Chapitre 7
Caché dans l'ombre de la forêt, il regardait le nid de griffons au loin. Il n'était pas rare de tomber sur cet hybride mi-lion mi-aigle, il était majestueux et l'emblème de plusieurs blasons de grandes maisons, il était d'ailleurs difficile à tuer et s'attaquait assez rarement aux humains ce qui rendait les contrats le concernant assez inhabituels. C'est ce qui attira l'attention de Geralt lorsqu'il lut le contrat sur le tableau d'affichage d'un petit village près d'Oxenfurt.
Oxenfurt a toujours été réputée pour son Académie représentant l'attraction principale de la région, peu de villages se trouvaient aux alentours et par conséquent la faune et la flore étaient très diverses et présentes. Tout en sachant cela, le sorceleur n'arrivait pas à comprendre comment un nid aussi grand et peuplé de griffons avait pouvait encore être intact.
En effet, devant lui se tenait une large structure de bois, de feuilles et de terre formant un cercle plus grand que certaines places de village que Geralt avait vu. Dans ce nid se trouvait deux griffons adultes et plusieurs griffons nouveau-nés, pas plus âgés qu'un an. Au vu des caractéristiques des deux adultes, le sorceleur pouvait confirmer qu'il s'agissait d'un mâle et d'une femelle supposément les géniteurs de l'armée de bestioles semi-plumées qui grouillée au creux du bois.
Selon le pistage qu'avait effectué Geralt, les griffons étaient les responsables de plusieurs attaques de marchands aux abords d'Oxenfurt. La garde royale, auprès de qui il avait récupéré les informations concernant le contrat, avait mentionné sept attaques dont cinq meurtres ayant tous eu lieu au sud-est de la porte est de la ville, la porte de Novigrad. Peu de sang avait été versé mais les décombres des charrettes et les blessures infligées avaient laissé les indices suffisant pour retrouver les bêtes.
Geralt avait deux hypothèses quant à l'existence et la survie d'un tel troupeau d'hybrides. Sa création était le résultat de la politique de Vesemir II dit le Juste qui passait plus de temps à parader dans les cours pour créer des alliances qu'à écouter les doléances concernant la faune rebelle. Sa survie en revanche était bien plus complexe. La majorité des victimes était des marchands de viandes sèches ou de fruits sucrés, malgré le nombre important de griffons, il y avait assez de nourriture volée pour tous les nourrir sans qu'ils aient à chasser à côté. Cela ne voulait dire qu'une chose, les griffons ne chassaient plus.
Comme mentionné précédemment, Oxenfurt est une grande ville de la Rédanie, elle est fructueuse et attractive mais pourtant il n'y a que peu de villages aux alentours. Les animaux sont présents en grande quantité et les griffons ne devraient pas avoir de mal à attraper une biche dans la région. Leur incapacité à chasser révélait quelque chose de sous-jacent, de bien plus grave. Geralt ne s'attarda pas plus longtemps devant le nid, seul et peu préparé, il ne faisait pas le poids devant eux. Il s'engagea dans la direction d'Oxenfurt, il devait découvrir ce qui se passait et se rendre à l'Académie afin de préparer son plan.
En arrivant par la porte de Novigrad, il s'arrêta chez l'armurier pour faire réparer son armure et ses épées. S'il voulait être efficace il ne pourrait pas affronter les bêtes en grinçant dans une armure rouillée ou en frappant avec son épée émoussée. Un homme avec deux épées sur lui c'était de cela peu commun, ajoutez-y le fait que l'une est en argent et que les deux sont attachées dans son dos et vous comprendrez pourquoi les regards se tournaient souvent sur le passage de Geralt.
L'armurier face à lui, ne faisait pas exception mais il était assez poli pour ne faire aucune remarque, en tout cas tant que le sorceleur ne l'avait pas payé. Une fois les couronnes empochées, il lui demanda le but de sa venue et commenta le dépareillage de ses pièces d'armures, les matériaux utilisés et se proposa même pour lui confectionner quelque chose. Geralt était le meilleur ami des artisans, la venue d'un sorceleur sonnait comme une sortie de la routine quotidienne, un moment enclin à réaliser quelque chose de créatif.
L'homme lui proposa donc de garder le plastron de son armure afin de l'améliorer, il souhaitait pour seul paiement que Geralt lui ramène des poils des crinières des griffons qu'il allait tuer. Ne voyant rien de contraignant à dépecer un monstre qu'il devait déjà tuer, le sorceleur accepta de laisser sa pièce d'armure. Il attrapa une tunique en lin dans les poches de la selle d'Ablette et l'enfila à la place de celle qu'il porte habituellement sous son armure.
La température se réchauffait de plus en plus et Geralt était le premier à le sentir, c'est pourquoi il avait demandé à l'artisan de modifier son armure lourde afin de la rendre plus légère pour mieux se mouvoir. Après avoir conclus qu'il reviendrait dans trois jours pour récupérer son armure et qu'il reviendrait payer sa dette par la suite, le sorceleur s'en alla en direction du sud.
L'Académie d'Oxenfurt se trouvait sur une île à part de la ville et était reliée au nord, par un aqueduc imposant inspiré des créations elfiques. Geralt avait déjà aperçu le monument mais n'avait jamais eu l'occasion de le traverser ni même d'entrer dans le bâtiment qu'il reliait. Il savait de source sûre qu'il devait trouver un certain Jean La Voisier, conférencier pour le département d'alchimie et spécialisé en potions complexes et que celui-ci pourrait l'aider à concevoir les outils dont il aurait besoin pour abattre les griffons et détruire le nid.
En arrivant devant la bâtisse, après avoir traversé la structure sur l'eau, Geralt remarqua que l'académie ressemblait bien plus à une forteresse qu'à un établissement d'éducation. Bien loin d'être ouvert et verduré comme il se l'était imaginé, il voyait devant lui des bâtiments séparés par des rues étroites et une place lugubre en pierres grises. En s'avançant vers celle-ci, il croisa de nombreux gardes postés aux portes, devant lui se dresser une grande statue d'un homme regardant une pomme, peu intéressé par l'art subversif, il arrêta un vieux nain afin de lui demander où il pouvait trouver La Voisier et à défaut, le département d'alchimie.
« Prenez la ruelle juste là » fit-il en lui pointant un embranchement à gauche du sorceleur « Il vous faudra continuer à droite, c'est le bâtiment derrière le grand arbre » lui dit-il avant de continuer sans demander son reste. Geralt, bien que surpris par le comportement de l'homme, n'ajouta rien et se dirigea là où il avait indiqué.
Il arriva rapidement devant un bâtiment fait de la même pierre grise que la place sur laquelle il s'était rendu. On pouvait y lire « Chaire d'alchimie et de chimie de l'Académie d'Oxenfurt » gravé sur une plaque dorée au-dessus de la porte, l'entrée et le bâtiment étaient sobres, rien d'extravagant pour une des académies les plus prestigieuse du monde connu. Le sorceleur frappa à la porte par politesse et rentra directement sans attendre la permission.
L'endroit ressemblait autant à une bibliothèque qu'à une cuisine, de nombreux livres et feuillets étaient dispersés dans la pièce tandis qu'une table de préparation se dressait au milieu. Une serre pourvus de milles et unes plantes avait été installée devant l'immense fenêtre faisant face à la porte. Un lit avait été installé dans un coin de la pièce et Geralt aurait put croire que la demeure s'arrêtait là si ce n'était pas pour l'escalier en bois massif, collé au mur, menant à l'étage.
Des pièces du haut vinrent une jeune femme rousse à l'air inquiet, elle observa le sorceleur et se présenta comme l'assistante aux professeurs et conférenciers de la chaire d'alchimie de l'académie d'Oxenfurt, un nom bien long auquel le sorceleur répondit simplement « Je suis Geralt de Riv. ». La jeune femme termina de descendre avant de se positionner face à lui pour l'empêcher de pénétrer plus loin, elle lui demanda alors :
̶ Vous ne semblez pas être un de nos élèves, alors que venez-vous faire ici ?
̶ J'aurais besoin de m'entretenir avec Jean La Voisier au sujet d'un nid de griffon, est-ce que vous savez où je peux le trouver ?
̶ Il est dans ses quartiers mais devrait venir d'ici quelques heures, vous pouvez soit l'attendre ici soit repasser plus tard.
̶ Merci bien, je vais l'attendre ici.
L'assistante sembla dépourvue, pensant surement pouvoir se débarrasser du sorceleur en le faisant patienter durant plusieurs heures. Lorsqu'elle aperçut Geralt s'asseoir proche de l'entrée, elle choisit un siège bien plus loin de lui pour s'installer et entreprit de lire vaguement le premier livre qu'elle eut sous la main ; « Bourdaine, Lin, Ispaghul et autres plantes du monde de la digestion, livre illustré », une œuvre qui ne manquerait pas de sel visiblement. Le sorceleur s'abstint de sourire et se plongea en méditation en attendant le retour du conférencier.
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