Chapitre 6

               L'histoire qui va suivre vous a déjà été raconté, mes chers amis, le conte de Geralt qui, fasse au danger que représentait la jeune Renfri, décida d'éliminer sa bande de bandits avant qu'elle n'agisse ; sans savoir qu'elle ne mènerait pas son plan à bien. Tuée, elle devint la martyre du village et l'excuse de Stregobor, le mage fraîchement installé, pour chasser le sorceleur du village. Mon ami a cependant jugé bon d'apporter des précisions qui ne changeront, certes, pas le dénouement de cette histoire mais apporteront une clarté nécessaire pour la suite.

Cela faisait presque un an depuis sa dernière visite à Blaviken et il revint avec le cadavre d'une kikimorrhe sur les bras près à recevoir sa récompense. Ne sachant pas vers qui se tourner, il s'arrêta à la taverne afin d'en apprendre plus et qui sait, peut-être revoir Ewelina par la même occasion. Bien qu'il fût surpris d'être accueillis froidement, il chercha le contrat pour le monstre auprès du tavernier qui lui répondît sèchement qu'aucun contrat n'avait été émit pour la bête et que plus rien ne serait payé au mutant. Une jeune femme à sa gauche pris le parti de Geralt et exigea qu'on le traite comme les humains et qu'on lui serve quelque chose à boire. Cette jeune femme, c'était Renfri. D'abord une jeune princesse, elle avait été rejetée par sa belle-mère lorsque son père mourut, elle faisait partie de ces jeunes filles née sous la malediction du soleil noir et la rendait donc, selon les textes, prédisposée à la violence et à la folie. Cherchant à se préserver, sa belle-mère voulu à la faire tuer sous les conseils d'un mage de la cour de Kovir : Stregobor.

Geralt et Stregobor se connaissait déjà à l'époque, ce dernier l'avait embauché afin de résoudre un problème d'amphisbène à Kovir plusieurs années auparavant mais ne l'avait jamais payé et l'avait même fait chasser précipitamment par le roi. Aujourd'hui dans la même ville que le mage et la princesse, Geralt se retrouva vite dans une impasse lorsque Renfri chercha à engager le sorceleur pour tuer le mage tandis que Stregobor fit de même de son côté.

Après avoir reçu les demandes des deux ennemis, le sorceleur voulu en apprendre plus sur le différent qui les oppose et s'était d'abord dirigé vers l'habitation de l'échevin, qui ne l'avait que peu renseigné, avant de se diriger vers la maison d'Ewelina. Il frappa à sa porte en espérant la trouver chez elle et entendit la voix de la jeune femme qui l'invitait à entrer. Elle ria en le voyant avant de s'éclaffer sur le même ton :

« J'aurais du savoir que ce serait toi, Geralt, qui à part toi frapperait à la porte d'un commerce » fit-elle en fermant la porte à clés derrière le sorceleur. Elle le guida vers la partie de la pièce qui servait de table et lui servit un verre de bière alors même qu'il n'avait rien demandé.

- J'oubliais que tu tenais un commerce, rares sont les alchimistes le font.

- Rares sont les alchimistes qui sont aussi herboristes et guérisseuses. Qu'est-ce que tu viens faire ici, à Blaviken, je me doute que tu n'ai pas revenu m'emmener au loin sur ton cheval de prince charmant.

- Ça peut s'arranger, je ne suis ni prince ni charmant mais j'ai un cheval.

Elle le regarda avec défi, droit dans les yeux, pour l'amener à se rétracter mais il soutînt son regard et, au final, c'est elle qui détourna la tête sous son intensité. Elle lui fit signe de continuer et de répondre à sa question d'un geste simple de la main, il prit une gorgée de l'alcool qui lui avait été servis avant de poursuivre :

- Le nouveau mage, Stregobor, et la jeune têtue, Renfri veulent s'entretuer. Tu saurais m'en dire un peu plus ?

- Ugh, Renfri... quelle tête de mule. Je lui ai dit de laisser tomber mais bien évidemment elle ne m'écoute pas.

- J'en conclus que tu l'as connu ? Je sais globalement pourquoi elle veut le voir mort, pourquoi il veut la voir morte. Ce que je ne comprends pas c'est pourquoi personne ne cherche à les raisonner. Qu'est-ce qui est arrivé à la ville, tout semble bien plus morose que dans mes souvenirs.

- Bien des choses ont changé depuis ta dernière visite, Stregobor est un mage reconnu et sa venue à suscité pas mal d'attention.

Ewelina entreprit de raconter à Geralt ce qu'elle savait, la vile s'était divisé en deux après une scène publique sur la place du marché où le prêtre qu'avait intimidé le sorceleur prit la parole afin de condamner le mage et ses pratiques. D'abord accusé, il l'avait diabolisé au point où Stregobor, reconnu pour sa patience, avait humilier verbalement le prêtre avant de rétorquer brutalement sur ses accusations.

Depuis ce jour, les habitants de Blaviken se séparaient entre ceux soutenant Stregobor, et son utilisation de la magie, et le prêtre dont la thèse veut que les humains soient plus méritants de la terre qui leur a été offerte contrairement aux non-humains, mutants, monstres et utilisateurs de la magie qui ne font qu'exploiter ses ressources à des fins égoïstes. Le conflit entre Renfri et Stregobor été fondé par la rancœur de la jeune femme mais prenait place dans le contexte politique instable de la ville, les habitants prenant partis pour l'un ou l'autre suivant son opinion sur le conflit sous-jacent.

« Ce n'est pas que personne ne peut les raisonner, c'est que personne n'a cherché à le faire » conclus la jeune femme avant de se servir un alcool plus fort et d'enfouir sa tête dans sa main, la passant doucement sur son visage.

- Tu sembles bien impacté alors même que tu n'es pas au centre de l'histoire. Est-ce qu'il y a quelque chose que je devrais savoir ?

- Détrompe-toi, je fais partie des gens les plus concernés. Renfri est mon amie et je comprends sa peine, sa vie entière lui a été arrachée par des personnes qui ne la connaissaient que par une malédiction obscure. D'un autre côté, pour gagner le soutient de l'échevin, Stregobor a mis sa magie et ses ressources au service de l'échevin. Il est devenu un pilier dans le village, grâce à ses incantations et à sa maîtrise des sciences, nous avons eu la meilleure récolte depuis des décennies.

- Se rendre indispensable pour que tout le monde nous apprécie.

- Ma tante, qui est complètement contre l'association avec des non-humains, voit pourtant en lui un moyen de prospérer au-delà du possible. Et elle n'est pas la seule.

- Tu dis que Renfri est ton amie et que tu l'as déjà confronté sur le sujet. Qu'en est-il ?

- Renfri est plus bornée que jamais, le prince à qui elle a tenté de faire un batard s'est lassé d'elle avant qu'elle y arrive. Elle cherche à soigner son mal-être avec la seule chose qu'elle connaît, et il se trouve que Stregobor est son ennemi numéro un pour le moment. Geralt, je t'en prie, ne prend pas part à ce conflit peu importe les couronnes promises. Rien de bon ne va en ressortir.

- Tu rejoins ma pensée sur ce point là, je vais partir de ce pas avant que la situation ne dégénère.

Le sorceleur se leva de sa chaise et attrapa ses fourreaux avant de se diriger vers la porte.

« Tu ne restes pas ? » demanda-t-elle en se levant à son tour, arrêtant le sorceleur dans sa démarche.

« Rien ne me retient ici, je dois retourner à Yspaden pour l'hiver et le voyage est long. » avait-il répondu, bien conscient de la peine qu'il lisait dans les yeux de la jeune femme. Mais il ne s'arrêta pas et ne se retourna pas, il monta sur son cheval avant de sortir du village et d'établir son campement pour la nuit dans la forêt.

Le reste se passa comme je l'ai décrit la première fois : Geralt tomba sur Renfri dans la forêt, après avoir compris qu'il n'agirait pour aucun des deux, elle lui fit part de son ambition de tuer tous ceux présents sur la place du marché jusqu'à ce que Stregobor sorte de sa tour. Il retourna donc au village au petit matin afin de stopper la jeune femme. Et puisque tout se passait comme je l'avais conté, Geralt connus le même destin fatal ; après avoir tué la bande à Renfri pour sauver les habitants, il apprit de la jeune femme qu'elle n'avait plus l'intention de tuer qui que ce soit puisque Stregobor avoua qu'elle pourrait bien tuer toutes les personnes vivantes dans la région, il ne sortirait pas de sa tour.

Mon récit diffère au moment où Geralt se retrouve face à la foule accusatrice sous l'influence de Stregobor. J'avais précédemment expliqué que le sorceleur se retrouva rapidement sous une pluie de pierres de toutes tailles et de toutes formes, que l'échevin l'avait méprisé et sous l'humiliation et l'incompréhension qu'il ressentait il s'était enfui de la ville pour ne plus revenir.

Dans la réalité, une personne s'était avancée vers lui ; son visage illustrait l'horreur devant ses yeux et les mouvements de sa gorge laissaient transparaître l'écœurement et la nausée qu'elle ressentait. Ewelina s'avança vers lui, gardant une distance de sécurité entre elle et la scène devant elle. Son regard s'accrocha à celui de Geralt et il put lire sur ses lèvres « pourquoi ? » comme si elle ne pouvait pas rationnaliser par elle-même ce qui venait de se passer. Le sorceleur remarqua les éclaboussures de sang autour de lui mais également sur certains habitants dont Ewelina, il se leva alors que les pierres commençaient à arriver sur lui mais la jeune femme prit la parole :

« Ne soyez pas si prompt à le condamner, le sorceleur a surement une explication. Geralt ! Dis quelque chose... » lança-t-elle à la foule avant de se retourner vers lui, désespoir lisible dans ses yeux. Elle commença à s'avancer vers lui pour l'intimer de répondre mais il lui fit un geste de la main afin de la stopper.

« Je n'ai rien à dire, Ewa. Les actes parlent d'eux même, non ? » Avait-il répondu sur un air faussement nonchalant alors que deux hommes tiraient l'alchimiste à l'arrière pour laisser la place à ceux qui souhaitaient voir le sorceleur lapidé. Il entendit la foule l'insulter et lui rappeler qu'au final, il était bien plus proche d'un monstre que d'un humain. Il entendit également quelqu'un hurlait à Ewelina et la réprimer pour le peu de vertue dont elle avait fait preuve. Résigné et accablé, il tourna les talons et quitta le village pour ne plus y revenir.

Si Geralt avait écouté Vesemir, il ne se serait pas mêlé de cette histoire et le dénouement aurait été autre. Il en va de même, s'il avait écouté Ewelina et ne s'était pas laissé provoquer par Renfri j'aurais peut-être eu une fin heureuse à vous raconter.

Malheureusement, alors que Geralt se dirigeait au Nord du monde connu pour oublier cette aventure et reprendre la vie de sorceleur qui lui été destiné, on venait frapper, tard dans la soirée, à la porte de l'alchimiste de Blaviken. La porte d'un commerce toujours ouverte où il est rare de frapper, mais cette fois-ci le bruit était puissant et il demandait justice.

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