12. Tony
Chapitre 12 – Tony
Le reste de la semaine se passe sans vraiment d'incidents.
Ils restent principalement à la Tour, le génie faisant en sorte de dîner avec Peter en regardant tous les films de Disney que Friday peut trouver. Tony sait qu'il devrait être en train de pousser Peter à sortir dans le monde réel, ou au moins retourner à l'école, mais les yeux marrons terrifiés de son garçon rendent ça beaucoup plus difficile à faire.
Peter est encore effrayé, pense le Millionnaire en mettant du beurre dans la purée, et il fronce les sourcils, agrippant la cuillère. Peu importe le fait que cet enfoiré meure dans quelques heures, Jason a toujours une emprise sur lui.
Sur eux deux.
C'est assez drôle, en fait. Tony sait que l'homme n'échappera pas à son destin, qu'il ne va pas soudainement réapparaitre dans la rue, un jour, et arracher Peter de ses bras, lui enlever son bébé et lui faire du mal à nouveau.
Mais ça ne l'empêche pas de scanner la foule quand il conduit dans la rue, de vérifier les vidéos de surveillance autour de leur maison avant d'aller au lit, et de tenir son enfant près de lui quand n'importe qui avec une teinte de rouge dans les cheveux ou des yeux couleur noisette s'approche à moins de trois mètres d'eux.
Il sait que c'est irrationnel, parfois même que c'est vraiment stéréotypé de réagir de cette façon, mais ça ne l'empêche pas d'angoisser et ça ne contient pas ses instincts primaires qui le forcent à faire tout ça. Ses pensées sont hantées par le rire mauvais et les cris de son fils, et ces derniers deviennent réels quand il se lève toutes les heures pour réveiller Peter après un autre foutu cauchemar, attirant la tête du jeune garçon contre sa poitrine et retenant ses propres larmes.
Un bip soudain à sa gauche fait sursauter le génie, et il jette un œil à la purée qu'il remue depuis plus de dix minutes. Secouant la tête, Tony attrape la moufle de cuisine rouge et blanche accrochée au crochet situé au-dessus de la cuisinière.
Après avoir vérifié deux fois que le pain de viande est bien cuit, l'homme le pose sur la table, les bougies vacillant quand il passe devant elles. Le bruit de la télé lui apparait clairement maintenant qu'il n'est plus dans la cuisine, et il retient un rire en entendant Peter chanter Le Roi Lion, ainsi que les grognements exaspérés d'Happy entre chaque parole.
Après avoir déposé le plat fumant au centre de la table, Tony s'arrête une seconde pour admirer son ouvrage. Esquissant un petit sourire, le Millionnaire se dirige rapidement vers la pièce suivante.
Ce qu'il voit ensuite le fait exploser de rire et lui donne une crise cardiaque en même temps.
Peter est assis sur le dossier du canapé, ses bras levés vers le haut et sa bouche grande ouverte alors qu'il crie/chante les paroles en parfaite synchronisation avec le film, ignorant Happy qui se bouche les oreilles avec ses doigts, le visage renfrogné. Mais ses yeux sont hilares, et Tony sait qu'il n'est en fait pas vraiment agacé.
- Peter ! descends de là avant de tomber et de te blesser !
Laissant échapper un long soupir, Tony se dirige rapidement vers l'adolescent, dans son dos, essayant de calmer son cœur qui bat trop vite et de chasser de son esprit les images de son fils en train de tomber.
Quand il arrive près de lui, le génie agrippe gentiment son fils par la taille, le soulevant facilement et le remettant sur le canapé, et la chanson de Peter s'arrête net quand il pousse un petit cri de surprise. Se tortillant légèrement pour se libérer, l'adolescent penche sa tête en arrière aussi loin que possible, le mouvement rendant son visage rouge quand le sang y afflue soudainement.
- Hey, papa ! dit-il, souriant largement et en enroulant ses bras autour de son père, le serrant fort.
Tony le serre en retour sans hésitation, la sensation de tenir son enfant dans ses bras, en sécurité, est toujours aussi magique, et ce, à chaque fois qu'il l'expérimente. Se penchant vers l'avant, il dépose ses lèvres contre la tempe de l'araignée avant de le libérer, ignorant le rictus amusé qui s'étire sur le visage d'Happy, et préférant plonger son regard dans les grands yeux brillants qui le regardent.
- Hey, gamin, t'es prêt à passer à table ? demande-t-il, son sourire ne quittant jamais son visage alors que Peter se redresse d'un bond, et le gargouillement de son estomac est clairement audible.
- Yeah !
Laissant seuls les deux adultes, l'adolescent se dirige rapidement vers la table.
- Oncle Happy, tu peux mettre pause, s'il-te-plait ?
Se retournant, Peter plonge ses grands yeux de chien battu dans ceux de l'homme toujours assis sur le canapé, les contusions encore visibles sur son visage accentuant l'effet. Happy pousse un grognement dramatique, attrape la télécommande sur la table basse et appuie sur le bouton avec son pouce, avant de se relever lui aussi.
- Voilà, gamin. Tu peux arrêter de me regarder comme ça, maintenant, dit l'homme grincheux après une seconde en arrangeant sa chemise.
Tony croise les bras sur sa poitrine, le réacteur ARK chaud contre sa peau alors qu'il se retourne. Roulant des yeux à l'irritation feinte de l'autre homme, il se baisse et attrape le petit flacon orange qui est posé sur la table basse, les pilules se trouvant à l'intérieur faisant du bruit en heurtant les parois. Plissant les yeux, le Millionnaire les compte silencieusement sans ouvrir le flacon, et regarde sévèrement Happy quand il en compte deux de trop.
- Est-ce que Peter a pris ses médicaments ? demande-t-il, fronçant les sourcils quand Happy secoue la tête.
- J'ai essayé de les lui donner, Tony. Mais il a insisté sur le fait qu'il allait bien et puis il a commencé à danser sur canapé. Qu'est-ce que tu aurais voulu que je fasse, que je les lui enfonce dans la gorge ?
Grognant à l'idée que quiconque enfonce quelque chose de force dans la gorge de son enfant, le génie se dirige vers la table de la cuisine, et le bruit des chaussures cirées d'Happy sur le sol le suivent. Happy étouffe une toux, et attrape le bras de son ami, l'arrêtant avant qu'ils n'entrent dans l'autre pièce.
- Je suis désolé, Tony, j'aurais dû faire en sorte qu'il les prenne. Je ne voulais pas que les choses soient plus difficiles pour toi.
Haussant les épaules, le Millionnaire donne une tape sur l'épaule de celui qu'il considère comme un frère.
- C'est rien, Hap. Je sais comment Peter peut être, je suis juste rassuré qu'il rie de nouveau.
Et sur cela, les deux adultes pénètrent dans la cuisine, le visage impatient de Peter se tournant vers eux depuis la chaise sur laquelle il est assis. Il tient sa fourchette de sa main valide, l'autre toujours enroulée dans un bandage et posée sur sa cuisse.
Son couteau a été repoussé au loin, le côté tranchant aussi éloigné de Peter que possible, et Tony sait que les objets tranchants font encore paniquer l'adolescent. Il le récupère, ignorant le tressaillement de son garçon avec une pointe de culpabilité, et le pose sur le comptoir derrière lui, se sentant soulagé quand Peter se détend immédiatement.
La lumière brillante des bougies se reflète dans les magnifiques yeux bruns de son enfant, et Tony sait qu'il fera n'importe quoi pour qu'il garde ce sourire sur son visage.
S'asseyant à la gauche de son fils, le plus âgé des deux Stark rapproche gentiment l'adolescent de la table. Happy s'assoit face au père et au fils, attrapant sa serviette pour la déposer sur ses genoux alors qu'ils commencent à remplir leurs assiettes.
Tony observe Peter prendre ses médicaments avec attention, ignorant la grimace de dégout que fait son fils en se forçant à avaler les pilules, l'eau n'aidant pas beaucoup. Enfin, il finit de déglutir et ils profitent tous ensemble de la compagnie de chacun.
Ils discutent et plaisantent, l'atmosphère est légère et familiale et sécure. La famille. Tony sent la tension qui s'est accumulée dans ses épaules se détendre, sa poitrine explosant d'une émotion sur laquelle il n'arrive pas à mettre de nom alors qu'il regarde Peter rire à quelque chose que son Oncle dit. Les cheveux bouclés de son fils sont doux contre ses doigts quand il passe une main dedans, souriant doucement quand Peter appuie sa tête contre sa main pour accentuer le contact.
Tout le long du repas, il garde un œil sur l'horloge, les nombres rouges brillant dans la lumière tamisée. 17h22. 17h31. 17h46.
Enfin, 17h55.
Tony se tend, sentant Peter bouger sur sa chaise et s'appuyer contre son père, sa tête se déposant contre l'épaule du génie et son souffle chaud s'écrasant contre le cou de son père. Enroulant un bras autour de son enfant, Tony frotte sa main de haut en bas dans le dos de Peter pendant qu'ils attendent, sentant le regard d'Happy suivre chacun de ses mouvements silencieusement. Il dépose son menton sur le sommet du crâne de l'araignée, ses lèvres embrassant quelques fois son front, et tous les trois observent les nombres défiler jusqu'à atteindre 18h.
Le soleil couchant entre dans la pièce par la fenêtre, l'horizon de la ville de New-York s'éclaircit à mesure que l'orbe rougeoyant tombe sous l'horizon, la lune poussant son visage pâle et rougeoyant au-dessus des arbres presque immédiatement après. Une silhouette sombre vole près de la fenêtre, et Tony regarde un oiseau attraper un dernier insecte avant de rentrer chez lui, le battement de ses ailes étant presque audible dans le silence qui s'est emparé de la pièce.
Son téléphone vibre presque aussitôt.
Déglutissant difficilement pour chasser la gêne qui obstrue sa gorge, le Millionnaire sort son téléphone de sa poche avec des mains tremblantes, resserrant sa prise sur son bébé quand il allume l'appareil.
Mission accomplie, c'est tout ce que cela dit, le numéro de Fury brillant sur l'écran, mais les mots ont tellement de signification, tout à coup.
Tony commence immédiatement à pleurer, ses larmes glissant sur son nez et s'écrasant contre les cheveux de Peter, ses épaules tremblent alors qu'il sanglote simplement de pur soulagement. Son fils n'essaie même pas d'être silencieux, ses pleurs emplissant la pièce et résonnant contre les murs alors qu'il grimpe presque sur les genoux de son père.
- Il a disparu, Peter. Il est mort, bébé, et tu n'auras jamais, jamais plus à avoir peur de lui à nouveau. Il est parti... il est parti... il est parti, continue à répéter Tony, sa voix se brisant sous l'émotion.
Peter ne répond pas, laisse juste échapper un petit gémissement et se serre plus étroitement contre lui, ses mains tremblant quand il agrippe le t-shirt de son papa entre ses doigts. Il renifle contre la poitrine de Tony, son visage contusionné devenant sans doute douloureux à force d'être pressé, mais l'adolescent s'en moque. Sa nourriture oubliée, le Millionnaire concentre toute son attention sur son fils, sachant que ce moment sera de ceux dont ils se rappelleront pendant un long moment.
Du coin de l'œil, Tony voit Happy essuyer discrètement son visage, et sait que son frère est tout aussi ému que Peter et lui.
Après un long moment, les choses finissent par s'apaiser.
Peter s'est endormi, son visage appuyé contre la poitrine de Tony et ses bras enroulés autour de lui. Ses joues sont toujours mouillées de larmes, et le père les essuie avec son pouce, serrant son bébé plus étroitement contre lui quand le garçon bouge. Happy remue sa main devant son visage, et Tony cligne des yeux, posant son regard sur l'autre homme.
- Tu peux y aller et déposer Peter dans son lit, Patron. Je vais ranger la table, dit doucement le Conducteur, et Tony hoche la tête en remerciement.
Se levant lentement, le génie prend doucement Peter dans ses bras, l'adolescent grognant légèrement à cause du mouvement avant de se blottir plus confortablement contre lui. Tony quitte la pièce alors qu'Happy remplit l'évier d'eau savonneuse. Après avoir traversé le couloir, Tony ouvre la porte de la chambre de son fils avec son épaule, faisant attention à ne pas cogner la tête de son bébé contre l'embrasure en entrant à l'intérieur.
Laissant échapper un juron étouffé quand son orteil tape contre quelque chose de dur, l'homme se penche et pose délicatement son fils dans son lit. Il récupère les vêtements de nuit qui reposent au bout du lit, et change Peter, le garçon ne bougeant même pas pendant toute la manœuvre.
Enfin, l'adolescent est prêt pour la nuit, et Tony le recouvre avec une couverture, la lumière du réacteur ARK diffusant une douce lumière bleue dans la pièce.
Reniflant, Tony s'assoit près de lui, souriant quand le jeune Stark se blottit immédiatement contre lui, cherchant inconsciemment la protection de son père ainsi que son réconfort, même dans son sommeil. Se râclant la gorge, le génie commence à fredonner doucement dans l'obscurité de la chambre, observant le mouvement de la poitrine de son enfant qui respire.
Se penchant au-dessus lui encore une fois, Tony embrasse doucement la tempe de Peter et réajuste les draps autour de la silhouette de son garçon, chassant les cheveux de son visage avant de se lever. Son dos craque et il se dirige vers la porte encore ouverte de la chambre.
Il s'arrête soudainement, se retournant pour regarder en arrière, son cœur se remplissant d'amour avec une telle force que son souffle se coupe. L'ombre du Millionnaire bloque la lumière provenant du hall, et il se déplace sur le côté, retenant ses larmes quand le visage paisible de son fils se tourne vers lui, sa bouche légèrement entrouverte.
Il est la chose la plus précieuse que Tony a jamais vue.
Laissant échapper un soupir de soulagement, le plus âgé des Stark dépose un dernier baiser sur le front de son fils endormi, l'observant respirer et il se sent tellement chanceux d'avoir cet enfant dans sa vie. Secouant la tête, il se retourne, ferme doucement la porte.
Alors qu'il s'éloigne de la chambre de son enfant, Tony sait que Peter n'aura plus jamais à vivre quelque chose comme ça.
Il s'en assurera, qu'importe ce qui se dressera sur son chemin. Son fils vaut tous les sacrifices, et Tony promet, au plus profond de lui-même, qu'il le protègera.
Toujours.
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