Chapitre 8 : Les chaînes de la terre

Revor releva la tête, son regard perçant semblant sonder directement les ombres où Thalia se cachait. Un sourire mince, glacial, étira ses lèvres.

— Montre-toi, Kaida, dit-il doucement, comme s'il s'adressait à une enfant prise en faute.

Thalia inspira profondément, essayant de calmer les battements frénétiques de son cœur. Mais à peine avait-elle fait un pas en avant que la terre vibra sous ses pieds, comme si elle répondait à l'intention de Revor. Il s'avança lentement, ses yeux durs rivés sur elle. Chaque pas alourdissait l'air dans la pièce.

— Tu t'aventures sur un terrain dangereux, Kaida, murmura-t-il, presque calmement. Le courage n'a jamais suffi à défier les lois de la nature.

Thalia resta silencieuse, son esprit bouillonnant. Son souffle était court, et son cœur tambourinait si fort qu'il semblait vouloir briser sa cage thoracique. Elle ne pouvait pas reculer. Ses doigts, tremblants d'épuisement, effleurèrent une rune gravée sur son bracelet.

Revor leva une main. La terre répondit immédiatement, s'élevant en piques acérées qui fondirent sur elle comme des crocs affamés.

Thalia plongea sur le côté, sentant une pointe effleurer son flanc. La douleur lui arracha un gémissement, mais elle n'avait pas le temps d'y céder. Une brume épaisse se forma autour d'elle alors qu'elle activait la rune sur son bracelet, un réflexe autant qu'une stratégie.

La pièce s'emplit d'une obscurité mouvante. Elle tenta de calmer sa respiration, de reprendre le contrôle.

Concentre-toi...

Mais la voix de Revor, basse et implacable, perça la brume comme une lame.

— Tu crois que la brume va te sauver ? Elle te protège peut-être, mais elle te rend aussi aveugle.

Un grondement retentit, et soudain, le sol sous elle s'effondra. Thalia roula, ses doigts effleurant le sol rugueux, et parvint à s'arrêter à temps avant de tomber dans une fosse béante.

— Combien de temps comptes-tu fuir ? demanda Revor, sa voix pleine de mépris.

Thalia ne répondit pas. Elle serra les dents, sa mâchoire crispée sous l'effort. Elle traça une rune sur le sol avec une vitesse presque désespérée. Le symbole s'illumina faiblement, insuffisant face à la puissance qui l'écrasait.

Revor frappa le sol du pied, et une onde de choc balaya la brume. Les débris volèrent autour d'elle.

Elle sentit la panique monter, une sensation sourde qui menaçait de l'étouffer. Elle était à bout de souffle, et ses forces s'amenuisaient rapidement.

Non. Pas maintenant. Tu ne peux pas t'effondrer.

Elle traça une autre rune, plus complexe cette fois. Ses mains tremblaient, mais elle continua, chaque ligne gravée avec acharnement. Une onde lumineuse émana du symbole, et une barrière jaillit entre elle et Revor.

Mais il la brisa d'un simple mouvement, des éclats de pierre volant dans toutes les directions.

— Tu es persévérante, je te l'accorde, dit-il en s'approchant. Mais cela ne te mènera nulle part. La terre ne se soumet pas à ceux qui hésitent.

Thalia recula instinctivement. Chaque fibre de son corps lui hurlait de fuir, mais elle savait que ce n'était pas une option. Elle activa une autre rune, une lame d'énergie surgissant entre ses doigts.

Revor haussa un sourcil, presque amusé.

— Intéressant. Mais inutile.

Il tendit la main, et la terre sous ses pieds ondula. Avant qu'elle ne puisse réagir, une colonne de pierre surgit, heurtant son bras et la désarmant.

Elle s'écrasa contre le mur, le souffle coupé. Des larmes de frustration lui montèrent aux yeux, mais elle les ravala.

Ils veulent que tu plies. Ne plie pas.

Sa main effleura une pierre dans sa poche : une rune prégravée qu'elle gardait pour une situation désespérée. Ses doigts hésitèrent. Si elle l'utilisait, elle risquait de perdre le contrôle. Mais elle n'avait plus d'alternative.

Elle ferma les yeux un instant, son esprit envahi par une vague de souvenirs : les flammes qui avaient ravagé son foyer, les cris de ses parents, son propre cri étouffé dans le chaos.

Quand elle rouvrit les yeux, ils brillaient d'une résolution nouvelle.

Elle lança la pierre à ses pieds. L'énergie libérée illumina la pièce, un tourbillon sauvage qui fit reculer même Revor.

— Oh ? murmura-t-il, son expression impassible se fissurant légèrement. Tu te bats enfin sérieusement.

Thalia sentit l'énergie parcourir son corps. La puissance était instable, mais elle s'y accrocha, traçant une rune dans l'air avec une précision désespérée.

Un instant plus tard, une onde de force jaillit, projetant Revor en arrière. Il atterrit lourdement, mais se redressa presque immédiatement.

— Bien. Mais cela reste insuffisant.

Avant qu'elle ne puisse réagir, la terre se referma sur ses jambes comme des chaînes. Elle lutta pour se libérer, mais la poigne était trop forte.

Revor s'approcha, ses traits marqués par une froideur implacable.

— Tu ne comprends pas, n'est-ce pas ? Ce n'est pas un combat que tu peux gagner.

Il tendit la main, et la pierre autour d'elle commença à se resserrer. La douleur était insupportable, mais elle refusa de crier.

Soudain, un éclat de lumière orangé illumina la pièce. Une boule de feu fendit l'air et s'écrasa à quelques mètres de Revor, faisant éclater la terre autour de lui.

— Relâche-la, Revor, ordonna une voix ferme.

Elian se tenait à l'entrée, ses mains enflammées, des braises dansant autour de ses doigts.

Revor se tourna lentement, ses yeux brillant d'une lueur glaciale.

— Tu oses t'interposer ?

— Ce n'est pas une question, rétorqua Elian, une flamme jaillissant brusquement de sa paume.

Profitant de l'interruption, Thalia activa une dernière rune sur son bracelet. Une explosion d'énergie dispersa la terre autour de ses jambes, la libérant. Elle chancela, à bout de forces, mais se redressa.

— On s'en va ! cria-t-elle à Elian, sa voix rauque.

Elian hocha la tête, lançant une gerbe de flammes pour couvrir leur retraite.

Après quelques minutes de course, Thalia s'adossa contre un mur froid, le souffle court, les jambes tremblantes. Les ténèbres des souterrains semblaient vouloir l'engloutir tout entière, mais elle s'efforça de rester concentrée. Son esprit était encore en ébullition, hanté par les images du combat.

Elian, accroupi non loin d'elle, tendit une main. Une petite flamme dansait au bout de ses doigts, projetant des ombres tremblantes sur les parois rocheuses. Il jeta un coup d'œil vers elle, les sourcils froncés.

— Tu vas bien ? demanda-t-il, sa voix grave mais teintée d'un soupçon de douceur.

Thalia hocha légèrement la tête, mais elle ne le regarda pas. Elle fixait ses mains, encore marquées par les résidus de brume et de poussière, comme pour s'assurer qu'elle était toujours là, en un seul morceau.

— Je... je suis vivante, murmura-t-elle, le souffle encore haché.

Elian se releva lentement, croisant les bras.

— Vivante, oui. Par miracle. Tu as vu ce que Revor peut faire, Thalia ? Tu n'avais aucune chance contre lui.

Elle tourna enfin la tête vers lui, ses yeux brillants d'un mélange de colère et d'épuisement.

— Et qu'est-ce que j'aurais dû faire ? Attendre qu'il m'écrase ? Laisser ces monstres continuer à jouer avec nos vies ?

Elian soutint son regard, mais son expression était plus calme, presque résignée.

— Parfois, la survie, c'est savoir quand battre en retraite. Ça ne fait pas de toi une lâche.

Elle serra les poings, sentant la frustration monter en elle.

— Je ne veux pas survivre, Elian. Je veux me battre.

Il s'approcha, son visage éclairé par la lueur vacillante du feu.

— Et moi, je veux que tu sois là pour voir le jour où tout ça s'effondrera. Pas morte dans un couloir sombre, pas brisée par des gens comme lui.

Un silence tendu s'installa, seulement troublé par les gouttes d'eau qui tombaient régulièrement quelque part dans les profondeurs.

Thalia détourna le regard, le menton tremblant légèrement, mais elle ne répondit pas.

Elian soupira, passant une main dans ses cheveux sombres.

— Écoute, dit-il plus doucement, je ne suis pas là pour te donner des leçons. Mais si tu veux vraiment te battre, alors fais-le intelligemment. On a besoin de toi. Pas d'un corps à pleurer.

Elle releva les yeux, et pour la première fois, il y eut une lueur d'hésitation dans son regard.

— Je ne sais pas si je peux...

Il posa une main légère sur son épaule, interrompant sa phrase.

— Tu peux. Mais pas seule.

La chaleur de ses doigts, amplifiée par la flamme dansante, sembla calmer Thalia. Elle inspira profondément et hocha la tête, presque imperceptiblement.

— D'accord, murmura-t-elle finalement.

Elian esquissa un sourire, une rare tendresse dans ses traits.

— Alors repose-toi un peu. Parce que, crois-moi, on n'en a pas fini avec eux.

Il se tourna, sa flamme éclairant le chemin devant eux.

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