Chapitre XV : Tension et Testament

Il faisait nuit noir, il n'y avait aucun vent à l'horizon et la température était élevé ; nuit d'été typique au village de Suna. Le jeune homme resta immobile devant les portes closes du cimetière. Après avoir mûrement réfléchi pendant plusieurs jours, Shikamaru s'était résigné à aller se recueillir auprès de son père et d'Amaya ainsi que devant les nombreuses tombes des ninjas morts durant la guerre.

Les paroles de sa mère lui tournaient toujours dans la tête. Shikamaru avait accepté sa nouvelle mission qui s'offrait à lui : reconstruire le monde et ouvrir une nouvelle page de ce monde. Au début, il avait été réticent, se disant qu'il ne serait pas à la hauteur. Il avait grandement réfléchi et avait accepté l'aide qu'on lui donnait. Temari était agréablement surprise de ce changement soudain, Shikamaru le savait. Il avait compris qu'il pouvait compter sur elle, il lui était terriblement reconnaissant.

Il passa devant toutes les tombes, évitant celles de son père et d'Amaya. Il lut les nombreux noms, les retenant dans un coin de sa tête. Il y en avait des centaines, mais ils devaient les retenir. Il s'arrêta devant les tombes des membres de son clan, priant silencieusement. Il fit pareil pour tous les membres des autres clans de Konoha. Shikamaru s'arrêta ensuite sur la tombe de Kakashi et Guy, priant à nouveau. Il passa également sur la tombe du Cinquième du Nom, de Shizune et de Inoichi puis conclut par celle de Naruto où il resta longuement devant.

C'est alors qu'il avança lentement vers la tombe de son père. Il l'a regarda un moment avant de s'agenouiller devant pour prier. Il passa ensuite sa main dessus, comme pour montrer à son père qu'il était là.

« Salut papa. Je suis désolé de ne pas être venu avant. Je n'ai pas eu le courage ni la force de venir me recueillir ici. Tu dois sûrement penser que je suis un lâche, et tu as probablement raison ; je suis peut-être l'homme le plus lâche. J'ai voulu tout abandonner pour te joindre... Pour rejoindre Asuma et Amaya... J'espère que tu prends soin d'elle, elle le mérite. » Dit-il, faisant une pause. « A partir d'aujourd'hui, je me reprends en main. Je vais assumer mon rôle de père et de chef de clan. Je vais retourner à Konoha un de ces jours et je vais reconstruire le village. Je vais marquer une nouvelle étape dans l'histoire de notre village, et qui sait, même dans le monde. Je ne suis plus le garçon qui pleurait parce qu'il avait échoué ; maintenant, je suis un homme qui veut faire changer les choses. Je me suis rendu compte que je faisais n'importe quoi. Pardonne-moi. » Dit Shikamaru en se redressant.

Il parcourut ensuite les quelques mètres qui séparaient la tombe de son père et celle d'Amaya. Ses mains commençaient à trembler et une boule dans son abdomen se forma. Il s'arrêta devant la tombe et ferma les yeux, essayant de respirer calmement. Il était seul dans le cimetière, mais il avait l'impression que des centaines et des centaines de regards étaient posés sur lui. Avec courage, il observa la pierre tombale devant lui ou était gravé le nom d'Amaya. Shikamaru s'était promis de ne pas pleurer, mais c'était trop dur. Il était vulnérable, il le savait, et le chemin avant d'aller mieux serait long et rempli d'embuche.

« Je m'en veux Amaya... Je te demande pardon de ne pas avoir pu être là pour t'aider à mettre au monde notre fille et... Je n'ai même pas pu te revoir depuis ce jour. Je t'aime, et j'aimerais sûrement aucune autre femme comme je t'ai aimé. J'espère que j'aurais su te rendre heureuse, parce que moi j'étais heureux à tes côtés. J'ai voulu te rejoindre l'autre jour, à ma sortie de l'hôpital, mais Temari m'a empêché de le faire au dernier moment. Je n'ai pas réessayé depuis et je ne le ferais plus. J'en ai terriblement envie, mais je ne peux pas me permettre d'abandonner tous ceux qui croient en moi, et je ne peux pas abandonner notre enfant. Un jour, tu m'as dit que j'étais quelqu'un de spécial. Je n'ai jamais compris pourquoi tu m'avais dit ça, mais aujourd'hui je sais. J'ai le pouvoir de faire changer les choses, et je compte le faire. Ce sera long et compliqué, j'en ai conscience. Mais je dois protéger le roi, c'est à moi de le faire et à personne d'autres. » Dit le jeune homme, laissant les larmes inonder son visage.

Le Nara resta un bon moment devant la tombe en silence. Les dernières larmes s'écrasèrent au sol et Shikamaru se redressa. Il souffla légèrement en fermant les yeux, puis les rouvrit. Il sentit un présence derrière lui, mais il ne fit rien. Il savait qui était cette personne.

« Connaissant Amaya, elle doit probablement prendre soin de toutes ces personnes là où elle est. » Fit Temari en s'approchant doucement du jeune homme.

« Probablement... » Répondit Shikamaru après un moment.

« Tu n'es pas rentrée mangé. Je ne pensais pas que tu viendrais ici. »

« Je me suis dit que j'étais prêt à voir la réalité en face sereinement. Mais c'est dur, et là encore je doute. »

« Je serais là dans les moments où tu douteras. »

Shikamaru sentit son bras effleurer celui de la blonde. Il pouvait également sentir son regard sur lui, mais il continua de fixer la pierre tombale devant lui. Qu'avait-il fait de si mal pour qu'on lui enlève son bonheur ? A sa connaissance, il avait toujours été quelqu'un de gentil, il n'avait jamais fait de mal à personne. Si les morts de cette guerre n'étaient pas la raison pour laquelle on le punissait, quelle en était la raison ? Il ne la connaîtrait peut-être jamais... Il n'y avait peut-être aucune raison, qui sait.

« Viens, on devrait rentrer, il commence tard. » Fit Temari après un long moment de silence.

Il se tourna enfin vers la blonde et la regarda partir. Il la suivit à contre-coeur. Il aurait préféré passer plus de temps avec Amaya, mais il n'avait pas le temps pour ça. Dans quelques heures, le nouveau Seigneur du Pays du Feu viendrait pour réclamer sa nièce afin qu'elle devienne son héritier. Shikamaru fera tout ce qui est en son pouvoir pour empêcher cela, il se le jurait.

...

Lorsque le Seigneur arriva avec sa femme et quelques samouraïs, il fut accueilli par le Kazekage, Temari et Shikamaru accompagné de Mikasa. Lorsque le Seigneur serra la main du Nara, ce dernier sentit que la pointe de l'homme était forte, il faisait cela pour essayer de l'impressionner. Shikamaru observa la jeune femme à ses côtés qui lui serra également là main avec délicatesse. Il devait se l'avouer, c'était une très belle femme.

« Masako, enchanté monsieur Nara. » Fit la jeune femme en s'abaissant légèrement.

Le brun fut surpris par le comportement de Masako ; il ne faisait pas partie de ces personnes à qui l'on faisait la révérence. C'était un privilège que l'on offrait généralement au noble, mais pas à un chef de clan. Par respect, Shikamaru rendit la révérence. Amaya lui avait appris les « bonnes manières » lorsqu'elle venait d'arriver à Konoha.

Le Seigneur s'abaissa vers Mikasa et lui fit un petit sourire en lui serrant la main. Masako fit de même en caressant la joue de la jeune fille qui rougit brusquement en se cachant derrière la jambe de son père.

Gaara invita le Seigneur et sa femme à le suivre dans un grand bureau. Au milieu de la salle se trouvait une table avec plusieurs chaises. Le Kazekage s'installa suivi du Seigneur et des autres personnes dans la pièce. L'ambiance était terriblement tendue et gênante. Shikamaru n'aimait pas du tout cette ambiance, mais il avait hâte que cela se termine.

« J'espère que vous avez fait un bon voyage, mon Seigneur. » Commença Gaara en croisant ses mains sur la table.

« Les routes sont défectueuses, surtout lorsque nous sommes entrés dans le Pays du Vent. C'était assez compliqué de voyager, je suis terriblement fatigué. » Expliqua le Seigneur.

A son habitude, Shikamaru aurait soupiré d'exaspération. L'homme exagéré, évidemment. La seule chose qu'il avait eu à faire était de s'asseoir et d'attendre que ça se passe.

« Ce que mon mari veut dire par là, c'est que les routes devraient être refaites pour être plus accessibles. Cependant, je pense que vous avez d'autres propriétés avant de reconstruire les routes. » Dit Masako d'une voix douce.

« Tu n'as pas à parler, Masako. » Lança l'homme avec agacement.

« Je suis désolé. » Répondit-elle en baissant la tête.

A sa droite, le Nara pouvait sentir l'agacement de Temari face à la scène. Personne ne devait s'adresser comme cela à une femme, surtout à sa femme.

« Bien. J'aimerais que cet échange se conclut le plus rapidement possible. Je suis très occupé en tant que Seigneur. »

« Cela tombe bien, car ce sera court. Mikasa Nara, l'enfant de Nara Shikamaru et d'Amaya, est né ici, au village caché du Vent. A sa naissance, j'ai juré de la protéger comme si cette enfant était un membre de ma famille. C'est pour cela que je m'oppose à ce qu'elle soit transférée chez vous. Sa vie est ici, auprès de son père et de sa mère adoptive. » Dit Gaara, regardant le Seigneur.

Shikamaru tourna brusquement la tête vers le Kazekage ; ce n'était pas le plan qui avait été convenu. Il devait dire que Mikasa était sa nièce à lui, et qu'elle était la fille biologique de Temari. Il serra les poings ; il allait perdre sa fille, c'était sûr.

« Je suis Seigneur, et vous Kage. Votre avis importe peu. Vous n'êtes pas un parent de la petite. Je suis son oncle, j'ai complètement le droit de la prendre sous mon aile. De plus, elle est destinée à devenir Seigneur depuis sa naissance. C'est une princesse, elle n'a pas à vivre dans un village ninja. » Fit le Seigneur.

« Je comprends totalement votre point de vue, mon Seigneur. A mes côtés se trouve No Sabaku Temari, ma sœur aînée, princesse de Suna et fille du Quatrième Kazekage. A côté d'elle se trouve Nara Shikamaru que vous connaissez déjà. Il est un homme influent du village de Konoha et le chef d'un des clans du même village. »

« Vous m'annoncez des faits que je connais déjà, Kazekage. Pourquoi la princesse de Suna est là ? Elle n'a rien à voir avec Amaya et Mikasa. »

« Lorsque la guerre à éclaté, les habitants de Konoha ont été accueillis à Suna. J'ai moi-même accueilli Amaya chez moi jusqu'à sa mort. » Commença Temari en fouillant dans son sac. « J'ai aidé Amaya a mettre au monde Mikasa. Elle m'a choisi pour être sa marraine. Lorsqu'elle est tombée malade, Amaya a fait son testament. Je rappelle qu'il est impossible d'aller à l'encontre d'un testament, cela va à l'encontre des mœurs, surtout chez les Seigneur, n'ai-je pas raison ? » Fit-elle en sortant le testament de son sac.

Shikamaru tourna la tête vers Temari, avec hésitation. Depuis quand il y avait un testament ? Pourquoi elle ne l'avait pas mise au courant ?

« Et que dit ce fichu testament ? » Cracha le Seigneur.

« Laissez moi vous le lire si vous me le permettez. » Dit Temari avant de commencer la lecture du testament.

J'ai soussignée, Nara Amaya, née le 12 aout, à Suna, établis par les présentes les dispositions de mes dernières volontés.

Dans le cas où, Nara Shikamaru, mon mari, revenait de la guerre, je lui donne le pouvoir, et à lui seul, de remettre en cause mes dernières volontés si ces dernières ne sont pas réalisables. Si mon mari meurt, ce pouvoir sera transmis à No Sabaku Temari.

Au cas où mon décès laisserait Mikasa sans mère et père, je nomme pour tutrice jusqu'à sa majorité No Sabaku Temari. Je sais qu'elle saura prendre soin de mon enfant et qu'elle l'aimera.

Voici mes dernières volontés :

- Je souhaite que mon corps soit enterré avec les membres du clan Nara et non avec mes ancêtres. J'estime avoir plus ma place auprès de la famille de mon mari que dans la famille du Seigneur du Pays du Feu.

- Je souhaite que ma fille, Nara Mikasa, puisse décider elle-même de sa destinée. Si elle est trop jeune pour décider de cela, la décision revient à son père ou à sa marraine, No Sabaku Temari.

- Je souhaite également qu'elle renonce à la succession au titre de Seigneur.

- Je souhaite, avec l'accord du Kazekage, qu'elle devienne membre du clan du Kazekage et que, de ce fait, No Sabaku Temari l'adopte dans l'éventualité où son père soit mort. Ou alors, avec l'accord de mon époux, Temari pourra adopter Mikasa.

- Je souhaite qu'une partie de mon héritage soit versé à ma fille pour sa majorité afin qu'elle puisse ne manquer de rien. Je verse une partie à mon mari et je verse une troisième partie de mon héritage dans le but de reconstruire le village caché de la feuille, ce village qui m'a si bien accueilli il y a quelques mois.

Fait le 31 octobre, à Suna.

Le Nara regardait la table en silence, complètement retourné par ce que la blonde venait de lire. Amaya avait écrit un testament et on ne l'avait pas prévenu ? Il était quand même son mari, et il a les pleins pouvoirs sur son testament, alors il aurait dû être mis au courant. Shikamaru serra discrètement les poings, agacé qu'on lui ai caché cela.

« Papa ça veut dire quoi... » Chuchota Mikasa en regardant son père.

Ce dernier tourna la tête vers sa fille et finit par desserrer les poings : « Ça veut dire que tu vas pouvoir rester avec papa et maman Temari. » Chuchota-t-il.

Les yeux de Mikasa s'illuminèrent d'un coup. Shikamaru savait que cette situation l'a perturbait, et savoir qu'elle allait rester ici avec son père lui enlevait un terrible stress sur ses épaules.

« Ça n'a aucun sens, ma sœur n'aurait jamais rien fait de telle. Vous l'avez écrit de toute pièce, j'en suis sûr. » Fit le Seigneur après un moment d'hésitation.

« C'est bien elle qui l'a écrit dans son lit d'hôpital au porte de la mort. Elle me l'a donné et a demandé que je le donne au Kazekage pour qu'il puisse le signer. Ce testament donne les dernières volontés de votre sœur. Et elles seront accordées que vous le vouliez ou non. » Dit Temari d'une voix stricte.

« Je suis Seigneur, un simple bout de papier ne va pas m'empêcher d'amener la gamine. En temps que Seigneur, j'ai les pleins pouvoirs, alors je vous pris de faire les valises de cet enfant au plus vite, je ne veux pas tarder. » DIt-il en se levant.

Shikamaru se leva également et regarda le Seigneur d'un regard noir : « Vous n'aurez pas ma fille. » Dit-il froidement.

« Tu n'as pas ton mot à dire. »

« Je suis le père de Mikasa et le mari d'Amaya. Ma fille est la seule chose qu'il me reste, alors je ne vous laisserai pas me l'arracher. C'est à moi de décider de ce qui est le mieux pour ma fille. Elle restera ici auprès de son père et de sa mère adoptive. Elle sera adoptée par No Sabaku Temari et deviendra un membre du clan du Kazekage. Je sais tout ce que vous avez fait subir à Amaya, elle m'a beaucoup parlé. Ce serait bête que les Kage et les autres Seigneur soit au courant de se que votre famille avez fait subir à ma femme lorsqu'elle était jeune. Si c'est pour faire subir la même chose à ma fille, c'est non merci, vous pouvez rentrer chez vous. Vous n'aurez jamais ma fille, allez voir ailleurs. De toute façon, il doit bien y avoir d'autres enfants de votre sang quelque part dans notre monde. Et puis, ce serait honteux qu'une enfant bâtarde devienne Seigneur. » Dit Shikamaru, les poings serraient.

« Shikamaru... » Commença Temari.

« Si cette enfant est aussi crasseuse que les gens de votre espèce, je la redresserai comme les animaux que vous êtes. Si la guerre à éclaté, c'est votre faute à vous, les ninjas. Vous n'avez pas su protéger les autres. »

« Le Seigneur du Pays de Feu est censé protéger les habitants du Pays du Feu, dont ceux de Konoha. Il me semble que vous avez pris la fuite pour éviter d'être massacré. Ce n'est pas tellement digne d'un Seigneur, ça. Et je vous interdit de nous traiter comme des animaux alors que vous n'êtes pas mieux. »

Soudain, la conversation fut interrompue par des sanglots. Temari se leva en même temps que Masako pour s'approcher de Mikasa qui pleurait. Il était tellement en colère qu'il en avait presque oublié la présence de sa fille. Le Seigneur voulut s'approcher de Mikasa mais Shikamaru pointa un kunai devant lui, lui barrant le passage.

« Vous n'avez pas honte ? Vous comporter comme des gamins devant une petite fille ! » Cria Temari en essuyant les larmes de MIkasa.

« Pourquoi pleures-tu, princesse Mikasa ? » Demande Masako, caressant doucement le dos de l'enfant.

« Je veux pas qu'on se dispute pour moi ! Je ne veux pas faire la guerre ! » Cria-t-elle, se noyant dans ses larmes.

Shikamaru tourna la tête vers sa fille et s'approcha. Temari se leva et se mit devant lui. Leurs visages étaient proches, il pouvait voir qu'elle avait les larmes aux yeux, ne supportant pas de voir Mikasa dans cet état. Le Nara ne dit rien, il se contenta de regarder Temari.

« Regarde-moi, princesse. » Dit Masako en prenant délicatement le visage de Mikasa entre ses mains. « Rien n'est de ta faute et il n'y aura pas de guerre. Tu es encore petite mais je crois que tu n'es pas une enfant comme les autres. Tu es passé par des choses que tu n'aurais pas dû vivre à un si jeune âge. Tu as l'air d'être une enfant intelligente et forte. Comme le dit le testament, tu vas rester avec ton papa et ta maman adoptive. Ils vont prendre soin de toi et te rendre heureux. Tu vas pouvoir vivre ta vie comme tu le souhaite. Je n'ai aucune envie que tu viennes avec moi et mon mari, car je ne pourrais pas te rendre heureuse. Ta maman est très fière de toi, n'en doute pas. Sèches tes larmes, tout va bien, princesse Mikasa. » Fit Masako d'une voix incroyablement douce qui réconforta Mikasa.

La jeune femme se redressa en embrassant le front de l'enfant et se tourna vers son mari : « Tu ne pourras rien faire, même ton pouvoir de Seigneur ne pourra violer ce testament. Nous devrions rentrer au plus vite. » Continua-t-elle en s'approchant du Seigneur.

...

Sur le chemin du retour, personne n'avait parlé. Temari portait Mikasa dans ses bras et Shikamaru était derrière, en retrait. Il savait que la blonde lui en voulait de s'être énervée contre le Seigneur du Pays du Feu, mais ça avait été plus fort que lui. Il n'avait pas du tout apprécié sa façon de tous les rabaisser, et Nara ne voulait pas se laisser faire.

Temari ouvrit la porte de l'appartement, toujours en silence, puis enleva ses chaussures. Dans ses bras, Mikasa se redressa et leva les yeux vers son père. Ce dernier ne la regarda pas, se contentant de retirer à son tour ses chaussures. La blonde vint asseoir la petite fille dans le canapé en lui disant qu'elle allait lui préparer un goûter. L'enfant s'allongea dans le canapé et ferma les yeux, fatigué.

Le Nara suivit Temari dans la cuisine, bien décidé à avoir une conversation avec la jeune femme.

« Tu as faim aussi ? Je peux te préparer quelque chose si tu veux. » Dit Temari avant que Shikamaru ait eu le temps de parler.

« Non merci, ça va. » Répondit-il.

« Alors va dans le canapé avec Mikasa. »

« Pas avant d'avoir réglé certaines choses. »

Shikamaru entendit la blonde soupirer. Elle pivota légèrement vers le jeune homme et le fixa, les bras croisé sur sa poitrine : « Je t'écoute. » Dit-elle simplement, attendant ce que le jeune homme voulait lui dire.

« Je viens d'apprendre que ma femme à fait un testament et que personne ne me l'a dit. J'ai les pleins pouvoirs dessus, j'aurais dû être au courant bien avant. Ça aurait évité que je bourre le crâne de ma fille pendant plusieurs heures. A cause de toi, elle est perdue maintenant. » Fit Shikamaru, agacé.

En effet, le Nara avait expliqué la situation à Mikasa quelques jours avant, et il lui avait bourré le crâne avec des choses complètement fausses pour qu'elle puisse répondre au cas où on lui posait des questions. Pauvre petite... Elle était loin d'être idiote, mais cela ne devait pas l'empêcher d'être perdue.

« Elle m'a demandé de ne pas t'en parler. » Répondit-elle en se tourna vers le réfrigérateur.

« Tu mens, Temari. Pourquoi ferait-elle un testament dans lequel elle dit que j'ai les pleins pouvoirs dessus et que finalement, elle te dit que tu ne dois pas m'en parler ? C'est pas logique. »

« Décidément, je crois qu'Amaya était bien plus intelligente que toi... » Commença Temari, étalant de la confiture sur un bout de pain. « Elle a fait ce testament en sachant pertinemment que, peu importe la raison, on viendrait lui réclamer son enfant. Elle pensait également que certain point ne te plairait pas, alors elle m'a demandé de te le cacher. Je devais te le montrer une fois qu'on réclamait ta fille. Dès maintenant, tu peux faire ce que tu veux avec ce testament... »

Shikamaru fronça les sourcils : « Qui me dit que tu n'as pas fait ça dans le but que je t'enlèves la garde de Mikasa ? Après tout, j'ai complètement le droit. »

« Tu ne feras pas ça, Shikamaru. »

« Bien sûr que si, si j'en ai envie. »

La jeune femme tourna la tête vers Shikamaru et ce dernier vit que ses pupilles émeraude s'humidifiaient. Rien que de menacer de lui retirer la garde de Mikasa la blessait ? Cette femme n'était clairement plus la Temari qu'il avait connu.

« Je plaisantais... » Fit-il, la rassurant.

Temari baissa la tête vers la tartine qu'elle était en train de faire et la fixa. En la voyant serrer les poings, Shikamaru compris qu'il y avait dit quelque chose qui n'allait pas. Il s'approcha prudemment d'elle, ne voulant pas la brusquer. Il passa sa main dans le dos de la blonde et lui releva la tête de son autre main. La ninja de Suna posa son regard vers celui de Shikamaru ; les larmes coulaient lentement sur les joues de la jeune femme.

« Ne me refais jamais ça, Shikamaru. » Chuchota-t-elle.

« Pourquoi tu pleures ? C'est à cause de la blague que je viens de faire ? »

« Ça ne sonnait pas comme une blague pour moi... Cet enfant... Je consacre ma vie pour elle depuis qu'elle est là... Je ne veux pas qu'on me l'enlève... Ça serait trop dur... » Dit Temari, bouleversé.

Le Nara était légèrement perdu par cette réaction ; il ne s'habituera jamais à voir la faiblesse de Temari, jamais. Il passa sa main sur sa joue et lui essuya les larmes. Temari le regardait toujours, immobile.

« Te mets pas de cet état, je ne t'empêcherais jamais de voir Mikasa, surtout après tout ce que tu as fait pour Amaya, elle et... et moi. » Dit le brun, la tête baissé vers la jeune femme.

« Dès qu'Amaya est entrée dans ma vie, j'ai su que mon existence prendrait un nouveau tourment. J'étais probablement destiné à devenir une grande kunoichi de Suna, reconnue pour être membre du clan du Kazekage mais... J'ai su que mon destin n'était pas celui-là. Quand Mikasa est né, c'était le plus beau moment de ma vie. Voir ce petit bébé naître, voir la joie d'Amaya... C'était fabuleux, je n'avais jamais rien vécu d'aussi beau. Lorsqu'Amaya est partie, j'étais complètement dévasté. J'avais perdue ma meilleure amie, celle qui me comprenait plus que personne et que je considérais comme ma petite sœur... on me l'avait enlevée. J'ai dû m'occuper de Mikasa que j'ai commencé à rejeter complètement. Ce n'était pas ça, mon destin. Ce n'était pas de m'occuper d'un enfant qui n'était pas le mien. Finalement, après beaucoup de mal, j'ai accepté la vie qu'on m'avait donné, et j'ai tout fait pour qu'elle ne manque de rien. C'était... Une vraie galère. Mais c'est la plus belle galère que la vie m'ait donnée... Avoir un enfant auprès de soi qui t'aime et qui te donne foi en l'avenir... Si elle venait à partir un jour... Mais je sais que ce jour arrivera... » Dit Temari, essayant de contrôler ses larmes.

« Pourquoi ? »

« Un jour, le village de Konoha va être reconstruit. Tous les habitants rentreront... dont ta mère, Sakura, Ino, Kurenai, ta mère, toi et... et Mikasa. » Dit Temari, sanglota tristement. « Je me retrouverai seule à nouveau et... et c'est insupportable. »

La tristesse de Temari eut une grande répercussion sur Shikamaru. S'il n'était jamais revenu, Temari ne serait jamais séparé de Mikasa. Il s'en voulait de rendre indirectement mal la blonde. Il lui caressa la joue, l'obligeant à le regarder.

« On trouvera une solution, je te le promet. On fera une garde alternée, je viendrais te l'amener et je viendrais la chercher. Ou je resterais vivre ici pour que tu puisses la voir tous les jours ou tu viendras à Konoha. On trouvera une solution, je te le promet. Ne pleure plus, s'il te plait. »

La jeune femme se calma et finit par sécher ses dernières larmes elle-même. Il prit les tartines qu'elle venait de faire et souffla légèrement avant de regarder Shikamaru dans les yeux : « Tu as raison, on trouvera une solution. » Fit-elle, un léger tremblement dans la voix.

Il l'observa sortir de la cuisine et entendit Mikasa lui parler. Il n'avait absolument pas le droit d'éviter Temari de voir Mikasa. Et même, Mikasa aimerait par-dessus tout avoir sa figure maternelle auprès d'elle. Il en parlerait à sa mère, à Kurenai et à Ino, elles l'aideraient probablement à trouver une solution qui plairait à tout le monde.

Le Nara s'apprêtait à les rejoindre mais il remarqua une enveloppe sur la table. Il s'approcha et la prit. Ça ne devait probablement pas lui être adressé, mais il trouvait ça curieux de laisser une enveloppe fermée en plein milieu d'une table. A sa plus grande surprise, il lut son prénom au dos de la lettre. Mais ce ne fut pas ce qui lui tapa dans l'œil en premier. Cette écriture... C'était l'écriture d'Amaya. Il la reconnaîtrait parfaitement.

Rapidement, il ouvrit la lettre. Temari l'avait mit exprès ici pour qu'il puisse lire. Pourquoi ne lui avait-il pas donné avant ? Peu importe, ce qui l'obsédait, c'était de découvrir le contenu de la lettre que lui avait écrit sa femme. Il prit la feuille qui se trouvait dans l'enveloppe. Elle était pliée proprement, du Amaya tout craché. Shikamaru la déplia le plus vite possible malgré une certaine hésitation et méfiance. Etait-il prêt à lire cette lettre ?

« Mon chéri,

Si tu lis cette lettre, c'est que je ne serai plus de ce monde. Je suis heureuse de partir la première, car je n'aurais pas à pleurer ta perte, je sais que je ne m'en remettrais jamais. Je sais aussi que tu survivras à cette guerre, car tu es un homme fort et déterminé malgré ton côté fainéant. Je t'en supplie, ne pleure pas ma mort ; j'ai toujours su que je n'aurais pas une longue vie, mais j'ai adoré la vivre, surtout à tes côtés. Tu as su me rendre heureuse, tu as su m'aimer, tu as su me faire vivre des choses que je n'aurais jamais pensé vivre avant ça. Tu es la meilleure chose qui me soit arrivé dans ma vie, avec la naissance de notre fille.

D'ailleurs, j'espère qu'elle se porte bien. Je me sens fautive de laisser ce petit nourrisson, mais je sais qu'elle sera bien entourée. Temari s'en occupera bien, malgré le fait qu'elle ait du mal avec les enfants. J'espère que tu comptes l'aider.

T'écrire cette lettre me fait terriblement mal au cœur, je dois te l'avouer. Jamais je n'aurais pensé à t'infliger ma mort, sachant que je t'ai demandé de revenir vivant. Nous n'aurons pas eu l'occasion de nous revoir une dernière fois, ni même de nous serrer dans les bras ou de nous embrasser une dernière fois. Tu ne me verras plus, mais moi, je te verrais toujours de là où je serais. Je te protégerais, et je veillerais à ce que tu ne fasses pas de bêtises. Je ne veux pas que tu me rejoigne maintenant ; tu as encore tellement de choses à accomplir.

Si tu lis cette lettre, c'est que Temari à senti que tu étais prêt à faire ton deuil. Ça va sûrement te paraître fou, mais je souhaite que tu continues ta vie normalement. La douleur sera probablement présente pendant un bon moment, mais elle finira par cicatriser. Je sais que tu ne m'oublieras pas, mais ne te prive pas. Trouve toi une femme qui t'aimes comme je t'aime, et laisse la prendre soin de toi. Aime la en retour comme tu m'aimes. Peu importe qui est cette femme, je serais très heureuse qu'elle continu ce en quoi je voulais dédier ma vie ; à ton bonheur et à celui de Mikasa. Tu as le droit d'être heureux, Yoshino, Kurenai, Mikasa et Temari seront là pour toi, ainsi que ta prochaine femme.

Si tu es heureux, alors j'aurais réussi l'objectif de ma vie. C'est tout ce qui compte pour moi.

N'oublie pas de remercier toutes les personnes qui sont là pour toi dans n'importe quelle situation. Dit à notre petite fille que je l'aime plus que tout, et que sa maman sera toujours dans son cœur et qu'elle la protégera. Remercie Temari de ma part pour tout ce qu'elle à fait pour moi et pour toi et Mikasa.

Je t'aimerais toujours,

Nara Amaya. »

Le jeune homme reposa la lettre - désormais humide - sur la table. Mikasa et Temari étaient dans la pièce d'à côté, et il ne voulait surtout pas que sa fille l'entende où le voit pleurer. Il essuya ses larmes et remplit la lettre avant de la remettre dans l'enveloppe. Il sortit de la cuisine, tenant fermement le bout de papier contre lui. Il entendit la petite voix de Mikasa l'appeler mais il ne réagit pas.

« Papa a eu une dure journée, aujourd'hui. Il a besoin de repos, tu comprends ? Et si on lui préparait son plat préféré pour lui faire plaisir, ça te dit ? » Demanda Temari en souriant légèrement.

La petite fille parut très enthousiaste par l'idée, si bien qu'elle se précipita dans la cuisine en sautillant. Shikamaru la regarda faire, un léger sourire aux lèvres. Il leva son regard vers Temari et laissa couler des larmes en silence. La blonde l'observa un moment et lui fit un sourire réconfortant avant d'entrer dans la cuisine.

Le Nara, lui, se contenta d'aller dans la chambre de Temari et de s'allonger dedans. Il enfuit entièrement son corps sous la couette et plongea son visage dans l'oreiller.

Pendant que Mikasa et Temari passaient du temps toutes les deux à lui cuisiner un bon repas, Shikamaru pleurait longuement, évitant de faire le moins de bruit possible, ne voulant pas attiser la curiosité de sa fille qui devait penser qu'il dormait. Temari savait pertinemment que le brun pleurait, mais elle ne laissa rien paraître, ne voulant pas perturber encore plus la petite Nara.

Ce n'est qu'au bout d'un certain temps que Shikamaru réussit à s'endormir, épuisé.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top