11. Tony

Chapitre 11 – Tony

Ce n'est qu'au milieu de la chanson que Tony se rend compte que Peter s'est rendormi.

Les petits ronflements de son fils qui sortent des haut-parleurs sont la propre berceuse du Millionnaire, et l'homme peut sentir ses yeux se fermer. Mettant de côté son envie de dormir pendant quelques minutes de plus, il continue à chuchoter les paroles de la chanson dans le téléphone, sa voix étouffée par l'obscurité de la pièce.

Quand Happy l'a appelé plus tôt dans la nuit, le plus âgé des Stark a presque eu une crise cardiaque, ne sachant pas si son fils souffrait ou s'il était juste effrayé. La panique est légèrement redescendue une fois qu'il a commencé à parler avec Peter, mais avec tout ce qui s'est passé lors de ces derniers jours, il sait que la situation risque d'être tendue pendant un petit moment encore.

Les pleurs de son fils lui ont brisé le cœur, le fait qu'il ne soit pas à la maison pour le serrer contre lui et arranger les choses renforcent son désir de régler cette affaire au plus vite et de s'assurer que Jason paiera le prix que Tony jugera nécessaire.

Personne ne lui enlèvera plus jamais son fils, pas tant qu'il y aura de l'air dans ses poumons et son cœur battant dans sa poitrine.

Alors, avec une petite tape du doigt, Tony raccroche quand la chanson se termine, posant le téléphone chaud sur la table de nuit juste à côté de lui. Il plisse les yeux, essayant d'ignorer l'hideux radio réveil de l'Hôtel qui l'éblouit alors qu'il s'enfonce plus profondément sous ses couvertures.

Il a encore une heure avant que le réveil ne sonne, et l'homme sait qu'il va avoir besoin de dormir un peu pour surmonter l'énorme bordel auquel il va devoir se confronter.

Avec un soupir qui lui fait mal aux poumons, l'homme ferme ses yeux et essaie de bloquer le souvenir des sanglots de Peter qui tournent dans sa tête, l'armure d'Iron Man brillant dans le noir.

Juste au cas où les négociations deviendraient difficiles.

*

L'air glacial de Novembre est cassant, sa froideur pure pique le nez de Tony alors qu'il descend sur le trottoir plein de monde.

Le café dans sa main offre une chaleur réconfortante à ses doigts engourdis, le liquide sombre brûlant sa langue quand il en prend une gorgée. La fumée qui s'en élève embue ses lunettes orange, le faisant grogner de mécontentement quand il les nettoie. Jetant la tasse dans une poubelle, l'homme accélère le pas alors que des petits nuages sortent de sa bouche.

La montre à son poignet reflète les rayonnements d'or du soleil levant quand il y jette un coup d'œil, l'ombre des grands buildings qui l'entourent lui permettant de voir les nombres inscrits sur l'écran.

7h14. Beaucoup trop tôt pour cette merde.

Une brise violente se lève soudain lorsqu'un taxi passe à proximité, le logo de Washington sur le côté brille dans la lumière alors que la veste sombre de Tony se froisse. Sentant un mal de tête poindre rapidement, le super-héros a tout juste le temps de prendre un Advil avant que les murs gris du Triskelion n'apparaissent dans son champ de vision. Les eaux agitées de la Potomac River clapotent doucement contre les rochers, les petites vagues se mélangeant entre elles et formant ensuite un petit bouillon blanc en s'écrasant contre la pierre.

Un agent de sécurité essaie d'arrêter le Millionnaire une fois qu'il atteint les portes, mais se recule en s'excusant quand Tony lui montre sa carte. Donnant un l'homme une petite tape sarcastique sur l'épaule quand il passe près de lui, Tony se doit de repousser le besoin presque vital de rentrer chez lui pour prendre son fils dans ses bras, souhaitant simplement s'asseoir avec lui, regarder un film, et oublier toute la souffrance par laquelle ils sont passés tous les deux.

Mais pour l'instant, Tony va juste devoir se contenir pour survivre à ce meeting sans tuer personne.

- Je suis là pour voir Nick Fury. Oui, je suis le vrai Tony Stark. Non, vous ne pouvez pas prendre de photo avec moi. S'il-vous-plait, indiquez-moi juste la bonne direction et ensuite vous pourrez recommencer à prétendre être en train de taper quelque chose sur votre écran d'ordinateur, et retourner sur Pinterest pour regarder des photos de chats en pyjamas, dit Tony d'une voix ennuyée et en roulant des yeux quand la jeune femme de la Sécurité pousse un halètement en le voyant entrer.

D'une main tremblante, la gardienne lui indique la gauche, pointant un long couloir dont le mur est recouvert de grandes fenêtres et de plantes en pots qui doivent donner une impression de verdure dans cet intérieur métallique. Lançant un sourire séducteur à la jeune femme, le Millionnaire se dirige en direction des ascenseurs situés au bout du couloir indiqué.

Sa démarche est assurée, son visage lisse et sa mâchoire est douloureuse tant elle est serrée.

La musique détestable de l'ascenseur est sa seule compagnie pendant son ascension jusqu'au dernier étage.

Les portes s'ouvrent dans un ding, et les rayons du soleil levant emplissent la pièce d'une couleur d'or quand Tony sort de l'ascenseur. Le génie porte une main à son front pour se protéger de la lumière trop vive, et il se dirige vers le bureau de Fury, la plaque de métal offrant un contraste saisissant avec le bois de la porte qu'elle surmonte.

Entrant dans le bureau, l'homme ignore le regard de Fury, et choisit de s'asseoir sur une chaise derrière la table.

- Très bien, Nick, faisons ça rapidement. J'ai un petit Stark Junior qui voudrait que je rentre à la maison avant le déjeuner, et je ne suis pas sûr qu'Happy sache correctement faire un sandwich, dit-il d'un ton brusque en sortant un stylo noir de la poche de sa veste.

Fury le regarde simplement, son œil se plissant quand il fronce les sourcils.

- Ça durera aussi longtemps que je jugerai nécessaire, et si vous avez un problème avec ça, vous pouvez toujours pleurer un océan de larmes et dégager d'ici. Compris, Stark ?

Tony souffle, ses joues rougissant légèrement alors que ses mains se serrent en poings sur ses cuisses. Son regard s'assombrit alors que le Millionnaire essaie désespérément de refouler la colère qui le submerge, tandis que Fury s'assoit sur un siège de l'autre côté de la table, déposant sur cette dernière un dossier jaune.

Enfin, il lève les yeux vers lui, un faux sourire se dessinant sur son visage.

- Et bien, on s'est levé du mauvais pied, ce matin ! Quelqu'un a essayé de glisser des petits pois entre vos matelas, princesse ?

- Passons simplement aux choses sérieuses, Stark, soupire l'homme en ouvrant le dossier pour en sortir une liasse de photos. Avez-vous quelque chose à me dire sur le suspect qui est en garde à vue ?

Grinçant des dents, tout l'humour de sa dernière réplique s'évanouit alors que Tony essaie de ne pas s'énerver en voyant le sourire mauvais que Jason arbore sur la photo. L'homme est vêtu de vêtements de prisonnier, l'orange sombre de sa tenue contrastant avec sa peau rouge et contusionnée. Tony sent soudainement une explosion de fierté dans sa poitrine à la vue des dommages qu'il a infligés à ce bâtard, son nez étant tordu et tout son visage recouvert de marques bleues et noires.

Prenant une profonde inspiration, le génie se force à se calmer en s'appuyant contre son siège, coiffant ses cheveux en arrière d'un geste de la main. Il essaie d'ignorer le regard du Directeur.

- Je ne peux vous dire que ce vous savez déjà, dit finalement Tony. Qu'il est le fils de pute qui a kidnappé Peter contre de l'argent, pour attirer l'attention de sa femme et de sa fille.

Fury lève soudainement les mains, coupant le génie qui fronce alors les sourcils.

- Nous avons regardé les vidéos, Stark, ce n'était pas si compliqué à comprendre. Ce que je voulais savoir, c'était si vous aviez d'autres nouvelles informations que nous pourrions utiliser pour convaincre le juge que cet homme mérite de mourir pour ses crimes ?

L'inventeur réfléchit quelques secondes avant de parler, sachant très bien que l'Agent en face de lui ne va pas apprécier ce qu'il va dire.

- Non, je n'en ai aucune, Grincheux.

Fury continue simplement à regarder Tony avec le même air irrité, ses lèvres se pressant l'une contre l'autre en une ligne mince. Quand il parle, sa voix est presque moqueuse, et Tony sent la frustration poindre dans son estomac à l'entente de son ton condescendant.

- Donc, vous voulez dire que vous n'avez aucune nouvelle information sur cet homme, alors que vous aviez trois jours pour en rassembler et venir avec votre dossier ?

- Je ne pensais pas devoir « venir avec un dossier », Directeur. Toutes les preuves dont nous avons besoin se trouvent dans les vidéos d'horreur que ce salopard a produits, et je pen –

- Ce que vous pensez m'importe peu, Stark ! Ce dont nous avons besoin, c'est que vous arrêtiez de vous complaire dans votre foutue Tour et que vous commenciez à faire votre boulot !

Tony en a finalement assez.

Se redressant dans son siège, il se penche vers le Directeur, ignorant le froncement de sourcils de l'homme. Sa cravate noire effleure la table sous son menton, et le Millionnaire devine à quel point son visage doit être rouge alors qu'il pointe un doigt tremblant en direction de Fury.

- Maintenant, écoutez-moi bien, monsieur, siffle l'homme, se sentant satisfait en voyant l'œil de Fury s'écarquiller à l'entente de son ton furieux. Mon boulot n'est pas de rassembler tous les petits détails dont vous avez besoin ! Ma priorité en ce moment même c'est de prendre soin de mon fils blessé et malade, qui est à l'hôpital en train de se rétablir des tortures qu'il a subies, et de m'assurer qu'il n'arrache pas sa perfusion quand il se met à hurler en pleine nuit ! Alors, non, je ne me « complais » pas dans ma Tour, comme vous l'avez suggéré avec éloquence, et si vous croyez que je vais rester là à écouter vos conneries au lieu de quitter cet endroit, vous vous fourrez le doigt dans l'œil, jusqu'au coude !

Tony se renfonce dans son siège et regarde la pièce autour de lui, remarquant pour la première fois à quel point les murs sont vides.

Il n'y a pas de photos ou d'étagères ou de plantes, dans cette pièce, seulement le bureau et une large fenêtre au fond.

Regardant de nouveau Fury, Tony est surpris de voir à quel point l'homme semble secoué quand il souffle un petit rire incrédule, et il serre les poings contre ses cuisses.

- Très bien, Stark, dit-il, et son ton redevient sérieux. On ne vous demandera pas de récupérer d'autres informations, dans ce cas, mais répondez simplement à mes questions et vous serez libre de partir.

- Je préfère ça, rétorque Tony en s'appuyant plus confortablement dans sa chaise. Mais mettez-y un peu d'entrain, j'ai pas toute la journée.

Semblant retenir un soupir, le Directeur commence à lui poser question après question, auxquelles Tony répond généralement par un « oui » ou un « non », seule une question demande une explication.

- Donc, vous dites que Peter n'a pas été agressé sexuellement quand il a été enlevé par cet homme ? demande Fury avec hésitation, semblant comprendre que ce n'est pas une question à prendre à la légère, mais ayant besoin d'avoir la bonne information pour pouvoir condamner ce monstre.

Les yeux de Tony s'assombrissent, et la pièce entière semble se refroidir d'un seul coup alors qu'il lance un regard noir au Directeur. Un grognement sort de sa gorge, et l'homme se recule légèrement quand le génie croise fermement les bras sur son torse, se retenant de détruire le peu de choses qui se trouvent dans la pièce.

Fury l'observe, la bouche grande ouverte à cause du choc, n'ayant jamais vu Iron Man dans un état de pure haine et de pure fureur. Cela fait comprendre à Fury qu'Anthony Edward Stark n'est pas un homme avec qui l'on peut jouer comme ça, car il peut facilement tuer un homme, d'un seul geste du poignet.

Il ne sait pas vraiment quoi faire de cette information.

Tony ne remarque pas comme Fury tressaille lorsqu'il se lève soudainement. Ses yeux semblent briller quand il parle, le réacteur ARK flamboyant sous son t-shirt, et les mots qui sortent de sa bouche sont teintés d'une rage pure.

- S'il avait osé toucher à mon enfant de cette manière, il ne serait plus qu'un tas de cendres fumant dans un coin de l'Enfer, là où le Diable lui-même ne l'aurait pas trouvé. Je l'aurais tué sans une once d'hésitation.

Avant même que Fury ait pu répondre, le Millionnaire sort, ses mains tremblant et ses lèvres blanches. Il sait que le Directeur a encore un tas de questions, mais Tony en a assez de tout ça, et il sait qu'il va craquer s'il reste une seconde de plus à l'intérieur.

Marchant d'un pas vif, il passe devant les Agents de sécurité, lesquels reculent immédiatement en voyant son expression.

La dernière chose que Tony voit alors qu'il rentre dans l'ascenseur, c'est le visage incrédule et choqué de Fury, toujours assis derrière son bureau.

*

Quand Tony rentre à la maison, son dos douloureux après avoir marché toute la journée et ses genoux lui faisant mal, il sait que Fury saura gérer le procès et qu'il peut arrêter de s'inquiéter.

Secouant la tête à cette pensée, le Millionnaire enlève ses chaussures et rejoint son fils sur le canapé, le visage de Peter s'illumine quand il le voit et Happy se déplace pour lui faire de la place. Peter soupire avec bonheur, se blottissant contre son père alors que le film commence, son repas à peine entamé reposant sur la table basse, près de ses jambes. Happy grogne un bonjour avant d'enfourner une poignée de popcorns dans sa bouche, mais ses yeux se fixent dans ceux du génie et il comprend que l'autre homme à des millions de questions à lui poser.

Tony pose sa tête contre les cheveux de son enfant, respirant leur odeur en essayant de juguler ses émotions quand il voit que Peter grimace toujours, sachant qu'il aurait besoin de retourner dans l'aile médicale après ça.

Son garçon renifle simplement, relâchant sa prise et le Millionnaire embrasse sa tempe, sentant l'amour exploser dans sa poitrine, et il déteste le fait que Peter va encore se réveiller en pleurant la nuit prochaine.

Mais au moins, cette fois, Tony sera là pour le réconforter quand ça arrivera.

*

Quand ses yeux s'ouvrent brusquement, plus tard dans la nuit, cependant, ce ne sont pas les hurlements de Peter qui ont réveillé Tony, mais les vibrations incessantes de son téléphone, tout près de son oreille.

Portant l'appareil à son oreille, Tony répond d'une voix rauque.

- Qui m'appelle à cette putain d'heure ?

Il s'assoit, cependant, quand la voix triomphante de Fury résonne dans le téléphone, semblant bien trop réveillé pour une heure pareille. Sentant déjà un commentaire sarcastique se former sur le bout de sa langue, le Millionnaire halète aux mots de l'homme, la phrase qu'il avait préparée mourant dans sa gorge.

- Jason vient d'être annoncé coupable, Stark. La date de son exécution a été fixée à jeudi prochain, à 18h.

Après avoir raccroché, Tony refoule les larmes de soulagement qui emplissent ses yeux.

Parce que maintenant, Peter est complètement, à cent pourcent, en sécurité. Et c'est la seule chose que Tony veut plus que tout au monde. 

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