Chapitre 10

"Mon très cher Geralt,

Je n'aurais pas eu l'audace de t'écrire pour te demander un service si cela n'était pas important. Pour tout te dire, c'est une question de vie ou de mort.

Peu de temps après ton départ, de nombreux élèves de l'Académie ont disparus sans qu'aucune corrélation ne soit trouvée entre eux.

Sans vouloir théoriser, j'ai peur que les griffons eus le rôle de régulateurs naturels de la forêt et que leurs morts aient laissé entrer dans Oxenfurt, des monstres tout aussi dangereux. Je pense même que la ou les bêtes soient à l'intérieur de l'Académie, des bruits étranges sont entendus à travers les canalisations.

S'il te plaît, viens dès que possible.

Ewelina"


La lettre d'Ewelina n'était pas arrivée plus tard que quelques semaines après le départ d'Oxenfurt de Geralt. Partis en bon terme, il ne pensait pas avoir de ses nouvelles de sitôt, et pourtant il venait de se faire délivrer ce message, avec le seau de l'Académie et la signature caractéristique de la jeune femme. Il n'attendit pas plus longtemps pour chevaucher Ablette et se rendre là où il était attendu.

Et l'Académie d'Oxenfurt n'avait pas changée depuis son départ si ce n'est l'affluence de citoyens et de marchands dans les rues. La saison chaude amenait souvent de nouveaux visages dans les rues des villes particulièrement lorsqu'elles sont côtières, pourtant Geralt ne prit pas le temps pour arpenter le marché, boire une bière locale au plein air, ou encore pour participer au concours de Gwynt qui se déroulait à l'hôtel des ventes.

En effet, à peine avait-il passé le pont de Novigrad à l'est de la ville qu'il avait galopé vers l'Académie. Il trouva facilement Ewelina, rassuré de la voir vivante et bien présente, celle-ci se trouvait toujours dans le bâtiment du département d'alchimie et de chimie, elle aperçue Geralt arriver de sa fenêtre et courra précipitamment le rejoindre à la porte, le prenant dans ses bras avec détresse elle commença à parler rapidement sans faire sens avant que le sorceleur ne l'arrêta et la calma.

̶ Explique-moi la situation, tu parlais de disparitions dans ta lettre.

̶ Je ne peux pas t'expliquer ici, suis-moi. Allons dans ma chambre.

̶ Tu pourrais m'offrir un verre d'abord.

̶ Là n'est pas le moment de rire, Geralt, dépêche-toi.

Grimpant les escaliers deux à deux, ils se retrouvèrent au second étage, dans la petite chambre encombrée de l'alchimiste. Elle était tout en longueur avec un lit disposait à l'entrée tandis qu'une large banquette, dont les pieds avaient été arrachées, était posée au sol dans un coin. De nombreuses plantes et fleurs à différents stages de leurs vies se situaient sur le rebord de la fenêtre et une bibliothèque dégueulée de livres sur la gauche de la chambre. L'endroit semblait fait pour la jeune alchimiste et rappelait doucement au sorceleur l'espace de travail qu'elle occupait dans sa maison de Blaviken, la culpabilité et la peine l'occupant lorsqu'il se rendit compte qu'elle vivait seule dans cette petite chambre alors que moins d'une année auparavant, elle vivait heureuse de sa grande demeure, dans son village, entourée par sa famille.

Ewelina sembla sentir l'humeur de Geralt changer et son visage se durcir car elle s'éclaircit doucement la gorge avant de prendre la parole :

̶ Bienvenue dans ma demeure, rien à voir avec la précédente mais on y est à l'aise.

̶ Pourtant elle a l'air étroite.

̶ Meh, au moins le matelas est plus confortable.

Geralt sourit un instant tandis que la jeune femme se plaçait sur le dit lit avec un air curieux.

« Je pensais être ici pour des disparitions et un monstre dévoreur d'intellos mais finalement tu voulais juste me montrer ton lit. En tout cas je vois que ce qui n'a pas disparu c'est ta libido pour les monstres » fit-il en s'asseyant à côté d'elle. Elle le bouscula immédiatement, outrée par ses propos, l'insultant gentiment elle mit un écart entre eux. Assez visible pour ne pas paraître d'accord avec ses dires mais tout de même assez proche de lui.

̶ Non, je ne t'ai pas invité pour batifoler mais bien pour cette histoire de disparus. Je suis vraiment inquiète alors tente d'être sérieux.

̶ À quand remonte la première disparition ?

̶ Deux-trois semaines après ta dernière visite. Un cancre disparait et tout le monde pense qu'il a simplement quitté l'académie cependant quelques jours plus tard c'est une des têtes d'un département qui disparait, là tout le monde s'inquiète.

̶ Combien de personnes ont disparues ?

̶ Une dizaine, je n'ai pas le chiffre exact puisque les doyens des chairs ont décidé de se reprendre l'affaire. Depuis, plus de nouvelles seulement les disparitions continues.

̶ Et ces bruits ? De quelles canalisations tu parles ?

Ewelina se figea, son regard s'arrêta sur sa porte et elle se leva en murmurant un « suis-moi ». Geralt ne broncha pas et la suivit furtivement sur ses pas.

Elle se stoppa en face d'une double porte en bois blanc sur laquelle « Laboratoire supérieur » était inscrit en fer plaqué. En ouvrant la porte, le sorceleur tomba nez-à-nez avec une large paillasse immaculée, de larges pots remplis de plantes aux milles couleurs se tenaient derrière une vitre à l'arrière de la pièce, un chandelier digne de certaines salles de bal était suspendu au centre de la pièce et des tuyaux de métal prenant racine dans le sol se dispersaient à travers le laboratoire.

Geralt fit un tour de la pièce, cherchant à percevoir un bruit ou une odeur qui lui indiquerait une piste, Ewelina resta anxieuse dans un coin de la pièce, manche au bord des lèvres, elle restait écartée des tuyaux les plus gros et les plus à droite de la pièce. Son comportement indiqua au sorceleur que le bruit devait majoritairement sortir de ces endroits et en s'approchant il n'entendit rien mais perçu un mélange d'odeurs fortes rendant le tout difficilement descriptible.

Il se tourna alors vers les plantes en vitrine afin de chercher les notes qu'elles dégageaient, cherchant les odeurs perçues par tâtonnement. Il trouva également plusieurs livres, majoritairement sur les plantes mais aussi quelques-uns autour des mutagènes, deux ou trois manuscrits sur les religions du Nord et un livre très usé sur les élixirs.

« Qui utilise cette pièce ? Et à quoi sert-elle habituellement ? » fit Geralt en se tournant face à l'alchimiste. Elle reprit une posture plus calme, s'éclaircit la gorge et attrapa un large bouquin posé à l'entrée et que le sorceleur n'avait pas remarqué. Elle lui tendit avant de prendre la parole :

̶ Majoritairement les professeurs, officiellement quelques élèves de dernières années y ont accès, mais officieusement probablement tout le monde puisque la clé peut être demandé au professeur Lavoisier. Tu trouveras tout ce dont tu as besoin dans ce registre, les élèves doivent mentionner leurs présences et indiquer le matériel utilisé.

̶ Et je dois croire que vous le faîte tous ?

̶ Nous sommes des érudits respectés Geralt, l'Académie pourrait tuer la moitié d'Oxenfurt, appeler ça une expérience et le monde nous acclamerait quand même s'il en résultait un remède contre l'ergotisme.

̶ Donc n'importe qui est un suspect, même toi.

̶ Cesse de jouer Geralt, depuis ton arrivée, tu ne prends pas cette enquête au sérieux. J'ai besoin de ton aide, quelque chose se passe ici.

̶ Oh, et je pense savoir exactement ce qui se passe. Mutagènes, plantes... Un de tes professeurs doit expérimenter à l'abris des regards dans les égouts. Les bruits ne sont qu'un élevage de monstres afin de récolter les mutagènes et les élèves un peu trop curieux se seront fait prendre par eux en jouant aux détectives.

̶ Geralt, tu n'as pas l'impression de faire des conclusions hâtives ? Cherchons encore un peu, passons au moins le laboratoire au peigne fin et ensuite nous essayerons de trouver cet élevage.

̶ « Nous » ? À croire que tu cherches seulement à passer du temps avec moi.

Ewelina grogna avant de bousculer le sorceleur en passant à côté de lui. Elle s'attela à chercher le laboratoire et après plusieurs dizaines de minutes, ne trouva rien de plus que ce Geralt avait décelé. Pendant ce temps, Geralt éplucha le registre des visites et constata que la personne qui fréquentait le plus ce laboratoire était le professeur, conférencier et directeur de département : Jean La Voisier.

Geralt se remémora rapidement son entrevue avec lui, son deuxième passage dans l'établissement ainsi que son absence de plusieurs jours. Il réfléchit également à la légitimité d'utiliser un laboratoire mit à la disposition des professeurs et des élèves alors qu'il disposait lui-même de son propre laboratoire. Le sorceleur observa l'alchimiste, qui cherchait frénétiquement sur la paillasse, en refermant le registre il se dit que ce ne serait exagérer de vérifier le bureau du professeur afin de soulager Ewelina.

Rien n'avait changé depuis sa dernière visite, le bureau était intact si ce n'est qu'une sacoche avait été négligemment ouverte sur une bibliothèque basse. Le sorceleur entra suivi d'Ewelina et se dirigea automatiquement vers le bureau central tandis que l'alchimiste restait à l'extérieur pour guetter.

Les tiroirs meuble était rempli de papiers en tous genres, de la facture d'achat de verrerie à l'ébauche d'élixir luminescent. Le sorceleur vérifia l'intégralité du contenu du bureau mais rien ne semblait accuser le professeur de l'achat de cages, de mercenaires ou encore de sorceleur. Loin d'être aussi suspect qu'il l'imaginait, Geralt se rendait bien compte que sortir sans un semblant de preuve ne suffirait pas rassurer la jeune femme, il avait besoin de choses concrètes. Par ailleurs, si son hypothèse semblait cohérente il admettait lui-même y trouver quelques failles. Il décida de chercher d'autres pistes auprès de la jeune femme.

̶ Il n'y a rien ici, Ewelina.

̶ Tu as cherché dans tous ses papiers ? Peut-être qu'il existe une porte ou un couloir caché.

̶ Peut-être devrait-on suivre le bruit.

̶ Tu veux dire aller jusqu'au nid ?

̶ Sans être le plan parfait, les preuves les plus infaillibles se trouvent là-dessous.

̶ Alors ne perdons pas de temps, allons-y !

Ewelina empoigna Geralt et le mena à travers l'établissement, en empruntant à nouveau les escaliers, ils débouchèrent sur la trappe de bois dur menant au sous-sol et, par extension, aux égouts de l'académie. 

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top