Chapitre 8 : L'attaque 1/2

Les jours qui avaient suivis l'anniversaire de Danny, nous les avions passés avec les autres jeunes de notre âge, principalement en forêt, même si j'avais dû me faire violence pour passer une après-midi au centre commercial avec une partie d'entre eux. Riley avait insisté.

On faisait partie de la bande, finalement, même si je ne faisais que suivre, que je ne parlais pas beaucoup et que je passais mon temps à garder l'œil sur Riley. Personne n'avait osé commenter, et quelque part, tant mieux.

J'étais pleinement conscient que ça pouvait paraître bizarre de l'extérieur. Que Dean avait probablement raison ; je me laissais mener par le bout de la truffe par un Omega, et ça, ce n'était pas normal...

Seulement ils ne savaient pas ce par quoi on était passés tous les deux. Ni moi ni Riley n'avions rien dit, personne n'avait posé la moindre question... Donc ils ne savaient pas que « chez nous » nous étions seuls, isolés, incompris – et qu'en nous rencontrant, on avait, pour la première fois, noué une relation normale, qui ne soit pas basée sur la peur, les intérêts ou un lien familial.

Pour eux, ça semblait évident et facile, ce genre de chose. Pour nous, c'était nouveau, c'était l'inconnu. C'était important.

Je voyais bien que Kaeden s'inquiétait un peu quand Riley partait trop longtemps. Ce qui était normal, j'imagine, vu son caractère et la facilité avec laquelle il attirait les problèmes... Mais il savait également que l'empêcher de sortir et se confronter au monde n'était pas la solution non plus. Déjà parce que Riley sortirait quand même, même si c'était par la fenêtre ; ensuite, parce qu'il comptait sur cette intégration au sein d'un groupe pour que Riley finisse par officiellement rejoindre la Meute.

C'était ce qu'il y avait de mieux pour tout le monde, même si l'idée angoissait encore Riley, tout le monde espérait qu'avec le temps et la patience dont Edward pouvait faire preuve, il finirait par être mettre suffisamment en confiance.

Ce fut avec un pincement au cœur que nous étions finalement rentrés à Glasgow, pour retrouver notre vie normale... Riley et moi ressentions la même chose ; on n'avait pas envie de se retrouver à nouveau isolés. Cependant, on ne tenait pas non plus à se séparer de Max et Kaeden. Riley avait déjà du mal à concevoir de ne pas manger le matin ou le soir sans son cousin, que dire de plusieurs semaines – voir mois – sans le voir !

Rien n'avait réellement changé depuis notre départ, à part peut-être un peu de poussière, et nous avions vite retrouvé nos marques.

Enfin, j'omettais une chose... Il y avait quelque chose qui avait changé depuis notre retour :

Je dormais dans le lit. Avec Riley.

Après ces quelques jours passés à partager mon lit, Riley s'était décidé à me laisser partager le sien. Il se collait toujours contre moi, et je le laissais toujours faire, même si j'avais chaud et que parfois la position était inconfortable.

Il y avait quelque chose de gratifiant de savoir qu'il était assez en confiance pour dormir sereinement à mes côtés, mais également que j'étais la seule personne au monde de laquelle il était aussi proche.

Bien sûr, avec Kaeden, c'était différent, ils étaient de la même famille, Riley n'avait pas de mal à aller vers lui... Même si au début il n'osait pas vraiment faire un pas pour le toucher, maintenant il ne concevait pas de commencer sa journée ou aller se coucher le soir sans le prendre dans ses bras, ne serait-ce que quelques secondes.

Avec Max et les autres, c'était différent. Il gardait toujours une certaine distance, et n'avait que des contacts superficiels, du genre, frôler une partie du corps par accident... Rien de plus.

Tout le monde l'avait remarqué, mais personne n'avait rien dit. Après tout, c'était un comportement typique d'un Omega en présence d'Alphas inconnus... Ce serait idiot de lui reprocher son comportement alors que pour une fois, c'était celui qu'il devait adopter.

Cependant, personne n'avait vraiment remarqué qu'il s'était rapproché de moi physiquement. Forcément, dès que nous étions seuls, il n'y avait plus de témoins, et dès que Kaeden rentrait, Riley filait passer du temps avec lui... Moi, je préférais ne pas m'imposer. De toute façon, j'avais Riley pour moi tout seul toute la journée et une bonne partie de la nuit !

– T'es déjà réveillé, marmonna Riley, encore à demi endormi.

Nous étions arrivés tard dans la nuit. J'avais à peine dormi quelques heures, mais ça me semblait suffisant. Puis ce moment était plus qu'agréable... Riley avait son visage niché dans mon cou, ses jambes mêlées aux miennes, le souffle calme et régulier, l'esprit serein et perdu dans ses doux rêves...

– J'ai faim, souffla-t-il alors, j'imagine qu'ils sont déjà partis...

– Vu l'heure, oui, souriais-je alors. Si tu me laisses quitter le lit, je vais préparer le petit déjeuner...

– Mh-mh... Je suis bien, là... Mais en même temps, j'ai faim...

– Cruel dilemme, avais-je murmuré, amusé.

Au bout de quelques minutes, il relâcha son étreinte, me laissant sortir du lit, puis de la chambre, son regard ne me quittant pas une seule seconde, jusqu'à ce que je disparaisse dans le couloir. Il s'étira un bon moment dans les draps chauds avant d'enfiler un short et de me rejoindre.

Pendant ce temps-là, je préparais son chocolat chaud trop sucré, ses tartines de pâte à la noisette, son verre de jus d'orange... Avant de faire griller quelques tranches de bacons, des œufs sur le plat, accompagné de toasts, pour moi.

Les quantités dans mon assiette étaient toujours plus importantes, et ça commençait à se voir au niveau de mon physique. Je grandissais à vue d'œil, aussi. Mon corps ressemblait à celui d'un Alpha jeune adulte dans la norme, mais vu la carrure de mon frère, je n'allais pas m'arrêter là.

Et puis tant mieux, plus je serais gros, plus j'aurais de chance de m'en tirer.


🌕 🐺🌕 🐺🌕



Une semaine s'écoula plus ou moins paisiblement. Tout allait bien dans la maison, mais une certaine colère montait en moi, sans que je ne sache véritablement pourquoi j'étais en colère...

Enfin, c'était plutôt de la frustration. J'avais en moi de plus en plus l'envie de m'enfoncer dans les bois pour n'en ressortir que de longues heures plus tard... D'aller courir la forêt, chasser, trouver ce semblant de liberté sauvage qui me donnait l'impression d'être libre.

Je ne supportais plus de rester enfermé à l'intérieur, soumis à cette peur de croiser Luther, et le jardin n'était qu'un maigre lot de consolation. Ses murs sécurisants ressemblaient de plus en plus à une prison.

Avant, j'aurais pu me permettre de partir des heures – voir des jours – sauf qu'avec Riley ici, ce n'était pas possible. Je devais surveiller Riley, protéger Riley, et donc, ne pas le laisser seul. L'emmener n'était pas non plus une bonne idée, déjà parce qu'il n'était toujours pas à l'aise en forêt, mais également parce qu'il était plus exposé dehors qu'à l'intérieur.

Et cette frustration gagnait en intensité, pour se muer peu à peu en colère... Et l'ambiance était un peu plus tendue et c'était totalement de ma faute. Riley n'y comprenait pas grand-chose, et n'osait pas poser la moindre question, de peur que je perde le contrôle...

Je ne le soupçonnais pas, mais il pensait que je n'osais pas le repousser quand il venait vers moi, et qu'à force, la colère était le seul moyen d'expression que j'avais pour le lui faire comprendre. Donc, il s'éloignait le plus possible de moi.

Ce qui ne faisait que redoubler ma colère et ma frustration.

J'étais couché sur le canapé, à regarder un film que Riley avait mis au hasard. Il revenait des toilettes, méfiant et tendu, depuis que l'ambiance était un peu... compliquée.

Il s'installa sur le fauteuil, et ça me fit tiquer. Ça m'agaçait qu'il s'éloigne de moi comme ça.

Je sentais ma Bête frôler surface, ma température monter, mon agacement atteindre son apogée... Et ça, Riley n'avait pas eu de mal à le sentir, à le voir.

– Viens là, ordonnais-je alors.

Il n'osa ni répondre ni bouger, se contentant de me regarder dans le fond des yeux, essayant de déterminer ce qu'il devait faire ou dire... Clairement, il sentait la présence de la Bête, et ne savait pas du tout quel genre de comportement adopter. Obéir, résister, aller se cacher, fuir ?

On était en plein milieu de l'après-midi, Kaeden avait déjà appelé pour s'assurer que tout allait bien, et il ne rentrerait pas avant des heures... Et le téléphone portable qu'on se partageait était dans ma poche.

– Oli, souffla-t-il alors.

– Viens, je te dis, insistais-je alors en me relevant.

Ce qui eut exactement l'effet inverse de ce que je voulais ; je l'avais braqué. Bien sûr qu'il n'allait pas venir vers moi si j'étais dans cet état, si j'utilisais ce ton, avec une telle colère que je contenais...

Il se leva, mais pour reculer, et ça me mit encore plus de mauvaise humeur. Je m'étais donc levé un peu brusquement pour aller le chercher moi-même, le forcer à venir, qu'il m'obéisse tout simplement... Sauf que Riley n'était pas du tout en confiance, et recula donc... Jusqu'à ce que son dos se colle contre le mur.

Moi, je m'approchais sans tenir compte de ce que je sentais et voyais. La situation était loin d'être sous son contrôle, et ça le terrifiait. J'entendais son cœur battre tellement vite, voyais la panique dans son regard, sentait son odeur qui trahissait sa peur.

Je voyais tout ça, mais je ne ressentais pas de compassion. C'était comme si je ne le connaissais pas, qu'il n'était qu'une proie parmi les autres, et que je ne passais pas mes journées et mes nuits collées à lui. Pour moi il était comme un étranger qui n'avait aucune valeur.

C'était l'influence de la Bête, j'imagine... Parce que jamais je n'aurais pensé que ce soit possible. Je ne devais pas m'en prendre à lui, c'était viscéral comme certitude, mais... maintenant, c'était comme si ça n'existait pas.

Quand il ne restait que quelques dizaines de centimètres entre nous, il ferma les yeux, comme si ça pouvait le faire disparaître ou lui permettre de m'échapper... Quand il rouvrit les yeux, j'étais juste en face de lui, une main agrippant son poignet, l'autre son épaule.

– C'est quoi le problème ? Dis-je avec une voix rauque, un peu trop calme.

– A-Arrête, Oli, gémit-il en essayant de me repousser.

Les larmes qu'il avait dans le coin des yeux m'avaient pincé le cœur, même si je n'étais pas en état de comprendre que je lui faisais peur. Pour être honnête, je n'avais plus le contrôle de rien, et j'identifiais sans mal que ma Bête n'avait aucune idée de comment gérer l'état de Riley. Ni que c'était de sa faute s'il était dans cet état... J'étais toujours présent, mais totalement incapable de réagir.

Avec une douceur maladroite, beaucoup trop brusque, ma main frôla sa joue... Riley eut un mouvement de recul en fermant les yeux, comme s'il avait peur que je le frappe. Mais les rouvrit finalement quand il sentit que je ne voulais pas lui faire de mal. Il m'interrogeait du regard, toujours un peu méfiant, ne sachant pas ce qu'il devait faire – attendre, se révolter, s'enfuir ? Aucune idée... Tout comme il n'avait aucune idée de ce qu'il se passait.

Avec douceur, j'approchais mon front du sien pour l'y coller. J'inspirais son odeur, malgré la peur que j'y sentais actuellement, je l'adorais. J'aurais pu ne sentir que ça jusqu'à la fin de mes jours que cela ne m'aurait pas dérangé.

– Oli, murmura Riley, dis-moi ce qu'il se passe... J'ai fait quelque chose de mal ? Ou tu...

– Reste près de moi, lâchais-je dans un souffle, je n'aime pas quand tu t'éloignes...

Je retrouvais ses iris avec les miens, son visage était tout rouge, mais ça, je m'en fichais... Tout ce qui m'importait, c'était son odeur. La peur avait laissé place à quelque chose de plus intéressant... De plus séduisant.

J'approchais mon visage de son cou, inspirant encore une fois une bonne fois son odeur. Ça me plaisait. J'aurais eu envie que personne d'autre que moi ne puisse la sentir, qu'elle se mêle à la mienne pour n'en former qu'une...

Avec douceur, Riley posa sa main sur mon torse, sans me repousser forcément, mais cela me fit m'éloigner un peu. Juste assez pour affronter son regard... Enfin, pour cela, il aurait fallu qu'il lève les yeux vers moi, et actuellement, il se dirigeait vers le sol.

– Je suis désolé, c'est tellement embarrassant, marmonna-t-il, gêné.

Ce qui était compréhensible, j'imagine. Même s'il était un Omega et que sa partie Lycanthrope n'était pas très développée, elle existait tout de même. Et c'était largement suffisant pour qu'il libère des hormones et que je les sente. Je savais déjà plus ou moins que je ne le laissais pas indifférent, mais avant, c'était plus ou moins discret. Ce n'était plus le cas maintenant.

– Je veux pas que tu penses que j'attends ça de toi, enchaîna-t-il, plus rouge encore – si cela était possible, tu me plais vraiment, mais je... Je suis pas certain que ce soit l'idée du siècle qu'on... tu vois... couche ensemble... si jamais t'en avais envie.

Je l'étudiais un moment en silence, ce qui l'obligea à enfin croiser mon regard :

– Oliver ?

Il était nerveux, il attendait ma réaction, et moi, je ne savais pas bien ce que je devais dire, encore moins comment je devais le dire. Est-ce que j'avais envie de coucher avec lui ? Pas forcément. Mais son odeur, ses hormones, les contacts qu'on avait, ça me plaisait autant que ça flattait mon ego de presqu'Alpha. Cependant, je ne ressentais pas forcément l'envie de passer à l'acte.

Comment lui avouer cela sans le blesser, en étant sûr qu'il comprendrait, alors que moi-même j'avais du mal à concevoir ça ?

Normalement, en tant que presqu'Alpha Mâle jeune adulte, j'aurais dû bouillonner d'hormones, avoir envie de sexe avec lea premier-ère qui passerait par là et m'aguicherait... Sauf que ce n'était pas le cas du tout. Même maintenant, que Riley était largement à ma portée, je n'avais pas envie de coucher avec lui.

Ce qui ne voulait pas dire que je n'avais pas envie de lui près de moi, de l'avoir dans mes bras, ou de marquer « propriété privée d'Oliver Forst » en gros sur son front et ses fesses.

– Je ne sais pas si je peux faire ça, lâchais-je finalement, coucher avec toi.

Il avait l'air à la fois soulagé et déçu. Je ne savais pas vraiment comment lui expliquer, et ça m'agaçait grandement. J'aurais voulu qu'il comprenne tout en me regardant dans les yeux, qu'il lise ce que je ressentais et l'interprète comme il le fallait directement... Mais ce serait trop facile que cela soit possible.

– Je comprends, ça ne fait pas si longtemps que ça qu'on se connait et... t'as le droit de pas être emballé, je veux dire... T'as sans doute plein de filles qui te courent après au sein de ta Meute et c'est probablement mieux si c'est une d'elle que... moi... Enfin tu vois ce que je veux dire.

Il s'était refermé comme une huître, les bras croisés et le regard fuyant, désirant sans doute qu'on finisse cette conversation au plus vite et que l'on n'y revienne jamais. C'était sans compter sur cette conviction profonde que nous ressentions, moi et ma Bête, qu'il devait comprendre exactement ce que nous ressentions.

C'était assez étrange d'être d'accord avec elle sur un point aussi... inattendu – en tout cas me concernant. En soi c'était bon signe, ça voulait dire qu'on communiquait et qu'on pouvait s'entendre sur certaines choses, donc qu'on avançait et – peut-être – qu'un jour, on serait totalement réconcilié-e-s, elle et moi.

Mais pour le moment, ce qui était important, c'était Riley.

– C'est pas ça, soufflais-je, ce n'est pas toi... Enfin, pas juste toi. C'est comme ça avec tout le monde. Je sais que quelque chose ne va pas chez moi, que je devrais avoir envie de te sauter dessus à la moindre occasion et probablement profiter de te plaire pour ça, mais... Mais je ne ressens pas ça.

Il m'étudia un moment, avec cette mimique irrésistible, les yeux légèrement plissés, les iris interrogateurs, et les lèvres un peu pincées.

– T'es probablement hétéro, c'est juste ça le...

– Non, ce n'est pas ça, l'avais-je coupé. Les filles, ça ne m'intéresse pas plus que les garçons. Ou autant... Enfin, c'est la même chose.

Sa tête pencha un peu sur la gauche, comme si bouger celle-ci allait lui donner l'inspiration divine pour comprendre ce que je lui disais.

– Donc t'es pas totalement hétéro ?

Un discret sourire malin naquit sur le bout de ses lèvres, je compris qu'il avait totalement changé d'humeur interne, passant de la nervosité honteuse d'avoir été pris en flagrant délit, à celle du petit renard ayant trouvé un moyen de tourner cette conversation à son avantage – et devait en être totalement satisfait.

– Je ne sais pas, avais-je alors répondu, je n'ai jamais eu personne, c'est dur de le dire. Puis... Je n'ai pas vraiment envie de sortir avec quelqu'un pour, tu vois, juste sortir avec...

– Tu voudrais que ce soit quelqu'un de spécial, termina-t-il alors. C'est vrai que dans ta Meute, ça ne doit pas être simple ce genre de truc, je veux dire, c'est forcément officiel quelque part, ce que tu m'as déjà raconté...

Ce qui, en soi, n'était pas faux. Luther et moi avions une certaine pression sur ce genre de choses parce que nous étions les fils d'un Chef de Meute... Et mon aîné était bien plus apte que moi à s'en ficher, de cette pression. Il estimait que sa vie sexuelle était privée, et donc, qu'il avait totalement le droit de rester célibataire tant qu'il le voulait – et surtout, de coucher avec ceux qui lui plaisait le plus.

Mais moi, j'étais simplement incapable de faire pareil. Déjà parce que je n'avais pas à proprement parlé envie de sexe, puis aussi parce que je ne voulais pas avoir un-e petit-e ami-e un temps, me séparer d'iel pour une raison ou une autre, et avoir à gérer tout ça sur la place publique.

Même si ici, avec Riley, les choses étaient bien différentes, je n'étais pas forcément plus à l'aise. Si ça se passait mal, Kaeden le verrait forcément, et je n'avais pas envie d'imaginer sa réaction... Encore moins (re)vivre l'ambiance guerre froide à la maison à cause de mes erreurs. Ou pire encore, avoir à retourner auprès d'Edward, et donc, m'éloigner de Riley.

– Il y a de ça, marmonnais-je alors, puis... Je ne voudrais pas que toi et moi on se perde si jamais... Ça se passait mal, qu'on se dispute ou autre... Ce serait insupportable de te perdre maintenant.

Son visage se teinta de surprise et d'une gravité qui me fit douter de mes paroles. Peut-être que ça ne se disait pas ce genre de chose... Je n'en savais rien. Le seul exemple que j'avais jamais n'eut en matière de relation « de couple », c'était Luther, et on ne pouvait pas dire qu'elles étaient basées sur l'amour, la compréhension et la tendresse.

J'étais trop jeune à la mort de ma mère pour me souvenir de ce qu'elle et mon père vivaient, la manière qu'ils avaient d'agir l'un avec l'autre, les mots qu'ils se disaient, les choses qu'ils abordaient.

Et même si je vivais avec Max et Kaeden depuis quelques mois, on ne pouvait pas dire qu'ils étaient forcément très démonstratifs en ma présence. Kaeden avait du mal à agir comme ça en public et Max le respectait, donc je n'avais jamais vraiment assisté à leur complicité de couple, à leurs échanges et compagnie... Idem pour Edward et Danny, qui gardaient toujours une certaine retenue en présence des autres.

– T'as raison, ce serait vraiment insupportable, sourit Riley, je veux pas qu'on s'éloigne non plus... Mais je peux pas non plus mentir en disant que je veux pas qu'on se rapproche.

On se regardait dans le blanc des yeux, sans savoir réellement quoi se dire. Je ne voulais pas qu'il s'éloigne de moi ou qu'il se mette à m'en vouloir de me satisfaire de ça, alors que lui serait frustré de n'avoir que ça... Ce serait le perdre petit à petit, j'en étais parfaitement conscient.

– T'as le droit de pas le vouloir, ajouta-t-il dans un souffle.

– Je le veux si tu le veux, avais-je alors répondu. Je veux que tu restes près de moi, je veux te garder pour moi, je veux que tu sois bien et heureux avec moi... Même si je ne sais pas comment faire tout ça... C'est ce que je veux vraiment.

Il m'avait observé un bon moment, je voyais les questions et les doutes qui fusaient dans sa tête à travers ses yeux... Et aussi qu'il était flatté et un peu gêné par la couleur rouge sur ses joues.

– Et moi je veux pas t'obliger à faire des trucs que tu ne veux pas faire, marmonna-t-il finalement, je pense pas que ce soit une bonne base pour... Tu vois... Qu'on reste comme on est.

Il avait probablement raison. On était aussi déçu l'un que l'autre, mais c'était probablement pour le mieux... Après tout, on pouvait bien continuer les choses telles qu'elles étaient, sans forcément s'impliquer officiellement dans une relation.

Du moins, c'était ce qu'on essayait de se dire pour garder la face. Bien sûr que ce serait impossible pour lui de ne pas espérer plus, bien sûr que ce serait difficile pour moi de faire comme si je ne le voyais pas.

Mais c'était probablement ce qu'il y avait de mieux pour lui comme pour moi. Si un jour il rencontrait quelqu'un de plus apte que moi à le rendre heureux, je ne voulais pas être un frein à son bonheur...

Enfin, ça, c'était ce que j'essayais de penser, parce qu'au fond de moi, je sentais la Bête gronder de mécontentement.

Elle, elle ne voulait pas que Riley aille voir ailleurs. Elle, elle voulait Riley pour nous tout seul. Elle, elle s'en fichait pas mal d'avoir à coucher avec lui pour le satisfaire, du moment qu'il restait dans ses parages. Elle, elle s'en fichait de ce que moi je pouvais ressentir, tant qu'elle avait Riley près d'elle.


🌕 🐺🌕 🐺🌕


Quelques heures plus tard, après que l'on avait conclu de ne rien changer dans notre quotidien, et que l'on n'avait ni l'un ni l'autre l'envie d'aborder le sujet avant un moment, je me brossais les dents pendant que Riley prenait sa douche.

Ce n'était pas anormal qu'on partage la salle de bain, on n'en avait qu'une pour quatre, alors forcément, on optimisait au maximum... Enfin, ça c'était ce qu'on s'était dit par après, sur le coup, on n'avait même pas penser à ce que ce soit étrange qu'on le fasse.

Mais maintenant, les choses étaient un peu différentes, même si rien ne devait changer entre nous, je ne pouvais pas m'empêcher de penser que je n'avais rien à faire dans la pièce.

Riley était nu à quelques mètres de moi, certes protégé par un rideau de douche, mais... Ce n'était qu'un morceau de tissu imperméable que je pouvais aisément tirer et... Je m'interrompis dans mes pensées, rouge pivoine rien qu'à l'idée de le voir nu.

Même si on partageait pas mal de chose, dont la salle de bain, je ne l'avais encore jamais vu nu. On était en été, il faisait chaud la nuit, pourtant il portait toujours un t-shirt et un short pour dormir, enroulé dans les draps. Ça m'allait qu'il les prenne entièrement, j'avais beaucoup trop chaud pour me couvrir plus que je ne l'étais déjà !

On avait décidé de ne rien changer à notre fonctionnement, donc... Techniquement, je venais dans la salle de bain lorsqu'il y était depuis un moment, donc ne pas le faire revenait à changer quelque chose et ce n'était pas ce que nous avions décidé. Mais peut-être que cela était mal venu quand même de rester là.

– Tu peux, hm... me passer une serviette, s'il te plaît ?

Ce que je fis machinalement, sans sortir de mes pensées. Peut-être que si j'avais été plus attentif, je me serais dit que ça faisait déjà vingt bonnes minutes que je me brossais les dents et que je devrais peut-être quitter la pièce avant qu'il ne sorte de la douche...

Mais je ne l'avais pas fait, résultat : Riley était sorti de là, le corps ruisselant d'eau chaude, son odeur naturelle mêlée à celle du savon aux plantes que Max m'avait acheté, et de son shampooing qui sentait les fleurs...

Son visage était encore un peu rougi par la vapeur d'eau chaude, et je trouvais qu'il dégageait un certain érotisme plutôt... attirant. Pas sexuellement, mais disons que ça me plaisait de le voir comme ça, et surtout, je n'avais pas envie que qui que ce soit le voie ainsi en dehors de moi.

La serviette enroulée autour de ses hanches, cachant son intimité, était aussi frustrante que nécessaire. J'avais une profonde envie de la lui enlever pour voir ce qu'elle dissimulait, mais... Ce serait très mal interprété.

– Quelque chose ne va pas ? S'inquiéta-t-il, en essorant ses cheveux.

C'était vrai que je le fixais depuis de longues secondes sans la moindre justification... Enfin, il y avait une justification ; j'observais le moindre centimètre carré de son torse, qu'habituellement, il cachait sous un t-shirt. On ne le soupçonnait pas, mais en dessous de ses hauts toujours un peu larges pour lui, il était musclé. Pas beaucoup, juste un peu pour qu'on devine ses muscles, et je trouvais que ça lui allait terriblement bien.

– Hm, rien, je... Je suis un peu fatigué.

Et aussi, un peu troublé par les quelques cicatrices qu'il y avait çà et là sur son corps. Rien de très grave, c'était à peine visible, mais ça m'interpelait tout de même...

– Tu veux savoir comment je me suis fait tout ça ? Dit-il alors, plus comme une affirmation qu'une question.

– Pas si tu ne veux pas en parler, j'imagine que ça ne doit pas être facile d'aborder le sujet...

Vu comment il se « cachait » d'habitude, je supposais qu'il n'avait pas envie de parler de ça pour le moment... Et donc qu'il ne préférait que personne ne voit rien.

– Je m'en fiche de te parler de ça ou pas, répliqua-t-il calmement.

Ou peut-être pas... Je croisais son regard, surpris qu'il réagisse de la sorte, et lui, qui avait l'air parfaitement à l'aise et détendu.

– Toutes ces cicatrices datent de quand j'étais plus petit, ce sont mes frères qui me les ont faites, par « accident » – sois disant. Je me souviens de rien de précis, juste de quelques bribes d'images et d'avoir eu peur... Ou de mon père qui était dans une colère noire quand ça arrivait.

Je gardais un silence religieux, ne sachant quoi répondre.

– En grandissant, j'ai réussi à trouver les astuces pour leur fausser compagnie discrètement un peu avant que ça tourne mal – et je suis vraiment super doué pour ça, sourit-il, enfin, c'est eux qui sont aussi incroyablement idiots et lents, mais ça m'arrange bien, alors...

– C'était compliqué, hein, murmurais-je alors.

– Un peu... C'était surtout dur parce que je ne comprenais pas pourquoi c'était toujours moi qui prenais – d'ailleurs, je le sais toujours pas – et aussi quand p'pa s'énervait et que... Du coup, ils prenaient aussi, et je voulais pas ça, mais... qu'est-ce que tu voulais que je fasse, j'arrivais pas à cacher que quelque chose n'allait pas quand ça se passait, et de toute façon p'pa voyait forcément que j'avais des bleus ou des rougeurs quand je me changeais, on n'avait qu'une pièce pour vivre, il y avait pas de place pour l'intimité, donc... Et ces abrutis le savaient aussi.

Parfois j'oubliais que sa notion d'espace vital et d'intimité n'était pas du tout la même que la mienne, et que pour lui partager une salle de bain avec autrui n'était pas du tout du même degré d'intimité que pour moi...

– Toi aussi tu en as une, nota-t-il en désignant mon flanc.

La morsure de Luther avait cicatrisé, mais restait encore bien visible... Elle était impressionnante, et parfois, je ressentais encore de la douleur ou des tiraillements là où les crocs s'étaient plantés.

– C'est arrivé qu'une fois, marmonnais-je alors, mais je ne m'en souviens pas trop non plus... c'était... quand je suis devenu Défaillant, tout est un peu flou.

On était restés silencieux un moment, jusqu'à ce que Riley ne prenne une autre serviette pour essuyer ses cheveux, la moue pensive.

– On devrait dire que ce sont des blessures de guerre, sourit-il alors, ça fera plus viril que juste dire « on a des problèmes avec nos grand-frères »...

– Probablement.

– Enfin, toi t'as pas besoin de prouver ta virilité.

Ce qui était vrai. À force d'avaler des quantités astronomiques de nourriture pour que mon corps grandisse et devienne celui d'un Alpha en pleine force de l'âge... Bien, ma carrure avait totalement changé. Je commençais à presque dépasser Kaeden en taille, et pour ce qui était de ma musculature, elle était déjà son équivalent. Ce ne serait pas une surprise que je sois plus imposant que lui d'ici quelques mois, voire semaines.

À côté de moi, Riley avait l'air petit, frêle, presque trop pour que ce soit normal – alors qu'il était totalement dans la moyenne d'une carrure d'Omega de son âge.

– Je t'envie un peu, se confia-t-il, même si je sais que c'est pas drôle d'être Défaillant... Toi t'es un Alpha maintenant, t'es capable de te défendre, moi je suis toujours le même physiquement et mentalement... Je suis pas plus capable de les affronter maintenant qu'avant.

– Je ne pense pas que tu mesures à quel point Luther est imposant, et à quel point même avec la carrure de Max je ne tiendrais pas plus que dix minutes face à lui... Et encore, dix minutes, c'est de l'optimisme.

Ce qui n'était pas du tout de la fausse modestie. Max avait bien grandi durant son passage de Bêta à Alpha, au point de dépasser son aîné en taille et en carrure, mais il n'était quand même pas assez imposant pour tenir tête à Luther bien longtemps... Et moi, j'avais encore une marge de progression pour égaler Max, une plus importante pour Luther.

– Si tu veux je peux t'apprendre les trucs et astuces de Riley pour filer à l'anglaise rapidement, tome un à trois, je les connais par cœur !

On partageait un rire, puis, alors que je n'avais plus rien à faire dans la salle de bain et que j'aurais probablement dû le laisser s'habiller tranquillement, j'étais resté. La curiosité me bouffait de l'intérieur, et – il fallait l'avouer – Riley n'était pas du tout désagréable à regarder...


🌕 🐺🌕 🐺🌕


Hey hey !

Riley et Oliver sont de retour :3 et moi aussi par la même occasion !

J'ai bien charbonné ce week-end, j'ai presque un mois d'avance sur les publications de TWW ! En parallèle j'écris une autre histoire, et je vais pouvoir me concentrer un peu dessus x) j'essayerais aussi de faire un dessin ou deux pour TWW Oliver !

D'ailleurs en parlant dessin :

Sinon un grand MERCI à vous pour les 300 abonnés sur Wattpad qu'on a atteint le week-end dernier ! Pour l'occasion, vous avez voté pour que j'organise un concours de dessin, puis pour un personnage libre ! Et comme TWW - Oliver est en cours de publication, ce sera donc sur TWW ! (Les deux histoires publiées pour l'instant).

Vous avez toutes les infos dans la dernière partie publiée de TWW - Kaeden ou sur mon instagram (@ haydn_sh), dans le dernier post ou en story à la une ("concours") !

La limite de réception est le dimanche 8 mars inclu, je donnerais les résultats à la fin de la publication du mercredi 11 mars !

(Vous pouvez me faire parvenir votre participation en MP sur instagram (@ haydn_sh) ou par mail (envoyez-moi juste un MP sur insta ou wattpad pour que je vous le donne !))

Sachez que je ne prend pas qu'en compte le style graphique du dessin, mais aussi les idées, ce qui fait que tout le monde à une chance de gagner x) Je vous laisse découvrir les lots à remporter dans les posts sur insta ou wattpad !

(Je publierais les participations sur instagram (post et story) ainsi que sur l'histoire TWW - Kaeden, avec un tag (sauf si vous ne le voulez pas))


Voilà, c'est tout ce que j'avais à vous dire cette semaine !

Bonne participation à ceuxlles qui vont se lancer dans le concours, et bonne aprèm à toustes !


Haydn
(Crédit : Christopher Jolly)

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