Chapitre 8 : L'attaque 2/2

Hey hey !

La seconde partie du chapitre 8 est arrivééééée !

Je dois vous signaler que cette partie contient de la violence et du sang, du coup... Vous êtes préviendus !

Bonne lecture !

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Le lendemain, je m'étais réveillé seul.

Riley n'était plus là depuis un moment, parce que sa partie du lit était froide et son odeur discrète. Une partie de moi était en alerte, en colère qu'il ne soit pas là, mais l'autre trouvait des raisons ; peut-être que je l'avais empêché de dormir ou qu'il était pris d'une fringale nocturne, comme parfois cela lui arrivait... Des fois, quand il identifiait que Kaeden allait à la cuisine en pleine nuit, il allait le rejoindre, et ils finissaient généralement la nuit devant un film sur le canapé.

Ce qui m'agaçait, c'était de ne pas l'entendre ou le sentir quitter la chambre. À croire qu'il flottait dans les airs pour quitter la pièce, tellement il était discret ! Enfin, je pensais surtout que je dormais trop profondément pour m'en rendre compte. Cela ne me plaisait pas du tout. Je devrais avoir les sens en alerte et être sur le qui-vive constamment, pour Surveiller Riley, protéger Riley de toute menace extérieure. La plus importante étant Luther, et étant directement liée à moi – je m'estimais doublement responsable.

Cependant, cette fois-ci, ce n'était pas la faim, Kaeden ou une insomnie qui l'avait fait descendre au rez-de-chaussée... mais autre chose que je n'identifiais pas vraiment.

Riley faisait les cent pas dans le salon, nerveux, stressé, agité, et sursauta en poussant un cri qu'il essaya d'étouffer dans ses mains quand il me vit arriver...

– Qu'est-ce que tu fais là ? Me reprocha-t-il à voix basse, tu m'as fait peur !

– Et toi, qu'est-ce que tu fais là ? Il est trois heures du matin...

– Ben je... J'arrive pas à dormir. Il y a un truc qui... Un truc qui ne va pas.

Je levais un sourcil perplexe :

– Tu veux que je dorme ailleurs ? Tentais-je alors, un peu gêné. Ou sous ma forme animale, j'y arrive très bien...

Il leva les yeux au ciel en poussant un soupir :

– Je parle pas de ça ! Je m'en fiche que tu dormes dans le même lit, moitié sur moi, et presque à poil ! Il y a un truc dehors qui... un truc qui cloche... je sais pas comment le dire autrement.

Je jetais un regard à la porte-fenêtre qui donnait sur la petite terrasse, puis le jardin. Il n'y avait rien qui semblait sortir de l'ordinaire. Les chiens, qui observaient Riley tourner en rond depuis plus d'une heure, n'avaient pas l'air plus en alerte que ça... Eros avait tendance à aboyer facilement la nuit quand il était dehors, et avant que Riley ne les fasse rentrer, on n'avait strictement rien entendu.

– Kaeden aussi pense que je suis parano, lança-t-il alors, comme un reproche. Mais je sais ce que je sens.

– Sans vouloir te vexer, Kaeden est un Alpha et...

– Et ses sens sont plus affûtés que les miens, je sais, s'agaça-t-il, il n'y a aucune raison de croire qu'il y a un danger vu que cette ville est une zone neutre, je sais aussi ! Et que mes capacités sont plus limitées parce que je suis un Omega, je le sais déjà depuis longtemps ! Mais ça n'empêche pas que quelque chose cloche, d'accord ?

Il avait tellement l'air sûr de lui qu'il me mit le doute. Peut-être que Kaeden était trop confiant en cette espèce de règlement de « zone neutre » ? Même si Max avait vécu des années ici sans aucun accroc, qui pouvait être totalement sûr qu'on ne risquait rien ? Surtout isolés loin de notre Meute, loin du Chef de Meute...

– Je vais faire un tour, me décidais-je alors en me dirigeant vers la porte-fenêtre.

– Fais attention, hein...

Après un hochement de tête, je me transformais, pour faire un tour dans le jardin. J'humais l'air, j'écoutais avec attention, j'observais longuement, essayant d'être le plus discret possible, malgré le reflet de la Lune – particulièrement lumineuse ce soir – qui faisait ressortir ma fourrure blanche.



Au bout de plusieurs longues minutes, je rentrais finalement. Il n'y avait rien ni personne dans le jardin, pas même un chat égaré ou une souris de passage...

Je repris forme humaine une fois la porte-fenêtre refermée par Riley, et, sans tenir compte de ma nudité, lui avait expliqué qu'il n'y avait rien. Je finis par me rhabiller lorsqu'il me tendit mes vêtements, les joues un peu rougies, même si je n'y avais pas vraiment fait attention sur le moment...

Une fois rhabillé, Riley n'était toujours pas calmé. Il passait et repassait devant moi, ruminant avec inquiétude, sans la moindre raison valable... Il commençait à me donner le tournis lorsque je l'avais stoppé en lui empoignant les épaules pour le tourner vers moi :

– Calme-toi, lui ordonnais-je, il n'y a rien dehors, okay ? Strictement rien ! T'as dû faire un mauvais rêve, peut-être que le vent a fait du bruit bizarre, ou les chiens ont fait tomber quelque chose... Mais il n'y a rien ni personne dehors. J'ai vérifié moi-même, d'accord ?

Il allait répliquer quelque chose, fâché que je ne le crois pas, mais je ne lui en avais pas laissé le temps :

– Je suis là pour te protéger si jamais il y a quoi que ce soit, Kaeden et Max sont à l'étage aussi, tu n'as strictement rien à craindre...

Mon ton s'apaisait au fur et à mesure de ma tirade, pour finir par un murmure, ce qui fit baisser le niveau de colère de Riley. Il avait l'air un peu moins nerveux, même si on devinait aisément qu'il n'était pas tranquille pour autant. Je n'avais pas tort en soi, Kaeden et Max étaient là, et moi également.

– T'as raison, soupira-t-il, c'était peut-être un mauvais rêve ou... je sais pas quoi. Désolé pour tout ça, j'ai paniqué...

Même s'il disait cela, il n'en pensait pas le moindre mot, et je le voyais clairement sur son visage... Cependant, il se laissa reconduire à l'étage pour essayer de dormir un peu d'ici le lever du soleil. Il ne ferma pas les yeux et fixa le plafond jusqu'à ce que Kaeden se lève pour prendre son petit-déjeuner, persuadé qu'il y avait quelque chose – ou quelqu'un – qui n'avait rien à faire dans les parages... et que cela représentait un danger pour lui ou pour nous.


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Dans l'après-midi, après un bon repas et une sieste ensemble pour récupérer, Riley et moi nous étions avachis devant la TV. Riley était toujours aussi agité, je le voyais ruminer intensément, mais il n'avait plus rien dit depuis cette nuit. J'avais espéré qu'il trouve le sommeil dans la matinée ou au début d'après-midi, mais il n'en était rien. Il ne suivait même pas ce qu'il avait mis à la TV.

– Est-ce que tu veux qu'on fasse un tour ? Proposais-je alors. En ville ou... en forêt ?

Il haussa les épaules après un moment de réflexion.

Je pensais qu'en faisait un tour dehors, il constaterait qu'il n'y avait rien de dangereux dans les environs, que ça l'apaiserait, et que prendre un bon bol d'air lui ferait du bien. Moi aussi h'avais envie – voir besoin de faire un tour – au passage.

Je ressentais à nouveau cette pression, cet appel des bois, qui me rongeait de l'intérieur et me poussait à vouloir courir la forêt des heures durant... Et j'avais beau essayé de l'ignorer du mieux que je le pouvais, je ne pouvais pas nier son existence.

– On sort un quart d'heure du jardin et on rentre ? Négociais-je alors.

– Dix minutes, répondit-il, boudeur, après un long moment de silence.

Dans la foulée, il se leva et s'étira un peu. Je l'observais avec un sourire amusé, me levant à mon tour, pour me diriger vers la porte-fenêtre... Dès qu'elle fut ouverte, les chiens se précipitèrent dehors, et moi j'inspirais profondément l'air chargé des effluves de la forêt.

L'appel de celle-ci se fit d'autant plus pressant, et mon impatience redoubla. C'était comme respirer à nouveau après un long moment sans le pouvoir... Retrouver la surface, respirer à pleins poumons, et ressentir cette impression de renouer avec la vie après un laps de temps incertain ! A la fois bon et addictif, mais également nécessaire pour ne pas mourir.

Cela faisait un moment que j'étais sous l'eau, à retenir ma respiration, et la seule chose à laquelle mon corps, mon esprit et ma Bête pensaient, c'était d'inspirer enfin. Ressentir ce frisson de vie et cette excitation de renouer avec ce que nous étions... Enfin se sentir nous.

Seulement, laisser Riley seul n'était pas une bonne idée, surtout s'il était dans un état de nervosité pareil. Je ne pouvais que le traîner de force pour une balade de dix minutes, et espérer que me contenter de cela serait suffisant.

J'espérais également réussir à lutter suffisamment contre mes bas instincts de Lycan à demi sauvage et retourner à la maison au bout de ces quelques minutes de liberté... Rien n'était moins sur.

Je m'en voulais d'avoir à surveiller Riley, protéger Riley, de lui avoir promis que je restais près de lui... Parce que tout ce que je voulais, à présent, c'était qu'il disparaisse et qu'il me laisse filer et rôder dans les bois. Seul.

Cependant, je ne pouvais pas me permettre de trahir mes promesses. Je ne voulais pas le décevoir ni décevoir Kaeden. Si c'était à moi de veiller sur lui, que j'avais accepté cette mission, je ne pouvais pas simplement m'en détourner un beau jour parce que j'en avais assez... Du moins, c'était ce que je ressentais au plus profond de mes tripes.

Enfin, quand je n'étais pas oppressé par ce désir plus grand que moi de renouer avec ma vie sauvage et ma terre.

Je n'aimais pas forcément l'idée de traîner dehors la nuit, pour des raisons évidentes de sécurité de ma personne – savait-on jamais si Luther n'était pas dans le coin... Mais peut-être que j'y serais amené bientôt. Une fois Max et Kaeden rentrés, Riley était sous bonne garde, je pouvais donc me permettre de filer...

Je me raccrochais à cette idée pour trouver la force de rebrousser chemin dans les minutes suivantes. Sans cette motivation, il serait clair que j'abandonnerais Riley en plein milieu des bois.

Lui, il était encore moins tranquille qu'avant en traversant le jardin. Pourtant, il devait bien voir que rien ni personne ne le troublait la tranquillité de cet endroit ! Pas même les chiens !

On passait le portillon, même si c'était à reculons concernant Riley.

– Oli, c'est pas une bonne idée, tenta-t-il, il y a un truc qui ne va pas, je te dis...

Il parlait tout bas, comme s'il avait peur qu'on l'entende. Sauf qu'il n'y avait personne pour entendre.

– Ril, ni les chiens, ni Kaeden, ni moi n'avons senti quoi que ce soit, d'accord ? M'agaçais-je, il n'y a strictement aucun danger, tout est parfaitement calme, tu le vois toi-même non ?

Il se forçait à acquiescer d'un hochement de tête, obligé de me donner raison, bien qu'il pense totalement le contraire.

– Et puis je suis là, si jamais il se passe quoi que ce soit, tu te souviens ?

Nouveau hochement de tête, malgré ses doutes clairement lisibles sur son visage crispé.

– Ça fait dix minutes, là, non ? S'impatienta-t-il.

– Tu rigoles ? On n'a même pas marché vingt mètres ! M'outrais-je en réponse.

– Mais ça suffit, non ? Tu n'as qu'à aller te promener tout seul et moi je t'attends à la maison...

– Tu penses que tu es plus en sécurité seule à la maison qu'auprès de moi ?

– Je dis juste qu'on est exposés dans ta forêt débile, répliqua-t-il, fâché. En plus, tu sais que ça m'angoisse, les arbres et tout le décor !

On s'affrontait du regard, bien décidé à ne pas céder l'un et l'autre. Et je commençais à sentir la frustration et la colère remonter à la surface. J'avais besoin de prendre l'air, c'était vital, en quoi ne pouvait-il pas le comprendre, et simplement suivre, m'accorder dix minutes ? J'étais déjà bien généreux de rester là, près de lui, et renoncer à assouvir mes bas instincts !

Et moi, de son point de vue, j'avais juste l'air d'un imbécile inconscient incapable de me mettre à sa place, d'essayer de comprendre, et ça ne l'aidait pas du tout à avoir confiance, à calmer son angoisse et la colère que mon comportement générait chez lui.

Bref, la communication était compliquée, et de sentir l'influence de ma Bête frémir sous ma peau ne m'aidait pas à y voir clair, à prendre du recul, à réévaluer ce qu'il se passait.

– Tu m'as donné dix minutes, avais-je alors dit en lui tendant la main, on va juste à la prochaine clairière et on rentre...

Après avoir hésité deux très longues secondes, Riley finit par prendre ma main. Clairement, s'il faisait ça, c'était parce que je le forçais... S'il s'écoutait, il filerait s'enfermer dans notre chambre et n'en sortirait qu'une fois Kaeden rentré. Mais il comprenait aussi que si j'insistais de la sorte, c'était que j'avais besoin de prendre l'air, et surtout, que je n'avais pas tord ; seul à la maison, il était plus vulnérable qu'en forêt avec moi.

Sa main n'avait pas lâché la mienne, il m'avait même pris le bras et se collait à moi au maximum. Je sentais qu'il n'était pas du tout à l'aise, cependant il me suivait, il avait confiance en moi... Et cela avait eu le mérite de calmer ma colère. Enfin, celle de la Bête.

Même s'il avait accepté de me suivre, Riley n'était pas plus tranquille pour autant. C'était même pire que ça, plus on s'éloignait de la maison, plus il s'angoissait. Son regard cherchait dans toutes les directions, dans l'espoir d'apercevoir cette chose qui l'angoissait autant. Je n'entendais rien, ne sentais rien, personnellement !



Une fois arrivé à ladite clairière, rien à signaler non plus. A part le bruissement du vent dans les feuilles, le passage de quelques rongeurs, les odeurs des fleurs... ce qui ne représentait clairement aucun danger

– C'est bon, on peut rentrer ? S'impatienta-t-il.

On venait à peine d'arriver, et je commençais enfin à me retrouver. A renouer avec la sensation de plénitude et de bien-être que me procurait la forêt, à renouer le contact avec le calme et la sérénité... Puis à désirer que ça dure encore un bon moment. Je n'avais qu'une envie ; me transformer et me faufiler à travers les fourrés, chasser, et ne revenir que dans de longues heures, quand je serai rassasié de toutes ses sensations. Quand j'en aurais eu assez de respirer.

Mais Riley me pressait, il avait peur et n'était pas du tout à l'aise dans cet environnement. Si moi je le comprenais, ma Bete n'était pas forcément dans ce cas. Elle estimait avoir déjà assez de patience avec Riley, sans qu'il ne fasse le moindre effort pour être reconnaissant ou arrangeant de son côté... Et cela, ajouté à la frustration de ne pas pouvoir aller et venir dans son environnement comme nous le désirions, faisait naître de la colère en elle. Et en moi, par extension.

– Tu m'énerves, lui avais-je reproché, tout en le fusillant du regard, je passe mon temps à faire tout ce que tu veux, à supporter tes films idiots et tes séries débiles, alors que je pourrais passer mon temps dehors, ce qui est beaucoup plus intéressant ! Quand c'est à moi de vouloir faire quelque chose, tu traînes des pieds et tu gâches tout en me pressant !

Il me lançait un regard noir, pas le moins du monde intimidé par moi et mon ton.

– C'est toi qui m'énerves ! Répliqua-t-il alors, je t'ai jamais demandé de jouer les baby-sitters ! Si tu préfères aller jouer dans les bois, vas-y, je te retiens pas ! Je m'en fiche que tu sois avec moi tout le temps ou pas !

– Ah, vraiment ? Si je te laisse là, tout seul, tu ne vas absolument pas faire de crise d'hystérie ?!

– Qui fait des crises d'hystérie ici ?! S'outra-t-il, c'est toi qui t'énerves tout seul pour trois fois rien ! Je t'ai dit qu'il y avait un truc pas normal, tu sais que la forêt, ça m'angoisse, et tu te dis que me forcer à venir jusqu'ici, c'est une bonne idée ! Et t'oses me reprocher de traîner des pieds et de vouloir rentrer !

– Il n'y a strictement rien d'anormal ici, lui avais-je reproché, je sais ce que je dis ! Mes sens sont plus développés que les tiens, j'ai l'habitude de cet environnement, et par-dessus tout je suis un Alpha et toi un Omega !

Son visage se déforma en une grimace mauvaise, tandis qu'il serrait les poings et les dents de rage. Je crois que s'il avait pu me sauter dessus pour me tordre le cou sans risquer de réveiller ma Bête, il l'aurait fait.

– Et alors quoi ? Sous prétexte que Môssieur Oliver a décidé d'aller se promener, moi je dois le suivre et lui obéir comme un petit chien bien dressé ? T'as qu'à emmener Eros ou Cléa si tu veux pas marcher seul !

Un grondement rauque m'échappa. Un grondement intimidant, qui n'avait strictement aucun effet sur Riley, en dehors du fait de redoubler sa colère.

Je dois te surveiller et te protéger, lâchais-je alors, alors tu fais ce que je te dis de faire sans discuter !

– J'en ai rien à foutre de ce que tu as à faire, rugit-il, le visage rouge de colère, j'en ai aussi rien à foutre que tu sois un Alpha ! T'as pas à me donner d'ordre ni à m'obliger à faire des trucs que je veux pas ! Et si tu crois que tu vas me faire obéir en essayant de me faire peur, c'est que t'as vraiment rien compris ! Je te signale que je tiens tête à trois Alphas plus gros que toi depuis que je suis en âge de parler, comme si toi tu pouvais me faire peur, que tu sois Défaillant ou pas !

J'avais tenté de l'intimider en m'avançant vers lui, me grandissant au maximum, pour qu'il recule d'un pas, que je lui prouve qu'il ne s'agissait que de parole et que ce n'était pas suivi des faits... Sauf qu'il ne recula pas d'un millimètre. Il avait l'air tellement en colère qu'il en avait oublié d'avoir peur de cette menace qu'il sentait, de l'environnement, de ma Bête.

J'imagine qu'il y avait de quoi être en colère, étant donné que j'agissais exactement comme ses frères en cet instant... Et que lui avait encore ses vieux réflexes de s'opposer le plus brutalement qu'il pouvait à ce qui ne lui convenait pas.

Si j'avais été dans un état « normal », j'aurais simplement rebroussé chemin avec lui sous le bras, me serait excusé de l'avoir obligé à me suivre, et j'aurais probablement essayé de me faire pardonner en lui préparant quelque chose à manger... Mais là, j'étais sous l'influence de la Bête.

Je pensais sincèrement qu'elle avait raison de réagir ainsi – que nous avions raison – que Riley allait trop loin et méritait d'apprendre une leçon, au hasard, celle de ne pas remettre en doute mon autorité et d'obéir quand je lui disais quelque chose...

Là où cela devenait véritablement dangereux, c'était que bien qu'il connaisse les risques liés à mon état, Riley n'était pas capable de faire le dos rond et d'attendre que ça se passe... De me donner raison le temps que ça se calme et d'en parler plus tard. C'était trop tôt pour qu'il ait suffisamment de recul dans ce genre de situation, après des années passées à se rebeller à la moindre occasion. Surtout pas sur ce sujet-là.

– Mais c'est quoi ton problème, enchaîna-t-il, l'œil luisant d'une colère noire, tu t'es prit pour qui ?! On est pas ensemble, OK ?! Et puis même si on l'était, t'as aucun droit de me donner des ordres !

J'avais voulu lui répondre, cependant il hurla encore plus fort en me désignant de son index inquisiteur et accusateur :

– Je n'ai pas besoin de toi, t'as compris ?! Ni pour me protéger et encore moins pour me dire ce que j'ai à faire ! Maintenant tu te casses d'ici, tout de suite !

Un frisson de rage me parcourut. Comment osait-il me parler ainsi ? M'ordonner des choses ? Bon sang, il n'était qu'un Omega, je pouvais le soumettre ou le tuer tellement facilement ! Est-ce qu'il y pensait à ça ?

– C'est vraiment ça que tu veux ? Que je te laisse seul ici ? A la merci du moindre Alpha qui passe dans le coin ?

je le vis frissonner de rage :

– Je t'ordonne de te barrer d'ici ! Tout de suite !

Contrairement à ce que je pensais, j'obéis. Je n'en avais pas du tout l'envie, mais quelque chose me poussait à le faire, qu'importe mon envie, qu'importe la fureur qui bouillonnait en moi... Si c'était ce qu'il voulait, je devais obéir.

Mais, bon sang, qu'est-ce que c'était que ce bordel ? En quoi moi, Alpha, je devais obéir à un Omega ? Comment je pouvais me soumettre à sa volonté et... M'en aller ? Si simplement que ça ?

Il m'avait mis dans une rage folle, ma Bête aussi, et pourtant, on s'en allait comme ça, sans chercher à discuter... Bien sûr, on se sentait insulté-e-s et dénigré-e-s d'obéir à des ordres d'un Omega... Mais on ne ripostait pas pour autant. On n'essayait même pas de lutter, pour dire !

J'avais l'impression qu'il était l'Alpha et moi l'Omega, la peur de ses réactions en moins me concernant... Et ça, ce n'était pas normal du tout.

Riley me regardait m'éloigner avec un regard flamboyant d'une colère noire, le visage crispé par la rage, ne regrettant pas le moins du monde son coup de sang.

Je marchais depuis quelques dizaines de mètres dans la forêt, ruminant toujours notre dispute avec un profond sentiment de frustration. J'aurais voulu lui balancer ses quatre vérités en pleine face à la place de fuir... De lui obéir. Des frissons de rage me parcouraient dès que j'y pensais.

Cependant, je n'avais pas eu le loisir de beaucoup m'éloigner et réellement me calmer... Un hurlement de la mort avait déchiré le calme ambiant. Je reconnaissais sans mal la voix de Riley.

Mon sang, bouillonnant toujours de colère, n'avait cependant fait qu'un tour avant que je rebrousse chemin, prêt à mettre à mort toute menace potentielle.

Parce que c'était ma mission de protéger Riley, que c'était tout ce qui comptait, même s'il me sortait par les yeux avec son attitude.



Je devais reconnaître que Riley avait eu raison.

Ça ne me faisait pas particulièrement plaisir de le reconnaître, encore moins de me rendre compte qu'il avait senti le danger là où moi je ne l'avais même pas soupçonné – comme au centre commercial il y a peu... Mais je devais lui donner raison.

Il y avait quelque chose qui nous guettait, ou plutôt, quelqu'un. Un Alpha sous sa forme animale, plutôt bien portant, le poil noir et les crocs acérés.

Riley était comme paralysé, les yeux exorbités, incapable de réagir... Incapable de se transformer ou de fuir, même pas d'appeler à l'aide... Et ça, c'était au moins aussi dangereux que l'Alpha qui lui faisait face.

Ils ne me voyaient pas, et furent tous les deux surpris que je bondisse d'un fourré en grondant. La colère et la rage seules faisaient battre mon cœur... Rien que l'idée que qui que ce soit vienne ici s'en prendre à Riley alors que je devais le protéger, ça me mettait hors de moi. J'aurais pu le tuer, cet Alpha, tellement j'étais en colère !

Cependant je gardais en tête que je devais protéger Riley, que peut-être ce type n'était pas seul dans le coin et que d'autres pourraient profiter que je me batte avec l'Alpha pour s'en prendre à lui... Et ça, ce n'était pas mon but.

L'Alpha et moi, on grondait pour s'intimider mutuellement. Que croyait-il ? Que j'allais partir la queue entre les pattes alors que Riley comptait sur moi ? Que Kaeden m'avait confié sa garde et sa protection ? Qu'il me faisait peur, avec ses quelques kilos de plus ?

Très mal m'estimer. Très mal estimer ma Bête. Très mal nous estimer uni-e-s tous-tes les deux dans un même objectif ; même si on lui en voulait encore beaucoup, on n'oubliait pas notre mission première qui était de garder Riley en un seul morceau...

Ce qui, visiblement, le surprenait bien. Il me regardait sans comprendre ce que je faisais là, pourquoi je le défendais et risquais ma peau alors que quelques minutes plus tôt on s'était disputés...

J'aurais voulu lui gueuler d'aller se mettre en sécurité loin d'ici, de se réfugier n'importe où du moment qu'il y avait des humains ou des Lycans à proximité... Mais sous ma forme animale, je n'avais pas la parole. Et Riley n'avait pas franchement l'air en état de pouvoir écouter son instinct de survie !

Bon, on fera avec, m'étais-je dit à moi-même... Et à ma Bête aussi.

L'Alpha s'approcha en grondant, les crocs de sortie, le plus intimidant possible, le regard aussi noir que son poil... Je soutenais son regard avec un éclat mauvais dans le mien, montrant à mon tour que j'étais pourvu d'une belle dentition capable de lui faire mal.

Riley restait là, à nous regarder, totalement incapable de réagir, alors qu'il ne désirait que partir en courant loin d'ici et ne plus jamais mettre les pieds dans une forêt de sa vie... J'aurais voulu prendre une seconde pour lui assurer qu'il faudrait me passer sur le corps pour toucher un de ses cheveux, mais... Mon adversaire l'avait compris tout seul et fonçait droit sur moi pour me neutraliser.

Sa force n'avait d'égal que sa lenteur, et heureusement pour moi, j'étais plus fin, plus rapide, plus agile, que lui et de loin ! J'avais réussi à le déstabiliser, cependant je manquais de force et d'entraînement. C'était Luther qui savait se battre et soumettre... Moi on m'avait appris à pister et à chasser, ce qui ne me servirait pas à grand-chose actuellement.

Enfin, peut-être que si, étant donné que mes sens étaient plus sensibles que la moyenne, travaillés depuis mon enfance, et mes réflexes aiguisés depuis presque aussi longtemps, j'avais un avantage certain sur mon adversaire...

Même s'il bénéficiait d'une puissance brute supérieure, j'aurais une chance tant que j'étais plus vif et rapide, tant que j'évitais ses morsures et ses coups... C'était ce que je faisais principalement, esquiver, esquiver, esquiver, attendant le moment propice pour frapper. Je n'allais probablement pas avoir plusieurs chances de le toucher, donc la première devait être la bonne.

Quand enfin il exposa sa gorge, je tentais de le saisir de tous mes crocs, de le déstabiliser assez pour qu'il tombe au sol et finisse par se soumettre... Vainement. Il était trop lourd pour moi et ne bougea que d'un petit centimètre, si ce n'était pas moins !

On aurait même dit que je ne le mordais pas, qu'il ne ressentait pas la douleur, et donc, il se débarrassa de moi aisément, puis profita de cette seconde de battement pour me sauter dessus. Je n'avais pas eu l'occasion d'esquiver et m'étais retrouvé avec l'Alpha sur moi, tentant de saisir ma gorge pour vraisemblablement me rendre la pareille...

– Oliver ! Hurla Riley, qui venait de retrouver la réalité, fiche lui la paix merde !

Je ne savais pas si c'était à moi ou à lui qu'il s'adressait, mais une chose était sûre, aucun de nous deux n'avait bougé d'un poil...

Quand enfin je réussis à le déstabiliser suffisamment pour m'extirper de là, ce fut pour lui laisser l'occasion de me morde au flanc. Et pas gentiment. Et contrairement à lui, moi, j'avais gueulé tellement c'était douloureux ! La force de sa mâchoire était tout bonnement dévastatrice... Encore plus étant donné qu'il m'avait mordu à l'endroit où Luther avait planté ses crocs avant lui.

Bon sang, ça faisait un mal de chien !

D'un geste de sa gueule, je me retrouvais allongé par terre, et me relever me semblait impossible... Mais je l'avais quand même fait, parce que Riley ne tiendrait pas une minute face à ce type, qu'il était mort de trouille et que mon ego était plus que blessé de se laisser malmener ainsi.

J'étais un Alpha, fils de Chef de Meute, j'avais tenu tête à Luther malgré la différence de carrure, mais je me faisais mettre à terre par ce type, qui n'arrivait pas à la cheville de mon frère ?

Ce constat décupla la colère de ma Bête ! Je sentais sa rage et sa colère pulser dans mon sang, mon souffle devenir plus rauque encore qu'avant, la douleur s'occulter suffisamment pour que je ne tienne plus compte du sang qui tachait mon poil blanc et tombait sur le sol... Et de la douleur lancinante qui m'élançait.

L'Alpha s'agaça de me voir me relever, et me fit savoir que j'aurais mieux fait de rester coucher en me rentrant dedans brusquement... Je n'étais pas loin de tomber, mais je m'étais retenu par miracle. Enfin, ça ne recula le moment que d'une seconde, étant donné qu'il m'avait à nouveau mordu et que cette fois-ci, je n'avais pas pu encaisser le coup.

Un gémissement douloureux m'échappa, et cette fois-ci, je craignais que je ne me relève plus, influence de ma Bête ou non.

– Oliver ! Hurla Riley, bon sang, lâche-le tu lui fais mal !

Sa voix tremblait, mais l'autre n'en avait que faire. ll savait très bien qu'il nous était supérieur en force, qu'on soit deux n'y changeait rien. Il était le prédateur, nous les proies. Enfin, Riley était sa proie... Moi je n'étais qu'un dommage collatéral gênant qui avait bien cherché les problèmes.

L'idée d'échouer, de faillir à ma mission, d'être trop faible aurait pu me faire vomir ma rage ! Surtout en présence de Riley, à qui j'avais juré qu'il ne risquait rien en ma présence, celui que j'avais traité de parano parce que j'étais trop stupide pour me rendre compte qu'il avait raison ! Celui que j'avais poussé à s'exposer !

Tous mes muscles irradiaient de cette rage, une force nouvelle, tel un feu dévastateur, mélange de ma colère et de celle de ma Bête... Combo on ne pouvait plus dangereux... Léthal, même. Du moins, c'était la conviction qui nous animait en cet instant.

Je m'étais relevé encore une fois, prêt à me prendre encore un coup si ça me donnait la chance de lui en porter un. Je n'avais pas le choix de toute façon, je ne pouvais pas laisser tomber Riley, je ne pouvais pas me soumettre. Il y avait quelque chose de trop grand, de trop Dominant, en moi, pour me le permettre. Quelque chose qu'on appelait plus communément ma Bête.

Après un hurlement aussi glacial qu'haineux, je – guidée par Elle – m'élançais pour attaquer frontalement l'Alpha, sans la moindre peur, sans la moindre douleur, sans la moindre conscience que cela relevait du suicide, à ce stade-là !

Riley avait beau me hurler d'arrêter, hurler à l'autre de ne pas répliquer... Aucun de nous deux ne l'avait écouté.

Ma Bête et moi essayions de lui porter le plus de coups et de morsures possibles dans l'espoir de le fatiguer au maximum... ce qui entamait forcément mes forces déjà bien affaiblies. Mais cela n'avait de l'importance ni pour elle ni pour moi. Si on réussissait à le fatiguer assez, Riley avait une chance de s'enfuir, c'était ça qui était important. Pas l'état dans lequel on finirait.

Cela dura à peine une minute avant qu'il ne prenne le dessus, certes éprouvé, mais encore suffisamment en forme et alerte pour s'en prendre à mon Omega... Je m'étais effondré au sol, à demi inconscient; vidé de toute énergie et d'une partie de mon sang, incapable de bouger ou d'émettre le moindre gémissement. Seul mon souffle douloureux et éprouvé témoignait que j'étais encore en vie.

Pourtant, je ressentais toujours de la rage, je voulais toujours me relever et lui sauter dessus... Seulement mon corps en était incapable. Même sous l'influence de la Bête, il était à bout. Rien ni personne ne pourrait rien y faire, et ce serait Riley qui en paierait les frais.

J'avais atteint ma limite, mon poil était rouge, et Riley n'était pas du tout hors de danger, au contraire.

Je m'en voulais vraiment autant qu'à cet Alpha.

J'avais failli. Je n'étais pas digne d'être un Alpha.

Un profond sentiment d'impuissance me gagnait, pour se muer en peur... Qu'allait-il m'arriver, maintenant ? Et pire : qu'allait-il arriver à Riley ?



L'Alpha avait prévu de me faire payer mon insolence, bien que je sois à terre et incapable de me défendre... Et à la place d'en profiter pour fuir et se mettre à l'abri, Riley l'Inconscient – parce que j'allais l'appeler comme ça à partir de maintenant – s'était jeté sur lui. Sous sa forme humaine, la plus vulnérable qu'il pouvait prendre, qui plus était !

Bon sang, ce type m'avait mis hors jeu en quelques minutes, espérait-il vraiment s'en tirer indemne en l'affrontant ? Surtout sous sa forme humaine !

Rester humain, pour un Lycanthrope, signifiait rester vulnérable. Notre enveloppe humaine était la plus fragile, la moins à même de se défendre face au danger et encaisser les coups, donc nous nous transformions dès que quelque chose était menaçant... Comme une sorte de réflexe de survie. Dont Riley semblait être totalement dépourvu.

Ça me frappa alors ; je n'avais jamais vu Riley sous sa forme animale jusqu'à présent. Il ne se transformait que très rarement en dehors des Lunes Pleines, et nous n'en avions pas encore passée une l'un avec l'autre. Et même à terre au fond d'une ruelle sombre, face à un inconnu qui aurait pu s'en prendre à lui... Il était resté humain. Et maintenant, pour attaquer un Lycan qui faisait deux fois son poids, il restait humain !

Ce que Riley n'avait vraisemblablement pas intégré, tout comme le fait qu'un Omega devait fuir se mettre à l'abri en cas de danger, et non pas s'impliquer dans l'affrontement comme il venait de le faire, c'était qu'il devait se transformer pour avoir une chance de survie !

Cependant, je notais que quelque chose avant changé, malgré mon état mal en point... Riley avait l'air beaucoup moins amorphe, plus dans l'action, que jusqu'à présent. Un peu comme s'il avait en lui une Bête qui le guidait comme la mienne avait tenté de le faire... Sauf qu'il n'était pas Défaillant, donc ça ne devait pas être ça.

Il avait bondi sur le dos du loup noir, le chevaucha plus ou moins sans perdre l'équilibre, l'expression à la fois concentrée et déterminée que jamais je n'aurais pu soupçonner dans pareilles circonstances... Je n'avais pas vu ce qu'il avait fait exactement avec sa main, mais l'Alpha poussa un cri strident, avant de se débarrasser de son "cavalier". Riley se rattrapa comme il put, ne quittant pas son adversaire du regard, guettant la faille, la chose qui trahirait une attaque.

– Casse-toi d'ici, hurla Riley, je te jure que ça va mal se finir si tu continues !

Seul un grondement rauque lui répondit, ce qui ne l'avait pas impressionné. Puis le loup noir fonça sur lui, tous crocs dehors, animé par cette sensation, frustrante et grisante à la fois, qu'un chasseur ressentait lorsque sa proie résistait... Sensation que moi-même j'avais déjà ressentie en d'autres circonstances.

J'essayais tant bien que mal de mobilier mes forces pour me relever, défendre Riley, lui donner le temps de fuir... Mais je n'arrivais à rien.

Je n'avais pu qu'assister, impuissant, au bond du loup noir, Riley qui tombait en arrière lourdement, l'Alpha au-dessus de lui... Prêt à le mordre, à lui faire mal, à le tuer peut-être ! Et mon hurlement désespéré n'avait servi à rien, il n'avait même pas daigné me regarder...


Tandis que Riley se débattait comme il le pouvait, en hurlant, que je me maudissais de ne pouvoir l'aider, et que l'Alpha poussait des petits cris stridents, un nouveau loup avait sauté des fourrés.

Lui aussi avait le poil noir, mais c'était un Bêta plus petit et frêle que moi, mais ne semblait que peu intimidé par l'Alpha... Il lui avait bondi dessus pour lui choper la nuque avec ses crocs, ce qui avait surpris et quelque peu déstabilisé celui-ci. Cependant, il se reprit bien vite et envoya le Bêta au sol sans grande difficulté.

Le temps que cela se passe, Riley avait dirigé sa main vers le ventre de l'Alpha, qui poussa un hurlement de la mort, vacillant quelque peu, mais se bornant à rester une menace. Je ne savais pas vraiment ce qu'il lui faisait, mais ça semblait plus efficace que ma méthode.

Le Bêta réattaqua malgré le danger de s'opposer à un congénère si imposant... Pour quelqu'un qui n'avait rien à voir avec lui au final.

D'où sortait-il exactement ? Qui était-il ? Aucune idée. Ce n'était probablement pas un membre de la Meute de Gregor, le Chef de Meute à qui appartenait cette terre... Même si Glasgow était une zone neutre et que l'attaque se passait sur son Territoire, ce n'était en rien ses affaires que nous soyons dans une sale position. Puis, les habitations étaient loin d'ici, nous étions à la limite de son Territoire – comment aurait-il pu nous entendre et traverser les bois si vite pour ne venir en aide ? Et je doutais grandement qu'il donne pour consigne à ses Bêtas de s'éloigner autant de lui, seuls, et d'intervenir en cas de problèmes qui ne les concernaient pas...

Peut-être était-ce un Lycan d'une autre Meute, celles qui avaient leur Territoire aux alentours, mais que ni Max ni Kaeden n'avaient encore véritablement rencontrées... Qu'est-ce qu'un de leur Bêta ferait là ? Et pourquoi se mêlerait-il de nos histoires ?

Même si son Instinct devait le pousser à protéger Riley parce qu'il était un Omega, il devait également lui dicter de filer se cacher près d'un Alpha capable de le protéger...

J'aurais bien aimé avoir les réponses à mes questions, cependant nous n'avions pas réellement le temps de parler...

Il bondissait à nouveau sur l'Alpha noir, et j'avais alors eu le temps de noter que ses iris étaient d'un rouge sang peu banal pour un Lycanthrope de nos jours... Mais je n'avais pas eu le temps de réellement de tergiverser là-dessus ; l'Alpha l'envoya valser à plusieurs mètres de là, et le Bêta, sonné, ne semblait plus capable de tenir sur ses jambes sereinement...

Ce n'était pas anormal, on n'apprenait que rarement à un Bêta à se battre, à être endurant lors d'un affrontement, à ne pas avoir peur d'un adversaire Alpha. Il était à bout de force probablement, tout comme moi – il fallait quand même noter que Riley était le plus en forme ici, alors qu'il était un Omega... Et une partie de moi était très fier de ça. Fier-e de lui.



Alors que nous pensions tous les deux que la situation était critique, voire quasiment perdue, une flèche d'argent sortit de nulle part et se planta dans le flanc de l'Alpha. Il gueula, chercha qui venait de l'attaquer... Mais ne vis personne.

D'ailleurs, moi aussi, je ne voyais personne... Mais je sentais. Et ce que je sentais ne me plaisait pas du tout. Je savais ce que c'était, à quel point c'était dangereux. À quel point même un Alpha bien portant et capable de se défendre était en danger !

Une deuxième flèche d'argent suivit et se planta dans l'épaule de l'Alpha. La troisième toucha sa cuisse, et – enfin – l'Alpha s'effondra sur le sol ! Son sang coulait et sa respiration était laborieuse, mais tout le monde était soulagé qu'il ne soit plus en état de faire du mal à qui que ce soit.

Riley l'observait avec de grands yeux stupéfaits, avant d'échanger un regard avec moi, comme si je pouvais répondre à ses interrogations... Alors que j'étais aussi surpris que lui de la tournure qu'avait pris les événements.

Quand il retrouva ses esprits, il se précipita vers moi pour essayer d'évaluer mon état. Il y avait tellement de sang sur moi que c'était difficile de croire que j'allais bien et que je resterais conscient bien longtemps...

Cependant, j'usais de mes dernières forces pour reprendre forme humaine. Je devais lui dire. Je devais le prévenir. Quitte à y laisser ma propre peau.

– Va te... Cacher, articulais-je difficilement, avant que ma voix ne parte dans les aigus à cause de la douleur, s'il te... Plaît...

Ma tête partie en arrière sans que je ne puisse me retenir, je me sentais partir et je n'arrivais même pas à vouloir rester conscient.



– Oliver ! hurla-t-il en me frappant le visage, non, non, non ! Tu dois rester avec moi ! Pitié ne meurs pas ! T'as promis de me protéger ! Merde, réveille-toi !

Ses larmes tombaient sur mon visage, mais c'était déjà trop tard. Seul un vague cri – celui que Riley avait poussé en sentant le Bêta près de lui – puis tout fut totalement noir.

Riley délaissa ma personne pour se concentrer sur le Bêta. Il n'avait pas l'air bien méchant, mais la couleur de ses iris n'avait rien d'engageant...

C'était extrêmement rare de croiser un Lycan aux yeux rouges, et la croyance populaire voulait qu'ils soient tous des boules de nerfs inconscientes et violentes, qu'il valait mieux fuir devant eux même s'ils étaient d'un statut inférieur, parce qu'ils étaient aussi imprévisibles que cruels.

Du moins, c'était ce qu'on racontait aux Louveteaux, je n'en avais jamais croisé jusqu'à présent. Et Riley ignorait ce que cela voulait dire, des iris rouges, chez un Lycan.

Son cœur battait à tout rompre et un profond sentiment d'insécurité, d'impuissance, le prenait subitement, alors qu'avant il avait totalement oublié de le ressentir... Un Bêta inconnu le toisait de ses iris rouges, quelqu'un tirait des flèches dissimulées dans les arbres, lui était seul et...

– Mon couteau, paniqua-t-il, cherchant ledit objet des yeux.

Ce que je n'avais pas identifié, c'était qu'il avait un couteau à la main durant son affrontement avec l'Alpha, que c'était les coups de poignard qui l'avaient affaibli et fait pousser ces cris stridents... Et que si Riley était si confiant, c'était parce qu'il était armé.

Que c'était les coups de poignard qui l'avaient affaibli et fait pousser ses cris stridents... présent désarmé, seul face à un inconnu, il se sentait forcément plus que vulnérable... Et le fait de ne pas voir son couteau le faisait d'autant plus paniquer.

L'autre loup s'éloigna un peu, huma un peu le sol, et fini par lui ramener son couteau. Il le lui donna avec prudence et douceur, battant de la queue légèrement, espérant que Riley n'allait pas lui sauter dessus en se méprenant sur ses intentions...

Déstabilisé par son attitude, Riley récupéra son arme, et se sentit d'un coup plus en confiance, même s'il ne comprenait pas qui était ce Bêta et pourquoi il était là...

Il y avait quelque chose chez lui qui lui rappelait quelqu'un. Ou... non... Pas quelqu'un, mais... Une présence.

– C'est toi qui nous suivais au centre commercial ! S'écria-t-il alors, le type en noir qui est parti en courant !

Le loup s'assit sagement et tourna sa tête vers un arbre, là d'où les flèches d'argent avaient été décochées, attendant visiblement que quelque chose se passe.

Un type à la carrure sportive, arc à la main, sauta d'une branche, pour atterrir au sol avec souplesse et discrétion. Il portait une sorte d'uniforme vert kaki qui se fondait dans le décor, quelques artefacts accrochés à une ceinture en cuir qu'il n'était pas inhabituel de voir sur des Surnaturels – ce qui mit Riley un peu plus en confiance.

Après un petit laps de temps pour se relever, l'inconnu ôta la capuche noire qui dissimulait son visage.

Il devait avoir la trentaine, le visage hâlé de quelqu'un qui traînait beaucoup dehors, des cheveux courts, blonds tirant vers le roux, ainsi qu'une légère barbe taillée au millimètre, tirant elle aussi vers le roux. Ses iris vert émeraude, aussi tranchants qu'une lame, balayèrent les environs, avant qu'il ne s'avance avec prudence.

Il mit genou à terre pour prendre mon pouls sans tenir compte du regard perdu et intimidé que Riley lui lançait.

– Tout va bien, lui adressa-t-il au bout de quelques secondes, d'une voix chaude et rassurante. Je ne suis pas là pour te faire du mal, d'accord ?

Riley l'étudia longuement, avant de lui accorder le bénéfice du doute... De toute façon, il ne ressentait plus vraiment de peur. Comme il savait au plus profond de ses tripes que je ne lui frais jamais de mal, il savait que ce type ne lui en ferait pas non plus. Pourtant cet inconnu avait des flèches d'argent avec lui. Une seule d'entre elles aurait pu le tuer s'il restait trop en contact avec...

– Qui êtes-vous ? Lui adressa-t-il alors, et c'est qui, lui ? Pourquoi il nous suivait au centre commercial, et pourquoi il guettait dans les parages ?

– Ça fait beaucoup de questions, sourit le blond, amusé. On va ramener ton ami à l'intérieur pour le soigner. Celui-ci en a pour un petit moment avant de retrouver la réalité.

Avec la dose de flèche argentée qui drainait son énergie, forcément ! Tant qu'elles seraient plantées dans sa peau, il resterait inconscient... Et plus elles y restaient, plus il mettrait du temps à récupérer. Une partie de moi avait envie qu'elles y restent longtemps, jusqu'à ce qu'elles aient raison de lui et qu'il meurt, par exemple.

– Je vais attendre avec toi que Max et Kaeden rentrent chez eux, ça te va ?

Riley hocha la tête, plutôt content de ne pas rester seul au milieu des bois avec moi totalement inconscient... Puis cela le frappa subitement :

– Attendez, souffla-t-il alors, vous connaissez mon cousin ? Et Max ?

Le blond se releva sans répondre, un sourire mystérieux sur le visage, avant de lui lancer :

– Plus ou moins, oui... Et toi tu dois être Riley, j'imagine. C'est vrai que tu ressembles beaucoup à Kaeden quand il était plus jeune.

L'homme lui tendait une main, Riley l'étudia un moment, avant de se décider à la serrer. Il la relâcha le plus vite possible, avant de plisser les yeux suspicieusement :

– Et vous êtes quoi, au juste ? Vous n'êtes pas un Lycan, mais vous avez quelque chose de Surnaturel en vous... Je le sens. Mais je ne sais pas quoi.

Le blond lui adressa un large sourire satisfait et joueur :

– Je suis ce qu'on appelle un Venandi, plus communément appelé chasseur, même si ce terme est extrêmement horripilant pour nous... Je te prierais de ne pas l'employer.

Riley le toisait avec un drôle d'air, n'ayant strictement rien compris à ce qu'il lui avait dit.

– Enfin, ce n'est pas important ce que je suis, je ne suis pas là pour te faire du mal, c'est tout ce que tu as besoin de savoir pour l'instant – regarde Angie, est-ce qu'il a peur de moi ?

L'Omega toisa le loup noir aux yeux rouges avec perplexité pendant un long moment, avant de reconnaître que le Bêta semblait détendu et à l'aise avec lui.

– Et c'est quoi ça... un Venandi, exactement ?

L'autre semblait ravi qu'il lui pose la question et lui répondit sur un ton léger qui s'opposait totalement aux mots employés :

– Le prédateur naturel des Lycanthropes, ainsi que toute créature surnaturelle présente sur son Territoire.

Riley pâlit, me lança, et comprit exactement pourquoi je lui avais dit de fuir avant de perdre connaissance.

Parce que je savais exactement ce que ce type était.

Un Venandi. Un Chasseur de Surnaturel. Un tueur au sang-froid.

La race surnaturelle la plus dangereuse et la plus crainte de toutes les autres !

Et moi, je n'étais pas capable de le lui dire ni de le protéger de ce Venandi.

J'avais failli deux fois aujourd'hui, Riley était toujours en danger.



🌕 🐺 🌕 🐺 🌕



Voilà pour la fin du chapitre 8 😊

Vous avez des idées sur qui est ce mystérieux blond avec son arc ? 😝 Indice : il est déjà apparu 😜

Sinon, on arrive à la partie que je préfère, celle où il y a pleins de révélations ! J'espère que ça vous plaira !

Cette partie est officiellement la plus longue que j'ai jamais publiée ! (Et ce chapitre est très mal découpé aussi XD)

Sinon je vous rappelle que le concours de dessin pour les 300 abos sur Wattpad sur le thème de TWW  est toujours en cours !

Je donnerais les résultats mercredi prochain, à la fin de la partie !

Vous avez les modalités de participation,  les lots à remporter et compagnie dans la partie "concours 300 abos" de The Wicked Wolf - Kaeden, ou sur mon instagram (en story à la Une) !


À bientôt tout le monde et bonne fin de semaine !

Haydn

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