Chapitre neuf.

« Je veux vous parler en première, Camila. » Déclara la thérapeute en se levant, indiquant à la châtain de la suivre dans une pièce adjacente à son bureau, réservée à ce genre de rendez-vous.

Camila hocha la tête et l'accompagna, ses yeux inspectant la pièce avec curiosité. Elle était meublée plutôt simplement : deux chaises encadraient une table, une immense baie vitrée permettant d'éclairer l'espace.

« Asseyez-vous, s'il vous plaît. » Sarane lui sourit, prenant le siège le plus proche de la fenêtre.

Camila s'affala sur le siège et croisa les bras sur sa poitrine, fronçant les sourcils. « Donc, de quoi est-ce que vous voulez parler ? »

« Eh bien, pour commencer, si vous me disiez comment s'est passé votre devoir ? » Interrogea la thérapeute en ouvrant son carnet à une page vierge.

La châtain mordit sa lèvre. « C'était... Okay. »

Sarane haussa un sourcil. « 'Okay' ? Vous pouvez développer ? »

« Donc... On est restés ensemble pendant deux heures, puisque c'était le seul moment où la salope était libre, et on a discuté, la salope n'aime pas beaucoup socialiser, donc elle n'a pas dit grand chose mais au moins elle n'a embêté personne. »

« Et qu'est-ce que vous pensez de ses amis ? »

Camila cligna des yeux. « Je n'ai aucun problème avec ses amis. Sa sœur est cool, un peu bizarre, mais cool, et Orane est comme une sœur pour moi. Dinah est une de mes amies, Louis et Harry sont sympas aussi. » Elle haussa les épaules.

« Hm. » Sarane nota quelque chose.
« Maintenant dites-moi qui a fait le premier pas ? »

« Et, qu'est-ce que vous voulez dire ? »

« Je veux dire, qui a demandé à l'autre de sortir avec elle ? »

« Oh, c'est moi qui l'ai demandé à Lauren. » Camila sourit. « Nous étions amies depuis nos quartes ans, et l'année de nos dix-huit ans, j'ai finalement proposé. »

« A-t-elle aussitôt accepté ? »

Camila s'esclaffa. « Bien sûr que non. J'ai dû la poursuivre pendant des mois avant qu'elle ne finisse par accepter, et il a fallu un an avant qu'elle ne commence à nous considérer comme un couple. Elle n'est pas très douée avec les sentiments. »

« Oui, j'avais remarqué. » Marmonna Sarane.
« Comment vos amis ont-ils réagi quand vous vous êtes mises ensembles ? »

Camila hésita, se remuant nerveusement sur sa chaise. « Eh bien... Ils ne l'aiment pas vraiment. Je veux dire, ils ne la détestent pas, mais Lauren n'est en général pas exactement des plus plaisantes, et mes amis et elle sont comme chien et chat. Ils m'ont dit d'être prudente mais ils me soutiennent. » Elle ne jugeais pas utile de mentionner que Sarah voulait qu'elle prenne quelqu'un d'autre.

« C'est sans doute personnel, mais qu'est-ce qui vous attire chez Lauren ? Vous avez-vous même dit qu'elle n'était pas vraiment
plaisante. »

La pièce tomba un instant dans le silence. Sarane ne fit rien pour le briser, sachant qu'elle devait laisser du temps à sa cliente pour réfléchir à sa réponse.

« Ce qui m'attire ? Je ne sais pas vraiment. » La châtain haussa les épaules. « Je l'ai toujours apprécié, dès le début, même si elle agit toujours comme si elle avait un balai dans le cul mais je sais qu'elle peut être agréable, quand elle veut. Ce n'est pas tout le temps une salope. C'est juste l'impression qu'elle donne, parce que son père leur a appris, à elle et à son frère, à ne montrer aucune émotion - qui pourrait devenir une faiblesse. » Son regard dépassa la thérapeute pour se fixer sur la fenêtre. « Elle a toujours voulu impressionner son père, donc elle a appris à placer un masque sur son visage. Je ne peux pas vraiment expliquer ce qui m'a attiré chez elle. Il faut vraiment bien la connaître pour comprendre pourquoi je l'aime. » Elle sourit avec douceur.
« Je suis l'une des rares à qui elle a montré qui elle était réellement je suppose que c'est l'une des raisons pour lesquelles je l'aime. Je sais qui elle est, et j'aime cette personne. »

Sarane hocha pensivement la tête. Ça avait du sens. Elle ne comprenait pas tout à fait l'affection de Camila, parce que d'après ce qu'elle avait vu jusque là elles étaient de parfaits opposés, mais n'y avait-il pas un proverbe qui disait que les opposés s'attirent ? Peut-être que c'était le cas pour elles.

Elle hésita un peu avant de poser sa question suivante. « À votre avis, pourquoi les choses ont-elles commencé à se dégrader entre
vous ? »

Camila se raidit, et durant un long moment aucune d'elles ne parla.

« Je ne sais pas. » Camila semblait abattue.
« Peut-être parce que j'ai commencé à travailler ? Ou peut-être parce qu'elle a pris la relève de son frère à la compagnie ? Je ne sais vraiment pas. Ça a juste commencé à se casser lentement la figure et je n'y ai jamais fait attention avant d'entendre mes collègues parler de leur vie sexuelle, et réaliser que nous n'avions rien fait depuis plus d'un an. » Elle leva tristement les yeux sur la femme aux cheveux argent. « Pensez-vous que nous ayons encore une chance ensemble ? »

Sarane prit une profonde inspiration. « Je ne peux pas vous dire cela, Camila. Nous devons attendre, et voir les résultats de nos sessions avant de parler du futur. Mais ne perdez pas espoir. J'ai déjà eu de pires cas. »

Camila rit à voix basse. « Ça me rassure grandement. » Plaisanta-t-elle.

Sarane sourit largement. « Bien, c'est tout pour aujourd'hui. Pouvez-vous m'envoyer votre petite amie ? »

Camila hocha la tête et disparut hors de la pièce. Une minute plus tard, son siège était occupé par Lauren a l'air renfrogné, qui finirait sans doute par brûler quelque chose avec ses yeux si elle continuait comme ça.

« Alors, qu'avez-vous pensé de votre dernier devoir ? » Demanda Sarane avec un sourire lumineux, tournant une nouvelle page.

« C'était inutile, stupide, et a seulement confirmé ce que je savais déjà. » Répondit sèchement Lauren, son regard toujours aussi noir.

« Vraiment ? Ils n'ont donc pas pu vous faire changer d'avis ? » Demanda la thérapeute avec un "hm".

« Non. »

« Hm, j'avais espéré qu'en leur parlant vous changeriez d'avis sur eux. » Soupira Sarane.
« Très bien dites-moi, qu'est-ce qui vous attire chez votre fiancée Camila ? »

Lauren la fixa impassiblement.

« Allons, vous deviez bien avoir une raison pour accepter de sortir avec elle, non ? » Avança Sarane.

« Son obstination, je suppose. » Répondit Lauren avec agacement.

« Son 'obstination' ? » Répéta Sarane avec surprise.

« Je ne sais pas pourquoi, d'accord ?! » S'énerva Lauren. « Elle continuait de me demander de sortir avec elle, j'ai dit oui, nous nous sommes mises en couple, fin de
l'histoire. »

« Est-ce que vous l'aimez ? »

« Oui... » Le ton était hésitant, ce que Sarane s'empressa de noter.

N'est pas certaine de ses sentiments pour sa partenaire.

« Une autre question, alors. Comment sont vos rapports sexuels avec elle ? »

« Qu'est-ce que c'est cette question ? » Siffla Lauren, outragée. « C'est privé ! »

Sarane soupira et s'appuya contre le dossier de sa chaise, massant son front. « Ce que je veux vraiment savoir est si ce que vous ressentez pour Camila est vraiment de l'amour. Quand je lui ai demandé ce qui l'attirait chez vous, elle a pu me répondre sans difficulté. Vous, au contraire, semblez avoir simplement dit la première chose qui vous passait par la tête. »

Lauren grinça des dents, mais ne daigna pas offrir une réponse a la thérapeute.

« Dites-moi quelque chose comment votre famille a-t-elle réagi quand vous avez fait votre coming-out ? »

« Mon père n'en n'est pas ravi. » Répondit Lauren d'une voix neutre. « Il comptait sur moi pour continuer la lignée Jauregui, mais le plan a foiré quand je me suis mise avec l'autre idiote. Il l'a accepté, mais tout de même déçu. Ma mère s'en fiche tant que je suis heureuse. »

« Hm, hm. » Acquiesça Sarane. « Où pensez-vous que ça a commencé à se dégrader entre vous deux ? »

« Il n'y a rien qui ne va pas entre nous. » Grogna Lauren en se raidissant. Elle ressemblait à une lionne prête à bondir. Ses yeux sombres luisaient de colère, et Sarane était honnêtement surprise que la femme ne l'ait pas encore attaqué. « Je ne vois pas pourquoi cette idiote a ressenti le besoin de vous contacter, mais nous n'avons aucun problème. Tout va bien. »

« Vraiment ? » Questionna Sarane, regardant sa cliente solennellement. « Quand vous êtes-vous fait un câlin pour la dernière fois ? Ou embrassées ? »

Lauren cligna des yeux.

« Si vous deux alliez bien, vous devriez être capable de vous souvenir de votre dernier baiser, pas vrai ? »

« Hier matin, quand j'ai quitté la maison. » Répondit rapidement Lauren, triomphalement, comme si elle avait réussi à battre Sarane.

« Ce que je voulais dire était la dernière fois où vous l'avez embrassé sur la bouche. »

La pièce tomba dans le silence, et Lauren tourna son regard vers le mur, refusant de répondre.

« C'est bien ce que je pensais. » Murmura Sarane. Elle jeta un rapide coup d'œil à sa montre en argent. « Bon, notre temps est écoulé. »

« Dieu merci. » Marmonna sombrement Lauren.

Sarane l'ignora et continua. « Je vous donne un autre devoir. Puisque vous semblez être une accro du travail je veux que vous vous arrangiez pour réserver du temps à votre amante, tous les jours. Étreignez-la, embrassez-la, parlez-lui, sortez en rendez-vous.. Je me fiche de ce que vous faites, tant que c'est quelque chose qui améliorera votre relation émotionnelle. »

Le regard assassin était de retour, mais Sarane l'ignore. Il était temps que Lauren prouve qu'elle voulait sauver son couple.

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