Le temps ne se rattrape pas
Il fuit sans se retourner
Et luit de tout son éclat
Juste avant de s'évaporer.
Mais où vont donc tous ces moments ?
Si, de la mémoire, ils s'effacent
Et là où le noir nous attend
Ils disparaissent et l'on trépasse...
Où l'on trépigne d'impatience
Pour une si courte durée
Lune se fourvoie si elle pense :
« Le Soleil ne viendra jamais ».
Comme il n'existe pas d' "encore"
Lorsque la clepsydre se vide :
L'unique choix étant la mort,
L'âme se fait avare avide.
Et comme l'ombre d'un bateau
S'estompe en s'éloignant du port
La pompe du néant prévaut
Sur la somme de nos efforts :
À quoi bon penser à demain ?
Sous les néons, lueurs fragiles,
Notre avenir est incertain
Voici qu'alors, la main habile
Nous tirera au fond de l'eau
Laissant nos souvenirs de côté
Et carcasse sur les hameaux
De nos pauvres cœurs naufragés.