Chapitre 9 : Venandi 1/2

Riley avait appelé Kaeden dès qu'il avait franchi la porte-fenêtre de la maison, pendant que le Venandi m'allongeait à l'étage, dans notre chambre.

L'Omega était encore sous le choc et totalement confus dans ses propos, ce qui avait encore plus inquiété son cousin... S'il se doutait déjà que c'était possible qu'on s'en prenne à nous, la partie « il y a un Lycan aux iris rouges et un Venandi dans la cuisine » était légèrement imprévue... Puis surtout de savoir que Riley était seul avec eux parce que j'étais inconscient n'était pas à négliger.

Avant qu'il arrive, le Venandi avait récupéré l'Alpha qui s'en était pris à nous et l'avait chargé à l'arrière d'un 4X4 tout terrain, toujours inconscient, et avait laissé une flèche d'argent plantée dans sa peau, histoire d'être sûr et certain qu'il ne se réveillerait pas inopinément.

En attendant, le Bêta qui l'accompagnait m'avait sommairement soigné, le tout sous le regard anxieux et toujours paniqué de Riley. Je n'avais rien de grave en soi, même si ça restait impressionnant à voir... J'étais un presqu'Alpha, je me remettrais vite, d'après ce que le Venandi avait dit à Riley.

En attendant Kaeden et Max, le Venandi avait sorti deux verres, qu'il remplit d'eau, sans la moindre gêne, comme s'il était chez lui. Riley avait donné des vêtements de son cousin au Bêta, sans réellement savoir s'il le devait ou non... Après tout, il nous avait aidés à nous sortir d'un sale pas, Kaeden y serait sensible, non ? En tout cas, ce serait ce qu'il comptait lui dire s'il lui reprochait de prêter ses affaires sans autorisation...

Riley retrouvait peu à peu ses esprits et un calme partiel, malgré ce qu'il s'était passé et le fait qu'il soit sous le choc. Il se sentait plus en sécurité dans la maison et le Venandi ne lui inspirait aucune chose négative... Normal ! C'était la première fois qu'il en croisait un ! Et puis, on pouvait véridiquement dire que son instinct de survie était totalement défaillant, à présent !

Sachant que je n'avais rien de grave et que j'allais m'en tirer, que Kaeden allait rentrer au plus vite, Riley se concentra sur toute autre chose.

Sur ce Bêta au poil noir et aux iris rouges.

Et c'était lui, définitivement, celui qui nous suivait au centre commercial, il y a quelques semaines.

Aucun doute, maintenant qu'il le voyait sous sa forme humaine.

Pour le moment, Riley n'osait pas ouvrir la bouche pour poser ses questions. Il préférait attendre que son cousin soit là pour lui expliquer qui était ce blond... Ni Kaeden ni Max n'avait jamais parlé de lui, encore moins précisé qu'il était un Venandi.

Pourtant, il voulait bien croire ledit Venandi. Déjà parce qu'il n'y avait pas autant de personnes que ça qui appelaient Max par son surnom (il préférait toujours qu'on l'appelle par son nom complet lorsqu'il ne s'agissait pas d'une personne proche)... Puis très peu qui soient au courant de la présence de Riley à Glasgow, son lien avec Kaeden, et le fait qu'il ressemble énormément à son cousin à son âge...

Kaeden n'était pas du genre à parler de sa vie privée à n'importe qui. Il restait toujours discret. Riley le savait parfaitement. C'était probablement pour cela qu'il avait confiance en ce type – il savait trop de chose précisément pour être une personne lambda – et quelqu'un qui était si « proche » de Kaeden ne pouvait pas mentir ou lui faire du mal, si ?

Par contre, que ni Max ni Kaeden ne le mette en garde sur son existence... Ça l'inquiétait quelque peu. Ce n'était pas quelque chose de négligeable, un prédateur de Lycanthrope – entre autres – dans un entourage proche tout de même !

Il trouvait cela incohérent qu'on lui dise de ne pas sortir seul, à cause des Alphas éventuels qu'il pourrait croiser, et on oubliait de préciser qu'un Venandi vivait dans le voisinage ? Cela n'avait aucun sens !

Dès qu'il entendit la voiture se garder, Riley était allé ouvrir la porte. Son cousin retrouva partiellement son calme en le voyant en un seul morceau, encore un peu chamboulé par ce qu'il s'était passé, malgré un calme apparent, et mon sang qu'il avait sur ses vêtements et sa peau...

– Est-ce que ça va ? Lui demanda-t-il précipitamment, les mains sur ses épaules, plongeant son regard dans le sien, t'es blessé ?

Riley fit un non de la tête. Certes, il avait le visage un peu pâle, les yeux rouges et humides, ses mains tremblaient encore un peu... Mais il n'était pas blessé. Pas même une égratignure. Juste un peu éprouvé émotionnellement et choqué par la bagarre, l'état dans lequel j'avais fini... De voir cette violence et ce sang.

– Et Oliver, ça va ?

Riley se réfugia sans ses bras, laissant une vague de larme le submerger. Kaeden tentait de le réconforter comme il le pouvait, peu habitué à l'exercice.

– Il est... Il est en haut, le type l'a monté et... Il s'est occupé de... tout ça, c'est de ma faute, en plus on s'est disputé, et maintenant il va me détester et... Et il aura raison !

Un peu déstabilisé, Kaeden essaya de trouver des mots pour le calmer, mais... Ce n'était pas son fort de consoler les gens. Aussi, dès que Max les avait rejoints, il fut plus que soulagé.

– Il est dans la cuisine, hoqueta Riley entre deux sanglots, il a dit qu'il te connait et qu'il veut te parler...

– Depuis quand je connais un Venandi, marmonna Kaeden.

Il laissa Riley avec Max, qui était bien plus doué que lui pour gérer les états émotionnels d'autrui. Même si Riley restait habituellement à bonne distance de Max, cette fois-ci, il le laissa s'approcher... L'Omega avait besoin de sécurité et de réconfort, et actuellement, il n'y avait que Max pour remplir cette fonction.

Kaeden se dirigea vers la cuisine, bien décidé à comprendre ce qu'il s'était passé, qui était ce Venandi qui le connaissait soi-disant et de quel droit il se permettait de rentrer chez lui sans sa présence... C'était une sorte d'affront et une marque d'irrespect d'entrer chez un Lycanthrope sans y avoir été invité, qui plus était si c'était chez un Alpha.

Le Venandi se tenait contre le plan de travail, terminant son verre d'eau, perdu dans ses pensées, tandis que le Beta noir qui l'accompagnait portait les vêtements de Kaeden et mangeait sa nourriture, le tout sans qu'il n'ait donné son accord...

Il lança un regard un peu dur au Bêta, qui plus était en croisant ses iris couleur de sang, qui stoppa net le repas de celui-ci. Kaeden prit une seconde pour noter sa peau hâlée, ses cheveux noirs en bataille, probablement était-il originaire du sud de l'Europe. Son âge devait s'approcher du sien également, peut-être était-il légèrement plus âgé.

Après avoir détaillé son invité improvisé, Kaeden croisa le regard du Venandi, et il le reconnut effectivement de suite. Il comprit alors toute une série de petites choses qui jusqu'alors lui semblait anodines, un peu étranges, mais anodines... Mais prenaient maintenant tout leur sens :

Cette attitude si peu craintive de lui et de Max, cette petite relation chien-chat avec Max... Et cette manière qu'il avait d'inspirer le respect a tous, y compris un Lycanthrope Mâle aussi imposant que l'était son Uni ! Cette autorité qui semblait émaner de lui et tenait en respect à peu près tout le monde, y compris les Lycans...

– William, lâcha-t-il alors en guise de salutation, passé la surprise, j'étais sûr que tu cachais un truc, mais pas... ça...

William, c'était son chef au bureau. Accessoirement, il avait suivi le même cursus universitaire que Max et c'était grâce à lui qu'il était entré chez Von Berg Corporation, des années plus tôt. Il était également le dernier fils de Howard Von Berg, le PDG de l'entreprise tentaculaire pour laquelle Max et Kaeden travaillaient.

Kaeden avait énormément de respect pour lui, et pas seulement sur le plan professionnel... William était toujours compréhensif avec lui, l'aidait dès qu'il en faisait la demande, s'arrangeait pour être souple dans le planning quand c'était nécessaire... Mais n'en restaient pas moins intransigeants sur les horaires et la conformité des dossiers.

Ils ne se voyaient jamais en dehors des heures de bureau (Max y veillait scrupuleusement) et ne parlaient que rarement de leurs vies privées... Cependant cela n'empêchait pas Kaeden de glisser certaines informations au passage, du genre, l'arrivée compliquée d'un membre de sa famille qui avait besoin d'aide et d'attention...

Le Venandi sourit, un de ses sourires amusés et ravis de son petit effet dont il avait le secret – et qui avait le don d'hérisser le poil de Max :

– Désolé pour le pillage du frigo, s'excusa-t-il, bien qu'il n'y mette pas du tout le ton, posant sa main sur l'épaule du Bêta. Angie doit manger beaucoup quand il fait de gros efforts. Ton cousin m'a passé des vêtements pour lui, je suis parti un peu précipitamment de la maison.

Kaeden balaya ça de la main, avant de se concentrer sur Angelo :

– Il y a de quoi désinfecter tes plaies dans la salle de bain, tu peux prendre une douche aussi si tu veux.

Angelo interrogea son accompagnateur du regard, qui l'encouragea en indiquant qu'ils en auraient pour un petit moment. Le Bêta était couvert de boue et de sang séché, il avait même encore des feuilles dans les cheveux... Et puis l'eau chaude lui ferait du bien physiquement.

Les deux attendirent qu'il soit à l'étage avant de reprendre leur conversation :

– Pourquoi tu n'as rien dit ? Demanda Kaeden.

– Parce que c'est comme ça que ça fonctionne, lui répondit-il avec un ton neutre. La plupart des Surnaturels ont une très mauvaise image des Venandi, il vaut mieux pour vous comme pour moi de ne pas ébruiter ce genre de choses s'il n'y en a pas lieu.

– Et Max est au cou–

Ce fut ce moment très précisément que Max choisit pour arriver dans la pièce, suivi d'un Riley plus ou moins calmé, pour couper la parole de son Uni :

– Will ? Bon sang, qu'est-ce que tu fiches là et dans cette tenue ?

Les deux autres échangèrent un regard, avant que le Venandi ne reprenne ses explications.

Il était vrai que se retrouver avec William dans sa cuisine, ce n'était pas franchement une chose à laquelle Max s'attendait. Les deux ne se croisaient qu'au bureau et lors des soirées organisées par la compagnie – ce qu'ils estimaient bien suffisant... Rares étaient les fois où Max mettait les pieds chez lui – et William n'avait jamais encore visité leur maison à Glasgow.

Puis cette tenue étaient également on ne pouvait plus intrigante. Habituellement, le blond portait des costumes taillés sur mesure, impeccablement mis, la barbe taillée de près, tout comme la coupe de cheveux...

Actuellement, sa tenue relevait plus d'un Robin des Bois moderne, avec sa chemise longue en lin épais, sa tunique vert kaki retombant jusqu'à ses genoux, ceinturée à la taille par une large lanière de cuir à laquelle étaient accrochés des fioles de potions, une dague d'argent, quelques parchemins scellés qui n'inspiraient pas confiance au Lycanthrope – et pas non plus aux Sorciers et affiliés, d'ailleurs !

Ses avant-bras étaient protégés par de larges bracelets de cuir marron, gravés de deux faucons prenant leur vol, l'un surveillant vers la droite, l'autre vers la gauche. L'on retrouvait ce symbole autour du coup du Venandi ; un pendentif rond en argent, un peu plus petit qu'une paume de main, maintenu par un lacet de cuir.

Sans oublier, bien évidemment, un carquois de cuir en travers de son torse, portant encore une dizaine de flèches d'argent. Son arc, en bois noble, gravé d'arabesques infinies et résolument d'un autre siècle, était posé à côté de lui.

Puis, quelque chose de sauvage, d'un peu brut, se dégageait de lui, ce qui n'était pas habituel du tout. Son regard avait cet espèce d'éclat prédateur qu'un chasseur arborait, un peu intimidant, même pour des Alphas.

Max ne savait pas qu'il était un Venandi et cela lui fit un choc de l'apprendre. Il connaissait William depuis presque quinze ans, c'était la première personne qu'il avait rencontré en débarquant à Glasgow, ils avaient suivi le même cursus scolaire, travaillaient dans la même entreprise et... Il n'avait rien vu, rien senti, de sa nature surnaturelle !

– J'ai vécu avec toi pendant presque deux ans et je n'ai rien compris, s'outra Max, et tu t'es bien gardé de tout me dire ! Bon sang, mais qu'est-ce qui ne va pas avec toi, à la fin ?!

William ne se démonta pas du tout, et fit comme s'il n'avait rien dit. Kaeden les étudiait avec une drôle de tête. Lui ignorait que les deux avaient vécu ensemble. Qu'ils avaient été colocataires, il fut un temps.

– Attend... Ton colocataire humain avec lequel tu sortais c'est... Oh, ça explique tellement de choses !

Max perdit une partie de son assurance, bredouilla, rouge pivoine, ce qui amusa bien William... Il fallait avouer que voir un type de la carrure de Max redouter les foudres d'un Uni plus jeune et moins imposant, ça avait e quoi le faire sourire.

Et ce petit sourire horripila Max par tous les pores de sa peau.

– Je pensais bien qu'il ne t'avait rien dit... Mais ce n'est que du passé, tout ça. Vous êtes Uni et c'est très bien ainsi.

Pour être honnête, Kaeden semblait plutôt content d'enfin comprendre l'origine de leur petit jeu du chien et du chat... Qu'il avait toujours trouvé aussi étrange que fascinant. Max n'agissait ainsi qu'avec William, et enfin, il savait pourquoi !

– Alors c'était à cause de ça ? L'accusa Max, que tu es parti du jour au lendemain de l'appartement, que tu ne voulais plus me voir ? Parce que tu as découvert que j'étais un Lycan, et que c'est totalement contre nature de s'Unir à un Lycan pour un Venandi ?

William soupira, agacé :

– Ne soit pas idiot... Je savais avant même de te recontrer que tu étais un Lycan. Normalement, tu es censé te présenter au Venandi lorsque tu t'installes sur son Territoire, il se trouve que ton père a rencontré ma mère, pour qu'elle l'aide à trouver un endroit où tu serais en sécurité. Ils ont convenu qu'on cohabiterait pour éviter les problèmes liés à ta Défaillance.

Et ça aussi, Max l'ignorait. Il dut s'asseoir. Et Kaeden l'imita, suivi d'un Riley un peu déconfit.

Kaeden avait plus de recul que Max sur tout ça, même s'il comprenait que cette période n'était pas la plus facile à aborder pour son Uni. Il n'en parlait que rarement et n'évoquait que pudiquement ses souvenirs. La plupart du temps, il parlait d'Aerton ou de ses études, plus rarement d'Edward et de leur relation de l'époque, mais n'abordait aucun autre sujet.

Max hésitait à poser ses questions, à réclamer des réponses qu'il attendait depuis longtemps, sur une période qu'il estimait importante pour lui, à cause de la présence Kaeden. Il ne voulait pas le contrarier, qu'il soit jaloux, ou pense qu'il portait encre des sentiments forts à William malgré leur Union...

Cependant, Kaeden l'encouragea du regard, préférant de loin qu'ils en finissent avec cette histoire définitivement. Ce que Max louait grandement.

– Et donc quoi... Pourquoi t'es parti du jour au lendemain ? On aurait pu... Je ne sais pas... Continuer...? On était bien ensemble, non ?

William leva les yeux vers l'escalier, puis une fois assuré qu'Angelo ne l'entendrait pas, il se décida à répondre, la voix la plus discrète possible :

– Je devais vivre au Sanctuaire pour différentes raisons, et... ma mère pensait que tu t'en sortirais très bien sans moi. Elle avait raison, tu t'en ai très bien sortir.

Le Venandi avait une certaine distance vis-à-vis de tout cela que Max ne comprenait pas. Qu'il ne comprendrait jamais, d'ailleurs. Il présentait les choses factuellement, sans la moindre émotion dans la voix, comme il le ferait au bureau... Alors que le sujet était personnel, que c'était une période importante et douloureuse du point de vue de Max. Il devrait – au moins – mettre un minimum d'émotion dans son ton, non ?

C'était comme si tout ça ne comptait pas pour lui. Que ça n'avait jamais compté. Et ça, il ne l'avalerait jamais.

– Ce n'était pas prévu que toi et moi on couche ensemble, d'accord ? Insista William, rien de tout ce qu'il s'est passé entre nous n'était prévu... Si ma mère était aussi lourde, c'est bien parce que c'était sincère. Puis il faut aussi avouer qu'elle ne portait pas ton père dans son cœur, très franchement, comme la plupart des Lycans, d'ailleurs. Ce qui ne veut pas dire que c'est mon cas, d'accord ? Il y a beaucoup de Lycans dans mon entourage, ce n'est pas pour rien.

Il était vrai que la mère de William, lorsqu'elle était encore en vie, n'appréciait pas vraiment les Lycanthropes. Elle les tolérait parce que c'était son rôle de le faire, mais si elle pouvait éviter d'avoir affaire à eux, c'était au mieux pour elle.

Avec son fils, c'était différent. William appréciait leur compagnie, que ce soit sur le plan professionnel ou... dans son lit.

Max et William s'étudiaient avec une expression étrange, mélange d'une espèce de nostalgie teintée de regret, mais également d'une sorte de soulagement, comme si un poids qu'ils trainaient depuis un moment les avait quittés.

Kaeden les observait en silence, ne sachant pas si les imaginer plus jeunes, en couple, était bizarre ou non. Ça lui était arrivé avec Luther, mais étant donné que Max le haïssait à présent, il n'avait pas eu de mal à vivre avec la nouvelle... Son Uni disait lui-même qu'il aurait préféré s'abstenir d'avoir eu cette relation avec Luther.

Cependant, avec William, c'était différent. Ils se voyaient tous les jours depuis une quinzaine d'années, et visiblement, Max n'en avait pas terminé avec cette histoire. Quand bien même étaient-ils Unis, ça se voyait nettement qu'apprendre ces choses sur William et la fin de leur relation l'ébranlait un peu.

Puis, Kaeden travaillait pour William, il l'admirait comme un mentor... Et maintenant, en sachant qu'il était sorti avec celui qu'il aimait, il se sentait un peu... Inférieur. A la traîne, pas assez, comme cela lui avait été familier au début de leur relation.

Et ça, c'était difficilement acceptable pour lui, maintenant. Depuis ce temps-là, il – avec sa Bête – avait appris à être un Alpha, à écouter ses instincts.

Il avait également appris à garder son sang-froid et mieux gérer ses sentiments et émotions, aussi personne autour de cette table ne vit ni ne comprit ce qui l'agitait intérieurement.

Pendant qu'ils discutaient du « bon vieux temps », Angelo était redescendu, les cheveux encore mouillés, un peu intimidé de se retrouver au milieu d'autant d'Alphas, surtout des Défaillants. Il s'installa, un peu déstabilisé, et se détendit un peu lorsque William lui avait souri.

– Si vous avez terminé de parler nostalgie, reprit Kaeden, on peut peut-être parler de ce qui s'est passé avec Riley et Oliver... Pas que ça ne m'intéresse pas, mais je veux quand même savoir ce qui a mis Oliver dans cet état...

– Tient, il est passé où d'ailleurs ? Marmonna Max en me cherchant du regard.

– Dans la chambre, murmura Riley, il est... enfin, il dort. Il lui a fait sentir un truc dans une de ces fioles...

Les regards se tournèrent vers William, l'invitant à s'expliquer :

– Ce qu'il y a dans la fiole n'est pas dangereux du tout, ça va l'aider à dormir, et donc, à récupérer plus vite.

– Et lui, c'est le type que j'ai vu au centre commercial, enchaîna Riley à l'intention de Max. Celui qui nous suivait et qui est parti en courant...

Max interrogea à nouveau William du regard, un peu contrarié :

– Hem... Il se trouve que depuis que Kaeden m'a parlé de l'arrivée d'Oliver, puis Riley, j'ai chargé Angie de veiller à ce qu'il ne s'attire pas d'ennuis. Glasgow est une zone neutre, ce qui ne veut pas dire « sans danger », surtout pour deux jeunes Lycans isolés comme eux...

– J'ai fait de mon mieux, mais il m'a repéré une fois, au centre commercial, s'excusa le concerné, mais je vous jure que je n'avais pas de mauvaises intentions, c'était juste pour m'assurer qu'ils n'étaient pas en danger.

– Et ce soir, tu les as suivis aussi, donc ?

Angelo hocha la tête positivement :

– Pour être honnête, je trainais dans le coin depuis quelques jours, à cause de...

Il laissa William continuer les explications :

– Les Venandi ont la capacité de ressentir quand tout élément étranger pénètre sur son Territoire, expliqua William. Mon Territoire comprend Glasgow et sa périphérie, ainsi que les Territoires des Meutes locales. C'est, entre autres, par la présence des Venandi de ma famille que cette ville est en zone neutre, ça fait partie des choses que je dois veiller à conserver. Comme la paix entre Meutes, mais également entre les espèces surnaturelles... J'ai senti une présence non désirée dans le coin depuis quelques jours. Je n'ai pas eu de mal à déduire que c'était soit lié à Riley, soit à Oliver. Angie faisait des rondes régulières pour s'assurer que rien ne les menaçait en votre absence.

– Il m'a demandé de roder dans le coin et de l'appeler si je voyais quelque chose, enchaîna Angelo. Le temps de les trouver que l'autre était déjà là, en train de s'en prendre à eux, alors...

– J'ai fait au plus vite, reprit William, et au moins létal. Quand j'ai vu l'état de l'un et la panique de l'autre, je me suis dit qu'il valait mieux rester ici le temps que vous rentriez. Vous êtes leurs Alphas, donc... C'est la procédure.

Max était à deux doigts de lui reprocher d'avoir envisagé de ne rien leur dire malgré l'attaque, pour peu que Riley ait eu les idées plus en place, mais il se retint, pour se contenter d'un regard rempli de reproche, qui n'atteint même pas William.

– Qu'est-ce que vous avez fait de Luther ? Demanda Max à la place, je dois appeler Eddy pour qu'il règle cette histoire avec Oliver...

Angelo le regarda avec curiosité :

– Ehm, ce n'était pas Oliver qui était visé, déclara-t-il. Il s'est battu avec pour protéger Riley. C'était après lui que cet Alpha au poil noir en avait.

Kaeden stoppa son geste pour afficher une mine grave, sérieuse – beaucoup trop sérieuse – tandis que son regard trouvait son cousin :

– ... C'est Reese, marmonna-t-il, j'ai totalement paniqué quand je l'ai vu et je... si Oliver n'était pas revenu...

Reese, c'était un de ses frères, le troisième pour être exact. Ce n'était pas le plus intelligent et le plus fort des trois, mais il avait un instinct pour chasser qui n'était égalé par aucun membre de la Meute. De tous ses frères, c'était celui dont Riley avait le plus peur, parce qu'il était le plus dur à semer – et, d'ailleurs, il finissait toujours par le retrouver...

– Bon sang, comment ils ont réussi à te trouver ici ? Demanda Kaeden, et d'ailleurs, où est-ce qu'il est passé ?

– Je l'ai chargé dans mon 4X4, sedaté avec de l'argent pour un petit moment...

– Et je... Je crois que j'ai pas été si discret que ça en venant ici, souffla Riley, s'excusant du regard.

La colère et la rage s'emparèrent de Kaeden. Rien que d'imaginer qu'un Alpha, qui plus était de sa famille, se permettait de venir ici, pour s'en prendre à Riley, à qui il avait promis la sécurité... Ça le rendait fou de rage. Il était bien déterminé à ce que cela ne se reproduise plus jamais. Même si cela devait être radical.

– Je vais me charger de régler cette histoire une bonne fois pour toutes, conclut Kaeden en se levant.

Il était déterminé, son regard brûlant de haine, et la colère déformant ses traits.

– Hop, hop, hop ! Quoi ? Où est-ce que tu vas comme ça ? Le retint Max. Eddy sera là demain, on va...

– « On » ne va rien du tout, le reprit Kaeden, agacé, le ton dur, c'est ma Meute d'origine, okay? Riley est mon cousin, ce sont mes problèmes de famille, c'est à moi de les régler ! Eddy et toi vous n'avez rien à voir là-dedans !

– Mais t'es pas bien ?! S'outra Max, tu ne vas pas y aller seul pour... pour y faire quoi ?!

Kaeden ne lui répondit qu'après un long moment :

– Régler définitivement cette histoire, cette question ! Laisse-moi faire, je sais exactement ce que j'ai à faire !

– Mais...

– Mais tu ne peux pas faire ça !

– Mais rien du tout ! Rugit Kaeden, je suis le Dominant ici, vous faites ce que je vous dis de faire, c'est clair ? Alors toi, tu vas rester avec Riley, surveiller l'état d'Oliver, pendant que moi, je fais la livraison de cette petite merde de Reese... Et que je fasse bien comprendre à Randy qu'il n'est pas dans son intérêt de me contrarier encore une fois dans cette vie ! Et toi, tu ne bouges pas de cette maison, est-ce que c'est compris ?

Riley hocha la tête, impressionné, et ne sachant que dire de plus... Max tenta de le retenir et de négocier, en vain. Kaeden était buté quand il était résolu comme ça. Surtout depuis qu'il était à nouveau Un avec sa Bête, qu'il se laissait influencé par elle totalement, sans avoir peur d'écouter ses instincts...

En dernier recours, Max chercha de l'aide auprès de William, mais celui-ci restait totalement neutre. Si cela se passait en dehors de son Territoire propre, ça ne le concernait pas. Et les lois qui régissaient le rôle des Venandi étaient extrêmement claires et précises. Ils s'y tenaient religieusement, c'était dans leur nature.

Ce que Max ne pouvait ni comprendre ni accepter dans ces circonstances. Pour lui, son Uni fonçait tête baissée dans une situation dangereuse, inextricable, sans lui ou personne pour assurer ses arrières... Et personne en dehors de lui n'avait l'air de voir que c'était une mission suicide !

Max regarda, impuissant, le 4X4 de William s'éloigner, la sensation d'être abandonné sur le borde de la route par son maître comme un pauvre chien gênant... Et dire que peut-être ce serait la dernière image qu'il aurait de celui qu'il aimait !

Il fallait être totalement suicidaire pour se rendre sur un Territoire d'une autre Meute, la défier, surtout seul... Que l'on soit un Alpha Dominant ou un Chef de Meute n'y changeait rien, c'était tout aussi suicidaire !

Et Max venait tout bonnement de le laisser foncer droit vers une probable mort lente et douloureuse, totalement inévitable...

– Ça va aller, lui dit William dans un souffle, il sait ce qu'il fait...

– Oh, toi, lui reprocha-t-il, l'œil menaçant, ne m'adresse même plus la parole ! Tu m'as menti ! Tu t'es fichu de moi ! Et maintenant tu le laisses partir faire la Lune-sait-quoi avant de probablement mourir !

– C'est tout toi de sous-estimer autrui, lui reprocha William, agacé. Ça ne t'a jamais effleuré l'esprit que je sois autre chose qu'un pauvre humain fragile ! Et avec lui c'est pareil ! Laisse-le vivre sa vie, faire ses choix, c'est un Dominant, pas une pauvre chose sans défense ! T'es pire qu'une mère poule avec lui, comme tu l'as fait avec moi, il serait temps que tu acceptes l'idée qu'il est grand et indépendant de toi, mon vieux !

Max aurait voulu lui répondre, mais William ne lui en avait pas laissé l'occasion. Le blond lui sortait toujours par les yeux, même des années après leur séparation !

Il lutta contre lui-même pour afficher ce qu'il lui restait de confiance et de courage pour rassurer Riley au mieux. Resté étonnamment silencieux jusqu'à présent, des larmes s'échappaient de ses yeux silencieusement. Il avait l'air perdu, plus vulnérable que jamais, et c'était son rôle d'Alpha de veiller sur lui, à présent...

– Laissez-le faire et ayez confiance en lui, renchérit le Venandi. Kaeden et sa Bête ne forment plus qu'Un, et iels sont un Dominant, iels savent exactement ce qu'iels font ! C'est ce que l'Instinct leur dicte... Tu sais, cet Instinct dans lequel tous les Lycanthropes placent une confiance et une fierté, aussi absurde qu'aveugle ? Probablement pour de bonnes raisons, si vous survivez depuis des millénaires !

Le ton de reproche de William hérissait les poils de Max et redoublait sa colère :

– Dominant ou pas, Instinct ou pas, il est seul pour affronter une Meute entière, il n'a aucune chance de s'en tirer ! Et s'il réussit par miracle, va savoir dans quel état il va revenir ! S'il arrive à revenir !

Ce qui eut le don de redoubler le niveau d'angoisse de Riley, déjà vertigineux.

– Écoute, je sais que c'est ton truc de t'angoisser pour les autres, de croire qu'ils ont forcément besoin de toi pour régler leurs problèmes, mais là, ce n'est pas le cas ! Ce n'est plus le cas, d'accord ? Kaeden est grand maintenant. Lui et sa Bête son Un depuis des années, il sait parfaitement gérer ses instincts et ses aptitudes, je suis parfaitement bien placé pour le savoir, et toi aussi ! Seulement à la place d'observer objectivement les choses, tu te laisses submerger par tes émotions, et ça, c'est extrêmement agaçant, pour lui comme pour moi, compris ?

Max ouvrit la bouche pour répliquer, mais William ne l'entendait pas de cette oreille :

– Je prends la voiture de Kaeden, comme il est parti avec mon 4X4 ! Dis-lui de m'appeler quand il sera rentré, et que ce n'est pas la peine de venir au bureau demain ! N'oublie pas de prévenir ton frère, et pas de bêtises tous les deux ! Si vous ne vous sentez pas bien, la porte du Sanctuaire est toujours ouverte.

Riley et Max échangèrent un regard, puis William sortit une carte de visite de sa poche, qu'il tendit à l'Omega :

– Voici le numéro de téléphone et l'adresse de mon Sanctuaire, il est ouvert à tout Surnaturel qui en éprouve le besoin, à n'importe quelle heure du jour et de la nuit, qu'importe la raison. Quand ton cousin sera revenu, je voudrais que tu passes me voir avec lui. Il faut qu'on discute tous les trois.

– Qu'on... Discute ? A propos de quoi ?

William resta vague au possible. :

– Rien de grave, ne t'en fais pas... Si tu restes sr mon Territoire, je tiens quand même à connaître certains détails sur ton histoire. C'est légitime, non ?

– Ehm, oui, j'imagine... Vous n'allez pas me refouler de la ville, hein?

– Je n'ai le droit de chasser que les Surnaturels qui représentent une menace pour la sécurité et la paix entre les espèces, et, sans vouloir te vexer, tu n'es qu'un petit Omega qui aboie plus fort qu'il ne mord.

Riley lui concéda le point. Jamais de toute sa vie il n'avait été aussi content et soulagé d'être un Omega et d'aboyer plus fort qu'il ne mordait.

William fit signe à Angelo qu'ils partaient, Max et Riley les raccompagnèrent jusqu'au portail sans ajouter un mot.

Le Venandi claqua la porte côté conducteur et attendit qu'Angelo le rejoigne quelques secondes plus tard. Celui-ci lança un sourire d'excuse tordu à Max avant de s'installer côté passager. Ils partirent sans attendre plus longtemps.

– Il me sort par les yeux, ce mec, déclara Riley, grimaçant.

– Bienvenue au club !

Ils échangèrent un regard, puis un léger sourire, avant de rentrer à la maison.

Cela ne leur prit pas deux secondes avant qu'un profond sentiment d'abandon et d'inquiétude ne les reprenne...

Et ils ne fermèrent pas les yeux de la nuit, à tourner en rond dans le salon, ruminant des pensées noires et morbides, regrettant de ne pas avoir plus insisté pour accompagner Kaeden ou de ne pas l'avoir empêché de partir...

Aller régler ses comptes avec une Meute, seul, c'était du suicide complet, quoi que l'Instinct de Kaeden et William en pensent... Max le savait parfaitement. Il n'y avait pas juste un Chef de Meute à affronter, aussi son Second, ses Alphas, des Bêtas prêts à tout pour préserver la Meute.

Comment un seul Lycan, même s'il était un Alpha Dominant, pourrait-il s'en tirer vainqueur ? Très sérieusement ?

Surtout avec ce que Riley avait raconté sur ses frères, ces espèces de barbares sanguinaires, capables du pire pour soumettre autrui à leur autorité...

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Voilà pour la première partie du chapitre 9 !

J'espère que vous vous y attendiez pas, à William le Venandi et ex de Max :B  j'aborderais plus leur histoire dans celle de Max, je suis en train de faire le plan pour l'instant x)

Sinon, je ne vais pas trop développé le cas d'Angelo dans cette histoire... Tout simplement parce qu'il aura droit à son histoire aussi, ce sera probablement la dernière que j'écrirais x) (enfin j'ai pu le balancer, ça fait du bien XD).

En attendant, je vous laisse mariner sur le pourquoi et le comment il a les yeux rouges :p (quoi je tease, même pas vrai XD)

Les résultats du concours pour les 300 abos sur Wattpad, c'est pour tout de suite, dans la prochaine partie !

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