêverais d'avoir un chat alors... »
« Tu... Il soupira. Comment veux-tu que je m'occupe d'un chaton alors que je suis incapable de m'occuper de moi-même. »
« Quand je l'ai acheté à l'animalerie, je me suis dit que ce serait un bon moyen pour toi de penser à autre chose, d'enfin pouvoir mettre de l'affection en un être. Peu importe qu'il soit Homme ou animal. Il y en avait plusieurs mais c'est celui-ci qui a particulièrement attiré mon attention et tu sais pourquoi ? »
« Non, mais tu vas me le dire. »
« Parce qu'il me faisait penser à toi, Harry. »
« Dans ton esprit tu me vois comme un chat alors ? »
« Non. Il mêla son rire à celui du bouclé. Je veux dire... Il était enfermé dans une grande cage avec ses frères et sœurs, eux étaient regroupés près de la mère, et lui resté à l'écart des autres. Solitaire. Fragile. Mais tellement différent que je m'y suis tout de suite attaché. »
« Dans ce cas, tu aurais dû le garder pour toi. »
« Je ne peux pas. Ethan est allergique aux poils de chats. »
« Oh. »
« Ecoutes... Tu es un être incroyable Harry, mais le problème c'est qu'on t'a plongé en enfer tellement de fois qu'à présent tu es incapable de t'en rendre compte. Mais je suis là pour t'ouvrir les yeux, pour te montrer et te faire toucher toutes ces lumières qui scintillent en toi. Et je te fais la promesse d'y parvenir. Tu mérites d'être aimé, et je ferais tout ce qu'il faut pour que ça arrive. »
Tout se mélangeait et se confondait dans la tête du bouclé. Les paroles de Louis, ses sentiments à son égards, les mots empoisonnés d'Ethan, ses avertissements, les images de la soirée chez Zayn qui lui revenaient à l'esprit, et ce n'était pratiquement des mauvais souvenirs. Des fantômes qu'il ne souhaitait pas ressasser. Il était perdu. Totalement égaré. Si bien que les larmes ne tardèrent pas à dévaler sur ses joues rougies. La fatigue, le stress, les sentiments qu'il devait refouler, et son mal-être pesait lourdement sur lui. Si lourdement qu'il avait fini par craquer. Il s'était juré de ne jamais pleuré devant l'ainé. De toujours jouer la comédie et paraître continuellement fort. Mais ses limites ne pouvaient plus être repoussées. Il venait de franchir la ligne rouge. Sa gorge se nouait, il fermait les paupières pour retenir un maximum les perles salées qui voulaient en sortir malheureusement il n'avait plus assez de force, de conviction pour y parvenir. Ses faiblesses venaient d'être exposées au grand jour.
« Harry ?... Tu... Est-ce que tu pleures ? »
Entendre la personne dont il était éperdument amoureux dire cette phrase était encore plus douloureux que de recevoir un coup de poignard dans le cœur. C'était comme si on s'amusait à faire tourner le couteau doucement dans la plaie. Il était tout bonnement incapable de se contrôler, la preuve étant que ses membres ne cessaient de trembler. Et que les paroles qu'il s'apprêtait à prononcer le consumeraient intégralement de l'intérieur.
« F.. Faut qu'on arrête Louis. »
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