Chapitre 6 : L'apprivoisement 2/2
Les jours qui suivirent passèrent le plus normalement du monde. Riley n'avait pas mis les pieds dehors, sauf pour jouer avec les chiens, et uniquement lorsque Kaeden était présent. Ce qui rendait ma surveillance plus simple, presque agréable.
La nuit, Riley finissait toujours par déserter le lit pour atterrir sur le canapé quand je le réveillais et l'empêchait de se rendormir avec mon sommeil agité... Quand c'était à moi de quitter le monde des songes, de constater qu'il n'était plus dans la pièce, je descendais finir ma nuit sur la méridienne, sous ma forme animale.
Quand j'ouvrais les yeux, ce n'était pas rare que je me réveille avec un plaid à demi sur moi, qui, à défaut de me tenir trop chaud, portait l'odeur de Riley.
Au petit-déjeuner, je mangeais toujours autant, au point que cela commençait à alerter tout le monde. Riley avait fini par se calmer de lui-même, pour se forcer à ne manger que des quantités raisonnables – il ne tenait pas à « enfler comme une baleine », selon ses dires – malgré ce réflexe d'engloutir le plus possible de nourriture en prévision, acquis depuis des années.
Mais moi... Ça ne m'importait pas. Je mangeais beaucoup et je n'avais pas peur de grossir.
Max restait perplexe face à ce comportement, disons, inhabituel au possible... Mon père était extrêmement sensible au fait que le mode de vie d'un Lycan influait sur ses capacités, cela passait par son environnement de vie, son éducation, mais également la nourriture qu'il avalait. La qualité et la quantité.
Depuis tout petit, j'avais l'habitude de réfléchir et contrôler ce que je mangeais pour en tirer le meilleur, faire en sorte que mon corps ait suffisamment sans le polluer ou le ralentir avec du superflu. C'était une évidence pour moi de me nourrir ainsi, et Max le savait parfaitement, étant donné que lui-même avait reçu les enseignements de mon père, lorsqu'il vivait chez nous...
Alors que j'envoie ça valser pour engloutir toute cette nourriture, sans raison apparente, c'était un signal pour... Bien, il ne savait pas vraiment en quoi c'était alarmant. Mais ça l'était.
« Peut-être qu'il grandit, tout simplement » avait avancé Kaeden – ce qui en soi était fort probable, mais n'avait pas du tout été envisagé par Max sur le moment. Vu la carrure de Luther, et celle de mon père, j'avais une grande marge de progression... Ce qui ne rassurait pas vraiment Max. Plus je serais imposant, plus ce serait difficile de me contenir en cas de besoin.
Moi, je trouvais que c'était, au contraire, une très bonne nouvelle ; plus je serais gros, mieux je me défendrais face à mon frère, s'il se décidait un jour à venir me rendre visite.
Quand Max et Kaeden partaient travailler, on échouait sur le canapé pour regarder des films ou des séries. Riley adorait ce genre de choses, et moi, je me laissais simplement porter. De toute façon, je devais surveiller Riley, rien d'autre, donc autant le laisser faire ce qu'il voulait dans la mesure du possible.
Max appelait vers midi pour vérifier que tout allait bien, qu'on n'avait besoin de rien, puis c'était au tour de Danny qui prenait de mes nouvelles. Je restais discret sur la présence de Riley ici, ne sachant pas si je devais en parler ou non.
Un après-midi, Riley avait mis un de ces films que je devais absolument voir selon lui, armé d'un pot de pop-corn, qu'on partageait. Il était tellement absorbé par le film qu'il ne disait plus rien. Alléché par l'odeur du pop-corn, je plongeais ma main dans le pot, pour y rencontrer celle de Riley.
Le contact n'avait pas été long, à peine un effleurement, mais cela avait suffi pour que je trouve son visage, que je le regarde avec une drôle d'expression. Il mit un moment à s'en rendre compte :
– Quelque chose ne va pas ? Me demanda-t-il alors.
Un frisson le parcourut lorsque ses iris croisèrent les miens, même s'il tenta de le cacher. Il se reprit la seconde suivante, bien décidé à ne pas se laisser intimider par... Moi ? Ma Bête ? Un mélange des deux ?
J'étais toujours là, mais totalement incapable de raisonner, de prendre le contrôle ou de le perdre totalement.
Ça faisait bien trente secondes qu'on se regardait en loup de faïence, lorsqu'il ouvrit enfin la bouche en détournant le regard :
– Si t'aimes pas on peut trouver autre chose... Un film d'action, tu préfères ?
Ses iris retrouvèrent les miens interrogateurs :
– Oliver ? T'es sûr que ça va ?
Il passa sa main devant mon visage :
– La Lune appelle Oliver, je répète : la Lune appelle Oliver !
Je retrouvais la terre en attrapant sa main avec la mienne, sans agressivité, même s'il trahit un peu de surprise, d'appréhension également.
– Oliver...?
Il ne savait pas vraiment comment réagir, entre ce qu'il pensait faire, ce qu'il convenait de faire et ce que Kaeden lui avait dit de faire... Puis il y avait à ajouter à cela une certaine surprise, une incompréhension. Une seconde tout allait bien, j'étais moi-même, puis la suivante j'étais... Bizarre, différent. Dangereux, probablement.
Normalement, tout Omega suivant son instinct aurait baissé les yeux et se serait éloigné au possible, priant la Lune pour qu'on l'oublie... Mais Riley ne marchait pas comme ça. Il ne baissait pas les yeux, m'observant avec intensité, essayant probablement de trouver ce qu'il clochait chez moi.
Et je trouvais ça insupportable, qu'il me défie comme ça. Même s'il ne devait pas du tout penser qu'il le faisait.
Entrait en conflit le désir brûlant de le remettre à sa place, de lui montrer qui donnait les ordres ici et qui avait à les suivre sans broncher... Et les paroles de Kaeden qui résonnaient encore dans ma tête, surveiller Riley, protéger Riley. C'était juste... Insupportable.
J'étais perdu, ne sachant plus ce que je devais faire, ce que je devais écouter... Et j'avais, même si c'était bien caché, peur pour Riley. Pas réellement peur de lui faire mal, mais... Peur qu'il m'en veuille, peur de l'intimider, qu'il s'enfuit à cause de moi, ou qu'il voit cet endroit comme une prison de plus, et moi, comme un geôlier qui ne valait pas mieux que les autres.
Mon cœur battait étrangement, j'avais chaud, très chaud, et une envie irrépressible de bouger. De me battre, d'aller courir la forêt, ou que savais-je encore, jusqu'à m'effondrer de fatigue... J'en avais besoin comme j'avais besoin d'air pour respirer.
Riley me regardait toujours sans savoir ce qu'il devait faire, impuissant et redoutant déjà les conséquences de tout ça. Avait-il mal agi, mal fait, mal dit quelque chose ? Probablement, si ça me mettait dans cet état... Mais quoi exactement, il ne savait pas.
Soudainement, je m'étais levé et, avec une force insoupçonnée, avais déchiré mon t-shirt, pour l'abandonner au milieu du salon, rejoint bientôt par mon jean... Le tout sous le regard perdu de Riley, qui ne savait pas s'il devait me retenir ou me laisser partir.
– Tu restes ici, grondais-je à son intention, si tu essayes de t'enfuir, je te retrouve et je te fais passer l'envie de partir, c'est compris ?
Il comprit tout seul que c'était du sérieux. J'avais la voix si grave qu'on l'entendait à peine... Mais il y avait quelque chose de trop calme dans cette voix. Quelque chose de glaçant, qui le fit frissonner...
Comme il tardait à répondre, je m'étais tourné vers lui. Il lâcha une vague approbation, la voix tremblante, avant que je ne me transforme pour filer à travers le jardin, sans même me retourner.
Il attendit que je disparaisse à travers les arbres pour se jeter sur le téléphone et appeler Kaeden, paniqué, se sentant coupable de m'avoir fait perdre le contrôle – sans même savoir comment.
🌕🐺 🌕🐺 🌕
Ce fut des heures plus tard que je rentrais finalement à la maison. L'appel du ventre, la fatigue. Contrairement à la première fois, j'avais retenu le chemin en m'enfonçant à travers les arbres, et heureusement, parce que les seules âmes que j'avais croisées étaient celles que j'avais chassées. Avec succès pour la plupart.
J'avais attrapé trois lièvres, dont deux qui m'avait servi de repas, coursé un cerf trop rapide pour moi... Et garder le dernier lièvre pour le ramener.
Je me doutais bien que personne n'y toucherait à la maison, mais ce n'était pas tellement ça qui m'intéressait... Ce que je voulais, c'était l'offrir à Kaeden – enfin, au plus dominant de la maison, pour être précis – pour lui prouver ma valeur. Lui montrer que j'étais un bon chasseur – que j'étais le meilleur chasseur sous ce toit, qu'ainsi je méritais à la fois ma place d'Alpha, mais également sa reconnaissance.
C'était un comportement normal pour tout Alpha de mon âge qui n'avait pas encore trouvé sa place... Et qui n'était pas Marqué par le Chef de la Meute dans laquelle il vivait. J'étais comme en sursis ici, même si je doutais qu'Eward me chasse du jour au lendemain et que Max lui obéisse docilement. Et je ne voulais plus l'être. Du moins, ma Bête semblait ne plus vouloir qu'on le soit... Même si j'étais présent du début à la fin, c'était bel et bien elle qui décidait.
J'avais déposé le lièvre sur la table de la terrasse, où Max et Kaeden m'attendaient, après avoir repris forme humaine. J'avais encore du sang séché sur la peau, le regard intimidant et intense de celui-qui-a-tué.
Kaeden me toisait sans comprendre ce qu'il m'arrivait ni pourquoi je le regardais dans le fond des yeux, à attendre une quelconque réaction de sa part. Il n'avait pas été élevé en tant qu'Alpha Dominant, ni au sein d'une Meute où la hiérarchie était très marquée, alors... Il n'avait aucune idée de ce que j'étais en train de faire.
– Remercie-le, murmura Max à l'intention de son Uni, dis-lui que tu es fier et content...
– Mais pourquoi je...
– Fais-le, le coupa-t-il, on parlera de ça plus tard...
Ce qu'il finit par faire, clairement déstabilisé et mal à l'aise, ne voyant pas du tout ce que ça pourrait changer à mon état qu'il me dise merci.
Et pourtant ! Une fois qu'il eut terminé sa phrase, je passais à autre chose ; rentrer à la maison, monter prendre une douche, enfiler des vêtements. Le tout dans un silence religieux, malgré la soudaine fierté qui m'envahissait. Le profond sentiment de satisfaction, celui d'avoir accompli mon devoir, d'avoir mérité mon repas et mon repos, ne me quitta pas de toute la soirée, bien que je ne le montre pas trop.
– Tu m'expliques ce que c'est que ce délire ? Demanda Kaeden en désignant le cadavre du lièvre sur la table, qu'est-ce qu'il lui prend d'agir comme ça ? On dirait une bête sauvage ! Tu m'étonnes que Riley soit paniqué de le voir comme ça !
– Ce n'est rien de grave, tempéra Max, il est juste... Il essaye de s'attirer tes faveurs, c'est tout.
Kaeden papillonna des yeux deux secondes, avant que Max n'enchaîne :
– Au sein de sa Meute, c'est ainsi que ça fonctionne... Un Alpha doit prouver sa valeur à son Chef de Meute – ou à celui qu'il estime être le chef – lui montrer qu'il est le plus fort, le plus doué, celui dont ne peut pas se passer.
– Mais je ne suis pas son Chef de Meute ! Au pire c'est Luther, au mieux c'est Edward !
Max haussa les épaules :
– T'es le Dominant de l'endroit qu'il considère comme chez lui... Il essaye d'y rester en te prouvant qu'il est un bon Alpha pour que tu le Marque.
Kaeden grogna. Toutes ces histoires l'ennuyaient au plus haut point. Enfin... Ça l'intimidait surtout d'avoir à gérer cela alors qu'il n'y avait jamais été préparé. C'était Edward le Chef de Meute, pas lui.
– Et qu'est-ce que je dois faire, exactement ? Je ne peux pas le Marquer sans outrepasser l'autorité d'Edward... et ça, je ne vais pas le faire ! Et je ne veux pas plus de problèmes avec son vrai Chef de Meute !
– Je n'y tiens pas non plus... Je vais appeler Eddy et voir ça avec lui, il doit savoir quoi faire, c'est son boulot de toute façon.
Kaeden répondit par un simple haussement des épaules. Dans un sens, il était flatté que je le considère comme m'étant supérieur, que je fasse tout pour lui plaire, l'impressionner... Mais d'un autre, il était aussi anxieux à l'idée de ne pas être assez bon pour que je reste à ma place, que je prenne mal qu'il ne me Marque pas et qu'au final, on se retrouve à se battre, l'un pour devenir le Dominant, l'autre pour le rester.
Max était plus serein – après tout, il me connaissait bien – mais tout cela le travaillait tout de même un peu. J'étais fils de Chef de Meute, je devenais un Alpha, je cherchais ma place... Il y avait des chances pour que je revendique ma supériorité sur Kaeden – et ça lui faisait peur que son Uni ait à m'affronter, qu'il soit obligé de choisir qui protéger entre nous et que l'autre se retrouve seul à la merci de l'autre.
Une fois sorti de la salle de bain, je passais dans la chambre pour chercher des vêtements. Riley était couché sur le lit, en train d'écouter de la musique sur le téléphone de Kaeden.
Il bondit en enlevant ses écouteurs quand il me vit arriver, et attendit de vérifier que je n'étais pas en colère avant de s'avancer vers moi :
– Bon sang, tu m'as fichu la frousse ! Me reprocha-t-il, comment tu te sens ? Il s'est passé quoi dans ta tête ? T'étais normal et tout allait bien, et d'un coup, paf!, tu me sors ton numéro de tueur en série !
En voyant ses iris et en entendant sa voix, j'étais comme revenu à moi. J'avais l'impression d'avoir vécu ses dernières heures dans un rêve... Un Rêve dont je me souvenais totalement.
– Je suis désolé si je t'ai fait peur, marmonnais-je alors, je ne sais pas ce que... Ce que j'avais, mais... Il fallait que je sorte.
Riley m'étudia un moment :
– Mais ça va, là ? Tu te sens bien ? ... Je suis désolé si j'ai mal fait un truc, ou dit quelque chose... c'était pas fait exprès pour te faire partir en vrille...
– Je crois que ça va, soufflais-je alors, et ce n'est pas de ta faute...
Même s'il pensait que je disais ça juste pour le rassurer, il n'insista pas. Dans le fond, je n'étais pas sûr que ce soit de sa faute... Après tout, il n'avait pas fait grand-chose, rien qui ne sorte de l'ordinaire en tout cas.
Pendant qu'il m'observait, je piochais un t-shirt dans l'armoire et tentait de l'enfiler. Oui tentais... Parce qu'il était trop petit d'une taille au moins. De même pour mes jeans.
J'avais grandi, c'était indéniable.
Riley aussi avait remarqué, son regard intense me brûlait le dos, cependant j'avais fait comme si je n'avais pas remarqué, pas senti que la vue l'avait émoustillé.
🌕🐺 🌕🐺 🌕
Le lundi de la semaine suivante, Kaeden m'avait chargé de chercher quelques vêtements pour Riley. Du moins, de l'accompagner. Même si l'environnement urbain me rendait nerveux, je n'allais pas le laisser sortir seul, c'était clair et net. Et puis, si Kaeden me le demandait, j'obéissais, tout simplement.
Riley n'avait plus que quelques vieux vêtements troués et trop grands pour lui, et en avait probablement assez de piquer des affaires dans mon armoire ou celle de son cousin. Et ce n'était pas avec le jean, le t-shirt et le sweat que Max lui avait ramené la veille qu'il allait se vêtir dans les prochains temps.
Étant donné qu'il avait utilisé tout l'argent que Max lui avait donné pour récupérer ce qu'il avait vendu au prêteur sur gages, Kaeden lui avait donné sa carte de crédit, avec pour consigne de « ne pas exploser le budget, merci ». Tel que je commençais à le connaître, valait mieux être précis sur ce genre de choses avec lui. J'avais expérimenté concernant la nourriture...
Je n'étais ni confiant ni serein en allant vers l'arrêt de bus, contrairement à Riley. Lui était totalement détendu, ravi d'aller faire les boutiques – activité qu'il appréciait sans pouvoir vraiment s'y adonner sans finir au poste.
Estimant que je ne marchais pas assez vite, Riley m'empoigna le bras pour m'obliger à avancer plus vite. Je m'étonnais de sa force pour un Omega. Puis je m'étais obligé à accélérer le pas, osant un petit sourire de le sentir aussi impatient...
On dira ce qu'on voudra à propos de Riley, qu'il était impulsif, irrespectueux de la hiérarchie et des bonnes manières, probablement dangereux pour ma Défaillance, trop fier et trop bavard pour un Omega... Je trouvais que ça avait son charme. Et qu'on ne s'ennuyait pas avec lui.
Même si je gardais à l'esprit que je pouvais lui faire du mal, le blesser voir le tuer, je ne pouvais tout simplement pas – ou plus – me passer de sa présence. On était deux maintenant, quoi qu'il se passe... Et je comptais bien faire en sorte qu'on le reste.
Il me laissa enfin quand nous étions arrivés à l'arrêt de bus, il s'étira un moment, un large sourire illuminant son visage, avant de croiser mon regard. Je m'étais senti... soudainement bien. Même si j'appréhendais toujours un peu notre sortie, je me sentais un peu... rassuré ? Qu'il soit avec moi.
– J'en ai assez de porter les vieilles fringues du cousin, souffla Riley en se laissant tomber sur le banc, à côté de moi, tout est trop grand et... bon, son style, c'est comme le tien, vaut mieux sur vous que sur moi !
– ... Euh, merci ?
Il m'adressa un large sourire moqueur et jovial.
– Le prend pas mal, susurra-t-il en me donnant un petit coup de coude. C'est pas donné à tout le monde d'avoir le sens du style !
Je toisais ses vêtements une taille trop grande en dessous de sa veste en cuir abîmée et usée par le temps.
– Pourquoi tu as mis une veste par cette chaleur ? Demandais-je alors. Et surtout celle-là... Kaeden t'en a donné une spécialement pour la saison...
Une de celles qui étaient trop petites pour lui, mais encore presque neuves, que Max lui avait offerte un peu après leur installation à Glasgow. Elle allait plutôt bien à Riley, et surtout, ne tenait pas chaud, contrairement à sa veste en cuir.
Ses iris trouvèrent les miens, un éclat un peu triste :
– C'était la veste de mon père, murmura-t-il alors. Je veux dire... C'était sa préférée. C'est la seule chose qui me reste de lui, vu que j'ai hérité de rien du tout, comme j'étais mineur et que c'était mes frères qui ont tout géré à ma place.
– Oh... Je vois. C'est sentimental.
Il haussa les épaules :
– Plus ou moins... Je sais que c'est stupide, mais... Quand je l'ai sur les épaules, je me sens plus... En sécurité. Plus sûr de moi. Comme s'il était à côté de moi et que... 'Fin tu vois, des trucs du genre. Ça doit être débile vu de l'extérieur, hein ?
– Je ne trouve pas... Je trouve même que c'est plutôt beau. Je n'ai pas grand-chose de mon père, en dehors de... Ce qu'il m'a appris, des souvenirs et Max.
A sa mort, j'avais hérité de soixante pour cent de ce qu'il possédait et qui n'était pas lié à la Meute ; de l'argent et des propriétés principalement, ainsi que la maison familiale, et la plupart des objets présents dans la maison qui lui avaient appartenu. Luther avait hérité de l'Institut, des possessions que les Chefs de Meute se transmettaient de génération en génération, des quarante pour cent restants sur ses possessions personnelles... Mais j'avais laissé tout ça derrière moi en fuyant.
L'arrivée du bus nous interrompit. Je suivais Riley, qui avait plus l'habitude que moi de ce genre de chose, tentant de paraître détendu. Même si je ne trompais personne.
Quelques dizaines de minutes de souffrance plus tard, on descendait enfin de ce bus de la mort... J'avais l'estomac en vrac et les sens troublés, ce qui faisait bien rire Riley.
– Bon sang, je me sens mal, soufflais-je en me tenant le ventre, une fois capable de parler.
– Aller quoi ! T'as jamais pris le bus de ta vie ou quoi ?
– S-Si, mais... Ce n'était pas pareil la dernière fois...
Riley haussa les épaules sans chercher à en savoir plus, puis m'entraîna vers le centre commercial, un sourire sur les lèvres et mon bras entre ses mains. Je n'avais pas ouvert la bouche jusqu'à ce qu'il choisisse son premier magasin de vêtements.
– Hé, tu vas bouder longtemps ? Me glissa-t-il alors, okay tu ne te sens pas à l'aise, mais c'est pas une raison !
– Je boude pas, je me sens tout barbouillé...
– Bon, va t'asseoir cinq minutes et réserve-moi une cabine, je vais chercher ce qu'il me faut et j'arrive !
Je m'exécutais dès qu'il m'avait montré la direction, j'avais trouvé un endroit où m'asseoir. Il y avait un peu de monde, heureusement. Ce qui n'empêchait pas les odeurs de me parvenir, les bruits d'être entendu... Bon sang, tout était tellement amplifié par rapport à d'habitude que je commençais à avoir mal à la tête.
Après un temps qui me parut durer une éternité – au moins – Riley m'avait rejoint avec une pile de vêtements... Un énorme pile de vêtements.
– Tu veux remplir combien d'armoires avec tout ça ? Maugréais-je alors.
Surtout sachant que nous n'en avions qu'une pour deux et que mes affaires y étaient déjà placées...
– Ha-Ha, très drôle ! Je vais essayer pour voir si ça me plaît vraiment et si ça me va ! Tu me passes les trucs quand je te le dis !
S'il l'ordonnait ! Il me vira de la cabine en me refourguant ce qu'il avait dans les bras, et sans me laisser le temps de réagir, referma le rideau.
Il le rouvrit quelques minutes plus tard, un t-shirt noir avec un motif d'un groupe de musique, un jean slim gris déchiré par endroit, une petite veste en tartan rouge foncé. C'était un peu grunge, mais ça lui allait bien. Et puis, avec des vêtements à sa taille, on voyait enfin un peu ses formes, et cela donnait moins l'impression qu'il était trop maigre. On devinait une musculature plus développée que ce à quoi je m'attendais, même s'il n'était pas non plus ultra-musclé.
– Tu trouves ça comment ? Me demanda-t-il après s'être observé sous toutes les coutures, tu tires une de ses têtes...
– Hm... Je ne...
– Okay, okay ! Je me dépêche !
Il avait pris quelques vêtements que j'avais dans les bras avant de tirer à nouveau le rideau pour me changer. Il m'envoya les vêtements qu'ils venaient d'enfiler, sorti de là avec une autre tenue qui lui allait bien, avant de me demander de lui passer d'autres vêtements... J'avais pioché des pièces au hasard qui, d'après lui « n'allaient pas du tout ensemble, Oliver ».
Ce petit ballet de vêtements dura une heure et demie. Je me demandais quand enfin il se déciderait sur ce qu'il prenait ou pas, qu'on puisse rentrer à la maison... Parce qu'au-delà de me sentir mal à cause de l'environnement, je m'ennuyais aussi comme si j'étais mort. Comment faisait Riley pour trouver un quelconque intérêt au shopping ? Ce mystère me restait impénétrable.
– Bon, je crois qu'on s'est assez amusé, conclut-il finalement, l'œil désolé, mais le sourire amusé. Je commence à avoir faim en plus !
Et nous savions tous que s'il lâchait cette info, c'était parce qu'il devait manger. Ça faisait des années qu'il s'angoissait concernant la nourriture, ne sachant pas quand il pourrait manger à sa faim, qu'il engloutissait tout ce qui lui passait près des mains au cas où... Qu'aujourd'hui, il ne supportait simplement plus la sensation de faim.
Max disait que c'était normal, que Kaeden aussi avait eu une phase similaire, avant qu'il ne trouve un équilibre... Et que je devais juste faire attention à ce qu'il ne mange pas au point de s'en rendre malade.
– Tiens, je me suis dit que ce serait risqué de partir sans...
Je lui tendais une barre de céréale et du chocolat, qu'il accueillit avec joie, et un peu de surprise. Il ne s'attendait pas à ce que je pense à ce genre de détail – et pour être honnête, j'avais agi d'instinct, sans me poser de question...
– Merci, souffla-t-il alors, tu veux vraiment rentrer vite, hein...
Mes joues se teintèrent de rose malgré moi. Il était vrai que je serais plus tranquille une fois rentré. Cette petite sortie n'avait l'air de rien pour la plupart de gens, mais pour moi, c'était beaucoup d'étapes franchies. Sortir de chez Max sans lui pour m'accompagner, être celui qui avait le statut le plus important – même si Riley était bien plus à l'aise que moi – le tout dans un milieu urbain...
– Tu ne vas prendre que ça ? Détournais-je alors, désignant les deux vêtements qu'il m'avait confiés.
– Hm... Laisse-moi une minute.
Et en quelques instants, il avait pioché quelques hauts pour aller avec quelques bas, qu'il me fourra dans les bras :
– Encore un sweat, une paire de chaussures, un nouveau sac et ce sera tout bon !
Heureusement pour moi, il ne comptait pas prendre cela maintenant. Il voulait profiter des prochaines courses pour que Kaeden l'accompagne. Puis il n'était pas à l'abri que Max lui ramène quelque chose entre temps.
Depuis son arrivée, il lui ramenait régulièrement quelques petites choses, comme des sous-vêtements et autres chaussettes, mais aussi un petit calepin avec un jeu de stylos – que, vraisemblablement, Riley avait demandé à Kaeden. Parfois, il ramenait un vêtement à Kaeden aussi, et ça le mettait d'une humeur... Enfin, vous voyez. Ce genre d'humeur.
Me concernant, c'était plus rare. Déjà parce que je ne manquais de rien, contrairement à Riley, ensuite parce que je n'avais pas été élevé dans l'opulence des possessions. Ce qui ne voulait pas dire que je manquais de quoi que ce soit, au contraire. Je possédais ce qu'il fallait, rien de superflu.
Cependant il était arrivé une fois qu'il me ramène une paire de chaussures supplémentaire, au cas où. Elles patientaient dans le placard, attendant que les autres soient trop usées pour les mettre – ce que ni Riley ni Kaeden, qui cumulaient les chaussures, ne parvenaient à concevoir.
– Oh, attends, j'ai trouvé un truc ! Je sais que tu n'aimes pas en avoir plus que ce qu'il faut, mais...
Il s'empara d'un t-shirt vert chlorophylle avec un motif de fougères s'entrelaçant sur un fond plus pâle. D'habitude je ne portais que de l'uni de couleur foncée, noir ou gris, ça me surprenait qu'il choisisse une telle pièce.
– Je trouve qu'il te va bien, dit-il en le plaçant sur mon torse. Ça égaye ton visage. Et – je ne sais pas – il y a quelque chose qui fait qu'il te va très bien.
– Tu trouves ? Ça ne fait pas trop... Bizarre, cette couleur ?
Il fit un non de la tête :
– Si tu ne me crois pas, demande à Kaeden ! Tu veux le prendre ou pas ?
– Je ne sais pas si je peux... On est là pour toi et...
Et vu son regard, l'argument ne tenait pas la route.
J'avais un fort respect des règles et des consignes qui lui échappait totalement par moment. Tout comme lui envoyait promener les conventions et les barrières, ce qui me laissait parfois perplexe.
Ce qui ne nous empêchait pas de cohabiter et de nous apprécier, au contraire.
– Aller, si tu ne le mets pas, Kaeden va le récupérer et ça lui ira très bien aussi ! Vendu ?
– V-Vendu...
Même si je concevais mal que Kaeden, plus dominant et haut dans la hiérarchie, accepte de récupérer quelque chose qui appartenait à un membre inférieur.
Enfin, peut-être que j'étais trop formaté, que Kaeden était aussi peu formel sur la hiérarchie que l'était son cousin.
Nous faisions la queue depuis un moment, moi l'esprit vague, très loin de l'agitation que manifestait Riley. En effet, il ne cessait de se tourner, retourner, pour étudier tout ce qu'il se passait autour de lui... Comme si un danger guettait. Mais moi je ne sentais rien. Comment un Omega le pourrait, si un presqu'Alpha ne le pouvait pas ?
– Hé, tout va bien ? Demandais-je alors.
– Y a un truc qui est là. Quelqu'un qui guette.
– Tu dois sans doute imaginer des choses... Je ne sens rien de spécial. Et puis il est possible que des comme-nous soient dans les parages et que tu–
A son regard, je compris qu'il n'envisageait pas du tout l'hypothèse... Tout simplement parce qu'il était sûr que ce n'était pas cela le souci.
– Je ne sais pas ce que c'est, mais... Arg, je me sens comme... Agressé.
– Je suis là, okay ? Et puis il y a du monde, aucun Surnaturel au monde ne prendrait le risque de s'en prendre à toi ici...
– Mh, sans doute...
On visage trahissait sa réflexion intense, tandis que ses yeux balayaient les environs. Maintenant, je stressais un peu aussi, j'étudiais les gens autour avec méfiance. Cela pouvait aussi bien être autre chose qu'un congénère.
Après tout, nous étions dans une zone neutre, elle accueillait sans doute d'autres espèces surnaturelles... Qui pouvait bien affoler Riley. Mais le fait que moi je ne sente rien du tout me confortait dans l'idée qu'il se faisait des films.
Soudainement, il sursauta, fronça les sourcils, afficha une expression que je connaissais trop bien... Luther avait la même quand il identifiait une menace et se préparait à la contrer, sauf que... Riley était brusquement parti en courant, hurlant à je-ne-sais-qui de s'arrêter, sans me laisser le temps de réagir...
– Riley, non !
Il ne m'écouta pas et... franchit la porte du magasin avec des articles non payés. L'alarme retentit soudainement, me vrillant les tympans trop sensibles, un vigile qui faisait deux fois sa taille s'élançait à la poursuite de Riley.
Mais malgré la panade dans laquelle on allait se retrouver sous peu, je devais lui reconnaître qu'il avait eu raison : quelqu'un avait fui. Un type de taille moyenne, sportif, vêtu de noir, à qui je n'avais pas du tout fait attention jusqu'à présent... Donc, quelqu'un était bien là, à nous observer...
Et Riley l'avait senti ! Alors que moi non ! Est-ce que cela faisait de moi un mauvais Alpha ? Sans doute. Si même un Omega sentait le danger... !
Mon père m'avait pourtant enseigné tout ce qu'il savait, m'avait appris à écouter, sentir, ressentir, observer... Et tout ça n'avait servi à rien ? Toutes ses heures à écouter, pratiquer, échouer, pour finir par réussir... Pour rien ?
Enfin, le milieu m'était inconnu, tout était tellement amplifié que c'était la cacophonie au niveau de mes sens... Et Riley avait probablement plus l'habitude de tout ça que moi...
Ce qui était surprenant, étant donné qu'il ne ressentait pas vraiment les alertes internes qui permettaient à un Omega de survivre. Peut-être ne marchait-il que quand lorsqu'il était entouré de monde, dans un milieu familier ?
En tout cas, les faits étaient là : il avait senti le danger alors qu'il n'aurait pas dû, et moi, je n'avais strictement rien senti, alors que j'avais toutes les capacités pour.
C'était à cause du milieu urbain, de la foule, que mes sens étaient troublés, je ne voyais que ça comme explication.
Oui, je me rassurais comme je le pouvais !
Enfin, pour en revenir à ce qu'il se passait, le vigile avait rattrapé Riley, le tenant fermement par le bras, bien qu'il se débattait tout en pestant... Et ça me rendit fou qu'on le touche. Surtout ce type, qui devait lui faire mal, l'impressionner et... Et c'était à moi de régler ce problème.
De protéger Riley.
– Lâchez-le, ordonnais-je alors, la voix grave, il ne voulait pas partir sans payer, d'accord ?
Le vigile me toisa avec un drôle d'air. Je ne devais pas l'impressionner, par rapport à lui j'étais plus petit et moins musclé... Mais il ignorait totalement que j'étais un Lycan. Que j'étais Défaillant. Que ma Bête grondait dans ma poitrine, que la sentais frémir sous ma peau.
Riley me toisait avec une panique palpable, bien conscient que j'étais au bord de la perte de contrôle – ou, du moins, que « ça sentait mauvais », comme il aurait pu le dire.
Heureusement pour lui, le vigile finit par le relâcher, et moi, par me calmer. Juste un peu.
À présent, il fallait la jouer fine pour se sortir de ce guêpier, je priais fort pour que Riley ne fiche pas tout par terre, et que moi je ne perde pas totalement le contrôle.
Riley resta silencieux durant tout le speech que j'avais fait pour essayer de nous sortir de là. Et c'était compliqué pour lui de ne pas intervenir, surtout quand on l'avait injustement accusé de tentative de vol ratée... Il se sentait idiot et coupable, appréhendant déjà d'avoir à rendre des comptes à Kaeden. Lui qui avait promis de se tenir tranquille – le plus tranquille possible du moins – il y a quelques jours...
J'essayai d'éviter le coup de téléphone aux parents, mais le directeur du magasin ne voulait rien savoir, ils voulaient parler à nos parents et ça, c'était impossible... Déjà, parce qu'ils étaient tous morts, et que nos responsables légaux voulaient soit nous tuer, soit nous faire passer un sale quart d'heure...
Finalement, je dus bien me résoudre à leur donner le numéro de quelqu'un, en priant pour que ça passe. Sinon, c'était les flics directement, et ça, ce n'était bon ni pour moi ni pour Riley... Eux ne s'embarrasseraient pas pour appeler nos frères.
Max débarqua le plus rapidement possible, un peu paniqué que je perde le contrôle ou de ne pas réussir à nous tirer de cette sale situation sans que Luther n'en soit informé.
Cependant, cela ne dura que quelques secondes, après avoir vérifié que l'on était en un seul morceau, que je n'étais pas parti en vrille et que Riley semblait aller bien, il afficha un air grave et autoritaire que je ne lui connaissais pas.
Il broda admirablement une histoire, et l'image de l'homme d'affaires qui avait les moyens d'acheter ce qu'il voulait à « ses fils » qu'il renvoyait fit le reste.
Il avait négocié sec, amadoué avec un charme que je ne lui connaissais pas, pour finalement nous sortir de là...
Il avait tout payé, promis qu'on ne mettrait plus les pieds dans ce magasin, et assuré qu'il prendrait des mesures drastiques concernant notre éducation
On s'était ainsi retrouvé dans la voiture sans avoir osé dire un mot de peur qu'il nous engueule devant tout le monde. Et on avait un peu de fierté tout de même...
Cela commençait à être malaisant quand il avait gardé un silence de plomb au volant du break, sans démarrer, sans rien dire, ni même nous regarder.
Ça sentait mauvais.
– Je vai–
– Je suis désolé, le coupa Riley, un peu paniqué, j'ai vraiment pas voulu m'attirer des ennuis, c'est juré ! Il y avait juste un mec qui nous observait, j'ai paniqué, je sais pas pourquoi je l'ai suivi et j'avais des trucs à la main et...
– On se calme, on se calme, le coupa Max, en se tournant vers luo, j'allais juste vous dire qu'on allait garder cette histoire pour nous...
Ce qui me surprit autant que Riley. Enfin, on n'avait pas plus insisté, de peur qu'il change d'avis subitement...
– Ce n'est pas le bon moment pour rajouter du stress à Kaeden, murmura-t-il, alors on va tous faire comme si de rien n'était... Je suis venu vous chercher parce que je voulais chercher un truc pour lui, pas question d'aborder le sujet de l'incident... On est d'accord ?
On échangeait un regard surpris avant d'opiner du chef.
– Donc... pas de punition ou... Je sais pas quoi ? Murmura Riley, le regard implorant.
Max lui lança un sourire :
– Si vous me promettez de ne pas recommencer... On t'a dit tous les deux qu'on s'occupait de toi, quoi qu'il se passe et peu importe combien ça nous coûtera, que ce soit du temps ou de l'argent... alors je veux bien entendre que tout ceci est un malentendu. Et puis j'ai du mal à croire qu'Oliver t'ait sciemment laissé faire ça sans avoir été pris de court.
Ça me flatta, Riley me lança un regard noir.
– Mais c'est la vérité, plaida-t-il alors, il y avait un mec qui nous observait, j'en avais les poils qui s'hérissaient ! Et puis ça faisait comme des... grésillements... dans mes oreilles.
Un petit silence s'installa, Riley était frustré qu'on ne le croie pas. Je m'étais donc décidé à intervenir :
– C'est vrai qu'il y avait quelqu'un, avais-je alors lâché, il est parti en courant quand Riley s'est approché de lui...
Max m'étudia une longue seconde, avant de soupirer :
– Des chances pour qu'il s'agisse de Luther ?
– Non... Il m'aurait sauté dessus directement. Et puis il devait avoir la même taille que Kaeden.
– Un de tes frères ? Adressa-t-il à Riley, qui boudait toujours.
– Je me serais caché à la place de le suivre, je suis pas suicidaire !
– Bon, alors on va dire que l'incident est clos, conclu Max. Il y a des Sorciers qui vivent à Glasgow, quelques Vampires – même s'il y a peu de chance pour que vous en croisiez un en pleine journée... Ça doit probablement être un Sorcier ou quelque chose comme ça. Leur Magie affole facilement les sens quand ils ne la dissimulent pas.
– Je sais ce que ça fait d'être en présence d'un Sorcier, mais là, c'était... Différent ! S'outra Riley, je suis sûr qu'il nous suivait depuis un moment, qu'il nous observait, peut-être qu'il vous voulait du mal ou...
– En pleine journée, parmi les humains ? Glasgow est une zone neutre, d'accord ? Il y a très peu de risques pour qu'un Surnatuel, quel qu'il soit, s'attaque à vous... Encore moins en pleine journée dans un centre commercial bondé d'humain.
Riley concéda finalement, agacé, mais reconnaissant tout de même que Max avait raison.
À la place d'en faire toute une histoire et d'enfoncer le clou un peu plus, Max changea radicalement de sujet, après avoir démarré la voiture.
– On va prendre à emporter au restau, réfléchissez à ce que vous voulez sur le trajet.
– Cool, parce que j'ai faim, marmonna Riley.
Max avait souri doucement, avant de quitter le parking, l'autoradio diffusant la playlist préférée de Kaeden.
Riley soupira, il trouvait les goûts musicaux de son cousin à la hauteur de son style vestimentaire ; il ne partageait pas du tout les mêmes.
Une fois arrivés à la maison, les bras chargés de plats succulents, nous n'avions qu'à mettre les pieds sous la table, que Kaeden avait dressée avant notre arrivée.
Pendant le dîner, Riley avait montré à son cousin tout ce qu'il avait trouvé au magasin, omettant sciemment de parler de l'incident.
Kaeden avait fait comme avec les enfants : écouter et regarder avec patience. Il commentait de temps à autre, l'encourageant, même si ce n'était pas franchement passionnant comme conversation.
Ça nous faisait du bien à tous les trois qu'il se sente plus à l'aise ici. Bien dans sa tête. Bien avec nous. Je n'imaginais pas ma vie ici sans Riley, à présent... C'était étrange, parce que ça ne faisait pas tellement longtemps qu'il était arrivé et qu'on se connaissait. Et ça me semblait déjà impossible qu'il ne soit plus là.
Le repas s'éternisa un peu, dans la bonne humeur, ce qui était plutôt agréable. J'avais à nouveau avalé une quantité astronomique de nourriture, et ce fut repu que je terminais mon dessert. Et celui de Riley aussi.
Juste avant qu'on se mette à débarrasser la table, Kaeden termina son verre de vin, avant d'enfin nous annoncer la nouvelle, qu'il retenait depuis notre arrivée :
– On va passer quelques jours au sein de la Meute.
Max avait l'air aussi surpris que moi et Riley, ce qui n'avait pas l'air de franchement déstabiliser son Uni.
– J'ai dû mettre Edward au courant pour Riley, enchaîna-t-il, et il se trouve qu'il voudrait te rencontrer... J'ai déjà vu pour les congés, tout est réglé–
Riley ne lui avait pas laissé le temps de finir sa phrase :
– De quoi ? Paniqua-t-il alors, pourquoi faire ? Je ne veux pas y aller !
– Et Danny veut qu'on soit présent le soir de son anniversaire, termina Kaeden, ignorant royalement son cousin.
– Hé, tu m'écoutes, renchérit Riley, j'irais pas là-bas !
Kaeden posa sur lui un regard plus autoritaire, mais cela n'impressionna pas Riley. Au contraire. La rage et la peur se côtoyaient dans son regard, c'était clairement identifiable que cette nouvelle générait du stress chez lui. Beaucoup de stress. Et Riley n'était pas apte à gérer ça sereinement.
– Bien sûr que tu vas venir, répondit Kaeden calmement, mais fermement. Mon Chef de Meute veut te rencontrer, et je me vois te laisser seul ici plusieurs jours.
– Mais je sais me débrouiller et...
– C'est non-négociable, le coupa-t-il.
Ce qui mit Riley hors de lui. Ce n'était pas bon de vouloir le forcer à faire quelque chose, surtout s'il ne sentait pas à l'aise... Et là, il était franchement mal à l'aise à l'idée de rencontrer Edward.
Je comprenais un peu pourquoi, ce n'était pas rien de faire face à un Chef de Meute qui n'était pas le sien, sur son propre Territoire, entouré de Lycans inconnus... Mais d'un autre côté, si Riley restait avec nous, c'était légitime qu'il veuille le voir. Au moins, s'assurer qu'il allait bien, simplement voir à quoi il ressemblait...
– J'irais pas dans ta forêt moisie, encore moins voir ton chef de pacotille !
Ce qui était clair, net et précis.
Riley fila à l'étage, aussi énervé qu'apeuré par tout ça. Il claqua la porte de la chambre pour bien signifier qu'il n'était pas du tout d'accord avec ce que son cousin avait prévu – et probablement tenterait-il tout pour ne pas y mettre les pieds.
– Je vais lui parler, murmurais-je alors en me levant.
Enfin, je disais ça, mais en montant à l'étage, je n'avais aucune idée de ce que j'allais lui dire pour lui faire changer d'avis. Si tenté que ce soit possible de lui faire changer d'avis, pour commencer.
🌕🐺 🌕🐺 🌕
Dooooonc il se passe des trucs dans cette partie super longue XD
(Pour l'instant c'est la plus longue XD (mais vous n'êtes pas à l'abri que d'autres parties le soient encore plus XD))
Sinon je vous mets le dessin de Riley et Oliver que j'ai posté sur instagram ! :3
Je vous dis à la semaine prochaine pour la suite, sinon !
En plus ce sera le retour d'Edward et Danny :3
Haydn
(Credit : Leighann Blackwood)
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