2.
Ce soir-là, Varyan était d'une merveilleuse humeur ! Mais, comment ne pas l'être après excursion aussi mémorable et les éloges de son père, le roi, qui avaient suivis ?
Le prince était un elfe curieux et en constante recherche d'aventures. Les murs de son palais et les remparts de la capitale lui semblaient bien trop étroits. C'était pour cette raison qu'il avait pour habitude de s'échapper pour retrouver la forêt vierge qu'il aimait tant, alors qu'elle lui était normalement proscrite, car bien trop dangereuse. Malgré tout, c'était là-bas qu'il se sentait chez lui et non entre les murs de son château.
Jamais, le jeune prince aurait cru possible de trouver un trésor comme celui qu'il avait pu dénicher au milieu de la forêt. Sa rencontre fortuite avec le sale humain lui avait permis de marquer de bons points auprès de son père, mais aussi de prouver à son frère qu'il était, une fois de plus, un elfe bien plus puissant et charismatique que lui. Ce qui, en réalité, devait être le plus satisfaisant pour lui.
Après l'entretien avec son père, Varyan avait enfermé son prisonnier dans la cellule la plus petite et lugubre qu'il avait pu trouver dans les cachots. Une situation qui, il espérait bien, le rendrait un petit peu plus bavard au bout de quelque temps passé dans le noir. Et si cela ne fonctionnait pas, Varyan saurait user des bonnes tortures pour le faire céder. Mais il savait que les murs froids et humides de sa prison auraient raison de lui.
Bien que cette journée eut été bien remplie, le prince ne pourrait pas manquer à ses devoirs princiers, bien que le dîner protocolaire qui l'attendait l'ennuyait déjà. Alors, il se rendit jusqu'à ses appartements. Comme chaque soir, il se lava, s'habilla de beaux vêtements et coiffa ses cheveux longs pour sa famille, à savoir, le roi Aranel, la reine Wanda et bien évidemment, son frère Olwë. Quand il avait un petit peu de chance, il pouvait aussi compter les amis et proches conseillers de la couronne.
Mais, sa bonne humeur n'allait cependant pas changer ses habitudes, car Varyan se faisait un poing d'honneur à arriver en retard à chacun de ces repas ! Se faisant ainsi un petit peu plus détester par son frère à chaque fois. Leur père, aveuglé par l'adoration qu'il lui portait, ne l'avait jamais réprimandé pour cela. Ce qui horripilait plus que tout son grand frère. Évidemment.
Quand il quitta ses appartements, il savait que toute sa famille devait déjà être installée autour de la table, à l'attendre pour déguster le succulent repas, préparé en cuisine. Il parcourut les immenses couloirs du palais pour se rendre jusqu'à la verrière. Les repas en famille se déroulaient là-bas depuis que la reine Wanda avait décidé d'abandonner l'immense salle de réception lorsqu'ils n'étaient que tous les quatre ou uniquement en petit comité. Une manière de rendre leurs repas plus « intimes » comme elle aimait le dire. Une initiative qui n'avait pas forcément été au goût du roi, mais Varyan se sentait bien plus à l'aise dans ces jardins d'hiver que dans l'immense salle de réception du palais. La verrière était claire, lumineuse et agréable. Toujours emplie de plantes et de fleurs exotiques venant de la région Océane. Eté comme hivers, la magie, aidait à maintenir les plantes en vie qui embaumaient la pièce, dans une douce et délicate atmosphère. Il s'agissait là d'une des seules pièces où Varyan se sentait bien. Contrairement à la grande salle de réception froide et austère où se tenaient normalement les repas.
Lorsque le jeune prince fut annoncé à la verrière, la lune était déjà haut dans le ciel et éclairait la pièce de sa douce lumière dorée. Des chandelles avaient été ajoutées et disposées sur la table ainsi qu'une multitude de petites flammes dansaient inlassablement dans les airs.
"Je vois que tu ne perds pas tes habitudes frère, ne pu s'empêcher de déclarer Olwë. Tu es, une fois de plus, en retard. Peut-être devrions-nous songer à déplacer l'heure du dîner. Sur un malentendu nous arriverions à nous retrouver tous à la même heure pour partager ce moment familial."
Le plus jeune ne releva pas. Il savait que l'ignorance agacerait son frère plus que toute réponse. Il se dirigea donc directement vers la place qu'il avait l'habitude d'occuper. S'il le pouvait, il se garderait de venir pour chaque dîner. Mais, s'il ne dérogeait pas à ce devoir, c'était pour une simple et bonne raison : sa mère.
Ils entretenaient une relation bien particulière et elle seule pouvait le convaincre de venir quotidiennement s'installer à cette table. Il vola un baiser à la reine Wanda, adressa un signe de tête respectueux à son père et tira la chaise vide en face de celle d'Olwë lui servant le sourire le plus doux et hypocrite qu'il trouva.
"Je ne vois pas ce que cela pourrait te couter d'arriver à l'heure. En agissant ainsi, tu retardes la soirée de tout le monde, répliqua Olwë en portant son verre de vin à ses lèvres.
-Olwë, commença alors le prince, un sourire sur le coin des lèvres. Puisque tu sais que chaque soir, je ne serais pas à l'heure. Pourquoi ne t'adapterais-tu pas à mes horaires ? Cela te permettrait de perdre moins de temps" proposa Varyan en souriant en coin.
Le roi Aranel et reine Wanda n'essayaient même plus de reprendre leur plus jeune fils face à Olwë. Ils savaient que cela ne servirait à rien. Cette dispute était devenu le quotidien de la famille et amusait même beaucoup leur entourage, bien qu'elle décrédibilisât peut-être un petit trop l'héritier. Mais ce soir, la reine décida de leur demander une trêve.
"Si vous pouviez cesser ces chamailleries le temps d'un repas, je vous en serais reconnaissante les enfants" fit-elle en les regardant tour à tour.
La reine Wanda était le parfait contraire de son jeune fils et de son mari. Douce et tendre, elle était sûrement la personne la plus à même de tempérer son époux au caractère aussi fougueux que son fils Varyan. Une allure élancée lui donnant une posture intimant le respect, Varyan avait hérité de ses grands yeux bleus ainsi que sa chevelure couleur châtaigne. On comptait la douce et harmonieuse beauté de la reine à travers le royaume tout entier. Et depuis que Varyan était en âge de plaire aux femmes, les éloges de sa mère étaient souvent accompagnés de celle de son fils, qui lui ressemblait tant. La reine était le cœur de son peuple, l'épaule solide sur laquelle le roi Aranel pouvait s'appuyer en cas de soulèvement social. Elle n'hésitait jamais à prendre la parole et à calmer les foules. Là où le roi usait force et terreur, la reine savait calmer et apaiser les âmes. Une faculté dont malheureusement le jeune prince avait encore à apprendre de sa mère.
"Vous feriez mieux d'écouter votre mère, approuva finalement le roi.
-Si mon frère pouvait comprendre que je n'ai que faire de ses instructions et que mes journées sont rudement bien remplies par rapport aux siennes, peut-être pourrions-nous arrêter de nous quereller. Je suis tout de même désolé pour toi, mon cher... ta vie soit aussi plate et limpide que l'eau d'un lac. J'espère seulement que tu arriveras, un jour, à la rendre plus exaltante !"
Son franc-parler et ses attaques verbales devaient être les meilleures armes du jeune prince contre son frère et ce dernier n'était certainement pas aussi doué que lui pour manier les mots. Il lui était impossible de lutter lorsqu'il décidait de s'en prendre à lui de la sorte.
La reine ne put s'empêcher de réprimer un sourire. Même si elle n'avait jamais cautionné cette petite guerre familiale, elle entretenait avec son fils un lien bien particulier que personne ne pouvait expliquer. Probablement que la reine voyait en son fils une lueur d'espoir et de liberté, qui était bien pâle au sein de la royauté. Le désir d'émancipation de son jeune fils ne pouvait que lui rappeler ses envies d'indépendance avant le mariage forcé qu'elle avait subi avec Aranel des années plus tôt. La force et la combativité de son fils pour lutter contre ses obligations royales pouvaient parfois être synonymes d'espoir pour la reine.
"Varyan, pourrais-tu s'il-te-plaît arrêter d'enfoncer ton pauvre frère, intima la reine en posant un regard autoritaire sur son benjamin.
-Mère, je vous remercie de prendre ma défense.
-Ne vois-tu donc pas qu'elle se moque autant de toi, que je ne le fais Olwë" répliqua le prince en souriant légèrement en coin.
Aranel prit une grande inspiration en posant son verre de vin sur la table.
"Pourriez-vous cesser vos enfantillages le temps d'un repas ? Je voudrais, pour une fois, profiter d'un moment de paix. Et si vous pouviez essayer de grandir les enfants, je vous en serais reconnaissant."
Le plus jeune sourit en coin et approuva d'un signe de tête. De l'autre côté de la table, Olwë fulminait. Le roi retourna finalement son attention vers son plus jeune fils :
"As-tu des informations concernant la vermine que tu as attrapée dans la forêt vierge ?
-Varyan... souffla sa mère. Combien de fois t'ai-je dit, que je n'aime pas te savoir là-bas !"
Bien qu'elle soit particulièrement bien placée pour savoir qu'il ne s'y était jamais perdu, elle n'aimait pas le savoir là-bas. Cette forêt était si dangereuse et imprévisible.
"Mère, je ne risque rien là-bas, ne vous en faites pas, tenta-t-il de la rassurer avant de reprendre en regardant son roi. Malheureusement non, père. Je n'ai aucune information pour l'heure. J'ai bien peur que ce moins que rien ne refuse de parler pour le moment. Mais j'ai bon espoir que sa langue ne se délie une fois affamée et assoiffée.
-De qui parlons-nous ? interrogea alors Wanda en fronçant les sourcils,
-Vous n'êtes pas au courant mère ? s'étonna Varyan. Moi qui pensais qu'on avait déjà conté mon aventure partout à travers le palais... J'ai trouvé un humain dans la forêt vierge.
-Un humain ?!" faillit-elle s'étrangler.
Le prince hocha la tête pour approuver ses dires. Il comprenait qu'ils puissent être insensés. Les humains étaient interdits de séjour en royaume elfique depuis si longtemps...
"Il semblerait bien que l'ennemi ne soit de retour, répondit finalement le roi
-Pensez-vous qu'il s'agisse d'un éclaireur en vue d'une prochaine invasion ? s'inquiéta Olwë.
-Je ne l'espère pas, rétorqua le roi pensif.
-Que va-t-il se passer pour cette vermine ? questionna la reine.
-Je compte bien tirer toutes les informations nécessaires de sa bouche avant de l'exécuter. Je refuse de garder un humain vivant sous notre toit encore longtemps. Cela est bien trop dangereux. Mais s'il s'agit d'un éclaireur, peut-être serait-il judicieux d'envoyer un message clair à notre ennemi. Nous devons encore étudier la question." expliqua Varyan.
*
Varyan venait de terminer son entraînement au sabre avec son maître d'armes. Satisfait, un large sourire sur les lèvres, il raccrocha son arme à sa ceinture et échangea une poignée de main empreinte de respect avec son instructeur. Une habitude qu'il avait prise depuis sa plus tendre enfance à chaque fin de séance pour le remercier pour l'entraînement. Puis, il s'éloigna de lui, en chantonnant un chant guerrier comme il aimait le faire.
Cependant, sa bonne humeur fut rapidement mise à l'épreuve lorsqu'il croisa le chemin de son cher frère. Varyan prit sur lui, s'arrêta à sa hauteur et le salua avec respect, alors qu'il aurait très bien pu passer son chemin, faisant comme s'il ne l'avait pas vu. Olwë en fit de même, ce qui était tout de même assez rare... et quelle ne fut pas la surprise de Varyan en voyant que son frère ne chercha à entrer immédiatement en conflit avec lui.
Etonnant.
Le plus jeune ne releva pas, et se contenta l'interrogea du regard. Olwë avait forcément quelque chose à lui demander pour se comporter ainsi. Il était bien trop rare de ne déceler aucune animosité dans son comportement.
"Qu'as-tu donc fait de ton humain ? A-t-il finalement laissé sa langue se délier ?" voulut savoir le prince.
C'était donc cela. Varyan aurait dû s'en douter.
À la grande surprise de Varyan, cela faisait deux jours que son frère tenait sa langue à ce sujet. Même si le prince aurait voulu lui répondre que la vermine avait été éradiquée après avoir révélé toutes les informations nécessaires, c'était, malheureusement, loin d'être le cas. L'humain demeurait silencieux depuis son emprisonnement. Comme si la faim et la soif ne l'atteignaient pas et que son âme était intouchable.
"Il est toujours enfermé. Mais pourquoi cela t'intéresse-t-il ? demanda le prince avec méfiance.
Varyan était lucide. Il savait que son frère n'attendait qu'une chose : qu'il échoue dans cette mission. Ainsi peut-être pourrait-il récupérer la garde de ce prisonnier tant prisé.
Mais aussi surprenant que cela puisse être, ce n'était pas le sujet de la question car Olwë avait une autre proposition à faire à son frère quant à l'avenir de cet humain. Les deux meilleurs amis du prince aîné organisaient une soirée lors de la prochaine lune, deux jours plus tard. Sindar et Estë avaient le même âge que l'héritier. Enfants d'un des meilleurs conseillers de leur père, ils avaient grandi ensemble. Estë, jeune elfe en âge de se marier, avait toujours eu le béguin pour Varyan. Même si ce dernier n'avait jamais posé le regard sur elle, à son plus grand désespoir. L'elfe était pourtant de bonne famille, belle à se damner, mais... les habitudes sexuelles du jeune prince n'étaient un secret pour personne. Malheureusement pour elle, il aimait les hommes. Bien que cette déviance soit plus ou moins acceptée dans le bas-peuple, il n'était pas question qu'un prince épouse un autre homme. Varyan épouserait une elfe pour faire prospérer leur nom. Et cela, qu'il le veuille ou non. Mais le plus tard serait le mieux...
"Tu dois être au courant de la soirée que vont donner Sindar et Estë." amorça Olwë
Varyan arqua un sourcil en secouant la tête. Même s'il avait été au courant, Olwë savait que le prince avait déjà surement décliné l'invitation des deux jeunes elfes puisqu'il ne se rendait jamais à ce genre de mondanité. Elles étaient, pour lui, d'un ennui à mourir. Il passait le plus clair de son temps libre dans la forêt vierge sous forme de panthère à gambader et galoper à travers la nature, à la bibliothèque ou bien avec son maître d'armes. Les courbettes et les valses, ce n'étaient pas du tout pour lui.
"Non du tout. Pourquoi serais-je au courant, alors que je ne m'y rends jamais.
-Estë se ferait pourtant un plaisir d'y être ta cavalière.
-Olwë... voyons, souffla le prince, amusé. Tu sais aussi bien que moi qu'elle risque d'attendre des années durant avant qu'une chose pareille n'arrive. De plus, je dois garder un œil sur mon prisonnier."
Olwë soupira en levant les yeux au ciel. L'humain n'était qu'un prétexte pour refuser l'invitation.
"Cela m'étonnerait que ton cher petit humain ne disparaisse de la prison pendant ton absence, lui fit-il remarquer. A moins qu'il ne soit un fin magicien, j'ai du mal à imaginer qu'il puisse s'achapper. Puis, tu sais aussi bien que moi que les humains sont de bien piètres mages. Je pense que tu devrais pouvoir le laisser sans surveillance le temps d'une nuit.
-Olwë, tu as autant envie de me voir là-bas que j'ai envie de m'y rendre, enchaîna Varyan en croissant les bras sur son torse. Alors... rendons les choses plus simples. Nous allons faire comme si tu ne m'avais jamais proposé de venir, et je vais faire comme si je n'avais jamais entendu cette proposition."
Varyan offrit finalement un large sourire à son frère avant de lui faire un signe de la main et de s'évaporer grâce à un soupçon de magie. Chose qu'il savait allait profondément agacer son frère !
Le prince réapparu à quelques couloirs de là. Il mit quelques secondes à se repérer avant de finalement prendre la direction de l'aile où la famille royale vivait. En arrivant à ses propres appartements, il poussa les grandes portes pour s'y enfermer.
"Enfin seul..." souffla le prince.
Varyan, qui pour une fois n'était pas trop en retard pour le dîner, allait pouvoir profiter d'un petit peu de temps pour lui. Un bon bain ressourçant ne serait pas de refus pour relaxer ses muscles après sa journée d'entraînement aux arts de la guerre. Il était très doué au tir à l'arc et au maniement du sabre. Son maître d'armes ne cessait de le louanger à ce sujet. Mais il mettait aussi un poing d'honneur à repousser encore et encore ses limites, au risque de l'épuiser physiquement. Varyan savait que c'était pour la bonne cause. Et grâce à lui, il devenait un guerrier de plus en plus aguerri !
Il traversa sa chambre en retirant ses vêtements au fur et à mesure. Il remplit l'immense vasque en verre reposant au milieu de sa salle de bain et la réchauffa magiquement. Il y ajouta quelques fioritures pour colorer et faire mousser son bain avant de se glisser dans la douce et délicate nappe chauffée.
Sa discussion avec Olwë l'avait agacé. Il détestait les mondanités du palais. Toutes ces soirées, ces heures à respecter, les beaux vêtements, les obligations. Lorsqu'il y pensait, Varyan avait tendance à se dire qu'il devrait peut-être arrêter de se battre contre son frère, pour lui laisser tout cela. Il n'aurait, de toute façon, surement jamais la fibre royale. Il préférait partir et parcourir la forêt vierge, profiter de la nature et de la liberté. Depuis qu'il y avait goûté, il ne pouvait plus s'en passer. Mais malheureusement pour lui, plus le temps défilait et plus ses obligations le rattrapaient. Il avait bien conscience qu'il ne pourrait bientôt plus profiter de tous ces moments de liberté. Il savait qu'un jour viendrait où il devrait prendre part aux affaires du royaume. Là était l'esprit de contradiction du jeune prince. Il se battait pour avoir le plus d'importance possible aux yeux du roi, son père, mais... n'aspirait pas à une vie comme celle-ci.
Faisait-il tout cela uniquement pour prendre la place d'Olwë ? Sûrement...
Après ce bain bien mérité, le jeune prince se redressa dans l'eau et se glissa hors de la baignoire. Il attrapa une serviette pour l'enrouler autour des hanches après s'être épongé le corps et fredonnant l'air d'une berceuse que sa mère lui avait chantée lorsqu'il était enfant, il quitta la salle d'eau pour se rendre à la chambre. Il s'avança jusqu'à son immense armoire pour faire défiler les vêtements devant ses yeux. Varyan ne jurait que par ses tenues de chasse et d'entraînement en cuir, mais pour ses dîners royaux, il ne pouvait s'habiller de la sorte..
Le jeune prince enfila un pantalon en tissu noble, attrapa une chemise en tissu blanc et se retourna tout en la boutonnant sur son torse.
"Qu'est-ce que cette plaisanterie ?!" s'exclama-t-il en faisant de grands yeux lorsqu'il découvrit le spectacle qui l'attendait sur son lit !
Le spectre de son prisonnier, entouré d'une étrange lumière, était allongé là, nonchalamment sur son lit. Varyan resserra les pans de sa chemise, réprimant un cri de stupeur.
"Alors jeune prince, serais-tu surpris de me voir ?" interrogea le spectre magique de l'humain.
Varyan resta silencieux et s'approcha prudemment du fantôme lumineux. Il s'avança, une main tendue en avant, mais cette dernière traversa le halo lumineux. Puis, il réalisa qu'il était alors torse nu... Quelle humiliation de se retrouver face à un humain dans cet accoutrement ! Face à la gêne du prince, l'humain roula sur le dos en rigolant, et il secoua lentement la tête de gauche à droite.
"Mon cher prince, crois-moi que j'en ai vu d'autres ! Et si je puis me permettre, avec mes facultés magiques, je suis tout aussi bien capable de voir ce qu'il se cache sous le pantalon, cru bon de dire l'humain avec un clignement d'œil. Mais...je ne suis pas très certain d'avoir envie d'aller le découvrir."
Varyan se dépêcha de boutonner sa chemise correctement en grondant :
"Sors de cette chambre, immédiatement !"
Un sourire narquois se dessina sur les lèvres de l'humain, il haussa légèrement des épaules en se redressant, et il s'assit en tailleur sur le lit princier.
"Techniquement, je ne suis pas vraiment là, donc il m'est impossible de sortir de cette chambre."
Le prince leva les yeux au ciel à cette réponse.
"Pourrais-je au moins savoir ce que tu fais là, espèce de parasite ?.
-Avant de m'enfermer dans ta prison, tu aurais dû me sonder pour vérifier que je n'étais pas doué de magies. Cela aurait pu t'éviter ce genre de surprise. Puis, tu aurais pu comprendre que je n'étais pas un humain comme les autres. Même si je l'avoue, je suis plutôt satisfait de l'effet que j'ai eu.
-Vous êtes tous pareils ! Vous ne valez rien !
-Mais en attendant, je suis toujours là, capable de t'observer dans ton intimité, à n'importe quel moment de la journée."
Le prince inspira profondément, cherchant une solution pour résoudre cet encombrant souci. Il ne pouvait tout bonnement pas battre contre un spectre et il ne pouvait l'exécuter tant qu'il ne lui aurait pas livré toutes les informations que son père lui demandait. Or, si l'humain avait la capacité d'apparaître soudainement dans sa chambre, il était impossible de prédire ce qu'il pouvait faire d'autre ! Et Varyan ne donnait pas cher de sa peau s'il apparaissait devant son père ou un de ses conseillers.
Varyan était tellement en colère contre lui-même ! comment avait-il pu manquer son essence magique ? Il était évident que l'humain était un bon magicien, sinon il ne serait pas devant lui à cet instant. Pourtant, à la connaissance du prince, les humains étaient de bien piètres magiciens. C'était en tout cas ce que disaient les livres de la bibliothèque. Car si Varyan n'avait jamais vu d'humain avant de capturer celui-ci, il les avait savamment étudiés dans les ouvrages. C'est pour cette raison qu'il ne s'était pas méfié du potentiel magique de ce parasite.
"Alors oh puissant prince Varyan, n'es-tu donc pas capable de deviner qui je suis ?" continua l'humain d'un air joueur.
Varyan souffla pour essayer de retrouver son calme. Mais les attaques verbales de l'humain ne l'aidaient pas du tout. Cependant, il ne pouvait se permettre d'exploser, au risque d'ameuter quelqu'un et qu'on ne découvre l'humain dans sa chambre, mais si ce n'est que sous une forme fantomatique.
"Même si j'avais su que tu étais un magicien, espèce de vermine, jamais j'aurais deviné que tu avais la faculté de te promener ainsi dans le château. J'espère au moins que personne ne t'a vu venir jusqu'ici et que tu ne t'es pas fait remarquer", termina le prince.
Comme toute réponse, l'humain disparu. Avant de finalement réapparaitre, et cela à plusieurs reprises, sous l'œil effaré du prince, qui avouons-le, était presque fasciné par tant de magie. Varyan était magicien comme quasiment tous les elfes, mais ses facultés n'étaient pas aussi développées que semblaient être celles de l'humain en face de lui. Ce qui, le vexa profondément, évidemment. Comment les livres d'histoire avaient-ils pu autant mentir en décrivant les humains comme des êtres inférieurs, à peine doué de magie alors que celui-ci était capable de grandes choses, dont le prince lui-même serait bien incapable de faire ?
"En tout cas, reprit l'humain. Si t'étais un petit peu plus intéressé à moi, plutôt qu'à tes questions, tu aurais sûrement remarqué mes facultés magiques.
-J'en doute, répliqua le prince. Car je t'imagine bien capable de me cacher tes facultés dans l'unique but de me surprendre comme tu viens de le faire. J'espère au moins que tu n'es pas venu m'épier dans mon bain quelques minutes plus tôt.
-Il va falloir arrêter de te croire irrésistible Varyan, souffla l'humain en levant les yeux au ciel ... bien qu'il devait avouer qu'il avait particulièrement apprécié dévorer l'elfe du regard lorsqu'il avait été dans son plus simple appareil, quelques minutes plus tôt. Comme si je pouvais me sentir concerné et envieux d'un elfe, il enchaîna. Il faudrait me payer pour que j'accepte ne serait-ce que de poser un œil sur un corps comme le tien !"
Le prince soupira profondément vexé par un tels discours... Il fallait savoir qu'il n'était pas habitué à recevoir ce genre de traitement. Car oui, il se pensait irrésistible.
"Bien, reprit Varyan, comptes-tu m'embêter encore longtemps ? s'exclama le prince en levant les yeux au ciel.
- Oh, jusqu'à ce que tu me libères, assura l'humain en haussant des épaules.
- Ou bien, jusqu'à ce que je ne te tue" rectifia le prince.
__ Nous avons donc terminé les présentations avec la famille royale puisque nous avons rencontré aujourd'hui Wanda, la reine. Une douche créature qui saura trouver une place importante dans cette histoire. J'ai hâte de vous montrer tout cela.
Les chamailleries entre Varyan (Louis) et Olwë continuent et ne risquent pas de cesser avant la mort d'un des deux je pense ... l'ainé espère bien pouvoir prendre l'ascendent sur son frère concernant l'humain, mais vous vous doutez que Varyan ne le laissera pas faire.
Puis, nous avons l'apparition de notre petit humain. Qui vous l'aurez surement deviné, est Harry ! Ehehehe. Visiblement, il cache bien des choses et une question demeure : qui est-il ? et pour quelle raison est-il arriver jusqu'ici ?
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