2. Peter

Chapitre 2 – Peter

Peter ouvre péniblement ses paupières brulantes, mais ne bouge pas le reste de son corps. Tous ses muscles se tendent à l'entente des pas de son ravisseur qui se rapprochent. Il se force à stopper les larmes qui coulaient auparavant, son éducation aidant Peter à se composer un visage calme, alors même que son cœur semble vouloir sortir de sa poitrine. L'image de son père est toujours gravée dans sa mémoire, et l'adolescent la repousse avec un intense sentiment de regret, ses doigts le faisant souffrir alors qu'il les ramène contre lui.

Un mouvement flou sur sa droite le fait involontairement tressaillir, les chaînes cliquetant quand il essaie de se dégager des mains qui l'agrippent. Une aiguille est plantée dans son cou, pile sur un point de pression, rendant ses bras déjà faibles encore plus flasques, alors que son corps retombe mollement contre le mur. La pierre s'incruste dans ses biceps, créant des petits renflements bruts dans la peau sensible de ses bras. Sa tête tombe en avant, son menton reposant contre le doux tissu de son pull noir alors que du sang s'écoule de son crâne, et la sensation de congestion fait que son nez laisse jaillir davantage de sang.

Les mêmes mains rugueuses prennent son menton en coupe, le sang qui s'égouttait sur le sol se coinçant maintenant dans les profondes callosités de la main de l'homme. Ses ongles sales et cassés s'enfoncent dans la mâchoire de l'adolescent, et Peter essaie en vain de dégager sa tête de sa prise douloureuse. Sa tête est brutalement repoussée vers le haut, sa nuque faisant un bruit sec quand les os s'entrechoquent soudainement.

- Tu es réveillé, est tout ce que dit l'homme, souriant vicieusement, ses yeux noisette émaillés par une folie mal cachée.

Ouais, et toi t'es taré, a envie de répondre Peter, mais la main autour de sa bouche se resserre, ses joues pressées l'une contre l'autre et le sang séché se craquelant sur ses lèvres.

L'adolescent lance à l'homme un regard furieux, ses yeux mouillés se plissant de haine et de peur quand son corps tremblant le trahit. L'homme sourit narquoisement une nouvelle fois, relâchant le visage du jeune Stark après quelques secondes à couper le souffle, levant ensuite son autre main pour gratter son nez épais. L'adolescent prend une grande bouffée d'air lorsqu'il le libère, en essayant de ne pas vomir lorsqu'il sent la cigarette et l'alcool parvenir jusqu'à ses narines, tentant maladroitement de s'éloigner le plus loin possible.

Son ravisseur recule d'un pas, son jean déchiré et son t-shirt R.E.M. délavé cachant la lumière de la lampe au-dessus de leurs têtes. Son visage dans l'ombre, les yeux élargis de l'homme brillent d'une lueur obscure. Peter recule quand l'homme le regarde de haut en bas, le faisant frissonner.

- C'est parfait.

Gloussant avec allégresse, l'homme tape ses mains l'une contre l'autre dans un claquement sec.

- C'est parfaitement brillant.

L'araignée sursaute au bruit perçant, ses yeux se refermant d'instinct. Clignant des yeux rapidement pour les rouvrir, Peter laissa un échapper un cri effrayé quand son regard fait soudainement le point sur la vue rapprochée qu'il avait du visage gras de son ravisseur.

Chassant ses longs cheveux rouges de son visage, l'homme regarde sévèrement l'adolescent enchainé devant lui, utilisant le même ton que Tony emploie lorsque Peter lui désobéit. Mais cet aliéné n'a rien à voir avec son père, et l'adolescent ravale la bile qui lui brûle la gorge.

- Ah, non, non, non !

En se baissant rapidement, l'homme aux yeux sombres enroule ses mains autour du front de Peter, forçant ses paupières à s'ouvrir avec ses pouces.

- Garde ces yeux ouverts, Pete !

Laissant échapper un cri de terreur, Peter lève ses mains tremblantes pour repousser les doigts qui s'enfoncent dans ses orbites. L'homme le regarde méchamment lutter contre lui, resserrant sa prise avant de se reculer, se retournant subitement et marchant jusqu'à la table. Sanglotant, Peter peut sentir les contusions qui commencent déjà à se former sur son visage, et il rapproche ses genoux plus près de sa poitrine, alors qu'il regarde l'homme fouiller autour de lui, le dos tourné à son captif.

- Pourquoi –

La voix de l'adolescent se brise, et il frotte sa nuque douloureuse avec une main tremblante, gardant ses yeux ouverts et alertes.

- Pourquoi v-vous f-faites ça ? V-vous êtes qui ?

L'homme tourne les talons, ses baskets usées couinant sur le sol mouillé, et il lève la main pour traduire exagérément son excitation. Ses yeux noisette sont verrouillés à ceux de l'adolescent allongé sur le sol, les sombres prunelles brillant à la fois de colère et d'optimisme.

- Pourquoi je fais ça ?

Le rejoignant rapidement, l'homme se penche vers l'avant de sorte à ce que son visage ne se trouve qu'à quelques centimètres de celui, terrifié, du jeune Stark, crachant les mots comme s'ils étaient du poison.

- Tu sais pourquoi je fais ça, Spider-Man !

Peter sent son visage devenir blême alors qu'il regarde l'homme avec des yeux écarquillés. L'adolescent ouvre et referme sa bouche en essayant de rapidement trouver une excuse, et l'homme sourit narquoisement.

- J-je ne –

Mais il ne peut pas aller plus loin. Aussi vif que l'éclair, l'homme lève sa main et frappe Peter au visage. L'adolescent lâche un cri de douleur, sa tête tapant contre le mur de pierre dans un bruit sourd, son nez déjà cassé se brisant davantage alors que l'homme laisse retomber son poing. De ses yeux brouillés, Peter voit son ravisseur lui cracher au visage, et son crachat atterrit sur la joue rouge et contusionnée de l'araignée.

- Ne me mens pas ! hurle l'homme, en tendant ses mains crispées pour saisir la tête étourdie du garçon, le forçant à la relever à nouveau, alors que Peter émet un bruit de protestation.

Prenant une profonde inspiration, l'homme libère Peter avec un grognement de dégoût, se relevant de toute sa hauteur imposante pour surplomber le jeune Stark. Arborant un sourire forcé, l'homme glousse hystériquement tandis que Peter lutte contre le bourdonnement de ses oreilles. sa tête semble rembourrée de coton.

- Est-ce que tu vas être un bon garçon, maintenant, Petey ?

Comme il ne reçoit pas de réponse, l'homme lance sa jambe d'un coup sec, sa chaussure entrant en contact avec la cage thoracique de l'adolescent.

- Est-ce que tu vas arrêter de me mentir ?

- Oui ! souffle Peter, résistant au besoin de se recroqueviller sur lui-même, les yeux fixés sur l'homme qui hoche la tête.

Reniflant avec satisfaction, le fou se retourne, la lumière provenant de la lampe chancelante créant un halo terrifiant autour de ses cheveux rouge sale. Il trafique quelque chose sur la table et le son du métal frappant le métal fait tressaillir l'adolescent à chaque fois, ses yeux larmoyants ne quittant jamais la grande silhouette de l'homme. Ils sont tous les deux silencieux pendant quelques secondes, l'unique son étant la respiration laborieuse de Peter, et le goutte à goutte constant de l'eau.

Observant encore la silhouette mouvante de l'homme, l'araignée ferme ses yeux juste pendant une seconde, sa tête lancinante retombe contre le mur. Il laisse échapper un léger gémissement quand le béton dur entre en contact avec ses blessures, et il sent d'autres larmes remplir ses yeux bordés de rouge alors qu'il laisse ses pensées errer jusqu'à son père.

Il voudrait que l'homme soit là, il le voudrait tellement que ça lui fait mal physiquement, et la douleur grandissane dans sa poitrine, rivalise avec celle de sa tête. Peter gémit silencieusement quand son ravisseur provoque une forte détonation, quelque chose de lourd étant tombé sur le sol et roulant sous la table. En jurant, l'homme se baisse pour le récupérer, jetant un regard en arrière vers son prisonnier au moment où l'adolescent se force à rouvrir ses yeux collés, reniflant pour essayer d'arrêter de pleurer.

- Je m'appelle Jason, dit soudainement l'homme en lui montrant le tournevis qu'il avait fait tomber, et en s'appuyant de tout son poids contre le bord de la table.

Il faut quelques secondes à la tête douloureuse de Peter pour enregistrer ce qu'il vient d'entendre, mais il a dû émettre un bruit d'assentiment parce que l'homme-qui-s'appelle-Jason ne lève même pas la tête du boitier qu'il est en train d'ouvrir. Ses mouvements sont irréguliers, et tellement différents de ceux du père de Peter lorsqu'il bricole que Peter n'ose même pas le regarder, de peur de salir l'image de son père avec celle de ce salaud.

- Je travaillais pour Toomes, j'étais un de ses petits mécaniciens en charge de créer des armes plus petites, des couteaux et des armes de poing, entre autres, continue nonchalamment Jason, regardant brièvement Peter de ses yeux noisette. La vie suivait son cours. Ma famille me respectait et j'avais un tas de fric.

Il écrasa soudainement l'outil sur la table, le métal résonnant sous la force. Jason, ses épaules se soulevant quand il se tourne pour regarder Peter d'un œil mauvais, passe une main tremblante dans ses cheveux gras. L'adolescent le regarde faire avec des yeux écarquillés, en essayant de combattre la terreur qu'il sait visible sur son visage contusionné, couvrant son visage avec ses bras faiblards quand l'homme pointe son corps tremblant d'un long doigt.

- Mais toi – toi, tu m'as pris tout ce que j'avais ! Avec le Vautour derrière les barreaux et l'affaire révélée au grand jour, il n'a pas fallu longtemps pour que ma vie soit ruinée.

Crachant au sol, l'homme aux cheveux rouges essaie, en vain, de juguler sa colère, renâclant comme un taureau furieux, et il contracte ses épaules en se retournant vers la table.

- Tout mon fric a été saisi, ma femme m'a quitté et a pris notre fille. J-je les ai pas vues depuis des mois...

Jason semble perdre sa colère pendant quelques instants, baissant la tête et attrapant quelque chose sur la table. Peter se glace d'effroi, son cœur cognant fort contre sa poitrine et sa respiration s'accélère. Serrant les points, l'adolescent ignore la douleur du fer qui coupe ses paumes quand Jason commence à installer un petit magnétoscope jaune. L'éclat de la caméra est vif dans la pièce lugubre, et Peter serre les dents alors que sa panique augmente.

- Alors, j'ai pensé – continue Jason à voix basse tandis qu'il trafique le support noir, ajustant la longueur des pieds – à combien j'avais besoin d'argent. Et alors, peut-être que ma femme et ma fille reviendront. C'est là que j'ai eu une illumination !

Il marque une pause avec une main levée, regardant le jeune Stark enchaîné au sol avec excitation, ses yeux brillants hantés par une délectation puérile. Peter le regarde d'un œil mauvais, se déplaçant légèrement sur le sol en tremblant.

- Qui a plus d'argent qu'il n'en mérite ? demande l'homme, ricanant quand Peter frissonne, le regardant comme s'il n'était qu'un morceau de viande. Tony Stark.

L'adolescent se fige quand il entend le nom de son père, sentant un gémissement se coincer dans sa gorge quand il pense à l'homme. Le besoin de le voir qu'il avait précédemment revient avec force, et il ne peut empêcher un flot de larmes qui déborde de ses yeux marrons expressifs, les menottes autour de ses poignets cliquetant quand il les soulève pour chasser les larmes de ses yeux. Jason ne semble pas remarquer la détresse du garçon, trop concentré sur l'explication de son plan pour se rendre compte des répercussions de ses mots.

- J'image qu'il pourrait me donner – il met ses mains l'une contre l'autre – quelques millions de dollars, avec une bonne motivation.

Peter humecte ses lèvres, le sang séché qui emplit sa bouche contraste avec celui de la bile qui glisse difficilement le long de sa gorge obstruée. Il tente de combattre la peur qui parcourt son corps fatigué, résistant au besoin de fermer ses yeux lorsqu'il entend les propos du taré qui lui fait face.

- Et quelle meilleure motivation que la vie de son petit garçon ?

Souriant largement, Jason allume la caméra, l'objectif noir faisant face à Peter et lui donnant une vision déformée de son reflet brisé. Un sanglot traitre franchit la barrière de ses lèvres alors que la lumière rouge clignote, parce qu'il sait que cela va briser son père, et qu'il n'a aucun moyen d'arrêter ça.

Gloussant une dernière fois avant de se recomposer un visage neutre, Jason s'avance vers lui, tenant un couteau juste devant lui. Le métal tranchant réfléchit l'ampoule au-dessus de leurs têtes. Peter essaie de s'enfuir, ses baskets couinant quand elles glissent dans une flaque d'eau proche, les larmes s'échappant de ses yeux et coulant abondamment sur son visage rouge et sale.

- Très bien, Spider-Man, ricane Jason, sa voix cruelle et sarcastique, voyons voir à quel point tu peux crier. 

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