Chapitre 3 : L'arrivée à Glasgow 2/2
Quelques jours s'écoulèrent avant qu'enfin le week-end arrive.
Max n'avait pas eu de jour de congé, j'avais passé mes journées à errer dans la maison, alternant le canapé et le lit à intervalles plus ou moins réguliers... Je n'osais toujours pas sortir, même dans le jardin, même en voyant que les chiens y passaient leurs journées et que cela avait l'air sans danger.
Ils finissaient par demander à rentrer vers le déjeuner, et passaient l'après-midi près de moi, ne sortant que quelques minutes pour faire leur besoin ou prendre l'air... C'étaient comme s'ils identifiaient que j'avais besoin de présence autour de moi et qu'ils essayaient, à leur niveau, de m'aider.
La solitude était un peu plus supportable avec eux, même s'ils ne parlaient pas beaucoup. Au moins, j'avais des contacts physiques avec eux. On n'aurait pas dit comme ça, mais c'était important pour moi, ce genre de chose. Ça m'apaisait, me rassurait – et me manquait atrocement à présent que j'en avais si peu.
Cependant, je n'en avais pas parlé ni à Danny ni à Max. Je ne tenais pas à tendre plus l'ambiance ici... Si déjà Kaeden ne m'aimait pas, je ne tenais pas à ce que Danny l'appelle pour lui reprocher son attitude – ça ne ferait qu'envenimer les choses. Et c'était strictement la même chose avec Max, qui essayait tant bien que mal de rendre mon « séjour » le plus agréable possible...
Je ne voulais pas tenter de me rapprocher physiquement de lui, des fois que Kaeden interprète mal ce genre de comportement... Ou que ça mette Max mal à l'aise. À présent, j'étais un Mâle adulte, célibataire, je n'avais rien à faire dans les bras d'un autre Mâle, qui s'était Uni qui plus était. Nul doute que Kaeden me réduirait en charpie s'il nous voyait enlacés sur le canapé...
Alors je me contentais des chiens, qui, par chance, adoraient les caresses et toléraient bien mieux ma présence que Kaeden.
Mes journées se ressemblaient toutes pour l'instant :
Je me levais tôt pour prendre le petit-déjeuner avec mes hôtes ; je laissais les chiens dans le jardin pour me coller devant la TV ou lire un livre ; à midi Max m'appelait pour savoir si tout allait bien, si j'avais mangé, me dire à quelle heure il rentrerait ; dans l'après-midi, c'était au tour de Danny d'appeler. Il prenait quelques minutes pour me parler de tout et souvent de rien, ça me faisait plaisir et me mettait toujours de bonne humeur. Et tout le cycle finissait au retour de Max, il me parlait de sa journée, on préparait le dîner, on mangeait, puis atterrissait devant la TV, avant de monter se coucher.
Quelles journées palpitantes, pleines de défis et de choses à accomplir pour se sentir bien dans sa peau... En réalité je me sentais inutile, en plus d'être non désiré sous ce toit, et le dernier des assistés, en plus d'être un problème sur pattes.
Et Kaeden ne m'aidait pas à me sentir mieux, même si je ne le croisais pas beaucoup. Déjà, parce qu'il le voulait probablement, et ensuite, parce qu'il devait réviser ou travailler sur ses devoirs. Si le premier jour, il avait fait l'effort de rester dans le salon quelques instants, ce ne fut pas le cas des autres. Dès qu'il franchissait la porte d'entrée, il se débarrassait de ses chaussures et de sa veste, dévalisait le placard, puis montait à l'étage, sans rien dire ni même me regarder, pour ne redescendre que pour le dîner.
Max essayait tant bien que mal d'améliorer l'ambiance, de me divertir, mais cela ne marchait pas vraiment. Il y avait toujours un fond d'électricité, de tension dans l'air, loin d'être reposant. Surtout pour moi, qui m'en tenais responsable.
Max disait que ce serait le temps que Kaeden passe ses examens – « encore quelques petites semaines à tenir » – qu'après, il serait plus serein... mais je ne pensais pas que cela se passerait comme il l'imaginait.
Ce n'était pas simplement le stress et la pression qui le rendaient si froid et si antipathique, c'était moi. Ma présence, ma tête, ma personne. Moi, quoi.
Je n'avais aucun mal à l'identifier et à déduire qu'il ne changerait probablement pas d'attitude, même moins sous pression. Peut-être même que cela s'envenimerait, étant donné qu'il n'aurait plus d'excuses pour m'éviter...
Enfin, pour le moment, je ne pouvais que spéculer, et même si j'étais persuadé que j'avais raison, qu'il ne changerait pas d'un iota, il ne fallait pas oublier que Max pouvait l'avoir à l'usure.
Même s'il ne le dominait pas véritablement, ils étaient Unis, Max était plus âgé, et Kaeden l'écoutait plus ou moins... Donc avec un peu de chance, et si j'avais la Lune de mon côté, Kaeden ferait mine de bien s'entendre avec moi – du moins, supporter ma présence – pour ses beaux yeux...?
Du moins, l'espérais-je au plus profond de moi.
Depuis que Max était rentré, je profitais du jardin avec les chiens, sous ma forme animale. Ça me faisait du bien de prendre l'air, de jouer avec eux... Moi qui avais tellement l'habitude de gambader librement sous cette forme, de socialiser avec ma Meute, ces derniers temps avaient été éprouvants moralement.
Max m'avait poussé à franchir le pas, à aller dehors, dans le jardin. Ça pouvait paraître idiot, mais ça me faisait peur. Rien que l'idée de sortir de la maison m'angoissait – et si je tombais nez à nez avec un autre Lycanthrope plus gros que moi ? Si Luther était là, à guetter le moment opportun pour me sauter dessus et me tuer ?
C'était la première fois de ma vie que je m'angoissais à l'idée de mettre la truffe dehors... Et j'aurais voulu que ça n'existe jamais, ou que ça cesse au plus vite – mais je doutais que ça s'envole si facilement.
Les chiens me divertissaient de ma peur en jouant avec moi, c'était déjà ça. Retrouver mes vieux réflexes m'avait fait du bien aussi ; sentir le vent qui portait les odeurs de la forêt, l'herbe fraîche sous mes pattes, jouer avec les chiens comme si ma vie était toujours la même qu'avant...
Ce n'était pas mes camarades habituels, mais ça ne changeait au profond sentiment de plénitude que je ressentais de plus en plus.
Visiblement, retrouver ma forme animale et un semblant de « vie normale » me procurait bien plus de bonheur que ce que j'aurais pu espérer. C'était comme si je me retrouvais, que j'étais à nouveau pleinement moi, que cette forme me désinhibait de mes angoisses et de ma peur... Ce qui était plus qu'agréable.
Je ne le savais pas, mais de la fenêtre du bureau, Kaeden pouvait me voir. Il m'observait. Pendant un long moment, silencieux, contrarié, agacé, lâchant parfois des grognements, mais personne ne les entendait...
Max aussi observait, de la fenêtre de la cuisine, mais lui était ravis qu'on s'amuse et qu'on se dépense un peu tous les quatre... que je retrouve mes vieux réflexes en prenant l'air, que je me fasse un peu plus à cette... nouvelle vie ?
J'avais beau savoir qu'en défiant Luther, je ne pourrais définitivement plus rentrer « chez moi », je n'étais pas satisfait de cette idée.
Une partie de moi voulait rentrer chez moi, que ce soit lui qui s'en aille la queue entre les jambes et ait à se cacher – c'était ma Bête et l'Alpha qui grandissait en moi qui pensaient ainsi.
Une autre, moins importante, voulait retrouver ma terre, ma maison, ma Meute, pour retrouver ma vie telle qu'elle était avant – celle qui me manquait de plus en plus... Et qui était bien plus agréable et sécurisante que l'actuelle. C'était le Bêta qui pensait ainsi.
Ressentir la dualité de ces états n'était pas facile, surtout lorsqu'ils se confrontaient et que je ne pouvais que subir ça sans rien pouvoir y changer.
Et comme j'étais seul à la maison et rien n'avait rien pour m'occuper, je me retrouvais à supporter ça toute la journée ou presque.
Généralement, après le déjeuner durant le week-end, Max nous proposait de faire un tour. Où on voulait, du moment qu'on prenait un peu l'air... Il espérait qu'en passant un peu de temps de détente ensemble, Kaeden se ferait à ma présence, moi à la sienne et tout s'arrangerait vite entre nous.
C'était sans compter sur Kaeden, qui n'avait pas du tout l'intention de nous accompagner. Il invoquait du travail à finir, des révisions. Et quand il avait décidé ainsi, rien ne pouvait le faire changer d'avis, pas même son Uni.
Ce qui avait un peu agacé Max, c'était qu'il mettait clairement de la mauvaise volonté à la moindre proposition qu'il lui faisait et qui m'incluait dedans. Il était d'accord pour sortir faire un tour, mais si j'étais compris dans le lot, il avait soudainement des devoirs à terminer.
Au final, Max n'insistait même plus, nous partions tous les deux en forêt pour nous dégourdir un peu les pattes, le laissant derrière nous. Ce qui n'arrangeait pas du tout sa frustration, sa colère envers moi, et son agacement de me savoir sous le même toit que lui. Au contraire.
🌕🐺🌕🐺🌕
Un soir, nous étions tous les trois de sortie. Max était rentré un soir en annonçant qu'on sortait dîner au restaurant tous les trois, et ça, Kaeden avait accepté malgré ma présence.
Max était très élégant dans sa chemise noire et ses chaussures en cuir lustré, bien coiffé et la barbe taillée de près. Moi, je portais une chemise, bleu foncé, qu'il m'avait offerte il y a quelques jours et une paire de chaussures empruntée à Kaeden.
Celui-ci, d'ailleurs, avait enfilé une chemise cintrée d'un rouge lie-de-vin qui mettait en valeur son corps, ainsi qu'un jean qui moulait admirablement bien son... anatomie. J'avais de suite identifié l'état dans lequel ça mettait Max de le voir ainsi – ça l'excitait beaucoup.
Et il y avait de quoi, j'imagine ? Son Uni avait sciemment préparé sa tenue, choisi la couleur rouge – qui était pour nous une sorte d'appel au désir, une provocation à la drague – avait prit le temps de se préparer... Et portait son parfum.
Je me sentais déjà de trop depuis que j'étais arrivé, mais alors là... C'était d'un autre niveau ! Être le teneur de chandelle durant un dîner romantique, il n'y avait rien de pire... Et là, c'était inévitable !
Le restaurant avait une ambiance typique que les Lycans adoraient : du bois brut, une lumière tamisée chaude, des couleurs rappelant la nature, quelques plantes odorantes, mais pas trop... Cela recréait une ambiance de forêt très agréable, sécurisante, accueillante. Et c'était exactement ce dont j'avais besoin, actuellement.
Nous avions pris place à une table un peu à l'écart. Visiblement, ici, tout le monde connaissait Max, on l'avait salué plusieurs fois de loin et trois personnes s'étaient déplacées pour lui serrer la main.
Même si ces Alphas m'impressionnaient, je ne ressentais pas la présence de ma Bête – ne serait-ce que son agacement de me laisser impressionner... Ce qui était bon signe ? J'imagine ?
Il fallait dire qu'être assis sur une banquette entre deux Aphas comme Max et Kaeden, ça avait de quoi sécuriser.
– C'est un restaurant tenu par une Meute qui vit à proximité de la ville, m'expliqua Max. Je venais souvent manger ici quand j'avais un coup de blues durant mes études... Ils ont un menu spécial pour les Lycans qui n'ont pas l'habitude des mets humains, je suis sûr que ça va te plaire...
– Ah, c'est vrai ?
– Oui, c'est exactement ça, me répondit un serveur d'à peu près mon âge, tout sourire dehors, en me tendant une carte.
Un Bêta qui devait avoir l'habitude de côtoyer des Alphas, parce qu'il n'était pas le moins du monde impressionné par eux – je l'enviais un peu.
– On appelle ce menu l'authentique, tout est fait à base de produits cultivés ou élevés par la Meute, aucun ajout d'ingrédient dit humain. Le chef veille à ce que les plats changent régulièrement et soient totalement équilibrés et adaptés au client. Aujourd'hui, vous avez le choix entre du chevreuil ou du sanglier, sauce champignon, accompagné des légumes de saison et de la purée maison.
– Hm, on va prendre un authentique pour Oli, viande de sanglier, avec une bonne ration de viande, bien arrosée de sauce, et surtout sans sel. Ça te va ?
– Oui ce sera parfait...
Kaeden avait pris une pizza chasseur, recouverte de viande de gibier, de fromage, arrosé généreusement de sauce barbecue. Max s'en était tenu à une entrecôte de chevreuil sauce champignon accompagné de légumes sautés. Le tout arrosé de vin les concernant, et de l'eau pour moi.
Tout avait la saveur de la maison, ce qui était vraiment très réconfortant... Rassurant. Et d'autant plus alléchant !
Jusqu'à présent, je mangeais peu, juste de quoi calmer ma faim, mais là... Là, je me remplissais l'estomac avec plaisir, et je me sentais prêt à affronter le monde une fois mon assiette vide. Je m'étais même resservi, ce qui avait visiblement fait plaisir à Max.
Au fil du repas, j'osais même sourire, totalement détendu, bien que la conversation soit minimale. L'ambiance était plutôt bonne, à vrai dire, et pour la première fois depuis mon arrivée, j'avais vu Kaeden sourire. Et il était beau quand il souriait. Ce qui avait mis Max de bonne humeur.
On passait enfin une soirée normale, loin des tensions et autres soucis habituels... Et j'espérais sincèrement qu'après ce moment partagé ensemble, Kaeden soit moins tendu et moins froid avec moi. Même si c'était présumé de l'ampleur de la tâche, ça me donnait du courage de l'imaginer.
Malheureusement pour nous, ça n'avait pas duré.
Lorsque le dessert arriva, le restaurant était plein, les serveurs débordés... Aussi était-ce un des types qui travaillaient à la cuisine qui avait servi quelques tables. Un Alpha puissant et bien battit, dans la vingtaine, qui intimida quelques Bêtas au passage...
Et qui, lorsqu'il déposa son dessert devant Kaeden, quand leurs regards s'étaient croisés, il avant trahit à quel point il était émoustillé, excité, par lui... Son désir de chair se lisait dans son regard, dans la langue qu'il passa sur ses babines alléchées, dans cette odeur qu'il dégageait, et ce, malgré le fait que Kaeden ne soit ni de sa Meute, ni disponible.
Ça arrivait parfois qu'un Alpha convoite un-e Uni-e déjà pris-e, et cela se finissait généralement dans un bain de sang. Et je craignais que...
Max, véritablement hors de lui, vert de jalousie et sans doute prêt à l'affronter pour lui apprendre le respect, s'était levé pour lui lancer un regard noir, froid, intimidant. Ce qui n'avait pas l'air de démonter l'autre. Au contraire.
Ils s'affrontèrent du regard pendant un moment, lâchant chacun un grognement d'intimidation qui ne présageait rien de bon.
Autour de nous, c'était le silence total, tous les Alphas étaient sur leurs gardes, l'inquiétude se lisait sur les visages des Bêtas... Et moi, je sentais une présence frôler la surface.
Kaeden resta interdit une longue seconde, avant d'enfin réagir :
Il s'était levé à son tour, soutenant le regard de l'Alpha avec une expression, disons... glaçante. Ce n'était pas lui le Dominant pour rien, au cas où je ne m'en étais pas douté avant.
Convoiter un Uni n'était déjà pas bien malin, surtout si c'était pour provoquer un Mâle Alpha comme l'était Max, et ça l'était encore moins quand le convoité était capable de se défendre tout seul.
Moi, je ne savais pas trop comment réagir.
Est-ce que je devais écouter le Bêta que j'étais qui voulait baisser le regard, me cacher sous la table et implorait la Lune d'être épargné ou... Cette partie d'Alpha qui montrait les crocs et attaquerait pour le plaisir de prendre le dessus sur un autre Alpha trop impétueux ?
Ce combat intérieur commençait à se trahir sur mon visage, puis dans mes gestes. J'essayais vainement de retenir mon corps qui voulait se lever, gronder et se battre... Et bon sang, j'allais finir par ne plus y arriver !
Ma Bête avait les nerfs fragiles et supportait mal que j'essaye de la contenir... Mais je n'avais pas vraiment le choix. Je ne pouvais pas perdre le contrôle maintenant, en plein milieu d'un restaurant bondé...
Les autres étaient tellement concentrés sur eux-mêmes qu'ils ne voyaient même pas que je luttais pour ne pas partir en vrille... Ce serait le pompon, ça... Que la bagarre parte de moi qui n'avait rien à voir là-dedans !
– Ça suffit, Mike, ordonna-t-on alors d'une voix dure et grave. T'as rien à foutre là ! Dégage d'ici de suite !
L'Alpha qui venait de parler – et avait violemment empoigné ledit Mike pour le pousser vers les cuisines – était le Second de la Meute. Ça se sentait de suite, à l'autorité qui émanait de lui, sa manière de se tenir, sans pour autant être intimidant malgré sa carrure.
– Excusez cette bourrique d'imbécile, lâcha-t-il sur un ton bourru, j'ai essayé de lui apprendre les bonnes manières, mais il est plus buté qu'un âne... Laissez-moi vous offrir les desserts – Theo, va me chercher ce qu'il faut, tu veux ?
Le serveur, qui avait le visage plus pâle qu'avant, avait hoché la tête avant de disparaître en cuisine.
– Au plaisir de vous revoir bientôt, sourit le Second avant de quitter la table.
Au moment où il tourna les talons, les discussions reprirent, la tension s'apaisa instantanément, et plus personne ne fit attention à nous. Et ma Bête disparue, tout simplement.
Max et Kaeden s'étaient rassis sans rien ajouter. Max avait l'air très en colère, agité et... Je savais exactement ce que cela voulait dire : il avait perdu le contrôle.
Je ne me souvenais que vaguement de ces moments-là, parce que plus j'étais grand, moins j'avais assisté à ce genre de scène... Par contre je savais très bien reconnaître son regard sanglant, même après toutes ces années.
– Ça suffit, lui ordonna Kaeden, d'un ton sec. Tu te calmes et tu te rendors, je ne suis pas d'humeur pour jouer.
– Je m'en fiche de tes humeurs, gronda la Bête, je vais le buter pour avoir osé penser à te sauter !
Il tenta de se relever et, par réflexe, je l'avais retenu par le bras. Étant donné que j'étais assis à côté, la Bête ne m'avait pas vu et il était peu probable que...
– Oliver, souffla-t-elle, abasourdie et intriguée, qu'est-ce que tu fais là et où est cette petite salope de Luther ?
Il cherchait autour de nous dans l'espoir de le voir, vainement – du moins, je priais fort pour.
– Ça va aller, il est loin d'ici... Est-ce que... Tu veux bien te rendormir ? On est en sécurité et on va rentrer bientôt...
La Bête et moi échangions un long regard. Elle bouillonnait de questions et de colère, je le voyais bien... Mais je n'avais pas envie d'avoir une telle discussion ici.
Je faisais partie de ces rares personnes qui ne risquaient rien en croisant sa Bête. Elle ne m'avait jamais attaqué, jamais fait de mal, jamais mal parlé ou manquer de respect... Au contraire, quand elle sortait, elle prenait généralement ma défense face à Luther.
Au début, j'en avais eu peur, parce que j'étais petit et que mon père me répétait sans cesse que les Défaillants étaient dangereux, qu'un Louveteau comme moi n'avait rien à faire en face d'un patient dangereux... Mais Max n'était pas un simple patient. C'était un membre de notre famille, un second frère pour moi.
Et sa Bête l'avait probablement senti, intégré et accepté, puisqu'elle n'avait jamais montré la moindre hostilité envers moi. Même si elle était brute et brusque, elle essayait de son mieux de paraître plus avenante avec moi quand cela était nécessaire.
Avec le temps, une fois ma peur d'elle atténuée, j'avais commencé à lui parler. De choses idiotes, mais qui avaient le mérite de la calmer. Puis une chose en entraînant une autre, elle avait fini par me faire totalement confiance, et depuis se retirait dès que je lui assurais que tout était bon, qu'aucun danger ne guettait.
Quand ses iris quittèrent les miens, elle me semblait apaisée – en tout cas, moins en colère – jusqu'à ce qu'elle recroise le regard de Kaeden, qui le fusillait toujours avec autorité. Une partie de moi redoutait qu'elle s'énerve à nouveau et s'emporte, mais... non, elle avait simplement lâché un grondement mécontent – « on n'en a pas terminé » à l'intention de Kaeden – avant de disparaître.
Max revint à lui quelques secondes plus tard, un peu sonné, un peu perdu, mais il retrouva vite ses esprits.
– Je n'ai rien senti, marmonna-t-il en guise d'excuses.
– Tout va bien, lâcha Kaeden dans un souffle, on réglera ça plus tard, tous les deux... En attendant, fini de manger, qu'on puisse rentrer.
Max s'était exécuté après avoir hoché la tête. Moi aussi j'attaquais ma part de tarte aux pommes dans un silence religieux. J'espérais sincèrement ne pas avoir à assister à leur... « mise au point ».
Une partie de moi était rassurée... Au moins sa Bête ne m'avait-elle pas oublié. C'était idiot, mais je me sentais encore plus en sécurité maintenant. Elle avait quelque chose avec moi, cette Bête. Une sorte de besoin de me protéger, à la fois des autres, mais aussi d'elle-même et de la peur qu'elle pouvait me faire ressentir.
Et, de mémoire, Père m'avait toujours dit que ce genre de choses étaient extrêmement rare.
Ce qui n'arrangerait pas mes affaires avec Kaeden. Déjà sans savoir qu'un tel lien entre nous existait, il ne m'appréciait pas... mais alors maintenant, il avait toutes les raisons de me détester encore plus.
Leur dispute éclata une heure après que je me sois couché, une fois avoir pris une douche et essayé de m'endormir sans y parvenir. J'entendais des éclats de voix, mais pas assez distincts pour comprendre ce qu'ils se lançaient à la tête...
J'imaginais que la Bête de Max devait lui reprocher de l'avoir empêché d'intervenir, de ne pas avoir pu laver son honneur, ou quelque chose de ce genre... Et Kaeden devait le remettre à sa place en lui disant qu'il était bien capable de se défendre tout seul, et qu'il n'y avait pas lieu de se battre pour ça. Ce qui devait ulcérer la Bête de Max, extrêmement possessive et surprotectrice – du moins, tel que je me souvenais d'elle.
Au bout de minutes interminables, j'entendais des bruits sourds, comme si on déplaçait des meubles, ou... Qu'on les fracassait ... ?
J'hésitais à descendre voir ce qu'il se passait. Je n'étais qu'un Bêta, qu'est-ce que je pouvais bien faire face à deux Alphas qui se disputaient, qui plus était s'ils étaient en couple ? Je m'immisçais déjà assez dans leur vie intime comme ça.
Je me sentais un peu responsable de ce qu'il s'était passé, étant donné que c'était moi qui avais demandé à prendre un dessert... Et aussi si Max avait voulu dîner au restaurant ce soir. C'était un peu de ma faute ce qui était arrivé ce soir.
J'appréhendais l'attitude qu'aurait Kaeden le lendemain par rapport à moi. S'il m'en voudrait beaucoup, ou s'il concentrerait plus sur Max et sa Bête. Pour la première fois depuis mon arrivée, je voulais qu'il m'oublie et fasse comme si je n'existais pas...
En moi, j'avais l'horrible appréhension qu'il appelle Luther pour lui dire où me trouver, au moindre pas de travers. Même si Max ne le pensait pas capable de le faire, moi, j'avais du mal à croire qu'il se contente de supporter la situation s'il avait un moyen de régler le problème...
Il y avait toujours une limite à ne pas franchir, qu'on apprécie quelqu'un ou non... Et j'avais l'impression de l'avoir bien franchie ce soir, d'avoir donné une raison en plus à Kaeden pour se débarrasser de moi au plus vite en lui montrant à ce lien entre moi et la Bête de Max.
Qui pouvait savoir comment il allait réagir maintenant qu'il savait ça.
🌕🐺🌕🐺🌕
Et voilà pour cette seconde partie de chapitre :3
Faîtes coucou à la Bête de Max XD
Et presque à celle d'Oliver XD
(Wattpad refuse de me centrer mes séparateurs c pa just TwT)
Sinon, j'essaye de vous dessiner la tête d'Oliver entre tout ce que j'ai à faire pour Noël... Sinon ce sera après :p
(Sinon pour ceux-lles qui ont raté l'info sur mon insta, la prochaine Q&A que je vous proposerais sera sur Dragonniers, probablement entre Noël et nouvel an ! J'essayerais d'organiser une dernière Q&A pour The Wicked Wolf courant janvier, du coup mettez vos questions de côté :p
Vous pourrez aussi poser des questions à Oliver si vous en avez :p même s'il y a de fortes chances qu'il ne puisse pas répondre à cause des spoilers xp)
Sur ce, à dimanche pour L'EDN ou mercredi pour le début du chapitre 4 sur cette histoire !
Haydn
(Crédit : Chad Montano)
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