3. Tony

Chapitre 3 – Tony

Si je dois aller à un autre meeting, je vais crier.

Enlevant ses chaussures et desserrant sa fine cravate, Tony passe une main dans ses cheveux stylisés avec soin, ce qui débarrasse ses pointes du gel, les décoiffant. Il se laisse tomber sur le canapé dans un bruit sourd, son dos heurtant quelque chose de dur, le faisant jurer. Alors qu'il s'assoie, le génie se met sur le bord du canapé en cuir noir, le tissu grinçant contre son pantalon de costume noir.

Se retournant, Tony enroule ses doigts autour de de la couverture brillante d'un livre, le pose sur ses genoux et en tourne nonchalamment les pages. Des post-it d'un rose hideux sont collés dans un ordre visiblement aléatoire tout au long du livre, griffonnés par l'écriture étonnamment soignée de Peter.

Réviser pour le contrôle de Mardi, dit l'un, le papier froissé par la façon dont il a été pressé contre le canapé. Tony le lisse avec un sourire tendre, secouant sa tête en pensant à la personnalité et l'esprit brillants de son fils. Dieu, il aime son gamin. Posant le livre sur le côté, il se lève du canapé avec un petit grognement d'inconfort quand le mouvement étire son dos douloureux. Croisant ses bras derrière sa tête, il s'étire et se dirige vers la cuisine, attrapant une tasse à café en passant.

Le retentissement de la sonnerie de son téléphone le fait tressaillir, manquant de renverser le café qu'il vient de faire couler dans son mug #1 DAD (un cadeau de Peter lors de la dernière fête des pères) sur son t-shirt blanc. Plongeant sa main dans la poche de son pantalon, Tony en sort son téléphone et fronce les sourcils quand il voit le numéro qui s'affiche sur l'écran, avant de poser sa tasse désormais pleine sur le comptoir dans un bruit sourd.

- Tony Stark, répond-il en approchant le téléphone de son oreille, et en ignorant l'anxiété qui tord son estomac.

- Bonjour, Mr. Stark, dit une voix de femme nasillarde. C'est Debbie Welling, Sécurité du Collège de Midtown. Votre fils, Peter Stark, n'était pas présent lors des deux premières heures, aujourd'hui. Savez-vous pour quelle raison ?

Tony exhale rapidement, sentant son cœur se serrer de panique alors qu'il ordonne silencieusement à Friday de vérifier les vidéos de surveillance de l'école. Serrant les poings, le génie ment entre ses dents, disant à la femme que Peter est actuellement à la maison avec la grippe et qu'il sera de retour à l'école d'ici quelques jours avec un peu de chance. Inutile de créer la panique. Du moins, pas encore.

- Par ailleurs, ajoute-t-il en feignant la gaieté, les vacances de Thanksgiving arrivent bientôt, et je ne pense pas que manquer quelques jours de plus sera un problème.

L'agent de Sécurité marmonne d'un air distrait, le martèlement du clavier et le froissement du papier résonnant à travers le téléphone. En temps normal, Tony aurait écarté le téléphone de son oreille avec irritation, mais à ce moment précis, il a du mal à juguler son anxiété de papa surprotecteur.

La dame lui dit quelque chose, quelque chose à propos du fait qu'il n'oublie pas de prévenir l'école, peu importe le moment de l'année, mais Tony écoute vaguement. Il raccroche soudainement, coupant court aux propos de l'agent de Sécurité, avant d'agripper sa tasse avec des mains tremblantes. Il se penche légèrement, appuie sa tête contre le rebord de sa tasse fumante et tente de contrôler ses émotions tempétueuses, tout en essayant de trouver une excuse pour justifier l'absence de Peter.

- Patron, j'ai trouvé les vidéos de surveillance que vous avez demandées, vous pourrez les voir quand vous serez prêt.

La voix de Friday interrompt ses pensées frénétiques, et Tony redresse péniblement la tête, le rebord de la tasse traçant une ligne rouge au-dessus de ses sourcils.

- Merci, Fri, dit le brun en se dirigeant vers l'ascenseur et en entrant dedans lorsque les portes s'ouvrent.

L'ascenseur bouge sans même qu'il ait eu besoin de le demander, Friday semblant comprendre la tension qui règne dans l'atmosphère et choisissant donc de ne pas perdre de temps à poser des questions. Alors que la cabine s'élève, Tony se balance d'un pied sur l'autre, son inquiétude et son agitation le faisant se sentir à la fois inutile et fébrile.

Il va bien. Le superhéros essaie de se rassurer, ses mains serrées en poings fourrées dans les poches de son pantalon. Tu es juste trop surprotecteur. Peter est intelligent, il sait prendre soin de lui.

Ça ne calme pas son inquiétude, cependant, et Tony peut sentir son instinct paternel remonter à la surface quand l'ascenseur marque un léger arrêt entre le premier et le second niveau de la Tour. Les portes s'ouvrent dans un souffle, et le soleil de midi brille à travers les fenêtres qui longe les couloirs, l'horizon Newyorkais rayonnant de lumière. Mais le génie ne s'arrête pas pour admirer la vue, et les portes de l'entrée s'ouvrent sans que l'homme inquiet ne les touche, alors qu'il court presque dans le couloir.

Entrant dans son laboratoire, Tony ignore Dummy qui tourne autour de lui, cliquetant impatiemment quand son créateur ne s'arrête pas pour le saluer. L'Empoté et Toi restent prudemment en retrait, se retirant loin dans la pièce en regardant le génie se diriger précipitamment vers les écrans situés contre le mur opposé.

- Très bien, Friday. Montre-moi les vidéos de surveillance, s'il-te-plait, commande-t-il, portant une main distraite au Réacteur ARK sur sa poitrine, la lumière bleue rayonnant à travers sa fine chemise et lui offrant un peu de réconfort.

L'écran noir devant lui s'allume soudainement pour lui montrer les vidéos de surveillance du Collège de Midtown, l'enregistrement accéléré et légèrement brouillé. Des adolescents courent d'un bout du couloir bondé à l'autre, riant sans vergogne et se poussant les uns contre les autres. Tony scanne la foule avec application, ses yeux grands ouverts passant d'un adolescent à l'autre, sentant la déception et l'inquiétude grandir en lui à chaque visage non familier qu'il voit.

Il vérifie toute l'école, à la recherche d'une familière tignasse de cheveux bruns et d'un sourire timide. Mais Peter n'est nulle part, la seule indication montrant qu'il est absent est le moment où Ned hésite près de son casier, son téléphone devant son visage et un froncement de sourcils marquant ses traits ronds. La sonnerie retentit quelques secondes plus tard et le garçon jette un œil au casier juste à côté de lui avant de se diriger vers la porte de son cours à quelques pas de là.

- Friday, utilise la reconnaissance faciale pour Pete – commence Tony, mais les couloirs se vident après quelques secondes, et plus personne n'entre ou ne sort de l'école pendant un long moment après ça.

Tony grogne, faisant les cent pas d'avant en arrière, ses bras croisés et ses poings serrés. Son esprit est tourmenté, la pensée que son enfant n'est nulle part et potentiellement blessé faisant bouillir son sang et accélérer son cœur.

Il se rappelle avoir enlacé Peter pour lui dire au revoir, plus tôt ce matin, son fils lui disant qu'il l'aime une dernière fois avant qu'il ne sorte et coure en direction de son bus. Tony avait crié un « je t'aime aussi ! » avant que le garçon soit déjà dehors, mais Peter ne l'avait pas entendu et avait continué à courir, ne regardant pas en arrière.

Tony avait essayé de chasser le sentiment d'appréhension qui l'avait accompagné pendant quelques instants, à ce moment-là.

Maintenant, cependant, le plus âgé des Stark passe une main dans ses cheveux, tirant ses mèches alors qu'il marche d'avant en arrière, ses chaussures claquant contre le sol. S'arrêtant juste une seconde, Tony se retourne et attrape son Starkpad sur son étagère, ses doigts survolant le clavier alors qu'il commence à hacker chaque caméra de sécurité autour de la Tour.

Il va retrouver son fils.

Après un petit moment passé à taper sur son clavier avec des doigts tremblants, le génie trouve la vidéo qu'il cherchait, glissant ses mains sur le côté pour agrandir l'écran à sa gauche, lequel lui montre une image un peu floue.

Elle provient d'un magasin de vêtements à quelques blocs de là, la vitrine sombre et reflétant les gens qui passent et les voitures qui se fraient rapidement un chemin vers leur travail ou l'école. On voit Peter marcher sur le côté de l'écran, son sac à dos sautillant sur son épaule et ses yeux d'enfant regardant à gauche et à droite. Tony ignore le sentiment d'amour qui fleurit dans son cœur à la vue de son fils, préférant se concentrer sur les personnes qui marchent près de l'adolescent. Mais rien de suspect n'arrive et l'inventeur ressent une pointe de déception et d'impuissance.

Mais alors il le voit.

Un homme, la tête recouverte d'une capuche noire, marche derrière Peter, un peu en retrait. Ses cheveux sont d'un rouge sombre et longs, légèrement balayés par le vent. Tony grogne en voyant ce type louche suivre son fils, ses poings se serrent et il se penche en avant avec colère. L'angle de la caméra change soudainement, le long chemin d'une allée abandonnée se profilant dans l'ombre d'un immeuble proche. Le génie fronce davantage les sourcils, un grognement de frustration se bloquant dans sa gorge quand il voit Peter tourner dans l'allée, ses écouteurs vissés dans ses oreilles et sa tête se balançant sur la musique.

Mais le jeune Stark se fige soudainement, portant ses mains à ses oreilles pour retirer les écouteurs blancs, et tourne la tête pour regarder derrière lui. Sauf qu'il ne tourne jamais complètement sa tête, car l'homme qui le suivait l'attrape subitement en enfonçant une fine aiguille dans son cou. Tony pousse un cri de rage et de peur, ce qui fait sursauter ses robots, qui tourbillonnent avec inquiétude.

Un fourgon blanc, la plaque d'immatriculation cachée, apparaît derrière la silhouette désormais flasque de son fils traînée par ce bâtard aux cheveux rouges. Ensuite, l'écran devient noir.

- Friday, c'est quoi ce bordel ! s'écrie Tony, donnant des petits coups furieux sur la tablette dans ses mains, essayant en vain de trouver où ils avaient embarqué son bébé.

- Je suis désolée, Monsieur, il apparaît que ce sont les seules vidéos de surveillance qui montrent Peter depuis 7h46, ce matin.

L'I.A. semble désolée, mais ça n'éteint pas le feu qui brûle désormais dans le corps du génie.

Retenant un sanglot de détresse, Tony essaie encore et encore de trouver une vidéo – n'importe quelle vidéo – de son fils, qu'il pourrait utiliser pour le localiser. Il essaie les épiceries locales et les magasins de vêtements. Il essaie les caméras à l'intérieur du bus de Peter, et les vidéos de surveillance provenant d'un feu rouge. Il essaie même de voir à travers la caméra du Starkphone d'un piéton, celui de Peter ne répondant à aucun des appels et des messages anxieux et désespérés de son père, son traceur arrêtant de fonctionner lorsque le téléphone n'a plus de batterie. Ou qu'il a été détruit.

Mais toutes ces vidéos ne donnèrent aucune information.

Dans un cri de désespoir qui lui brise la voix, Tony attrape une clé à molette qui se trouve près de lui et la jette avec force contre le mur en métal renforcé face à lui. L'outil heurte le mur avec un bruit aigu, avant de retomber sur la jambe du génie. Mais le père enragé ne fait même pas attention à la douleur, les larmes qu'il avait tenté de retenir glissant désormais sur son visage rougi tandis qu'il halète avec haine et désespoir.

Il se dirige ensuite vivement vers la vitrine dans laquelle repose son armure d'Iron Man, et commence à rassembler l'armure, le revêtement rouge et or se resserrant comme une seconde peau autour de son corps.

- Monsieur, vous venez de recevoir un Email d'un expéditeur inconnu.

- Ignore-le, dit le brun d'une voix dure, et ses yeux brûlent d'un feu aussi chaud que ses répulseurs.

Il commence à rejoindre le pont ouvert pour le vol, le martèlement de son cœur résonnant dans ses oreilles et pulsant contre le Réacteur ARK à chaque pas qu'il fait. Il grogne presque en silence, grinçant des dents, parce qu'il sait que la longue recherche dans laquelle il se lance est la seule chose qui pourra le garder sain d'esprit. Abaissant son casque sur son visage, le génie manque presque la voix de Friday quand elle sort des haut-parleurs.

- Le visage de Peter a été reconnu par mon Système de Reconnaissance Facial. Voulez-vous que je transfère cet Email vers le grand écran pour que vous puissiez le voir ?

Tony se fige à mi-chemin vers la sortie, le soleil heurtant son visage et l'aveuglant légèrement quand il enlève son masque, ses yeux injectés de sang s'écarquillant et sa respiration hachée.

- Oui ! Oui, putain de merde, Friday ! Lis la vidéo ! dit-il, le son du métal contre le métal résonnant quand il court jusqu'à l'écran qui est toujours vierge.

L'armure d'Iron Man est lourde contre ses jambes, ce qui l'oblige à s'arrêter. Laissant échapper un souffle de frustration, l'ingénieur arrache presque l'armure, ses mains devenant rouges et sensibles quand il tire sur le métal. Ses jurons sont étouffés par le bruit des machines.

L'amure s'ouvre juste au moment où l'hologramme s'allume, les bruits de l'eau qui goutte et d'une respiration laborieuse se répandent dans le laboratoire, et Tony laisse échapper un son entre un sanglot et un grognement, luttant contre le besoin irrépressible de lever sa main désormais libre et de toucher l'image horrifique qui s'incruste dans son esprit.

Parce que devant lui, le regardant, ses beaux yeux bruns teintés de douleur et de confusion, du sang et des contusions partout sur son visage, et ses poignets enchainés à un mur sale, se trouve Peter.

Tony sent son cœur se briser. 

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