Chapitre 9 : Feu et chaos

Thalia resta immobile quelques instants, adossée au mur froid. La flamme d'Elian disparaissait dans le couloir, mais sa lueur résiduelle semblait encore danser devant ses yeux. Son souffle était haché, ses muscles tremblaient, mais ce n'était pas seulement l'effet du combat. Les paroles entendues lors de la réunion tournaient en boucle dans son esprit, chaque mot ajoutant un poids nouveau à sa confusion.

« Plus elle progresse, plus Thanis renaîtra avec une puissance proche de ce qu'elle possédait jadis.... »

Cette phrase résonnait comme un écho lancinant, s'entrelacant avec les accusations de Revor : « Tu crois que la brume va te sauver ? Elle te rend aveugle autant qu'elle te protège. »

Thalia passa une main tremblante sur son visage, luttant contre l'envie de hurler. Elle ne comprenait pas. Pourquoi elle ? Pourquoi cette connexion avec Thanis, la déesse de la Mort ? Elle avait grandi en ignorant tout de cette entité, et maintenant on lui disait que sa propre puissance – chaque petit pas qu'elle faisait pour survivre – nourrissait une force capable de bouleverser le monde.

Elle serra les poings, ses ongles s'enfonçant dans ses paumes. Une partie d'elle voulait rejeter tout cela, prétendre que ce n'était qu'un mensonge pour la manipuler. Mais l'autre partie, celle qui avait vu les ombres danser autour d'elle, qui avait ressenti la brume vibrer sous ses doigts, savait que c'était vrai.

Lorsqu'elle rejoignit Elian, il était accroupi près d'une ouverture dans la roche, ses yeux fixés sur un point invisible au loin. Il ne se retourna pas lorsqu'elle approcha, mais sa voix était calme, presque apaisante.

— Tu es plus forte que tu ne le penses, Thalia.

Elle ne répondit pas immédiatement, s'asseyant à côté de lui. Mais au lieu d'être réconfortée par ses paroles, son esprit était en ébullition.

« Pour plus que ce que tu imagines... » Les mots d'Elian, tout comme ceux de Revor, semblaient porter un poids qu'elle était incapable de comprendre. Le rituel, Thanis, sa propre force... Chaque pièce du puzzle s'emboîtait mal, laissant des vides qui la rongeaient.

— Pourquoi m'as-tu aidée ? demanda-t-elle brusquement, brisant le silence.

Elian tourna lentement la tête vers elle, ses traits illuminés par la faible lueur des flammes dansantes.

— Parce que tu es importante, répondit-il simplement. Et parce que je ne pouvais pas laisser Revor te briser.

Son ton était sincère, mais une ombre traversa ses yeux, comme s'il évitait d'en dire plus. Thalia fronça les sourcils, cherchant à percer le mystère de ses mots.

— Importante... pour qui ? Pour toi ? Pour le culte ? Ou pour... elle ?

Elian se redressa, tendant une main pour l'aider à se lever. Elle hésita un instant avant de l'accepter.

— Pour plus que ce que tu imagines, dit-il finalement. Mais ce n'est pas le moment de poser ces questions. Viens, on doit bouger.

Ils avancèrent ensemble dans les tunnels, la lumière de leurs pas projetant des ombres mouvantes sur les murs. Thalia sentait que chaque pas la rapprochait d'une vérité qu'elle était encore incapable d'affronter. La peur grandissait en elle, mais une détermination froide commençait à émerger.

Si elle était vraiment liée à Thanis, alors elle devait comprendre pourquoi. Et surtout, elle devait découvrir si elle avait le pouvoir de briser ce lien, avant qu'il ne consomme tout ce qu'elle était.

Ils marchèrent en silence, seulement interrompu par le bruit de leurs pas sur la pierre. Thalia avait l'impression que le tunnel ne menait nulle part, qu'ils n'étaient que deux ombres perdues dans un labyrinthe sans fin. Mais Elian semblait savoir où il allait, son regard toujours rivé vers l'avant, concentré.

— Dis-moi, finit-elle par demander, si je deviens plus forte... est-ce que cela la rend plus forte aussi ?

Elian ralentit légèrement, mais ne répondit pas tout de suite. Quand il parla, sa voix était presque un murmure.

— Oui. Mais cela ne veut pas dire que tu dois arrêter.

— Comment peux-tu dire ça ? s'exclama-t-elle, la frustration perçant dans sa voix. Si tout ce que je fais la rend plus puissante, alors peut-être que je devrais tout abandonner. Arrêter de me battre, arrêter de... de vivre comme ça !

Elian s'arrêta brusquement et se tourna vers elle. La flamme qu'il tenait vacilla, projetant des ombres sur son visage grave.

— Et laisser Revor et les autres dicter ta vie ? Laisser Thanis prendre ce qu'elle veut sans résistance ? Ce n'est pas une solution, Thalia. Ta force peut aussi être la clef pour la détruire.

Elle recula d'un pas, déstabilisée par l'intensité de ses paroles.

— Mais comment ? murmura-t-elle. Je ne sais rien de tout ça. Mon lien avec elle... Je ne comprends rien.

Elian baissa légèrement la tête, son expression s'adoucissant.

— C'est pour ça qu'on doit continuer. Il y a des réponses, Thalia. Et on les trouvera. Mais tu dois tenir bon.

Ils marchèrent en silence, seulement interrompu par le bruit de leurs pas sur la pierre. Thalia avait l'impression que le tunnel ne menait nulle part, qu'ils n'étaient que deux ombres perdues dans un labyrinthe sans fin. Mais Elian semblait savoir où il allait, son regard toujours rivé vers l'avant, concentré.

Un grondement soudain interrompit leur progression. La pierre sous leurs pieds vibra légèrement, suivie d'un craquement profond qui résonna dans le tunnel. Elian s'arrêta net, levant une main pour demander à Thalia de rester immobile.

— La terre bouge, murmura-t-il. Les elfes sont proches.

Thalia sentit son cœur s'accélérer. Revor s'approchait.

— Ils savent où nous sommes ? chuchota-t-elle.

Elian acquiesça, son visage grave.

— Ils peuvent sentir les vibrations de nos pas. Nous ne pouvons pas rester ici.

Avant qu'il ne puisse finir sa phrase, une colonne de pierre jaillit soudain du sol devant eux, bloquant leur chemin. Thalia recula d'un bond, surprise, alors qu'une silhouette familière émergeait lentement de l'obscurité. Revor. Son regard perçant la cloua sur place, un sourire froid se dessinant sur ses lèvres.

— Vous pensiez pouvoir fuir indéfiniment ?

Les autres elfes apparurent derrière lui, leurs mains effleurant le sol avec une fluidité inquiétante. Thalia sentit la tension monter. Elle jeta un coup d'œil à Elian, qui serra les poings, ses paumes s'illuminant d'une chaleur rougeoyante.

— Prépare-toi, murmura-t-il. Je vais les distraire, mais tu devras courir dès que tu en as l'occasion.

— Non ! protesta-t-elle. Je ne vais pas te laisser ici seul.

Mais Elian ne lui laissa pas le choix. Une flamme jaillit de ses mains, illuminant le tunnel d'une lumière vive. Les elfes reculèrent légèrement, mais Revor resta immobile, son sourire s'élargissant.

— Pitoyable. Tu crois que ton feu peut rivaliser avec la terre ? demanda-t-il avec mépris.

Elian ne répondit pas. Une bataille s'engagea, la magie du feu et celle de la terre se confrontant violemment. Les murs tremblèrent sous l'impact des attaques, et des débris volèrent dans toutes les directions.

Revor fit un geste brusque, et le sol sous Elian ondula avant de se fissurer. Elian bondit en arrière, évitant de justesse une colonne de pierre qui surgit pour tenter de l'emprisonner. En réponse, il projeta une gerbe de flammes, forçant les elfes à se disperser.

— Vous n'avez aucune chance, lança Revor. La terre est éternelle. Vous êtes éphémères.

Thalia, incapable de rester passive, activa instinctivement une rune sur son poignet. Une brume dense se forma autour d'elle, obscurcissant la vue des elfes. Mais Revor ne fut pas impressionné. Ses yeux, brillants d'une froide détermination, semblaient percer la brume avec une facilité déconcertante.

— Nous savons exactement ce que tu es, lança-t-il à Thalia. Et ce que tu deviendras. Arrête de fuir. Tapio lui-même nous a confié la tâche de te surveiller.

Les mots frappèrent Thalia comme un coup. Elle voulait répliquer, mais son souffle était trop court. Elian, profitant de la confusion créée par la brume, projeta un mur de flammes pour repousser les elfes.

— Maintenant, Thalia ! Cours ! cria-t-il.

Elle hésita une seconde, mais le bruit d'une autre colonne de pierre éclatant près d'elle la fit obéir. Elle se mit à courir, son souffle court et ses muscles criant de douleur. Derrière elle, le combat faisait rage, les flammes et les vibrations se heurtant dans un chaos incontrôlable.

Elle se retourna brièvement, juste assez pour voir Elian, entouré de feu, se tenir fermement face aux elfes. Sa silhouette semblait presque irréelle, une incarnation de puissance brute. Mais elle savait qu'il ne pourrait pas tenir éternellement.

— Tiens bon, murmura-t-elle, avant de disparaître dans l'obscurité du tunnel.

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