Prologue


Le félin s'enfonçait toujours plus profondément dans la forêt. La lumière naturelle y était bien rare. Les arbres centenaires, avec leurs épais feuillages, ne laissaient que peu de place aux rayons du soleil. La seule source de lumière venait pour le plus souvent d'immenses fleurs lumineuses. La magie baignait cette immense étendue dans une atmosphère qui pouvait se révéler aussi angoissante qu'oppressante, pour quiconque ne connaissait pas l'endroit. Sauf que la panthère connaissait cette forêt magique sur le bout des doigts. Il s'agissait sûrement d'un des seuls endroits où elle se sentait chez elle.

Captant ses pouvoirs de la nature, elle avait toujours eu une fascination pour cette forêt, mais ce magnifique endroit féérique pouvait se transformer en l'endroit le plus dangereux du royaume et il était si facile de s'y perdre. L'animal avait grandi entre ces arbres et ces fleurs et connaissait donc chaque recoin de la forêt.

Le félin se décida finalement et s'élança à travers les grandes herbes. Sautant par-dessus un tronc qui barrait le passage, traversant une rivière dont l'eau était d'une étrange couleur cristalline et elle arriva enfin en gambadant près de l'arbre mère de la forêt. Vieux de plusieurs milliers d'années, il s'élevait à une hauteur inimaginable. Ses branches étaient si longues et feuillues qu'il était impossible de voir la couleur du ciel à son pied. Toute la magie de l'endroit venait de cette seule et unique source. La panthère grogna de satisfaction quand elle arriva au pied de cet arbre majestueux. La magie vibrait au rythme de la sève qui coulait dans son tronc. On pouvait facilement voir les veines courir sous l'écorce de cette magnifique plante. Ses feuilles brillaient d'une étrange lumière violette, embaumant les alentours d'une douce et apaisante atmosphère fruitée. L'animal venait d'arriver au seul endroit de la forêt où n'importe qui aurait pu se sentir en sécurité.

L'animal se laissa tomber dans la mousse magique qui recouvrait les racines de l'arbre. Il la respira à plein poumon et se roula dessus, sentant quelques petites feuilles tomber sur son pelage noir. Une douce lueur violette vint enrober l'animal qui s'imbibait de la magie présente. Il n'en fallut pas plus à la panthère pour fermer les paupières et s'endormir.

*

La panthère rouvrit les yeux au bout d'un long moment. Profitant de l'allégresse magique dans laquelle elle baignait depuis des heures, elle dut mobiliser toute sa volonté pour se lever et sortir de cette aura réconfortante. Une fois sur ses pattes, elle ébouriffa son pelage et sonda les alentours, à la recherche d'une présence vivante, dans le but de jouer avec ou pourquoi pas, une petite partie de chasse. Cependant, elle ne trouva que de petits animaux insignifiants à proximité, en dehors d'elle-même. Après un soupir de déception, elle releva la tête dans l'espoir d'apercevoir un petit morceau du ciel malgré l'épaisseur des branches. Malheureusement, elle fut incapable d'en trouver ne serait-ce qu'une petite parcelle. Il lui était donc impossible de déterminer l'heure.

Finalement, la créature décida de se rapprocher de la capitale puisque ce serait là, la fin de sa promenade. C'est en trottinant dans cette direction que l'animal réussit finalement à détacher une odeur des autres. La panthère s'arrêta net. Elle fronça le museau pour inhaler cette délicieuse odeur inconnue afin de l'analyser. Mais il lui fut impossible de la reconnaitre. Elle nota des notes boisées et fruitées, peut-être même une touche de vanille ! Mais elle était certaine d'une chose : elle ne l'avait jamais senti chez elle, sur le continent elfique.

La créature s'immobilisa derrière un arbre, baignée par une lueur violette, et en quelques instants, la silhouette de la panthère laissa place au corps gracieux et musclé d'un elfe. Habillé de cuir de la tête au pied, sa longue chevelure châtain était nattée et ramenée sur une de ses épaules, dégageant son visage, et révélant un regard aussi bleu et limpide que l'eau de mer.

"Là, ça devient intéressant..." murmura-t-il, un sourire sur le coin des lèvres.

Sous sa forme originelle, l'elfe continue sa course silencieusement à travers la forêt. Il suivit la piste de l'odeur alléchante, et ne s'arrêta que lorsqu'il se trouva au plus près de la créature qui en était la source. Il se dissimula derrière une épaisse fleur lumineuse, attendant avec patience qu'elle passe devant lui.

"Un... humain ? " il pensa alors que sa respiration se coupait face à cette monstrueuse découverte.

Cet humain était le premier qu'il voyait de son existence. Cette forêt leur était formellement interdite, puisqu'elle appartenait au royaume elfique. Depuis la dernière grande guerre et le traité de paix qui avait été signé à l'époque, aucun humain n'avait le droit de fouler la terre elfique ! La présence de cette chose dans son royaume était donc plus qu'inquiétante. Que pouvait-il bien faire là ?!

Habillé très sobrement avec des vêtements confortables pour voyager, l'humain ne portait qu'un arc et quelques flèches comme unique moyen de se défendre. Ce qui était tout bonnement du suicide. Mais ce qui étonna le plus le jeune elfe fut la couleur des yeux de l'humain. Ils étaient vert émeraude. De la même couleur que les grosses feuilles des fleurs lumineuses. D'une pureté et d'une intensité telles, qu'il ne les pensait pas possibles chez un être humain. Selon les vieux ouvrages de la bibliothèque, seuls les elfes pouvaient être dotés d'un regard aussi limpide.

L'elfe dut prendre sur lui pour retrouver contenance et analyser la situation. Un millier de questions traversait son esprit à mesure qu'il s'approchait de lui. Mais il avait au moins une certitude : il devait le capturer ! Le choix était maintenant de décider s'il le ramenait mort ou vif à son roi !

À mesure que les pensées de l'elfe défilaient, il suivait silencieusement l'humain, se cachant derrière les plantes immenses de la forêt vierge. Cependant, il risquait de le perdre de vue à ce rythme, et il n'était pas question de rentrer au château les mains vides après une découverte aussi extraordinaire. Alors, après une brève réflexion, il trouva le moment idéal pour bondir. S'élevant dans les airs, il saisit l'une des flèches du carquois que l'humain portait dans son dos, puis s'abattit sur lui à califourchon en pressant la flèche contre sa gorge pour le maintenir au sol.

La surprise traversa le regard de l'humain et l'elfe en profita pour garder cet avantage en s'exclamant d'une voix tranchante.

"Que fais-tu sur le territoire elfique, sale vermine ?!"

Mais l'humain resta silencieux. Alors que l'elfe aurait cru voir son regard se teinter de peur, il n'en fut rien. Il ne cherchait même pas à se débattre pour se sortir de cette mauvaise position.

"Sais-tu que les humains comme toi n'ont pas le droit de s'aventurer dans cette forêt ?" Il continua.

Une fois de plus, ce fut le silence qui répondit à l'elfe.

Ce dernier leva les yeux au ciel, se demandant même s'il comprenait sa langue puisqu'ils ne parlaient pas le même dialecte.

"Je comprends ta langue, répondit enfin l'humain. Mais je n'ai simplement aucune réponse à donner.
-Tu ne vas quand même pas me faire croire que tu t'es égaré jusqu'ici ?
" enchaîna l'elfe en fronçant les sourcils.

Une fois de plus, l'humain demeura silencieux. L'elfe réalisa alors qu'il était inutile d'essayer d'obtenir d'autres informations sur cette vermine. Il souffla et leva la tête pour essayer de déterminer l'heure qu'il pouvait être.

"Il va falloir nous hâter si nous voulons rentrer avant le coucher du soleil." il commenta simplement.

Alors, il se redressa tout en maintenant l'humain au sol grâce à sa magie. Puis, il fit apparaître une chaîne enchantée à l'aide d'une incantation et l'attacha autour du poignet de son nouveau prisonnier.

"On verra si tu demeures toujours aussi silencieux après quelques jours de torture, dans les cachots du château."




_ Bon bon bon. 
Ça fait depuis trèèèèès longtemps qu'on ne s'est pas retrouvé ici. Ne me demandez pas pourquoi j'ai repensé à cette fiction lors de mon retour en train du concert de Louis dimanche mais en tout cas, nous y revoilà...  

Pour ceux qui me lisent/suivent depuis longtemps, vous l'avez peut-être vu passer à un moment donné. Longue et compliquée à construire, j'avais décidé de tout dépublier plutôt que de la laisser en suspens, parce que je ne savais pas si je trouverais le temps (et l'envie) de la retrouver. Mais je crois que ce moment est arrivé. 

Je ne saurais pas vous dire le rythme de publication, mais me connaissant ce sera surement rapide (oui je suis impatiente !). D'autant que je pense avoir une bonne 40aine de chapitre d'avance (bien que je doive repasser derrière pour relire, corriger et améliorer. Mais c'est plus rapide que d'écrire.)

En tout cas, je vous souhaite une bonne lecture et à très vite. 

N'hésitez pas à me suivre sur twitter @philplumefic !  

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