Lorsque Varyan se réveilla le lendemain matin, le soleil n'était pas encore levé et la chambre baignait toujours dans la douce lumière argentée de la Lune. Cependant, le prince n'eut guère le temps de s'extasier face à cette délicieuse ambiance, car toute son attention était portée sur l'humain et plus particulièrement sur son souffle chaud qui chatouillait le creux de son cou. Harry était confortablement installé contre lui, dans son dos.

La veille, ils avaient passé presque une heure à se disputer pour savoir lequel d'entre eux pourrait dormir dans le lit au profit de celui qui dormirait par terre, avant qu'ils ne finissent par se mettre d'accord et dormir tous les deux dans le lit.

Une fois l'étonnement de retrouver Harry dans cette position passé, l'elfe fut plutôt surpris de constater le bonheur qui pouvait émaner de son être face à l'étreinte du jeune homme. Il s'agissait là d'un sentiment nouveau. Une fusion entre la sécurité et le bien-être, et il se surprit à apprécier.

Peut-être même un petit peu trop.

Varyan se mordilla l'intérieur de la joue, essayant de ne pas laisser son esprit vagabonder au risque qu'il ne réfléchisse trop. Alors quand il sentit Harry bouger derrière lui avant de finalement se tourner pour se mettre sur le dos et quitter son corps, ce fut tout de même un soulagement. Il se passa ensuite probablement une ou deux minutes avant qu'il ne sente le jeune humain se réveiller. Varyan tourna la tête vers lui et sourit en l'interrogeant.

"As-tu bien dormi ?

-Oui, j'étais épuisé."

L'elfe sourit avant de se redresser. La veille, Harry s'était endormi en posant la tête sur l'oreiller après qu'ils aient terminé de dîner et de se disputer. Varyan avait mis plus de temps à trouver le sommeil, mais ce dernier avait tout de même été réparateur.

"Toi aussi." constata Harry en souriant.

Et Varyan approuva. L'elfe ne lui demanda même pas comment il le savait.

Ce lien... Encore et toujours ce lien.

"Quel est le plan maintenant ?" interrogea finalement Harry après un petit moment de silence.

L'elfe se redressa pour s'adosser contre la tête de lit. L'humain l'imita et Varyan reprit la parole.

"Vu la magie qui sommeille en toi, je ne serais pas étonné que ton père soit un maitre magicien, expliqua Varyan. Il ne doit pas y en avoir beaucoup dans la région. Alors, j'imagine que la recherche ne sera pas trop compliquée. Et puis Alanna ne nous aurait pas laissé partir avec si peu d'indice sinon.

- Un maître magicien ?" demanda-t-il en fronçant les sourcils.

Varyan sourit avant de reprendre son explication. Maintenant qu'il connaissait Harry il le savait très curieux. Et il se doutait qu'il lui poserait des questions sur ces êtres à part. Peut-être en avait-il chez lui, mais qu'on ne les nommait pas de la même manière chez les humains.

"Un maître magicien est un elfe qui est maître en magie, amorça Varyan. Il y a en eux, bien plus de magie que dans la plupart d'entre nous. Malheureusement, ils se font de plus en plus rares, car notre sensibilité à la magie diminue avec le temps et les générations. Nous avons tous la capacité d'accomplir des choses basiques et simples, mais il est rare de trouver de véritables magiciens, expliqua le prince. Le plus souvent, les maîtres magiciens assument le rôle de précepteurs et d'enseignants en magie, que ce soit dans les châteaux ou les villes.

- Je vois. Chez moi, nous les appelons les grand-sorciers ou les mestres.

- Je me doutais bien qu'il devait y avoir la même chose chez toi."

Harry se redressa alors en pliant ses jambes, s'asseyant en tailleur.

"Donc, tu penses que nous devons chercher un maître magicien.

- J'en suis même certain. Tu es plus puissant qu'Isil, qui elle-même est la fille de l'Éternelle Alanna. Donc, tu dois forcément avoir des origines telles que celles-ci. Autrement, je ne vois pas comment tu pourrais posséder une telle puissance, surtout avec ton sang humain."

Et pour la première fois, Harry ne perçu aucune moquerie dans les paroles de l'elfe. Il ne s'agissait pas de le rabaisser sur sa condition d'humain, mais bien d'établir des faits. Harry hocha la tête et inspira profondément en réfléchissant à la situation. Chez lui, les sorciers étaient difficiles à trouver. S'ils le voulaient, ils étaient même impossibles à rencontrer ! Il espérait sincèrement que les choses seraient différentes ici.

"Nous allons commencer par questionner le tavernier, s'il n'a aucune information à nous donner, nous gagnerons la capitale de la région : La Ville-Frontière, bien que je préfèrerais éviter d'y aller, affirma Varyan avant d'ajouter, pensif. Je pourrais y contacter mon cousin Astaldo pour qu'il nous prête main forte, mais j'ai peur que là-bas, quelqu'un ne me reconnaisse.

- Tu as un cousin ici ?

- Oui, comme je te l'ai dit, la famille de ma mère vit toujours dans la région et son frère en est le régent.

- Bien. Alors, nous allons commencer par l'aubergiste et nous verrons bien ce que cela donnera."

Varyan fut le premier à se lever et quitter le lit. Habillé d'une chemise de nuit blanche, la lumière naissante du jour laissait apercevoir ses courbes à travers son vêtement. Harry ne se gêna d'ailleurs pas pour observer le jeune elfe dans les moindres détails. Lorsqu'ils étaient au château, Harry aurait très bien pu profiter de ses escapades pour admirer et observer Varyan. Mais il ne l'avait jamais fait avant ce jour-là, dans la chambre de cette auberge miteuse.

En sentant le regard appuyé de Harry sur lui, Varyan se retourna et leva les yeux au ciel en secouant la tête. Il attrapa son pantalon en cuir, l'enfila rapidement, et retira sa chemise de nuit. Il ne resta que peu de temps torse-nu avant de mettre le reste de ses vêtements de la veille. Une fois habillé, il se retourna vers Harry qui était toujours entre les draps, assit en tailleur. Il l'observait se mouvoir à travers la pièce avec admiration. Lorsqu'il avait dit que les elfes étaient de véritables œuvres d'art la veille, il n'avait pas menti, il le pensait. Il était comme... fasciné, et absorbé par le jeune Varyan.

"Il serait temps de se lever, jeune prince.

- Je m'excuse, cher Varyan, mais j'étais bien trop occupé à vous observer."

Le prince piqua un fard et Harry en profita alors pour se lever. N'ayant dormi qu'avec une chemise légère en lin, on pouvait parfaitement deviner le dessin de ses pectoraux sous son vêtement. Varyan ne se dérangea d'ailleurs pas pour regarder le spectacle, comme Harry s'était, lui aussi, rincé l'œil quelques secondes plus tôt en l'observant. L'humaine s'habilla rapidement, plia la chemise avec laquelle il avait dormi, puis attrapa son sac qu'il mit sur son dos en se tournant vers lui.

"Je suis prêt. Que faisons-nous ? Est-ce que nous déjeunons ici ?

- Je pense que c'est la meilleure chose à faire, cela nous permettra d'interroger l'aubergiste sans paraître trop fouineur. J'espère seulement qu'il y aura moins de monde qu'hier. Il est encore tôt, nous aurons peut-être de la chance.

- Bien, alors allons-y !" dit-il en se dirigeant vers la porte d'entrée.

Varyan l'arrêta avant qu'il ne passe la porte d'entrée. Harry l'interrogea du regard, et le jeune elfe sourit.

"Tu ne peux pas sortir comme ça.

- Oh. Oui..."

Et en un clignement de paupière, Harry reprit son apparence de la veille.

Varyan espérait qu'il y aurait moins de monde au déjeuner que la veille. Il savait que Harry faisait tous les efforts du monde, mais il était évident qu'il ne ressemblait absolument pas à un elfe dans ses attitudes. Moins de monde il y aurait, mieux ce serait. Les risques n'en seraient que divisés. L'elfe connaissait la nature curieuse et fouineuse que pouvaient avoir certains de ses frères, et ce n'était pas forcément une bonne chose.

Une fois qu'ils furent descendus dans la salle à manger, Varyan fut soulagé de constater qu'il n'y avait pas grand monde. Le prince inspira profondément et alla s'installer à une table du fond avec Harry, dans un coin un petit peu sombre pour que personne ne puisse réellement les observer. L'aubergiste ne tarda pas à venir les voir et leur demander s'ils avaient passé une bonne nuit.

"Parfait, cher aubergiste ! affirme Varyan en hochant la tête.

- Je m'excuse de la petite chambre que je vous ai trouvée, mais il ne me restait plus que cela.

- C'était parfait, assura Harry en mimant un sourire.

- Bien, je vais vous servir le petit déjeuner alors, les enfants !" répondit le maître des lieux en se dirigeant vers les cuisines.

Varyan le suivit du regard jusqu'à ce qu'il quitte la pièce pendant que Harry observait les lieux. Il n'avait jamais vu autant d'elfes dans un même endroit et ça aurait été mentir de dire que cela ne le stressait pas. Même s'il était caché par un sort de camouflage et qu'il usait de sa magie pour dissimuler sa part humaine, il n'était pas à l'abri d'être démasqué. Mais il ne s'inquiétait pas simplement pour lui. C'était surtout pour Varyan qu'il s'inquiétait. D'eux deux, c'était lui qui était le plus reconnaissable, en définitive.

"Ne t'en fais pas pour moi, Harry, je sais me faire discret... souffla-t-il.

- Permets-moi d'avoir quelques doutes..."

Mais Varyan n'eut pas le loisir de se défendre, car l'aubergiste revenait déjà avec un grand plateau où était installé le premier repas de la journée. Étonnement, bien qu'ils étaient dans la partie la plus froide du royaume, il y avait une grande corbeille de fruits. Il y avait aussi des fruits secs, du pain blanc et du pain noir, trois sortes de fromage différents, du jus de fruit et des boissons chaudes pour affronter le froid qu'ils trouveraient à l'extérieur. Il déposa le plateau sur la table et le vida petit à petit tout en reprenant la parole.

"Les fruits sont d'ici, les amis. Nous avons un cultivateur dans le village qui élève ses plantes sous serre. C'est impressionnant ce qu'il est capable de faire... je vous jure, on dirait des fruits qui viennent du Sud."

À ces mots, Varyan fronça les sourcils et attrapa une mangue dans laquelle il croqua. Il fut étonné d'y découvrir ce goût gorgé de soleil et ce jus si onctueux et délicieux.

"C'est réellement surprenant... souffla le prince des elfes en relevant ensuite le regard vers l'aubergiste.

- Vous avez vu ça ? Ce cultivateur est un véritable plus pour Durhambon ! Bon, j'espère que ce petit déjeuner copieux pourra vous aider à affronter le froid de chez nous. Je me trompe en disant que vous n'êtes pas d'ici ? Sinon je vous connaitrai et ce n'est pas le cas.

- Vous ne vous trompez pas, assura le jeune elfe en souriant avant de reposer son fruit dans son assiette.

- Et qu'est-ce que vous êtes venus chercher dans notre région si froide, en cette rude période de l'année ? Ce n'est pas le meilleur moment pour découvrir notre région ! déclara l'aubergiste en coinçant le plateau désormais vide sous son bras.

- Nous recherchons un maître magicien" répondit Varyan.

Le propriétaire de l'auberge fronça les sourcils à cette réponse, étonné d'entendre cela. Varyan comprit qu'il ne devait surement pas y en avoir autour de Durhambon, sinon cet aubergiste n'aurait surement pas eu cette expression. Ou bien, il le connaissait et ne l'appréciait pas du tout. Ce qui était aussi une possibilité !

"Nous n'avons pas de maître magicien dans les parages. Le seul que je connaisse vit à proximité de la ville frontière. Mais nous avons un enchanteur à Durhambon. Peut-être saura-t-il mieux vous renseigner que moi.

- Nous irons quérir cet enchanteur avant de poursuivre notre enquête. Si le seul maître magicien se trouve à la ville frontière, nous nous rendrons là bras.

- Notre enchanteur s'appelle Namil Numildil. Son échoppe se trouve sur la place centrale, vous ne pourrez pas la louper. Il sera surement déjà ouvert, il ferme les après-midi pour travailler sur ses élixirs. Vous avez de la chance d'être là un matin.

- Bien. Je vous remercie, l'aubergiste."

Ce dernier hocha la tête en mimant un sourire puis s'éloigna en laissant les deux jeunes gens seuls. Harry et Varyan prirent tranquillement leur petit déjeuner ensemble, discutant de tout et de rien tout en faisant bien attention à choisir leurs sujets, si jamais quelqu'un les écoutait. Le prince faisait également attention à chaque geste du jeune Harry, le reprenant de temps à autre quand il faisait des choses qu'aucun elfe ne ferait. Il y avait une certaine conduite à tenir, et il ne semblait pas l'assimiler aussi rapidement qu'il le faudrait.

Une fois le premier repas de la journée avalé, les deux voyageurs payèrent leurs deux petits déjeuners puis continuèrent leur chemin. Il était encore tôt et espéraient bien que Namil Numildil aurait déjà ouvert son échoppe. Ils n'avaient pas envie de perdre du temps à attendre qu'il n'ouvre si en définitive, il ne pouvait pas plus les aider que l'aubergiste.

En arrivant devant le magasin de l'enchanteur, Varyan fut soulagé de voir de la lumière et comprit qu'il était déjà ouvert. Ils poussèrent la porte d'entrée et découvrirent un environnement enchanté. Jamais Harry n'avait pu poser le regard sur un endroit tel que celui-ci. Même chez Alanna le spectacle avait été différent. Des lumières dansaient au plafond dans un millier de petites étoiles artificielles. Toutes les potions et divers élixirs étaient étendus sur les étals et brillaient comme s'ils étaient phosphorescents. Une plante verte et vivace trônait au milieu de l'échoppe, donnant un air familier aux deux voyageurs qui avaient passé un mois entier dans l'arbre maison de la sorcière.

Namil sortit finalement de derrière son comptoir, un large sourire sur les lèvres. Vêtu de son habit d'enchanteur, un large tablier par-dessus ses vêtements, avec ses longs cheveux blonds tressés dans son dos et ses grands yeux émeraude, cet elfe inspirait tout de suite confiance. Au premier regard, le prince des elfes n'hésita pas une seule seconde à lui adresser la parole, lui offrant un magnifique sourire.

"Bonjour l'enchanteur, j'aurais une requête à vous demander" commença Varyan.

Il hocha la tête tout en observant le jeune prince et Harry. Son regard s'arrêta pendant un moment sur l'humain, et pendant une fraction de seconde, le jeune elfe crut bien qu'il l'avait démasqué en lisant dans son regard une sombre expression. Mais il n'en dit rien et retourna son attention sur le prince.

Et il mima un sourire en croissant le regard de Varyan.

Il savait. Mais il n'avait rien dit.

"Que puis-je pour vous ? demanda-t-il finalement.

- Nous recherchons un maitre magicien. On nous a dit qu'il y en avait un dans la région de la ville frontière. Mais peut-être y en a-t-il un plus proche."

Namil Numildil hocha alors la tête tout en croisant les bras sur son torse et répondit alors.

"Je ne sais pas pourquoi un elfe et un humain qui essaie de se faire passer pour l'un d'entre nous recherchent un maître magicien, mais je serais vous, je le ferais plus discrètement. Je suis un enchanteur puissant et c'est la raison pour laquelle j'ai découvert la nature de l'humain. Mais si j'en ai été capable, d'autres le seront. Rien qu'à voir comment vous vous tenez, il n'y a aucun doute, vous n'êtes définitivement pas un elfe !" affirma Namil Numildil.

Le regard de Harry s'agrandit et le prince s'apprêtait à protester, l'enchanteur fit un signe de la main pour leur demander de cesser et de ne pas parler. Il reprit finalement la parole.

"Le maître Gil-Galad se trouve effectivement dans la ville frontière. Il tient un magasin dans le centre-ville, mais vit à l'extérieur, dans les bois sombres. Si vous osez vous y aventurer, c'est que vous avez beaucoup de courage. Sinon, je vous conseillerais d'aller le quérir directement dans son magasin. S'il vous fait confiance et qu'il désire vous parler plus... en privé, il vous guidera lui-même chez lui, leur expliqua-t-il avant de reprendre. N'ayez crainte, je ne dirais à personne que j'ai croisé notre cher Prince Varyan avec un humain. Mais vous devez savoir que vous êtes désormais recherché activement à travers tout le pays. Une missive ne devrait pas tarder à arriver dans les heures à venir. Il va vous falloir être prudents."

-Je vous en remercie et je saurai m'en souvenir en temps voulu, affirma Varyan.

-Vous avez ma parole d'honneur que personne ne saura que vous êtes passé par là."

*

Lorsque Aranel avait demandé à son fils aîné de mener les opérations pour retrouver Varyan, jamais, il n'avait pensé à l'échec ! Olwë n'était peut-être pas réputé pour être un elfe aussi futé et intelligent que son frère, mais le roi l'avait pensé capable de mener à bien, une mission aussi importante que celle-ci ! Ou tout du moins trouver un indice, ou ne serait-ce qu'un début de piste pour retrouver son jeune frère !

Mais si Olwë n'était pas aussi assidu que l'aurait voulu son père, c'était bien pour une raison. À son sens, Varyan avait commis l'irréparable en s'alliant à cet humain et avait trahi ainsi sa patrie. Donc, il avait décidé de monter cette histoire d'ensorcellement de toute pièce, sans oublier de passer sous silence le moment où il avait poignardé son frère... n'osant pas imaginer la colère de son père s'il avait appris cette affaire. Olwë avait minutieusement manipulé la garde pour que les recherches ne s'éloignent pas trop de la capitale, et cela, malgré les doutes de Lotar, le capitaine de la garde royale. Résultat, un mois plus tard, ils n'avaient toujours aucune nouvelle du jeune prince. Varyan était introuvable et le roi commençait à s'impatienter.

Olwë venait tout juste de terminer son premier repas de la journée en compagnie de sa mère, quand un garde était venu le chercher dans la grande salle à manger.

"Votre père le roi demande à vous voir."

Le prince s'était contenté de hocher la tête avant de finalement saluer sa mère et de quitter la pièce pour suivre le garde jusqu'au cabinet de son père, bien conscient que cette petite mascarade n'allait pouvoir continuer encore longtemps... il se doutait qu'il allait lui demander d'élargir ses recherches et quitter Pharelis. Il avait entendu des bruits de couloirs concernant une conversation entre Lotar et son père, quelques jours plus tôt.

Une fois devant la grande porte, il remercia le garde et frappa avant d'entrer lorsque son père lui en donna l'autorisation. Il referma soigneusement derrière lui et s'approcha de l'immense bureau derrière lequel le roi était installé. Il tira un des fauteuils et s'assit en face de lui.

"As-tu de bonnes nouvelles à m'annoncer, Olwë ?

- J'ai bien peur que non, père... osa répondre le prince, redoutant la réaction du roi.

- Si ça continue, je vais finir par partir à sa recherche moi-même Olwë, gronda le roi avec une telle puissance que son fils le premier sentit son sang se glacer. Je ne pensais pas que tu serais aussi mauvais dans une mission pourtant aussi simple !"

Olwë se mordilla les lèvres et baissa les yeux, profondément touché par les reproches de son père. Cependant, il devait admettre qu'il avait délibérément provoqué la situation.

"Ne penses-tu pas qu'il serait enfin temps de quitter la capitale et de le chercher hors de ces murs ?

-Vous avez sans doute raison père... murmura le prince en gardant les yeux rivés sur ses doigts qu'il triturait nerveusement avant de reprendre la parole, essayant de tirer toute ceci à son avantage, même s'il devait improviser pour y parvenir. Mais... je pense cependant qu'il serait peut-être temps de se poser les bonnes questions et de s'interroger sur les raisons de ce rapt. Pourquoi cet humain a décidé de fuir le palais en présence de mon frère, plutôt que de s'enfuir seul.

-Si tu es en train d'essayer de changer de sujet pour le tourner à ton avantage Olwë, sache que ça va très mal se passer pour toi !"

Le prince frissonna face au ton tranchant de son père. Mais il ne se démonta pas et il reprit avec le plus d'aplomb possible.

"Je ne remets pas en cause mon incompétence quant à retrouver mon frère, ni même votre décision de poursuivre les recherches en dehors des murs de notre capitale, avoua-t-il du bout des lèvres. Mais je souhaite attirer votre attention sur les raisons de cette fuite père."

Aranel soupira lourdement avant de finalement hocher la tête.

"Bien, je te laisse aller au fond de ta pensée.

-Je m'interroge sincèrement sur le but de l'humain. Pour tout vous avouer, je ne vois qu'une seule explication plausible et croyez-moi lorsque je vous affirme qu'elle va fortement vous déplaire." commença Olwë avec prudence.

Mais le prince venait de piquer la curiosité du roi. Aranel se redressa alors en fronçant les sourcils, attendant de recevoir plus d'éclaircissements de la part d'Olwë.

"Et si cet humain avait été envoyé par le royaume des humains pour ensorceler le prince et le ramener là-bas comme monnaie d'échange ? Cela leur donnerait l'avantage sur nous, offrant surtout un moyen de pression sur vous, père."

Face aux paroles de son fils, Aranel hocha lentement la tête.

"Sauf que Varyan a disparu avec cet humain depuis plus d'un mois, ne penses-tu pas que nous aurions eu des nouvelles d'une quelconque rançon depuis tout ce temps ?" enchaîna le roi

Olwë haussa les épaules. C'était bien là une question à laquelle il n'avait pas réfléchi. Mais pour une improvisation, il n'était cependant pas peu fier de lui... il avait tout de même réussi à faire diversion et éloigner le roi de sa première intention, soit de le condamner pour la non-résolution de sa mission.

"Je ne connais pas le temps qu'il faut pour rallier la capitale des humains, père, mais peut-être ne sont-ils tout simplement pas d'y arriver.

- Val se trouve presque à l'extrémité nord du royaume humain. Alors, il est fort possible qu'ils n'y soient pas encore arrivés" répondit Aranel tout en réfléchissant à la situation.

Et si son fils avait raison et que cet humain avait été envoyé par leurs ennemis pour ensorceler son fils adoré, pour avoir un moyen de pression moral sur lui. Il était évident qu'avec un otage tel que Varyan, Aranel aurait été capable de déclarer une guerre. Il aurait été capable de n'importe quoi pour récupérer son fils chéri, sain et sauf. Pour la première fois depuis un mois, le roi était maintenant sur une piste. Sans savoir que son fils avait inventé tout cela à mesure de leur discussion. Mais, il décida de suivre son instinct et de croire aux paroles d'Olwë. Alors, peut-être était-il désormais temps de se renseigner aux zones frontalières afin de voir s'ils y avaient été vus. S'ils se rendaient effectivement dans le royaume humain, ils avaient trois choix. Soit, ils étaient passés par la forêt vierge, qui était de plus en plus dense et dangereuse à mesure qu'on s'approchait de la frontière. Ou bien, ils avaient passé la frontière par les hauts du nord ou le désert du sud. Et il était évident que l'une des dernières solutions était la bonne. Enfin, il espérait bien que Varyan ne s'était pas aventuré dans la forêt vierge. Car même s'il connaissait la forêt, il était incontestable qu'il risquait de s'y perdre en s'éloignant.

"Envoie des troupes vers les hauts du nord et le désert du sud, mais je penche plus pour les montagnes qui ont vu naître votre mère. Varyan y a des contacts, il sera beaucoup plus simple pour eux de s'y rendre ! enchaîna rapidement le roi. Demande à notre maitre magicien de vous téléporter là-bas dès demain et envoie le capitaine Lotar au sud ! Ratissez ces deux régions comme si votre vie en dépendait. S'ils ont quitté le royaume, quelqu'un les aura vus. Et s'ils ne sont pas sortis du territoire, ramenez-les-moi vivants, je veux pouvoir écorcher vif ce jeune humain de mes propres mains."

Pendant ce temps, de l'autre côté de la porte du cabinet du roi, Wanda venait d'écouter toute la conversation entre Olwë et son père. Dès le départ de son fils de la salle à manger, elle avait immédiatement compris que l'heure était grave et qu'il était crucial qu'elle suive cette discussion. Après avoir entendu leur échange, elle ne regrettait pas de les avoir espionnés, car ces informations seraient essentielles pour Alanna. Si Aranel décidait d'envoyer des troupes dans les hauts du nord, Harry et Varyan étaient en danger et elle devait impérativement prévenir l'Éternelle !

Alors croyant que la discussion était terminée, elle s'éloigna à pas de loup, bien décidé à retrouver son amie de toujours pour tout lui raconter. Mais... peut-être aurait-elle dû rester une minute de plus. Car elle aurait pu entendre une autre information, cruciale.

"Et pendant que tu partiras dans les hauts du nord, enchaîna le roi, je vais écrire une missive et l'envoyer par oiseau voyageur à Val en explicitant que si ce scélérat d'humain ne nous ramène pas ton frère, nous viendrons le chercher nous-mêmes !"

_ Bon et bien il semblerait que les choses se fassent plutôt naturellement du côté de Harry.... la preuve en est avec le début du chapitre. Varyan arrivera-t-il a baisser sa garde ? En tout cas, je crois que notre jeune prince des humains n'attend qu'un seul pas pour foncer ! J'aime beaucoup la tournure de leur relation. Mais... est-ce que ça va durer à votre avis ? 

Puis nous ils partent à la recherche de l'enchanteur qui... les démasque au premier coup d'oeil. C'est plutôt une trèèès mauvaise chose et même s'il assure qu'il ne dira rien, est-ce qu'il tiendra sa langue et peuvent-ils lui faire confiance ?

Nous terminons ensuite entre une discussion père/fils qui tourne clairement au vinaigre. Olwë ment comme il respire et arrive à manipuler son père, qui lui est aveuglé par la détresse d'avoir perdu son fils chéri. Que pensez-vous de la tournure de tout ça ? Est-ce que Varyan et Harry seront en danger ? Olwë arrivera-t-il à les retrouver dans les hauts du nord ? et surtout ... quelles seront les conséquences de la missive qui va bientôt partir chez les humains ?

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