Chapitre 3 : Une rencontre dans la nuit

Thalia se leva d'un mouvement raide, ses muscles endoloris par les heures d'entraînement intensif qu'elle subissait chaque jour. L'air froid et humide de sa chambre étroite lui mordait la peau alors qu'elle enfilait son uniforme de fourrure. Depuis son arrivée dans cet endroit souterrain, chaque matin était une lutte contre la fatigue et la claustrophobie. Elle inspira profondément, essayant de calmer les battements rapides de son cœur avant de se rendre à l'entraînement.

Six heures sonnèrent quelque part dans ce labyrinthe souterrain. Thalia rejoignit son maître dans une des salles d'entraînement, un homme austère et silencieux qui ne montrait aucune clémence. Leur routine était invariable : apprendre à ressentir l'énergie tapie en elle, la canaliser et, dans les meilleurs cas, la manipuler. Pourtant, malgré ses efforts, Thalia ne parvenait qu'à entrevoir cette puissance qu'on lui promettait.

Les premiers jours, elle avait résisté, s'accrochant à sa colère et à son désir de fuir. Mais rapidement, elle avait compris que l'obstination seule ne suffirait pas. Si elle voulait retrouver sa liberté et, surtout, la vérité sur son frère, elle devait jouer leur jeu. Chaque étincelle d'énergie qu'elle parvenait à faire naître était une petite victoire dans cette quête silencieuse.

Quelques jours passèrent ainsi. Thalia s'épuisait à chercher en elle cette énergie invisible, à suivre les consignes strictes de son maître et à retenir ses propres émotions qui menaçaient de la submerger. Un soir, alors que son corps ne pouvait plus supporter le poids de la fatigue, elle s'écroula sur sa couchette. Pourtant, son sommeil fut agité, hanté par des rêves d'ombres et de flammes.

Elle se réveilla en sursaut au milieu de la nuit, une idée fixe envahissant son esprit : trouver un moyen de sortir. En vérifiant que personne ne montait la garde, elle se glissa hors de sa chambre. Le silence pesant des couloirs était seulement troublé par le crépitement lointain des torches. Elle déambula longtemps, suivant son instinct, ses pas résonnant sur les pierres froides.

Alors qu'elle atteignait un croisement, une voix claire s'éleva derrière elle.

— Ce n'est pas exactement l'heure pour une promenade, Kaida.

Thalia se retourna brusquement. Une jeune femme se tenait là, encapuchonnée mais éclairée par une torche qu'elle tenait négligemment à la main. Ses yeux étincelaient d'un bleu profond, et son visage, à la fois doux et tranchant, la fixait avec une curiosité teintée de reproche.

— Je préfère qu'on m'appelle Thalia, répliqua-t-elle sèchement, agacée par l'utilisation de son nom de code.

La jeune femme leva un sourcil, esquissant un sourire amusé.

— Je vois. Tu es celle qui refuse de s'intégrer, n'est-ce pas ?

Thalia croisa les bras, jaugeant son interlocutrice.

— Et toi, tu es ?

— Moor, répondit-elle en inclinant légèrement la tête. Rien de plus. Mais on m'a demandé de garder un œil sur les nouvelles recrues, et visiblement, tu es déjà un cas intéressant.

Thalia ressentit une bouffée de colère à l'idée d'être surveillée.

— Je n'ai pas besoin de baby-sitter.

Moor laissa échapper un léger rire, un son à la fois sincère et légèrement moqueur.

— Non, mais tu as besoin de conseils si tu comptes traîner dans des endroits où tu ne devrais pas être.

Thalia ne répondit pas immédiatement. Quelque chose dans la posture détendue de Moor et son ton presque amical déconcertait. Pourtant, ses mots portaient une certaine autorité, une assurance qui témoignait de son expérience.

— Pourquoi ça t'intéresse autant ? demanda Thalia, cherchant à comprendre ses intentions.

— Parce que je connais ce lieu mieux que toi. Et si tu veux survivre ici, tu devrais commencer par comprendre une chose : ce n'est pas un jeu.

Moor s'avança légèrement, ses yeux brillant d'un éclat plus sérieux.

— Tu n'es peut-être pas prête à t'intégrer au culte, mais tu es là maintenant. Et si tu veux éviter de finir comme une pièce cassée qu'on jette, tu ferais mieux d'apprendre à jouer intelligemment.

Thalia soutint son regard, essayant de deviner si elle lui tendait un piège ou si ses paroles cachaient un véritable avertissement.

— Pourquoi tu me dis ça ?

Moor haussa les épaules.

— Peut-être parce que je pense que tu peux être utile. Ou peut-être parce que tu me rappelles quelqu'un.

Elle tourna les talons, mais avant de disparaître dans l'ombre, elle ajouta, presque avec un sourire :

— Et puis, si tu veux braver Raina un jour, tu ferais mieux de commencer à réfléchir stratégiquement. Bonne nuit, Thalia.

Le cœur battant encore sous l'effet de cette rencontre, Thalia continua son chemin.

Alors qu'elle atteignait un croisement, une vibration étrange parcourut les murs, comme un souffle profond venant des entrailles de la terre. L'instant d'après, une détonation sourde fit trembler le sol sous ses pieds. Les torches vacillèrent dangereusement, projetant des ombres tourbillonnantes autour d'elle.

Thalia s'adossa à un mur pour ne pas perdre l'équilibre. Le silence qui suivit fut presque aussi assourdissant que le bruit. Puis, des cris lointains commencèrent à résonner dans les couloirs, suivis de bruits de pas précipités.

Elle se redressa, le cœur battant à tout rompre. Quelque chose d'inattendu venait de se produire, quelque chose qui brisait la routine oppressante de cet endroit. Poussée par une impulsion, elle se mit à courir dans la direction opposée au tumulte, espérant profiter de la confusion pour découvrir des réponses.

Ses pas la menèrent dans une salle différente de toutes celles qu'elle avait vues auparavant. Les murs, décorés de gravures complexes, semblaient presque vibrer sous la lueur vacillante des torches. Au centre de la pièce trônait un autel imposant, et posé dessus, un livre recouvert de runes anciennes.

Attirée par une force qu'elle ne comprenait pas, Thalia s'approcha. Elle tendit la main vers le livre, hésitant une fraction de seconde avant de l'ouvrir. Les runes semblaient danser sous ses yeux, et, à sa grande surprise, leur signification lui vint naturellement.

Des fragments d'histoire et de savoirs oubliés se déroulèrent dans son esprit. L'écriture parlait d'êtres divins, d'éléments contrôlés par des élus, et de pouvoirs capables de changer le destin du monde.

Un frisson la parcourut. Ce livre était bien plus qu'un simple recueil religieux : il contenait des secrets qui pouvaient peut-être la libérer de cette prison.

Elle referma le livre avec précaution, son esprit en ébullition. Alors qu'elle s'apprêtait à quitter la pièce, un bruit sourd résonna derrière elle. Elle se retourna vivement et vit une silhouette encapuchonnée se détacher de l'ombre. La personne avançait lentement, une aura menaçante émanant de sa posture.

— Que fais-tu ici, Kaida ? dit une voix grave et tranchante, utilisant le nom de code qu'elle détestait.

Thalia serra les poings, son esprit cherchant frénétiquement une issue. Mais avant qu'elle ne puisse répondre ou fuir, la silhouette leva une main, et l'air autour d'elle sembla s'alourdir. Elle eut à peine le temps de prendre une inspiration avant que les ténèbres ne l'enveloppent.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top